[60] Ἄξιον δὲ καὶ τῶν θεῶν καὶ τῶν ἡρώων
μνησθῆναι τῶν ἐκεῖνον τὸν τόπον κατεχόντων καὶ μὴ περιορᾶν τὰς τιμὰς αὐτῶν
καταλυομένας, οἷς ὑμεῖς καλλιερησάμενοι τοιοῦτον ὑπέστητε κίνδυνον, ὃς καὶ τούτους καὶ
τοὺς ἄλλους ἅπαντας Ἕλληνας ἠλευθέρωσεν. Χρὴ δὲ καὶ τῶν προγόνων ποιήσασθαί τινα
πρόνοιαν καὶ μὴ παραμελῆσαι μηδὲ τῆς περὶ ἐκείνους εὐσεβείας, (61) οἳ πῶς ἂν διατεθεῖεν,
εἴ τις ἄρα τοῖς ἐκεῖ φρόνησίς ἐστι περὶ τῶν ἐνθάδε γιγνομένων, εἰ κυρίων ὑμῶν ὄντων
αἴσθοιντο τοὺς μὲν δουλεύειν τοῖς βαρβάροις ἀξιώσαντας δεσπότας τῶν ἄλλων
καθισταμένους, ἡμᾶς δὲ τοὺς ὑπὲρ τῆς ἐλευθερίας συναγωνισαμένους μόνους τῶν
Ἑλλήνων ἀναστάτους γεγενημένους, καὶ τοὺς μὲν τῶν συγκινδυνευσάντων τάφους μὴ
τυγχάνοντας τῶν νομιζομένων σπάνει τῶν ἐποισόντων, Θηβαίους δὲ τοὺς τἀναντία
παραταξαμένους κρατοῦντας τῆς χώρας ἐκείνης; (62) Ἐνθυμεῖσθε δ' ὅτι Λακεδαιμονίων
μεγίστην ἐποιεῖσθε κατηγορίαν, ὅτι Θηβαίοις χαριζόμενοι τοῖς τῶν Ἑλλήνων προδόταις
ἡμᾶς τοὺς εὐεργέτας διέφθειραν. Μὴ τοίνυν ἐάσητε ταύτας τὰς βλασφημίας περὶ τὴν
ὑμετέραν γενέσθαι πόλιν, μηδὲ τὴν ὕβριν τὴν τούτων ἀντὶ τῆς παρούσης ἕλησθε δόξης.
(63) Πολλῶν δ' ἐνόντων εἰπεῖν ἐξ ὧν ἄν τις ὑμᾶς ἐπαγάγοι μᾶλλον φροντίσαι τῆς
ἡμετέρας σωτηρίας οὐ δύναμαι πάντα περιλαβεῖν, ἀλλ' αὐτοὺς χρὴ καὶ τὰ παραλελειμμένα
συνιδόντας καὶ μνησθέντας μάλιστα μὲν τῶν ὅρκων καὶ τῶν συνθηκῶν, ἔπειτα δὲ καὶ τῆς
ἡμετέρας εὐνοίας καὶ τῆς τούτων ἔχθρας, ψηφίσασθαί τι περὶ ἡμῶν δίκαιον.
| [60] C'est aussi un devoir de rappeler
et les dieux et les héros qui protègent cette contrée, et de ne pas laisser abolir le culte
des divinités auxquelles vous aviez sacrifié, sous des auspices favorables, avant de vous
exposer à l'immense danger qui assura la liberté des Thébains, comme celle de tous les
autres Grecs. Il faut encore avoir égard à vos ancêtres et ne pas négliger envers eux les
devoirs que la piété vous impose. Que penseraient-ils, s'il existe chez les morts quelque
sentiment des choses de la terre, en apprenant que, dans un temps où vous commandez
à la Grèce, ceux qui jadis ont consenti à subir le joug des Barbares s'établissent les
despotes des autres peuples ; tandis que nous, après avoir combattu pour la liberté
commune, seuls parmi tous les Grecs, nous sommes bannis de notre pays, que les
tombeaux des guerriers qui ont partagé vos dangers sont privés des honneurs qui leur
appartenaient, par l'absence de ceux qui devaient les leur rendre, et que les Thébains,
qui ont combattu contre eux, sont les maîtres du pays? (62) Pensez, enfin, que vous avez
fait retentir la plus grave de toutes les accusations contre les Lacédémoniens, lorsque
vous leur avez reproché de nous avoir détruits, nous, les bienfaiteurs de la Grèce, pour
complaire aux Thébains, traîtres envers elle. Non, vous ne voudrez jamais que de
semblables injures retombent sur votre ville, et vous ne préférerez pas l'insolence des
Thébains à la gloire dont vous jouissez maintenant.
(63) 25. Beaucoup de motifs, dignes d'accroître votre intérêt pour notre juste
délivrance, pourraient encore être invoqués, mais je ne puis les renfermer tous dans les
bornes d'un discours ; c'est à vous qui connaissez les faits que je passe sous silence, qui
vous rappelez les serments et les traités ainsi que notre dévouement et la haine des
Thébains, qu'il appartient de prononcer à notre égard conformément à la justice.
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