[3,4] δʹ. Τίνος οὖν ἕνεκεν ἐποίησεν ὁ Χριστὸς τότε; Ἐπειδὴ
τὸ παλαιὸν πάσχα τύπος ἦν τοῦ μέλλοντος ἔσεσθαι,
ἔδει δὲ τὴν ἀλήθειαν ἐπιτεθῆναι τῷ τύπῳ, πρότερον
δείξας τὴν σκιὰν, τότε ἐπήγαγε τὴν ἀλήθειαν ἐπὶ
τῆς τραπέζης· τῆς ἀληθείας δὲ ἐπενεχθείσης, ἡ σκιὰ
λοιπὸν ἀποκρύπτεται, καὶ οὐδὲ καιρὸν ἔχει. Μὴ
τοίνυν τοῦτο προβάλλου, ἀλλ´ ἐκεῖνό μοι δεῖξον, ὅτι
οὕτως ἐκέλευσε ποιεῖν ὁ Χριστός. Ἐγὼ γὰρ τοὐναντίον
δείκνυμι, ὅτι οὐ μόνον οὐκ ἐκέλευσε παρατηρεῖν
ἡμέρας, ἀλλὰ καὶ ἀπέλυσεν ἡμᾶς τῆς ἀνάγκης
ταύτης. Ἄκουσον γοῦν τί φησιν ὁ Παῦλος· ὅταν δὲ
τὸν Παῦλον εἴπω, τὸν Χριστὸν λέγω· ἐκεῖνος γάρ
ἐστιν ὁ τὴν Παύλου κινῶν ψυχήν. Τί οὖν οὗτός
φησιν; Ἡμέρας παρατηρεῖσθε καὶ μῆνας καὶ
καιροὺς καὶ ἐνιαυτούς. Φοβοῦμαι ὑμᾶς, μήπως
εἰκῆ κεκοπίακα εἰς ὑμᾶς. Καὶ πάλιν, Ὁσάκις ἂν
ἐσθίητε τὸν ἄρτον τοῦτον, καὶ τὸ ποτήριον τοῦτο
πίνητε, τὸν θάνατον τοῦ Κυρίου καταγγέλλετε.
Ὁσάκις δὲ εἰπὼν, κύριον ἐποίησε τὸν προσιόντα,
(p. 867) πάσης ἡμερῶν παρατηρήσεως ἀπαλλάξας αὐτόν.
Οὐ γὰρ ταὐτὸν πάσχα καὶ τεσσαρακοστὴ, ἀλλ´ ἕτερον
πάσχα, καὶ ἕτερον τεσσαρακοστή. Τεσσαρακοστὴ μὲν
γὰρ ἅπαξ τοῦ ἐνιαυτοῦ γίνεται, πάσχα δὲ τρίτον
τῆς ἑβδομάδος· ἔστι δ´ ὅτε καὶ τέταρτον, μᾶλλον δὲ
ὁσάκις ἂν βουλώμεθα· πάσχα γὰρ οὐ νηστεία ἐστὶν,
ἀλλ´ ἡ προσφορὰ καὶ ἡ θυσία ἡ καθ´ ἑκάστην γινομένη
σύναξιν. Καὶ ὅτι τοῦτό ἐστιν, ἄκουσον τοῦ Παύλου λέγοντος,
Τὸ πάσχα ἡμῶν ὑπὲρ ἡμῶν ἐτύθη
Χριστός· καὶ, Ὁσάκις ἂν ἐσθίητε τὸν ἄρτον τοῦτον,
καὶ τὸ ποτήριον πίνητε, τὸν θάνατον τοῦ
Κυρίου καταγγέλλετε. Ὥστε ὁσάκις ἂν προσίῃς
μετὰ καθαροῦ συνειδότος, πάσχα ἐπιτελεῖς, οὐχ ὅταν
νηστεύῃς, ἀλλ´ ὅταν τῆς θυσίας ἐκείνης μετέχῃς.
Ὁσάκις γὰρ ἂν ἐσθίητε τὸν ἄρτον τοῦτον, καὶ
τὸ ποτήριον τοῦτο πίνητε, τὸν θάνατον τοῦ Κυρίου
καταγγέλλετε. Πάσχα δέ ἐστι τὸ τὸν θάνατον
καταγγέλλειν. Καὶ γὰρ ἡ σήμερον γινομένη προσφορὰ,
καὶ ἡ χθὲς ἐπιτελεσθεῖσα, καὶ ἡ καθ´ ἑκάστην
ἡμέραν ὁμοία ἐστὶ καὶ ἡ αὐτὴ τῇ γινομένῃ κατὰ τὴν
ἡμέραν ἐκείνην τὴν τοῦ Σαββάτου, καὶ οὐδὲν ἐκείνη
ταύτης σεμνοτέρα, οὐδὲ αὕτη ἐκείνης εὐτελεστέρα,
ἀλλὰ μία καὶ ἡ αὐτὴ, ὁμοίως φρικτὴ καὶ σωτήριος.
Τίνος οὖν ἕνεκεν νηστεύομεν, φησὶ, τὰς τεσσαράκοντα
ταύτας ἡμέρας; Πολλοὶ τὸ παλαιὸν τοῖς μυστηρίοις προσῄεσαν ἁπλῶς καὶ ὡς ἔτυχε, καὶ μάλιστα
κατὰ τὸν καιρὸν τοῦτον, καθ´ ὃν ὁ Χριστὸς αὐτὰ
παρέδωκε. Συνειδότες οὖν οἱ πατέρες τὴν βλάβην
τὴν γινομένην ἐκ τῆς ἠμελημένης προσόδου, συνελθόντες
ἐτύπωσαν ἡμέρας τεσσαράκοντα νηστείας, εὐχῶν,
ἀκροάσεως, συνόδων, ἵν´ ἐν ταῖς ἡμέραις ταύταις καθαρθέντες μετ´ ἀκριβείας ἅπαντες καὶ δι´ εὐχῶν, καὶ δι´
ἐλεημοσύνης, καὶ διὰ νηστείας, καὶ διὰ παννυχίδων,
καὶ διὰ δακρύων, καὶ δι´ ἐξομολογήσεως, καὶ διὰ τῶν
ἄλλων ἁπάντων, οὕτω κατὰ δύναμιν τὴν ἡμετέραν μετὰ
καθαροῦ συνειδότος προσίωμεν. Καὶ ὅτι μέγα κατώρθωσαν,
διὰ τῆς συγκαταβάσεως ταύτης εἰς συνήθειαν ἡμᾶς
νηστείας καταστήσαντες, δῆλον ἐκεῖθεν.
Ἡμεῖς μὲν γὰρ ἂν διὰ παντὸς τοῦ ἐνιαυτοῦ μένωμεν
βοῶντες καὶ κηρύττοντες νηστείαν, οὐδεὶς προσέχει
τοῖς λεγομένοις· ἂν δὲ ἐπιστῇ μόνον ὁ τῆς τεσσαρακοστῆς
καιρὸς, καὶ μηδενὸς παραινοῦντος μηδὲ συμβουλεύοντος,
καὶ ὁ σφόδρα νωθρότατος διανίσταται, τὴν
παρὰ τοῦ καιροῦ λαμβάνων συμβουλὴν καὶ παραίνεσιν.
Ἂν οὖν ἔρηταί σε Ἰουδαῖος καὶ Ἕλλην, τίνος ἕνεκεν
νηστεύεις, μὴ εἴπῃς, ὅτι διὰ τὸ πάσχα, μηδὲ ὅτι διὰ
τὸν σταυρὸν, ἐπεὶ πολλὴν αὐτῷ δίδως τὴν λαβήν· οὐ
γὰρ διὰ τὸ πάσχα νηστεύομεν, οὐδὲ διὰ τὸν σταυρὸν,
ἀλλὰ διὰ τὰ ἁμαρτήματα τὰ ἡμέτερα, ἐπειδὴ μέλλομεν
μυστηρίοις προσιέναι· ἐπεὶ τό γε πάσχα οὐ νηστείας
ἐστὶν οὐδὲ πένθους, ἀλλὰ εὐφροσύνης καὶ χαρᾶς ὑπόθεσις.
Ὁ γὰρ σταυρὸς ἀνεῖλε τὴν ἁμαρτίαν,
καθάρσιον τῆς οἰκουμένης ἐγένετο, καταλλαγὴ χρονίας
ἔχθρας, ἀνέῳξε τοῦ οὐρανοῦ τὰς πύλας, τοὺς
μισουμένους φίλους ἐποίησεν, εἰς τὸν οὐρανὸν ἐπανήγαγεν,
ἐν δεξιᾷ τοῦ θρόνου ἐκάθισε τὴν ἡμετέραν
φύσιν, μυρία ἕτερα παρέσχεν ἡμῖν ἀγαθά. Οὐ τοίνυν
πενθεῖν οὐδὲ κατεστάλθαι χρὴ, ἀγάλλεσθαι δὲ καὶ
χαίρειν ὑπὲρ τούτων ἁπάντων. Διὰ τοῦτο καὶ Παῦλός
φησιν, Ἐμοὶ δὲ μὴ γένοιτο καυχᾶσθαι, εἰ μὴ
ἐν τῷ σταυρῷ τοῦ Κυρίου ἡμῶν Ἰησοῦ Χριστοῦ.
Καὶ πάλιν, Συνίστησι δὲ τὴν ἑαυτοῦ ἀγάπην εἰς
ἡμᾶς ὁ Θεὸς, ὅτι ἔτι ἁμαρτωλῶν ὄντων ἡμῶν
(p. 868) Χριστὸς ὑπὲρ ἡμῶν ἀπέθανε. Καὶ ὁ Ἰωάννης
οὕτω πώς φησιν· Οὕτω γὰρ ἠγάπησεν ὁ Θεὸς τὸν
κόσμον. Πῶς; εἰπέ. Καὶ πάντα παραδραμὼν τἄλλα,
τὸν σταυρὸν τέθεικεν. Εἰπὼν γὰρ, Οὕτως ἠγάπησεν
ὁ Θεὸς τὸν κόσμον, ἐπήγαγεν, Ὅτι τὸν μονογενῆ
αὐτοῦ Υἱὸν ἔδωκεν, ἵνα σταυρωθῇ, ἵνα πᾶς ὁ πιστεύων
εἰς αὐτὸν μὴ ἀπόληται, ἀλλ´ ἔχῃ ζωὴν
αἰώνιον. Εἰ τοίνυν ἀγάπης ὑπόθεσις καὶ καύχημα ὁ
σταυρὸς, μὴ λέγωμεν ὅτι δι´ αὐτὸν πενθοῦμεν· οὐ
γὰρ πενθοῦμεν δι´ ἐκεῖνον, μὴ γένοιτο! ἀλλὰ διὰ τὰ
οἰκεῖα ἁμαρτήματα. Διὰ τοῦτο νηστεύομεν.
| [3,4] 4. Pourquoi donc Jésus-Christ a-t-il fait la pâque en même temps que les Juifs ? Parce
que l'ancienne pâque était la figure de celle qui devait venir, et qu'il fallait que la vérité
s'ajoutât à la figure ; après avoir montré l'ombre, il produisit la vérité pendant la même scène;
mais, la vérité étant une fois apparue, l'ombre dès lors est effacée , et n'est plus de saison. Ne
m'alléguez donc pas cette raison. Montrez-moi, si vous le pouvez, que Jésus-Christ a ordonné
de faire la pâque avec les Juifs. Car, c'est le contraire que je soutiens : je soutiens que non
seulement il n'a pas ordonné d'observer les jours de fêtes marqués dans la loi mosaïque, mais
qu'il nous a même délivrés de l'obligation de célébrer ces fêtes. Ecoutez, en effet, ce que dit
Paul, et quand je nomme Paul, c'est de Jésus-Christ que je parle, puisque c'est lui qui meut
l'âme de Paul. Que dit donc le grand Apôtre? Vous observez les jours, et les mois, et les
saisons, et les années. J'appréhende pour vous que je n'aie peut-être travaillé en vain parmi
vous. (Gal. IV, 10, 11) Et encore : Chaque fois que vous mangerez ce pain, et que vous boirez
ce calice, vous annoncerez la mort dit Seigneur. (I Cor. XI, 26) En disant: Chaque fois, il a
donné plein pouvoir à celui qui s'approche des saints mystères de choisir le temps qu'il veut. Il
ne fixe pas de jours à garder invariablement. Car, la pâque et le carême ne sont pas la même
chose; mais, autre chose est la pâque, autre le carême. Le carême n'arrive qu'une seule fois
l'an, la pâque, trois fois la semaine, et parfois même quatre fois, ou plutôt, chaque fois que
vous voulez ; car la pâque n'est pas un jeûne, mais l'oblation et le sacrifice qui se fait dans
chaque réunion. Entendez saint Paul vous le dire lui-même : Jésus-Christ, notre pâque, a été
immolé pour nous; et chaque fois que vous mangerez ce pain, et que vous boirez ce calice,
vous annoncerez la mort du Seigneur. (I Cor. XI, 26) C'est pourquoi, chaque fois que vous
vous approchez des saints mystères avec une conscience pure, vous célébrez la pâque; vous la
célébrez, dis-je, non pas quand vous jeûnez, mais quand vous participez au sacrifice. Chaque
fois, en effet, que vous mangerez ce pain, et que vous boirez ce calice, vous annoncerez la
mort du Seigneur. Célébrer la pâque, c'est annoncer la mort; car, l'oblation faite aujourd'hui, et
celle qui a été célébrée hier, et celle de chaque jour, est semblable à celle qui s'est accomplie
en ce grand jour du sabbat, où Jésus-Christ fut sacrifié sur la croix; elle est la même; et celle-là n'est en rien plus vénérable que celle-ci, ni celle-ci, de moindre valeur que celle-là; mais,
c'est une seule et même oblation également redoutable et salutaire.
Pourquoi donc, dit-on, jeûnons-nous ces quarante jours? Beaucoup autrefois
s'approchaient des mystères témérairement et comme à l'aventure, et surtout dans ce temps où
Jésus-Christ les a institués. Or, les Pères, sachant le danger qu'il y avait à s'en approcher avec
négligence, désignèrent lorsqu'ils furent réunis, quarante jours consacrés au jeûne, aux prières,
à l'audition de la parole de Dieu, aux assemblées, afin qu'étant tous soigneusement purifiés en
ces jours, par les prières, par l'aumône, par le jeûne, par les veilles, par les larmes, par la
confession et par toutes les autres oeuvres de piété, nous pussions nous approcher des
sacrements avec une conscience aussi pure que possible. Qu'ils aient obtenu un grand et
heureux résultat par cette condescendance, en nous faisant contracter l'habitude de jeûner,
voici qui le prouve. Pour nous, prédicateurs, quand même pendant toute l'année, nous ne
cesserions de prêcher le jeûne de toutes nos forces, personne ne ferait attention à ce que nous
dirions. Mais, que le temps du carême arrive seulement; sans que personne les exhorte ou les
avertisse, les plus nonchalants se lèvent, recevant du temps avertissement et exhortation. Si
donc un Juif ou un Gentil vous demande pourquoi vous jeûnez, ne dites pas que c'est en
mémoire de la pâque ou de la croix, car ce serait lui donner prise contre vous; nous ne jeûnons
pas, en effet, en mémoire de la pâque, ou de la croix, mais pour effacer nos péchés,
avant de nous approcher des mystères. Si ce n'était cette raison, la pâque serait plutôt pour
nous une occasion de joie et d'allégresse, que de jeûne et de tristesse. La croix, en effet, a ôté
le péché, elle a été l'expiation du monde, la réconciliation d'une haine invétérée; elle a ouvert
les portes du ciel; elle a rendu amis de Dieu ceux qui lui étaient en aversion; elle a rouvert à
notre race l'entrée du ciel; elle a placé notre nature à la droite du trône éternel, et nous a
procuré une infinité d'autres biens. Il ne faut donc pas pleurer et avoir le coeur serré, mais être
content et se réjouir de toutes ces choses. C'est pourquoi, Paul aussi a dit : Loin de moi que je
me glorifie, sinon dans la croix de Notre-Seigneur Jésus-Christ (Gal. VI, 14) ; et encore :
Dieu prouve sa charité pour nous, en ce que, quand nous étions encore pécheurs, Jésus-Christ
est mort pour nous (Rom. V, 8) ; et Jean exprime ainsi la même pensée : Dieu a tant
aimé le monde. (III, 16) Par quelle marque Dieu a-t-il surtout signalé son amour pour le
monde ? Par la croix : car écoutez ce qu'ajoute l'apôtre saint Jean : Dieu a tant aimé le monde,
qu'il a donné son Fils unique, pour être crucifié, afin que quiconque croit en lui ne périsse
pas, mais qu'il ait la vie éternelle. La croix est donc une occasion de témoigner de l'amour
pour Dieu, et un sujet de se glorifier: ne disons donc pas que nous pleurons à cause d'elle.
Car, nous ne pleurons pas à cause d'elle, à Dieu ne plaise ! mais à cause de nos propres
péchés. Voilà pourquoi nous jeûnons.
|