Texte grec :
[4,3] γʹ. Τούτῳ τῷ κανόνι χρώμενοι, καὶ τὴν νηστείαν
ταύτην ἐξετάζωμεν. Εἰ γὰρ δὴ μὴ μέλλοιμεν τοῦτο
ποιεῖν, ἀλλὰ γυμνὰ τὰ πράγματα καθ´ ἑαυτὰ φέροντες
εἰς μέσον σκοποῖμεν μόνον, πολλὴ ἡ σύγχυσις ἔσται,
καὶ πολὺς ὁ θόρυβος. Καὶ γὰρ καὶ λῃσταὶ τὰ πλευρὰ
καταξαίνονται, καὶ τυμβωρύχοι καὶ γόητες· ἀλλὰ καὶ
μάρτυρες τὸ αὐτὸ πάσχουσι, καὶ τὰ μὲν γινόμενα τὰ
αὐτὰ, ἡ γνώμη δὲ καὶ ἡ αἰτία, μεθ´ ἧς γίνεται, οὐχ
ἡ αὐτὴ, καὶ διὰ τοῦτο πολὺ τὸ μέσον τούτων κἀκείνων.
Ὥσπερ οὖν ἐπ´ ἐκείνων οὐ μόνον τὰς βασάνους
ἐξετάζομεν, ἀλλὰ πρὸ ἐκείνων τὴν διάνοιαν καὶ τὴν
αἰτίαν ἀφ´ ἧς αἱ βάσανοι γίνονται· διὰ τοῦτο δὲ καὶ
τοὺς μάρτυρας φιλοῦμεν, οὐκ ἐπειδὴ βασανίζονται,
ἀλλ´ ἐπειδὴ διὰ τὸν Χριστὸν βασανίζονται· καὶ
τοὺς λῃστὰς ἀποστρεφόμεθα, οὐκ ἐπειδὴ κολάζονται,
ἀλλ´ ἐπειδὴ διὰ κακίαν κολάζονται· οὕτω δὴ καὶ ἐνταῦθα
τοῖς γινομένοις ἐπιψηφίζου· κἂν μὲν ἴδῃς διὰ
τὸν Θεὸν νηστεύοντας, ἀποδέχου τὸ γινόμενον· ἂν δὲ
ἴδῃς παρὰ γνώμην τοῦ Θεοῦ τοῦτο ποιοῦντας, τῶν
μεθυόντων καὶ παραινούντων καὶ κωμαζόντων μᾶλλον
ἀποστρέφου καὶ μίσει. Ἐπὶ δὲ τῆς νηστείας ταύτης
(p. 875) οὐκ αἰτίαν χρὴ ζητεῖν μόνον, ἀλλὰ καὶ τόπον καὶ καιρόν.
Μᾶλλον δὲ πρὶν ἢ πρὸς Ἰουδαίους ἀποτείνασθαι,
τοῖς ἡμετέροις ἡδέως διαλεξόμεθα μέλεσι, τοῖς δοκοῦσι μὲν
μεθ´ ἡμῶν τετάχθαι, θεραπεύουσι δὲ τὰ
ἐκείνων, καὶ τὸν ἀγῶνα ἅπαντα ὑπὲρ αὐτῶν ἀνῃρημένοις,
οὓς καὶ πλείονος κατὰ τοῦτο κατακρίσεως τῶν
Ἰουδαίων ἁπάντων ἀξίους ὄντας ὁρῶ. Καὶ τοῦτο οὐχ
οἱ σοφοὶ καὶ συνετοὶ μόνον, ἀλλὰ καὶ οἱ ὁπωσοῦν λόγου
καὶ διανοίας μετέχοντες συνομολογήσαιεν ἂν
ἡμῖν. Οὐ γὰρ χρεία σοφισμάτων καὶ κατασκευῆς καὶ
μακρῶν περιόδων ὥστε ἀποδεῖξαι τοῦτο, ἀλλ´ ἀρκεῖ
ψιλήν τινα ἐρώτησιν ἐρόμενον ἑλεῖν αὐτοὺς ἀπὸ τῆς
ἀποκρίσεως. Τί οὖν; ἕκαστον τῶν τοῦτο νοσούντων
ἐρήσομαι, Χριστιανὸς εἶ; τίνος οὖν ἕνεκεν τὰ Ἰουδαίων
ζηλοῖς; Ἀλλὰ Ἰουδαῖος εἶ; τίνος οὖν ἕνεκεν
ἐνοχλεῖς τῇ Ἐκκλησίᾳ; Ὁ Πέρσης οὐ τὰ Περσῶν
φρονεῖ; ὁ βάρβαρος οὐ τὰ βαρβάρων ζηλοῖ; ὁ τὴν
Ῥωμαίων χώραν οἰκῶν οὐ τὴν ἡμετέραν μέτεισι πολιτείαν;
Ἂν ἁλῷ τις, εἰπέ μοι, τῶν παρ´ ἡμῖν οἰκούντων
τὰ ἐκείνων φρονῶν, οὐκ εὐθέως χωρὶς λόγου
καὶ ἐξετάσεως κολάζεται, κἂν μυρία ἀπολογεῖσθαι
ἔχῃ; ἂν φανῇ τις παρ´ ἐκείνοις τοῖς Ῥωμαίων χρώμενος νόμοις,
οὐ τοῦτο αὐτὸ πείσεται πάλιν; Πῶς οὖν
σὺ πρὸς τὴν παράνομον ἐκείνην μεθιστάμενος πολιτείαν
ἀξιοῖς σώζεσθαι; Μὴ γὰρ ὀλίγον ἐστὶ τὸ μέσον
ἡμῶν καὶ Ἰουδαίων; μὴ γὰρ ὑπὲρ τῶν τυχόντων
ἐστὶν ἡ ἀμφισβήτησις, ἵνα ἓν καὶ τὸ αὐτὸ νομίσῃς
εἶναι; Τί μιγνύεις τὰ ἄμικτα; ἐσταύρωσαν ἐκεῖνοι
τὸν Χριστὸν, ὃν σὺ προσκυνεῖς. Ὁρᾷς πόσον τὸ μέσον;
Πῶς οὖν πρὸς ἐκείνους τρέχεις τοὺς ἀνελόντας,
ὁ προσκυνεῖν λέγων τὸν ἐσταυρωμένον; Μὴ γὰρ ἐγὼ
τοῦτον εἰσάγω τῶν ἐγκλημάτων τὸν νόμον καὶ τὸ τῆς
κατηγορίας εἶδος; οὐχὶ καὶ ἡ Γραφὴ τούτῳ κέχρηται
πρὸς αὐτοὺς τῷ τρόπῳ; Ἄκουσον τί φησιν Ἱερεμίας
πρὸς αὐτοὺς ἐκείνους· Ἀπέλθετε εἰς Κηδὰρ, καὶ
ἴδετε· ἀποστείλατε εἰς τὰς νήσους Χετιεὶμ, καὶ
γνῶτε, εἰ γέγονε τοιαῦτα. Ποῖα ταῦτα; Εἰ ἀλλάξονται
ἔθνη θεοὺς αὐτῶν, καὶ αὐτοὶ οὐκ εἰσὶ θεοί·
ὑμεῖς δὲ ἠλλάξασθε τὴν δόξαν ὑμῶν, ἐξ ἧς οὐκ
ὠφεληθήσεσθε. Οὐκ εἶπεν· Ἠλλάξασθε τὸν Θεὸν
ὑμῶν, ἀλλὰ, τὴν δόξαν Ὃ δὲ λέγει τοιοῦτόν ἐστίν·
Ἐκεῖνοι, φησὶν, εἴδωλα προσκυνοῦντες, καὶ δαίμονας
θεραπεύοντες, τοσοῦτον περὶ τὴν πλάνην ἔχουσι συνειδὸς,
ὡς μηδὲ ἑλέσθαι καταλιπεῖν ἐκεῖνα, καὶ πρὸς
τὴν ἀλήθειαν αὐτομολῆσαι· ὑμεῖς δὲ τὸν ἀληθῆ Θεὸν
προσκυνοῦντες, ἀφέντες τὴν πατρῴαν εὐσέβειαν,
πρὸς τὰ ἀλλότρια ηὐτομολήσατε· καὶ οὐδὲ
ὅσην ἔχουσιν ἐκεῖνοι περὶ τὴν πλάνην ταύτην συνείδησιν,
τοσαύτην περὶ τὴν ἀλήθειαν ὑμεῖς ἐπεδείξασθε Διὰ τοῦτό φησιν·
Εἰ γέγονε τοιαῦτα, εἰ ἀλλάξονται
ἔθνη θεοὺς αὐτῶν, καὶ αὐτοὶ οὐκ εἰσὶ θεοί·
ὑμεῖς δὲ ἠλλάξασθε τὴν δόξαν ὑμῶν, ἐξ ἧς οὐκ
ὠφεληθήσεσθε. Οὐκ εἶπεν, Ἠλλάξασθε τὸν Θεὸν
ὑμῶν· ὁ Θεὸς γὰρ οὐκ ἀλλάσσεται· ἀλλ´, Ἠλλάξασθε τὴν δόξαν
ὑμῶν. Μὴ γὰρ ἐμὲ, φησὶν, ἠδικήσατε· μὴ γὰρ ἐμοὶ ἐγένετο
βλάβη· ὑμεῖς ἑαυτοὺς ἠτιμώσατε· τὴν
ἐμὴν οὐκ ἠλαττώσατε δόξαν, ἀλλὰ τὴν ὑμετέραν. Δότε δὴ κἀμοὶ
τοῦτο καὶ πρὸς τοὺς ἡμετέρους εἰπεῖν, εἴ γε ἡμετέρους
χρὴ καλεῖν τοὺς τὰ ἐκείνων φρονοῦντας. Πορεύεσθε
εἰς τὰς συναγωγὰς, καὶ ἴδετε εἰ ἠλλάξαντο Ἰουδαῖοι τὴν νηστείαν
αὐτῶν, εἰ (p. 876) τὸ πάσχα μεθ´ ἡμῶν ἐνήστευσαν, εἰ ταύτην τὴν
ἡμέραν ποτὲ ἔφαγον. Καὶ αὕτη οὐκ ἔστι νηστεία, ἀλλὰ
παρανομία καὶ ἁμαρτία καὶ πλημμέλεια· ἀλλ´ ὅμως
οὐκ ἤλλαξαν. Ὑμεῖς δὲ ἠλλάξασθε τὴν δόξαν ὑμῶν,
ἐξ ἧς οὐκ ὠφεληθήσεσθε, καὶ πρὸς τὰ ἐκείνων ηὐτομολήσατε.
Πότε τὸ πάσχα ἐνήστευσαν ἐκεῖνοι; πότε
μαρτύρων μεθ´ ἡμῶν ἑορτὴν ἐπετέλεσαν; πότε κατὰ
τὴν τῶν Ἐπιφανίων ἡμέραν ἡμῖν ἐκοινώνησαν; Ἐκεῖνοι
πρὸς τὴν ἀλήθειαν οὐ τρέχουσι, καὶ ὑμεῖς πρὸς
τὴν παρανομίαν τρέχετε· παρανομίαν δὲ λέγω,
ἐπειδὴ παρὰ τὸν προσήκοντα ταῦτα γίνεται καιρόν. Ἦν
ποτε καιρὸς, ὅτε ταῦτα φυλάττεσθαι ἔδει, ἀλλὰ νῦν
οὐκ ἔστι. Διὰ τοῦτο τὸ ποτὲ ἔννομον παράνομόν ἐστι νῦν.
|
|
Traduction française :
[4,3] 3. Examinons aussi le jeûne des Juifs suivant cette règle. Agir autrement et considérer
les choses seulement en elles-mêmes, c'est vouloir aboutir au doute et à la confusion pour tout
résultat. On déchire, en effet, les côtés aux voleurs, à ceux qui violent les tombeaux, aux
magiciens; cependant les martyrs endurent aussi le même supplice : les faits sont les mêmes,
mais la raison et la cause pour lesquelles ils se produisent diffèrent ; et c'est pourquoi il y a
une grande différence entre les uns et les autres, au point de vue de la morale. Nous
n'examinons pas tant les tourments que l'intention, et la cause pour laquelle les tourments
sont endurés; nous aimons les martyrs, non parce qu'ils sont tourmentés, mais parce qu'ils le
sont pour Jésus-Christ, tandis que nous avons les voleurs en aversion, non parce qu'ils sont
punis, mais parce qu'ils sont punis pour leur méchanceté; jugez de la même manière le jeûne
observé par les Juifs; si vous voyez qu'ils jeûnent pour Dieu, approuvez leur conduite, mais
s'ils le font contre l'ordre de Dieu, détestez-les, haïssez-les plus que des gens ivres et qui se
livrent à l'excès du vin et à l'orgie.
Rechercher la cause de ce jeûne, ce n'est pas assez: il faut encore considérer le lieu et
le temps. Mais, avant d'attaquer les Juifs, volontiers m'adresserai-je à ces hommes qui sont
chrétiens par le nom et juifs par le culte, qui se donnent toutes les peines du monde pour
défendre le judaïsme; gens plus condamnables que les Juifs; je le soutiens, et mon avis sur ce
point sera partagé non seulement par les hommes les plus sages et les plus éclairés, mais par
ceux mêmes qui ont tant soit peu de raison et d'intelligence. Il n'est pas besoin des artifices de
l'argumentation et du langage ni de longues périodes pour les convaincre, mais il suffit qu'on
leur pose une simple question, pour les condamner sur leur réponse. Quoi donc? demanderai-je
à chacun de ceux qui sont atteints du mal judaïque: Etes-vous chrétien? Pourquoi donc ce
zèle que vous montrez pour les pratiques des Juifs? Etes-vous juif ? Pourquoi, alors,
importunez-vous l'Eglise? Le Perse ne partage-t-il pas les sentiments des Perses? Le Barbare
n'aime-t-il pas les usages des Barbares? Celui qui vit sur les terres des Romains, n'est-il pas
attaché à nos institutions? Si l'on surprenait quelque habitant de ce pays à entretenir des
intelligences avec les Barbares, ne le punirait-on pas sur-le-champ, sans examen ni enquête,
quelques raisons qu'il alléguât pour sa défense? Que les Barbares à leur tour s'aperçoivent que
quelqu'un des leurs veuille suivre les lois des Romains, en useront-ils autrement à son égard ?
Et vous qui embrassez une manière de vivre contraire à la loi de Jésus-Christ, vous espérez
vous sauver? Est-ce une petite différence que celle qui existe entre nous et les Juifs? Est-ce
que notre controverse avec eux tombe sur des points sans importance pour que vous croyiez
que le judaïsme et le christianisme ne forment qu'une seule et même religion ? Pourquoi
alliez-vous des choses incompatibles? Ils ont crucifié Jésus-Christ, et vous l'adorez. Vous le voyez, la différence est totale. Comment pouvez -vous courir aux réunions de ceux qui ont crucifié Celui que vous faites profession d'adorer? Est-ce moi qui suis l'auteur de la loi qu'ils ont
enfreinte, et de cette forme d'accusation? L'écriture n'en a-t-elle pas fait usage contre eux de la
même manière? Entendez ce que dit Jérémie : Allez à Cédar, et voyez; envoyez dans les îles
de Céthim, et jugez s'il s'y est fait rien de semblable ? Que leur reproche-t-il ? écoutez : Voyez
si les nations ont changé leurs dieux, qui pourtant ne sont pas des dieux; mais vous, vous avez
changé votre gloire, c'est-à-dire votre Dieu, pour une idole qui ne peut vous être d'aucun
secours. (Jérém. II, 10, 11) Il ne dit pas: Vous avez changé votre Dieu, mais votre gloire. Et
ce qu'il veut dire, le voici : Ces hommes qui adorent les idoles, et servent les démons, ont un
attachement si intime et si fort pour l'erreur, qu'ils ne se décident pas à abandonner ce qu'ils
regardent comme leurs dieux, et à prendre parti pour la vérité; mais vous, au contraire, qui
adorez le vrai Dieu, vous abandonnez la religion de vos pères pour suivre des cultes
étrangers. Cet attachement intime et fort que les nations ont pour l'erreur, vous ne le montrez
pas, vous, pour la vérité. C'est pourquoi le Prophète dit : S'il s'est fait rien de semblable, si les
nations ont changé leurs dieux, qui pourtant ne sont pas dieux; vous, tous avez changé votre
gloire pour des idoles qui ne vous sont d'aucun secours. (Mal. III, 6) Il ne dit pas : Vous avez
changé votre Dieu, car Dieu ne peut être changé; mais : Vous avez changé votre gloire. Ce
n'est pas moi, dit le Seigneur, que vous avez lésé; ce n’est pas à moi que le dommage a été
fait; c'est vous-mêmes que vous avez déshonorés : vous n'avez pas diminué ma gloire, mais la
vôtre.
Permettez-moi de tenir le même langage à nos judaïsants, si, toutefois, il convient
d'appeler nôtres ceux qui partagent les sentiments des Juifs. Allez dans les synagogues, et
voyez si les Juifs ont changé leur jeûne, s'ils ont observé le jeûne pascal avec nous, s'ils ont
quelquefois mangé pour célébrer le jour de Pâques avec vous. Ce jeûne qu'ils observent le
jour même où le Seigneur est ressuscité, n'est pas un vrai jeûne, un jeûne méritoire, mais c'est
une prévarication, une erreur, un péché, et Cependant ils ne l'ont pas changé. Mais vous, vous
avez changé votre gloire, sans en retirer aucun profit, et vous avez pris part aux rites
judaïques. Quand les avez-vous vus observer le jeûne pascal? Quand ont-ils célébré avec nous
la fête des martyrs? Quand se sont-ils joints à nous pour le jour de l'épiphanie? Ils n'accourent
pas, eux, vers la vérité, et vous, vous accourez vers l'iniquité. Je dis : iniquité, parce que leurs
jeûnes ne se font pas dans leur temps. Il fut un temps où il fallait les observer comme ils les
observent, mais ce temps n'est plus. C'est pourquoi, ce qui était alors conforme à la loi divine
y est devenu contraire.
|
|