[2,2] Σὺ δὲ ἀθλία καὶ ταλαίπωρε, κεράσασα τὴν κύλικα
τὴν ὀλεθρίαν ταύτην, καὶ ὀρέξασα καὶ δοῦσα τὸ φάρμακον,
μετὰ τὸ πιεῖν ἐκεῖνον καὶ ἀπολέσθαι ἀπολογίαν σαυτῇ
νομίζεις ὑπολελεῖφθαι, τὸ μὴ αὐτὴ πιεῖν, ἀλλ´ ἑτέρῳ
παρασχεῖν τὸ δηλητήριον; Καίτοι γε ὑμεῖς τῶν φαρμακοπωλῶν
ἐκείνων τοσούτῳ χαλεπωτέραν δώσετε δίκην, ὅσῳ
καὶ ὁ θάνατος χαλεπώτερος. Οὐ γὰρ σῶμα ἀλλὰ ψυχὴν
ἀναιρεῖτε· κἀκεῖνοι μὲν πολλάκις ἢ θυμῷ καὶ ὀργῇ τοῦτο
πράττουσιν ἢ χρημάτων δεόμενοι· ὑμεῖς δὲ οὐδὲ εἰς
ταύτην ἔχετε καταφυγεῖν τὴν πρόφασιν. Οὔτε γὰρ ἐχθροὺς
ὄντας, οὔτε ἠδικηκότας, οὔτε χρημάτων δεόμεναι τοῦτο
ποιεῖτε, ἀλλ´ ὑπὲρ κενοδοξίας μόνης εἰς τὰς ἀλλοτρίας
παίζετε ψυχὰς, τέρψιν οἰκείαν τὸν ἑτέρων ποιούμεναι
θάνατον.
Ἀλλὰ γὰρ οὐκ οἶδα πῶς ἐξηνέχθην ταῦτα εἰπεῖν ἑτέρωσε
ὁρμῶν· διόπερ ἐπανιτέον ὅθεν ἐξέβην· Ὥσπερ γὰρ
οὐκ ἀρκούντων τούτων καταισχῦναι τὸ πᾶν ἔθνος, καὶ
ἄλλο τι πλέον ἐπενόησαν. Ἀλλὰ μηδεὶς περὶ πασῶν ταῦτα
εἰρῆσθαι νομιζέτω· οὐ γὰρ οὕτως ἄθλιος ἐγὼ καὶ ταλαίπωρος,
ὡς ὁμοῦ πάντα φύρειν καὶ συγχεῖν. Περὶ γὰρ τῶν
ὑπευθύνων καὶ ταῦτα εἴρηται, καὶ τὰ μετὰ ταῦτα εἰρήσεται.
Ὥσπερ οὖν οὐκ ἀρκούντων τούτων εἰς βλάβην,
ἄνδρας τινὰς οὐδαμόθεν αὐταῖς προσήκοντας λαβοῦσαι
συγκατακλείουσι, καὶ τὸν πάντα συνοικίζουσι χρόνον,
καθάπερ ἐνδεικνύμεναι καὶ διὰ τούτων καὶ διὰ τῶν εἰρημένων,
ὅτι ἄκουσαι ἐπὶ τὴν παρθενίαν εἱλκύσθησαν καὶ
βίαν ὑπομείνασαι τὴν ἐσχάτην· καὶ ταύτῃ παραμυθοῦνται
τὴν βίαν καὶ τὴν ἀνάγκην. Τί γάρ; οὐχὶ καὶ τούτων χείρω
παρὰ πάντων, ὅταν ταῦτα γίνηται, λέγεται καὶ φίλων
καὶ οἰκείων; Ταύτας δὲ ζῆν; ἀναπνεῖν δὲ ὅλως; ἀλλὰ μὴ
διαπρίζεσθαι μέσας, ἢ κατορύττεσθαι ζώσας μετ´ ἐκείνων
αὐτῶν; Καὶ γὰρ καὶ ταῦτα καὶ τούτων πολλῷ πλείονα
ἅπαντες λέγουσι· καὶ δρόμος λοιπὸν ταῖς μαίαις καθ´
ἑκάστην ἡμέραν ἐπὶ τὰς τῶν παρθένων οἰκίας, καθάπερ
πρὸς τὰς ὠδινούσας, οὐχ ὥστε λοχεῦσαι τίκτουσαν (γέγονε
μὲν γὰρ ἐπί τινων καὶ τοῦτο), ἀλλ´ ὥστε διαγνῶναι καθάπερ
ἐπὶ τῶν ὠνουμένων θεραπαινίδων, τίς μὲν ἡ διεφθαρμένη,
τίς δὲ ἡ ἀνέπαφος· καὶ ἡ μὲν ὑπήκουσε ῥᾳδίως
τῇ δοκιμασίᾳ, ἡ δὲ ἀντέσχε, καὶ αὐτῷ τούτῳ καταισχυνθεῖσα
ἀπῆλθεν, εἰ καὶ μὴ διέφθαρτο· καὶ ἡ μὲν ἑάλω, ἡ
δὲ οὐχ ἑάλω, καὶ αὐτὴ δὲ πάλιν οὐχ ἧττον ἐκείνης αἰσχύνεται,
μὴ δυνηθεῖσα ἀξιόπιστος ἀπὸ τοῦ τρόπου φανῆναι,
ἀλλὰ μαρτυρίας τῆς ἀπὸ τῆς ἐξετάσεως δεηθεῖσα. Πόσων
οὖν οὐκ ἄξια ταῦτα δακρύων; πόσων οὐκ ἄξια θανάτων;
Τίς δὲ οὕτω λίθινος καὶ ἀσυμπαθὴς, ὡς μὴ πυρωθῆναι
καὶ τὰ τοῦ Φινεὲς παθεῖν; Ἀλλ´ ἐκεῖνος μὲν, εἰ κατὰ τὸν
καιρὸν ἐκεῖνον ταύτην εἶδε γινομένην τὴν ἀσχημοσύνην,
οὐκ ἂν αὐτῶν ἐφείσατο, ἀλλ´ ἐποίησεν ἂν ταὐτὸ, ὅπερ καὶ
ἐπὶ τῆς Μαδιανίτιδος τότε εἰργάσατο· ἡμεῖς δέ (οὐ γὰρ
ἐφεῖται ἁρπάσαι μάχαιραν, οὐδὲ κεντῆσαι τῷ σειρομάστῃ
τοὺς τὰ τοιαῦτα πλημμελοῦντας) πάσχομεν μὲν τὰ αὐτὰ,
ἅπερ ἔπαθεν ἐκεῖνος ὁ ἅγιος, οὐ δρῶμεν δὲ τὰ αὐτὰ, ἀλλ´
ἑτέρως παραμυθούμεθα τὴν ὀδύνην, δι´ ὀδυρμῶν καὶ
θρήνων.
Δεῦρο οὖν συναλγήσατέ μοι καὶ συστενάξατε, ὅσαι
ταύτης ἐκτός ἐστε τῆς αἰσχύνης· αἱ γὰρ ἄθλιαι καὶ
ταλαίπωροι ἐκεῖναι καὶ ἀναλγησίαν ἴσως μετὰ τῶν ἄλλων
νοσοῦσι κακῶν. Ἀλλ´ ὑμεῖς αἱ τοῦτον ἀναδεξάμεναι τὸν
βίον, καὶ τοῦ νυμφῶνος καταξιούμεναι καὶ τοῦ νυμφίου,
καὶ φαιδρὰς ἔχουσαι τὰς λαμπάδας, καὶ τῷ τιμίῳ τῆς
παρθενίας παντὸς διαδήματος βασιλικοῦ μᾶλλον κοσμούμεναι
στεφάνῳ, δακρύσατε σὺν ἡμῖν καὶ πικρὸν ἀνοιμώξατε· οὐ μικρὸν
τοῦτό ἐστι φάρμακον καὶ εἰς διόρθωσιν
τῶν τὰ ἀνίατα νοσούντων, καὶ εἰς παραμυθίαν τῶν τὰ
ἐκείνων ὀδυρομένων· τοῦτο καὶ ὁ νυμφίος ὁ ὑμέτερός ποτε
πεποίηκεν. Τὴν γὰρ Ἱερουσαλὴμ πρὸς ἔσχατον ἀπωλείας
κατενεχθεῖσαν ἰδὼν, καὶ οὐκέτι δυναμένην ἀνενεγκεῖν
ἀπὸ τῆς ἀρρωστίας, ἐδάκρυσε, καὶ ἐπὶ τῆς Βηθσαϊδᾶ
συμβουλαῖς μὲν οὐκ ἐχρήσατο λοιπὸν, οὐδὲ σημείοις,
ταλανισμῷ δὲ μόνον, τὸ Οὐαὶ συνεχῶς ἐπιλέγων ταῖς
πόλεσι, καθάπερ καὶ ἐπὶ τῶν ψυχορραγούντων, ποιοῦμεν
ἡμεῖς. Καὶ ὁ μακάριος δὲ Παῦλος, τὸν διδάσκαλον τὸν
ἑαυτοῦ μιμούμενος, οὐκ ἐπαύσατο πάντα τὸν βίον τοὺς
πεσόντας καὶ ἐν τῷ αὐτῷ πτώματι μένοντας καὶ οὐκ ἐθέλοντας
ἀναστῆναι λοιπὸν ὀλοφυρόμενος οὕτω πικρῶς, ὡς
καὶ μετὰ διορισμοῦ τινος ἰσχυροτέρου τοῖς Ῥωμαίοις αὐτὸ
δὴ τοῦτο ἐπιστέλλειν καὶ λέγειν ὅτι »Λύπη μοί ἐστι
μεγάλη, καὶ ἀδιάλειπτος ὀδύνη τῇ καρδίᾳ μου ὑπὲρ
τῶν ἀδελφῶν μου, τῶν συγγενῶν μου κατὰ σάρκα.« Εἶδες
πόσην ἔχει τὰ ῥήματα ἔμφασιν, πόσον πόνον καρδίας
παρίστησι; Καὶ τῶν πιστῶν δὲ τοὺς χωλεύοντας καὶ
κλυδωνιζομένους οὕτω πενθεῖ, ὡς αὐτὸς ἐν ἐκείνοις
τυγχάνων τοῖς κακοῖς. »Τίς γὰρ, φησίν, ἀσθενεῖ, καὶ
οὐκ ἀσθενῶ; τίς σκανδαλίζεται, καὶ οὐκ ἐγὼ πυροῦμαι;«
Καὶ οὐκ εἶπε »Λυποῦμαι«, ἀλλὰ »Πυροῦμαι«, τὸ ἀφόρητον
καὶ ἀνήκεστον τῆς ὀδύνης διὰ τῆς πυρώσεως παραστῆσαι
βουλόμενος.
| [2,2] Toi, malheureuse, toi, misérable, tu as préparé la coupe mortelle, tu as présenté, tu as
donné le poison; et quand le poison est bu, quand il a causé la mort, tu te crois en sûreté parce
que, n'ayant pas bu toi-même, tu n'as fait que le donner à un autre ! Eh bien ! toi et tes
semblables, vous subirez un châtiment plus rigoureux que les empoisonneurs publics, d'autant
plus que la mort que vous donnez est plus terrible ; car, ce n'est pas le corps seulement, mais
l'âme que vous frappez à mort. Ces empoisonneurs agissent souvent par fureur ou par colère
ou poussés par la misère, pour vous, vous ne pouvez vous retrancher derrière aucun de ces
prétextes. Vous n'avez pas d'injure à venger, ni d'ennemis à frapper, ni de misère à repousser;
c'est par un simple motif de coquetterie que vous vous jouez du salut des âmes : vous mettez
votre jouissance dans leur mort.
Mais je ne sais comment j'ai été entraîné à cette digression; il faut revenir au point
de départ. Comme si ces désordres ne suffisaient pas pour couvrir de honte tout ce qu'il y a de
femmes au monde, ces malheureuses ont encore imaginé quelque chose de plus; je ne parle
pas ainsi de toutes indistinctement, je ne suis pas assez misérable pour mêler, pour confondre
le bien avec le mal. Ce que j'ai dit et ce que je dirai ne regarde que les coupables.
Je le disais donc, comme si ce que je viens de leur reprocher ne suffisait pas pour
produire tout le scandale auquel elles aspirent, elles admettent des hommes qui ne leur sont
rien à partager leur demeure, elles s'enferment et passent leur vie avec eux; on dirait qu'elles
tiennent à prouver, par ce fait et par ceux que nous avons signalés plus haut, qu'elles n'ont
embrassé la virginité que malgré elles, que c'est par contrainte qu'elles ont subi ce joug, et
qu'elles ont à cœur de se venger de la violence qu'on leur a faite. Est-ce tout encore?
N'entendons-nous pas dire, sur le compte de celles qui donnent ces sortes de scandales, des
choses encore plus graves? Et ceux qui les connaissent ont-ils tort, quand ils s'écrient qu'on
ne devrait pas les laisser vivre, respirer; qu'il faudrait plutôt les couper en morceaux ou les
enterrer vivantes avec leurs complices. Car, voilà ce que disent d'elles ceux qui savent ce qui
se passe dans leur intimité.
Du reste, on voit tous les jours des sages-femmes accourir dans les maisons des
vierges, comme s'il s'agissait d'un accouchement; tel n'est pas cependant, à part quelques cas
où cela arrive, le motif de leur visite. Elles sont appelées pour voir et examiner, comme cela
se pratique à l'égard des esclaves que l'on achète, quelles sont celles qui sont vierges encore,
quelles sont celles qui ne le sont plus. L'une se soumet sans peine à cet examen; l'autre s'y
refuse, et se voit par ce seul fait condamnée, fût-elle innocente; l'une a été jugée coupable,
l'autre non, mais cette dernière n'est pas moins couverte de honte que la première, puisque ses
moeurs ne peuvent pas, par elles-mêmes, témoigner en sa faveur, mais qu'il faut recourir aux
preuves matérielles. Qui pleurera ces désordres, qui les punira comme ils méritent de l'être? Il
faudrait avoir la dureté et l'insensibilité du marbre pour ne pas se sentir brûlé du zèle d'un
Phinées. Oui, si cet homme avait été témoin d'une pareille infamie, il n'aurait pas épargné les
coupables; il les aurait traités comme il traita la Madianite. (Nom. XXV, 14) Pour nous, il ne
nous est pas permis de prendre le glaive, ni de percer avec la lance ceux qui commettent ces
abominations, mais nous éprouvons les mêmes sentiments que ce saint personnage; Dieu ne
nous ayant pas confié sa vengeance, nous soulageons notre douleur autrement, c'est-à-dire par
des pleurs et des lamentations.
Venez donc, pleurez et gémissez avec nous, vous qu'une si honteuse contagion n'a pas
atteintes; ces infortunées, ces misérables sont peut-être tellement plongées dans leur misère,
qu'elles ne s'aperçoivent plus du mal affreux qui les ronge. Mais vous qui avez embrassé cette
sainte profession de tout votre coeur, vous qui vous êtes rendues dignes des chastes
embrassements du céleste Epoux, vous qui portez des lampes toutes brillantes et qui êtes plus
ornées de la glorieuse couronne de la virginité que du diadème des rois, pleurez avec nous;
poussez d'amers gémissements, vos larmes ne sont pas un remède de peu d'efficacité et
pour la guérison de ces malades désespérées et pour la consolation de ceux qu'affligent leur
vie coupable: C'est ce que fit quelquefois votre Époux céleste. Voyant Jérusalem se précipiter
vers sa ruine, et refuser le salut qu'il lui apportait, il se prit à pleurer sur le sort de cette
malheureuse cité. (Luc. XIX, 41) A l'égard de Bethsaïde, il n'a recours ni aux avertissements,
ni aux miracles; sa commisération, voilà tout ce qu'il accorde à cette ville coupable, ainsi
qu'aux autres qui sont ensuite nommées, s'écriant sur chacune d'elles : malheur à toi ! malheur
à toi !
Le bienheureux Paul suivit l'exemple de son Maître: pendant toute sa vie il ne cessa de
pleurer ceux qui, une fois tombés, restaient par terre, sans vouloir se relever, et il pleurait avec
une amertume dont ses paroles aux Romains sont une preuve évidente. Ma tristesse est
grande, et c'est une douleur continuelle pour mon coeur. Car moi-même je désirais d'être
frappé d'anathème par le Christ, pour mes frères qui sont mes proches selon la chair, les
Israélites. (Rom. IX, 2-4) Quelle énergie dans ces paroles, comme elles expriment les
cruelles angoisses du coeur ! De plus, il pleure sur les fidèles qui chancèlent et que les
tempêtes sont sur le point de submerger, comme si lui-même éprouvait le même malheur :
Qui de vous, dit-il, est faible sans que je sois faible aussi ? Qui est scandalisé, sans que je sois
brûlé moi-même? (II Cor. II, 29) Il ne dit pas: « contristé », mais: « brûlé », voulant exprimer
par ce mot une douleur insupportable, insurmontable.
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