[5,9] Ὥρα δὴ λοιπὸν, εἰ μὴ δοκοῦμεν διενοχλεῖν, ἐπ´ αὐτὸ τὸ ζητούμενον ἐλθεῖν, τὴν παροῦσαν αἰχμαλωσίαν, καὶ τὴν
δουλείαν ταύτην δὲ τὴν σήμερον, δι´ ἣν ἅπαντα ταῦτα
ἐκινήσαμεν. Ἀλλὰ διανάστητέ μοι νῦν· οὐδὲ γὰρ
ὑπὲρ τῶν τυχόντων ἡμῖν ὁ ἀγών. Καὶ γὰρ ἄτοπον,
ἐν Ὀλυμπιακοῖς μὲν καθημένους ἀγῶσι ἐκ μέσων
νυκτῶν εἰς μεσημβρίαν μέσην καρτερεῖν, ἀναμένοντας ἰδεῖν εἰς τίνα ὁ στέφανος περιστήσεται, καὶ γυμνῇ τῇ κεφαλῇ θερμὴν δέχεσθαι τὴν ἀκτῖνα, καὶ μὴ
πρότερον ἀφίστασθαι, ἕως ἂν κρίσιν τὰ ἀγωνίσματα
λάβῃ· νῦν δὲ ἡμῖν οὐχ ὑπὲρ στεφάνου τοιούτου, ἀλλ´
ὑπὲρ τοῦ τῆς ἀφθαρσίας στεφάνου τῶν ἀγώνων
ὄντων, ἐκλύεσθαι καὶ ταλαιπωρεῖν. Ὅτι μὲν οὖν αἱ
τρεῖς προανηγορεύθησαν αἰχμαλωσίαι, ἡ μὲν τετρακόσια
ἔτη ἔχουσα, ἡ δὲ ἑβδομήκοντα, ἡ δὲ τρία
καὶ ἥμισυ, τοῦτο ἱκανῶς ἐντεῦθεν ἡμῖν ἀποδέδεικται.
Φέρε δὴ λοιπὸν καὶ περὶ ταύτης εἴπωμεν. Ὅτι
γὰρ καὶ περὶ ταύτης προανεφώνησεν ὁ προφήτης,
αὐτὸν τοῦτον πάλιν παρέξομαι μάρτυρα τὸν Ἰώσηππον,
τὸν τὰ ἐκείνων φρονοῦντα. Ἐπειδὴ γὰρ εἶπεν
ἐκεῖνα, ἄκουσον τί φησι μετὰ ταῦτα· Τὸν αὐτὸν δὲ
τρόπον Δανιὴλ καὶ περὶ τῆς Ῥωμαίων ἡγεμονίας ἀνέγραψε,
καὶ ὅτι ὑπ´ αὐτῶν αἱρεθήσεται τὰ
Ἱεροσόλυμα, καὶ ὁ ναὸς ἐρημωθήσεται. Σὺ δέ μοι
σκόπει, ὡς εἰ καὶ Ἰουδαῖος ἦν ὁ ἀνὴρ ὁ ταῦτα γράψας,
ἀλλ´ οὖν οὐκ ἠνέσχετο τὴν ὑμετέραν ζηλῶσαι
φιλονεικίαν. Εἰπὼν γὰρ ὅτι αἱρεθήσεται τὰ Ἱεροσόλυμα,
οὐκ ἐτόλμησε προσθεῖναι καὶ εἰπεῖν, ὅτι ἀναστήσεται πάλιν,
οὐδὲ χρόνον γράψαι διωρισμένον·
ἀλλ´ ἐπειδὴ συνεῖδε τὸν προφήτην οὐχ ὁρίσαντα χρόνον,
καίτοι ἀνωτέρω εἰπὼν ἐπὶ τῆς Ἀντιόχου νίκης
καὶ τῆς ἐρημώσεως καὶ ἡμέρας καὶ ἔτη, ὅσα ἔμελλεν
ἡ αἰχμαλωσία κρατεῖν, ἐπὶ τῆς Ῥωμαίων μὲν οὐδὲν
τοιοῦτον εἶπεν· ἀλλ´ ὅτι μὲν ἐρημωθήσεται τὰ Ἱεροσόλυμα
καὶ ὁ ναὸς, ἔγραψεν, ὅτι δὲ στήσεταί που τὰ
τῆς ἐρημώσεως, οὐκ ἔτι προσέθηκεν, ἐπεὶ μηδὲ τὸν
προφήτην εἶδε τοῦτο προσθέντα. Ταῦτα δὲ πάντα,
φησὶ, τοῦ Θεοῦ δείξαντος αὐτῷ, συγγράψας κατέλιπεν,
ὥστε τοὺς ἀναγινώσκοντας καὶ τὰ συμβαίνοντα
σκοποῦντας θαυμάζειν ἐπὶ τῇ παρὰ τοῦ Θεοῦ τιμῇ
τὸν Δανιήλ. Ποῦ τοίνυν εἶπεν ὁ Δανιὴλ ὅτι ὁ ναὸς
(p. 898) ἐρημωθήσεται, ἡμεῖς λοιπὸν σκοπήσωμεν. Ἐπειδὴ
γὰρ τὴν προσευχὴν ἐκείνην τὴν ἐν σάκκῳ καὶ σποδῷ
ἐποιήσατο, ἦλθε Γαβριὴλ πρὸς αὐτὸν καί φησιν·
Ἑβδομήκοντα ἑβδομάδες συνετμήθησαν ἐπὶ τὸν
λαόν σου, καὶ ἐπὶ τὴν πόλιν τὴν ἁγίαν. Ἰδοὺ καὶ
ἐνταῦθα χρόνος εἴρηται, φησί· χρόνος, οὐ τῆς αἰχμαλωσίας,
ἀλλὰ μεθ´ ὅσον ἔμελλεν ἡ αἰχμαλωσία ἀπαντήσεσθαι χρόνον πάλιν. Ἕτερον δέ ἐστι χρόνον εἰπεῖν
ὅσον ἔμελλε κρατεῖν ἡ αἰχμαλωσία, καὶ χρόνον μεθ´
ὃν ἀπαντᾷν ἔμελλε καὶ παραγίνεσθαι. Ἑβδομήκοντα
ἑβδομάδες, φησὶ, συνετμήθησαν ἐπὶ τὸν λαόν
σου· οὐκ ἔτι ἐπὶ τὸν λαὸν τὸν ἐμὸν, καίτοι ὁ προφήτης ἔλεγεν, Ἐπίφανον τὸ πρόσωπόν σου ἐπὶ τὸν
λαόν σου· ἀλλ´ ὁ Θεὸς ἀλλοτριοῦται αὐτὸν λοιπὸν
διὰ τὸ μέλλον ἔσεσθαι τόλμημα. Εἶτά φησι καὶ τὴν
αἰτίαν, Ἕως τοῦ παλαιωθῆναι παράπτωμα, καὶ
τοῦ συντελεσθῆναι ἁμαρτίαν. Τί ἐστιν, Ἕως τοῦ
συντελεσθῆναι ἁμαρτίαν; Πολλὰ, φησὶν, ἁμαρτάνουσιν·
ἀλλ´ ἡ κορωνὶς τῶν κακῶν τότε ἔσται, ὅταν τὸν
Δεσπότην αὐτῶν ἀνέλωσι. Τοῦτό φησι καὶ ὁ Χριστός·
Πληρώσατε τὸ μέτρον τῶν πατέρων ὑμῶν. Δούλους, φησὶν, ἀπεκτείνατε, πρόσθετε καὶ αἷμα δεσποτικόν.
Ὅρα σύμφωνα τὰ νοήματα. Ὁ Χριστὸς εἶπε,
Πληρώσατε· ὁ προφήτης φησὶ, Τελεσθῆναι ἁμαρτίαν,
καὶ Τοῦ σφραγίσαι ἁμαρτίας. Τί ἐστι σφραγίσαι;
Ὥστε μηδὲν ὑπολελεῖφθαι λοιπόν. Καὶ τοῦ
ἀγαγεῖν δικαιοσύνην αἰώνιον. Ποία δὲ δικαιοσύνη
αἰώνιος, ἀλλ´ ἢ ἡ παρὰ τοῦ Χριστοῦ δοθεῖσα; Καὶ
τοῦ σφραγίσαι ὅρασιν καὶ προφήτην, καὶ τοῦ
χρῖσαι ἅγιον ἁγίων, τουτέστι, στῆσαι λοιπὸν τὰς
προφητείας· τοῦτο γάρ ἐστι σφραγίσαι, τὸ στῆσαι τὸ
χρῖσμα, στῆσαι τὰς ὁράσεις. Διὰ τοῦτο ὁ Χριστὸς
ἔλεγεν· Ὁ νόμος καὶ οἱ προφῆται ἕως Ἰωάννου.
Ὁρᾷς πῶς παντελῆ ἐνταῦθα ἀπειλεῖ ἐρήμωσιν, καὶ
τῶν ἁμαρτιῶν ἀνταπόδοσιν καὶ τῶν ἀδικιῶν; Οὐ γὰρ
συγχωρεῖν, ἀλλ´ ἐπεξιέναι τοῖς ἁμαρτήμασιν αὐτῶν
ἠπείλησεν ὁ Θεός.
| [5,9] Il est temps, à moins que la longueur de notre discours ne vous fatigue, de passer à
la question principale pour laquelle nous sommes entrés dans tous les éclaircissements qui
précèdent, je veux dire à la captivité présente des Juifs. Renouvelez-moi, je vous prie, votre
attention pour l'objet important dont je vais vous entretenir. Dans les jeux olympiques
vous avez la patience d'attendre depuis le milieu de la nuit jusqu'au milieu du jour, pour savoir
quels athlètes obtiendront la couronne; vous recevez, la tête nue, les rayons d'un soleil brûlant,
vous ne voudriez pas vous retirer avant la décision de tous les combats : et lorsqu'il s'agit pour
vous-mêmes, non d'une couronne périssable, mais d'une couronne incorruptible, vous seriez
languissants et lâches ! Une telle conduite ne serait pas raisonnable.
Nous avons prouvé suffisamment que les trois premières captivités ont été prédites ; il
nous reste à parler de la quatrième. Je montrerai par le témoignage du même Josèphe,
l'homme le plus zélé pour les intérêts des Juifs, que le Prophète a aussi prédit cette dernière
captivité. Ecoutons ce que l'historien ajoute à ce que nous avons rapporté plus haut. « Daniel
dit-il, a écrit de la même manière sur la domination des Romains, il a prédit qu'ils prendraient
la ville de Jérusalem et qu'ils désoleraient le temple." Observez, ô Juifs, que, quoique
Josèphe fût votre compatriote, il n'a pas eu l'impudence d'imiter votre opiniâtreté. Après avoir
dit que Jérusalem serait prise, il n'a pas osé ajouter qu'elle serait rétablie, ni marquer le terme
de son désastre. Mais il a copié Daniel qui ne marque pas ce terme; et quoiqu'en parlant de la
victoire d'Antiochus, de la désolation du temple, il eût déterminé les années et les jours que
durerait la captivité, il ne s'est pas exprimé de même au sujet des Romains. Il a bien dit que
Jérusalem et le temple seraient désolés, mais sans ajouter quelle serait la fin de cette
désolation, parce que le Prophète ne l'ajoute pas. « Daniel, dit-il, nous a laissé dans son livre
tous ces faits à venir que Dieu lui a révélés, de sorte que ceux qui le lisent et considèrent les
événements, l'admirent pour l'honneur qu'il a reçu de Dieu. »
Maintenant où Daniel a-t-il dit que le temple serait désolé ? Lorsqu'il eut achevé sa
prière, dans le sac et dans la cendre, Gabriel vint à lui de la part du Seigneur, et lui dit : Dieu a
fixé les temps à soixante et dix semaines en faveur de votre peuple et de la cité sainte. (Dan.
IX, 24) Voici un temps marqué, dira-t-on: oui, sans doute; mais c'est celui où devait renaître
la captivité, et non celui où elle devait finir. Or, dire le temps que doit durer une captivité, ou
le temps après lequel elle doit avoir lieu, ce sont deux choses différentes. Dieu, dit-il, a fixé
les temps à soixante et dix semaines en faveur de votre peuple. Il ne dit plus : En faveur de
mon peuple. Cependant le Prophète avait dit plus haut, en s'adressant à Dieu : Faites reluire
votre face sur votre peuple (Dan. IX, 17) ; mais Dieu regarde ce même peuple comme
étranger, à cause de l'attentat qu'il devait commettre. Daniel ensuite ajoute la cause de
l'indignation du Seigneur : Jusqu'à ce que les anciens péchés, dit-il, soient effacés par de
nouveaux, et que l'iniquité vienne à son comble. Qu'est-ce à dire, que l'iniquité vienne à son
comble ? Ils commettent beaucoup de fautes; mais le comble du crime sera lorsqu'ils auront
fait mourir leur Seigneur et leur Maître. C'est ce que leur dit Jésus-Christ : Remplissez la
mesure de vos pères (Matth. XXIII, 32) : vous avez tué les serviteurs, répandez aussi le sang
du Maître. Voyez l'accord des passages : Remplissez la mesure, dit Jésus-Christ, jusqu'à ce
que l'iniquité vienne à son comble, dit le Prophète, c'est-à-dire jusqu'à ce qu'elle soit telle,
qu'on ne puisse rien y ajouter. Poursuivons : Jusqu'à ce que la justice éternelle soit amenée
sur la terre. Quelle est cette justice éternelle, sinon la justice qui nous a été donnée par
Jésus-Christ? Jusqu'à ce que les prophéties et les visions soient accomplies, et que le Saint des
saints soit sacré de l'huile sainte. Soient accomplies, c'est-à-dire aient leur fin et leur terme,
car c'est la force de l'expression qu'emploie Daniel. La Loi et les Prophètes, dit Jésus-Christ,
ont duré jusqu'à Jean. (Matth. XI, 13) Vous voyez comme le Prophète leur prédit une
désolation totale et une punition éclatante de leurs crimes. Dieu ne s'engage pas à leur
pardonner leurs fautes, mais il menace de les punir avec éclat.
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