[2] βʹ. Βασιλεὺς γὰρ ὡς ἀληθῶς ὁ θυμοῦ καὶ φθόνου καὶ
ἡδονῆς κρατῶν, καὶ πάντα ὑπὸ τοὺς νόμους ἄγων τοῦ
Θεοῦ καὶ τὸν νοῦν ἐλεύθερον τηρῶν, καὶ οὐκ ἐῶν ἐνδυναστεῦσαι
τῇ ψυχῇ τὴν δεσποτείαν τῶν ἡδονῶν. Τὸν
τοιοῦτον ἡδέως ἂν εἶδον καὶ δήμων καὶ γῆς καὶ θαλάσσης
ἄρχοντα, καὶ πόλεων καὶ δήμων καὶ στρατοπέδων. Ὁ γὰρ
τοῖς πάθεσι τῆς ψυχῆς τὸν λογισμὸν ἐπιστήσας, ῥᾳδίως
ἂν ἐπισταίη καὶ ἀνθρώποις μετὰ τῶν θείων νόμων,
ὥστε αὐτὸν ἐν πατρὸς τάξει τοῖς ἀρχομένοις εἶναι, μετὰ
πάσης ἡμερότητος ὁμιλοῦντα ταῖς πόλεσιν. Ὁ δὲ ἀνθρώπων
μὲν ἄρχειν δοκῶν, θυμῷ δὲ καὶ φιλαρχίᾳ καὶ
ἡδοναῖς δουλεύων, πρῶτον μὲν καταγέλαστος εἶναι δόξειεν
(p. 389) ἂν τοῖς ἀρχομένοις, ὅτι στέφανον μὲν φορεῖ λιθοκόλλητον
καὶ χρυσοῦν, σωφροσύνῃ δὲ οὐκ ἐστεφάνωται,
καὶ ἁλουργίδι μὲν ὅλον τὸ σῶμα λάμπεται, τὴν δὲ ψυχὴν
ἀκόσμητον ἔχει. Ἔπειτα δὲ οὐδὲ ὅπως μεταχειρίσαιτο τὴν
ἀρχὴν ἐπιστήσεται· ὁ γὰρ ἑαυτοῦ μὴ δυνηθεὶς ἄρχειν,
πῶς ἂν ἑτέρους δυνηθείη κατευθύνειν τοῖς νόμοις; Εἰ
δὲ βούλει καὶ τὸν πόλεμον ἑκατέρων ἰδεῖν, εὑρήσεις τὸν
μὲν δαίμοσι μαχόμενον καὶ κρατοῦντα καὶ νικῶντα καὶ
ὑπὸ τοῦ Χριστοῦ στεφανούμενον· μετὰ γὰρ τῆς θείας
ῥοπῆς ἐπὶ τὸν πόλεμον ἔρχεται, οὐρανίοις πεφραγμένος
ὅπλοις, ὥστε ἀνάγκη τούτου γενέσθαι τὸ κράτος·
τὸν δὲ βασιλέα βαρβάροις μαχόμενον. Ὅσῳ δὲ τῶν ἀνθρώπων
οἱ δαίμονες φοβερώτεροι, τοσούτῳ λαμπρότερος
ὁ τούτων κρατῶν τοῦ νικῶντος ἐκείνους. Εἰ δὲ καὶ τὴν
αἰτίαν ἑκατέρου πολέμου καταμαθεῖν βουληθείης, πολὺ τὸ
οὐκ ἴσον εὑρήσεις. Ὁ μὲν γὰρ ὑπὲρ εὐσεβείας καὶ τῆς
τοῦ Θεοῦ λατρείας πολεμεῖ τοῖς δαίμοσιν, ἢ πόλεις ἢ κώμας
ἐκ τῆς πλάνης ἐξαρπάσαι ποθῶν· ὁ δὲ μάχεται βαρβάροις ὑπὲρ
τόπων ἢ ὅρων ἢ χρημάτων ἁρπασθέντων, ἢ
πλεονεξίας καὶ ἔρωτος ἀρχῆς ἀδίκου παρακαλούσης ἐπὶ
τὴν μάχην· ἔνθα δὴ πολλοὶ πολλάκις βασιλεῖς, τῶν μειζόνων
ἐπιθυμήσαντες, καὶ τὰ παρόντα προσαπώλεσαν.
Ἡ μὲν οὖν ἀρχὴ καὶ οἱ πόλεμοι τοσοῦτον ἀλλήλων διαφέροντας
ἔδειξαν τόν τε βασιλέα, καὶ τὸν ἐσπουδακότα τῇ
τοῦ Θεοῦ λατρείᾳ συζῇν· γνοίη δ´ ἄν τις αὐτοὺς ἀκριβῶς,
τὸν βίον ἑκατέρου καὶ τὰς πράξεις τὰς παρ´ ἡμέραν σκοπῶν.
Εὕροι γὰρ ἂν ὡς ἀληθῶς τὸν μὲν ὁμιλοῦντα προφήταις, καὶ τῇ
τοῦ Παύλου σοφίᾳ τὴν ψυχὴν καλλωπίζοντα,
καὶ μεταπηδῶντα συνεχῶς ἀπὸ μὲν Μωσέως πρὸς Ἡσαΐαν,
ἀπὸ δὲ τούτου πρὸς Ἰωάννην, ἀπὸ δὲ τούτου πρὸς
ἕτερον· τὸν βασιλέα δὲ συνεχῶς ὁμιλοῦντα ταξιάρχοις καὶ
ὑπάρχοις καὶ δορυφόροις· οἷς δέ τις ὁμιλεῖ συνεχῶς,
τούτοις ἀφομοιοῦται τὸ ἦθος. Οὐκοῦν ὁ μὲν μονάζων
πρὸς τὰ τῶν ἀποστόλων καὶ προφητῶν ἤθη ἐκτυποῦται
τὴν γνώμην, ὁ δὲ βασιλεὺς πρὸς τὰ τῶν στρατηγῶν καὶ
δορυφόρων καὶ ὑπασπιστῶν, ἀνθρώπων οἴνῳ δουλευόντων
καὶ ἡδοναῖς χαριζομένων, καὶ τὸ πλέον τῆς ἡμέρας διατριβόντων
ἐν πότῳ, οὐδὲν καίριον ἢ καλὸν διὰ τὸν οἶνον ἐπισταμένων.
Οὕτως ἄρα καὶ διὰ τοῦτο τὸν μονήρη βίον προσήκει μακαρίζειν
μᾶλλον ἢ τὸν ἐν δυναστείᾳ καὶ βασιλείᾳ καὶ σκήπτροις.
| [2] Car le véritable roi, c'est celui qui commande à la colère, à l'envie, à toutes les
passions; qui assujettit tout aux lois de Dieu, qui garde son esprit libre, et qui ne laisse pas la
tyrannie des voluptés dominer dans son âme. J'aurais certes grand plaisir à voir un tel homme
commander aux peuples, à la terre et à la mer, aux cités, aux nations et aux armées. Celui qui
impose aux passions le joug de la raison, imposerait bien aussi aux hommes le joug heureux
des lois divines. Il serait un père pour ses sujets; sa douceur le rendrait abordable à tous les
peuples. Mais cet esclave de la colère, de l'ambition et des plaisirs coupables qui a l'air de
commander aux hommes ne mérite que le mépris des peuples ; l'or et les diamants couronnent
sa tête, et la sagesse ne couronne pas son coeur. Tout son corps est resplendissant de pourpre,
et son âme est sans ornement. Il ne saura même pas exercer son pouvoir. Comment gouverner
les autres quand on ne peut se gouverner soi-même?
S'agit-il du mérite guerrier? Il éclate dans les luttes soutenues par le sage bien mieux
que dans les combats livrés par un roi. Le sage fait la guerre aux démons, il les repousse, il
triomphe, et reçoit de la main du Christ, la couronne immortelle, prix de sa victoire. Il ne peut
que vaincre, il s'avance au combat ayant Dieu pour auxiliaire et une armure céleste pour se
couvrir. Le roi fait la guerre à quelques peuples barbares, moins redoutables assurément que
les légions de l'enfer : son triomphe ne saurait donc être aussi glorieux que celui du vainqueur
des démons. Mais considérez les motifs des deux guerres, quelle différence ! C'est pour
remplir un devoir de piété, pour servir Dieu que le sage fait la guerre au démon : s'il cherche à
conquérir des villes et des villages, c'est sur l'erreur et pour la vérité. La guerre que le roi fait
aux barbares, a pour objet un territoire à prendre ou à défendre, une frontière à reculer ou à
maintenir, des représailles à exercer; souvent l'avarice et une injuste ambition lui mettent les
armes à la main; et combien de fois le désir de conquérir lui fait perdre ce qu'il avait déjà !
Telles sont, sous le rapport de la puissance et de la guerre, les différences que nous
remarquons entre le roi et le serviteur de Dieu. Mais, pour apprécier avec exactitude la
condition de l'un et de l'autre, il est bon de descendre aux détails de leur vie ordinaire, à leurs
actes de chaque jour.
Converser avec les prophètes, nourrir son âme de la doctrine d'un saint Paul; passer
continuellement de Moïse à Isaïe, d'Isaïe à Jean, de Jean à quelque autre écrivain sacré, voilà
l'occupation du solitaire. Le monarque est sans cesse entouré d'une foule d'officiers et de
gardes; vous savez que l'on prend les moeurs de ceux que l'on fréquente; par conséquent le
sage se forme d'après les exemples des Apôtres et des Prophètes; le monarque prend les
habitudes des généraux, des gardes, des soldats, tous gens esclaves du vin et livrés à la
débauche, passant la plus grande partie du jour à boire, et incapables de rien de bon et
d'honnête. Ainsi donc, envisagée sous cette face, la vie monastique l'emporte encore sur celle
des potentats, des rois, des hommes qui, sous n'importe quel nom, tiennent le sceptre,
emblème de la puissance.
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