[10] Θαυμάζω δὲ πρὸς τί τῶν γεγενημένων ἀναφέροντες καὶ πῶς ποτε τὸ δίκαιον κρίνοντες
ταῦτα φήσουσι προστάττειν ἡμῖν. Εἰ μὲν γὰρ τὰ πάτρια σκοποῦσιν, οὐ τῶν ἄλλων αὐτοῖς
ἀρκτέον, ἀλλὰ πολὺ μᾶλλον Ὀρχομενίοις φόρον οἰστέον· οὕτω γὰρ εἶχε τὸ παλαιόν· εἰ δὲ
τὰς συνθήκας ἀξιοῦσιν εἶναι κυρίας, ὅπερ ἐστὶ δίκαιον, πῶς οὐχ ὁμολογήσουσιν ἀδικεῖν
καὶ παραβαίνειν αὐτάς; Ὁμοίως γὰρ τάς τε μικρὰς τῶν πόλεων καὶ τὰς μεγάλας
αὐτονόμους εἶναι κελεύουσιν.
(11) Οἶμαι δὲ περὶ μὲν τούτων οὐ τολμήσειν αὐτοὺς ἀναισχυντεῖν, ἐπ' ἐκεῖνον δὲ
τρέψεσθαι τὸν λόγον, ὡς μετὰ Λακεδαιμονίων ἐπολεμοῦμεν, καὶ πάσῃ τῇ συμμαχίᾳ
διαφθείραντες ἡμᾶς τὰ συμφέροντα πεποιήκασιν.
(12) Ἐγὼ δ' ἡγοῦμαι μὲν χρῆναι μηδεμίαν μήτ' αἰτίαν μήτε κατηγορίαν μεῖζον δύνασθαι
τῶν ὅρκων καὶ τῶν συνθηκῶν· οὐ μὴν ἀλλ' εἰ δεῖ τινὰς κακῶς παθεῖν διὰ τὴν
Λακεδαιμονίων συμμαχίαν, οὐκ ἂν Πλαταιεῖς ἐξ ἁπάντων τῶν Ἑλλήνων προὐκρίθησαν
δικαίως· οὐ γὰρ ἑκόντες, ἀλλ' ἀναγκασθέντες αὐτοῖς ἐδουλεύομεν. (13) Τίς γὰρ ἂν
πιστεύσειεν εἰς τοῦθ' ἡμᾶς ἀνοίας ἐλθεῖν ὥστε περὶ πλείονος ποιήσασθαι τοὺς
ἐξανδραποδισαμένους ἡμῶν τὴν πατρίδα μᾶλλον ἢ τοὺς τῆς πόλεως τῆς αὑτῶν
μεταδόντας; Ἀλλὰ γάρ, οἶμαι, χαλεπὸν ἦν νεωτερίζειν αὐτοὺς μὲν μικρὰν πόλιν οἰκοῦντας,
ἐκείνων δ' οὕτω μεγάλην δύναμιν κεκτημένων, ἔτι δὲ πρὸς τούτοις ἁρμοστοῦ καθεστῶτος
καὶ φρουρᾶς ἐνούσης καὶ τηλικούτου στρατεύματος ὄντος Θεσπιᾶσιν, (14) ὑφ' ὧν οὐ μόνον
ἂν θᾶττον ἢ Θηβαίων διεφθάρημεν, ἀλλὰ καὶ δικαιότερον· τούτους μὲν γὰρ εἰρήνης οὔσης
οὐ προσῆκε μνησικακεῖν περὶ τῶν τότε γεγενημένων, ἐκεῖνοι δ' ἐν τῷ πολέμῳ προδοθέντες
εἰκότως ἂν παρ' ἡμῶν τὴν μεγίστην δίκην ἐλάμβανον. (15) Ἡγοῦμαι δ' ὑμᾶς οὐκ ἀγνοεῖν ὅτι
πολλοὶ καὶ τῶν ἄλλων Ἑλλήνων τοῖς μὲν σώμασι μετ' ἐκείνων ἀκολουθεῖν ἠναγκάζοντο,
ταῖς δ' εὐνοίαις μεθ' ὑμῶν ἦσαν. Οὓς τίνα χρὴ προσδοκᾶν γνώμην ἕξειν, ἢν ἀκούσωσιν ὅτι
Θηβαῖοι τὸν δῆμον τὸν Ἀθηναίων πεπείκασιν ὡς οὐδενός ἐστι φειστέον τῶν ὑπὸ
Λακεδαιμονίοις γενομένων; (16) Ὁ γὰρ τούτων λόγος οὐδὲν ἄλλ' ἢ τοῦτο φανήσεται
δυνάμενος· οὐ γὰρ ἰδίαν κατηγορίαν ποιούμενοι κατὰ τῆς πόλεως τῆς ἡμετέρας
ἀπολωλέκασιν αὐτήν, ἀλλ' ἣν ὁμοίως καὶ κατ' ἐκείνων ἕξουσιν εἰπεῖν. Ὑπὲρ ὧν
βουλεύεσθαι χρὴ καὶ σκοπεῖν, ὅπως μὴ τοὺς πρότερον μισοῦντας τὴν ἀρχὴν τὴν
Λακεδαιμονίων ἡ τούτων ὕβρις διαλλάξει καὶ ποιήσει τὴν ἐκείνων συμμαχίαν αὑτῶν
νομίζειν εἶναι σωτηρίαν.
(17) Ἐνθυμεῖσθε δ' ὅτι τὸν πόλεμον ἀνείλεσθε τὸν ὑπογυιότατον οὐχ ὑπὲρ τῆς
ὑμετέρας οὐδ' ὑπὲρ τῆς τῶν συμμάχων ἐλευθερίας, ἅπασι γὰρ ὑπῆρχεν ὑμῖν, ἀλλ' ὑπὲρ
τῶν παρὰ τοὺς ὅρκους καὶ τὰς συνθήκας τῆς αὐτονομίας ἀποστερουμένων. Ὃ δὴ καὶ
πάντων σχετλιώτατον, εἰ τὰς πόλεις ἃς οὐκ ᾤεσθε δεῖν Λακεδαιμονίοις δουλεύειν, ταύτας
περιόψεσθε νῦν ὑπὸ Θηβαίων ἀπολλυμένας· οἳ τοσούτου δέουσι μιμεῖσθαι τὴν πραότητα
τὴν ὑμετέραν, ὥσθ' ὃ δοκεῖ πάντων δεινότατον εἶναι, (18) δοριαλώτους γενέσθαι, τοῦτο
κρεῖττον ἦν ἡμῖν παθεῖν ὑπὸ ταύτης τῆς πόλεως ἢ τούτων τυχεῖν ὁμόρους ὄντας. Οἱ μὲν
γὰρ ὑφ' ὑμῶν κατὰ κράτος ἁλόντες εὐθὺς μὲν ἁρμοστοῦ καὶ δουλείας ἀπηλλάγησαν, νῦν
δὲ τοῦ συνεδρίου καὶ τῆς ἐλευθερίας μετέχουσιν· οἱ δὲ τούτων πλησίον οἰκοῦντες οἱ μὲν
οὐδὲν ἧττον τῶν ἀργυρωνήτων δουλεύουσι, τοὺς δ' οὐ πρότερον παύσονται πρὶν ἂν
οὕτως ὥσπερ ἡμᾶς διαθῶσιν. Καὶ Λακεδαιμονίων μὲν κατηγοροῦσιν, (19) ὅτι τὴν Καδμείαν
κατέλαβον καὶ φρουρὰς εἰς τὰς πόλεις καθίστασαν, αὐτοὶ δ' οὐ φύλακας εἰσπέμποντες,
ἀλλὰ τῶν μὲν τὰ τείχη κατασκάπτοντες, τοὺς δ' ἄρδην ἀπολλύοντες οὐδὲν οἴονται δεινὸν
ποιεῖν, ἀλλ' εἰς τοῦτ' ἀναισχυντίας ἐληλύθασιν, ὥστε τῆς μὲν αὑτῶν σωτηρίας τοὺς
συμμάχους ἅπαντας ἀξιοῦσιν ἐπιμελεῖσθαι, τῆς δὲ τῶν ἄλλων δουλείας αὑτοὺς κυρίους
καθιστᾶσιν.
| [10] Certes, je ne puis comprendre sur quel exemple
ils oseront s'appuyer, et quel principe de justice ils pourront invoquer pour nous donner
des ordres. S'ils fixent leurs regards vers ce qui était admis à l'époque de leurs ancêtres,
ce n'est point à eux qu'il appartient de commander aux autres, ils doivent plutôt porter leur
tribut à Orchomène, parce qu'il en était ainsi dans les temps anciens; et s'ils croient que
les traités doivent prononcer souverainement, ce qui est la justice, comment ne
reconnaîtraient-ils pas qu'ils les transgressent et les violent, puisque les traités décident
que les petites villes, comme les grandes, auront le droit de se gouverner par leurs lois ?
(11) 7. Je crois qu'ils ne pousseront pas l'impudence jusqu'à contester ces faits; ils
allégueront plutôt que nous avons fait la guerre de concert avec les Lacédémoniens, et
qu'en détruisant notre ville, ils ont agi dans l'intérêt de la confédération entière.
(12) 8. Mais d'abord aucun sujet de plainte ne doit, ce me semble, avoir plus de
puissance que les serments et les traités : et si d'ailleurs il se trouvait des peuples qui
dussent être punis à cause de leur alliance avec Lacédémone, il ne serait pas juste de
choisir les Platéens entre tous les Grecs, car ce n'est pas de notre propre mouvement,
mais contraints par la force, que nous avons servi les intérêts de Lacédémone. (13) Qui
pourrait nous supposer assez insensés pour avoir préféré ceux qui avaient réduit notre
patrie en esclavage, à ceux qui nous avaient admis chez eux aux droits de citoyens? Et
de plus, il eût été difficile, je crois, pour les habitants d'une faible ville, d'introduire un
changement de situation en présence d'un peuple aussi puissant que les Lacédémoniens,
lorsque surtout un harmoste était établi dans notre ville, qu'une garnison l'occupait, et
qu'une armée campait à Thespies, (14) assez, forte pour nous détruire, non seulement
avec plus de facilité, mais avec plus de justice que ne l'ont fait les Thébains. Ces derniers
ne pouvaient convenablement reproduire au sein de la paix des souvenirs de colère pour
d'anciennes offenses, tandis que les Lacédémoniens, trahis par nous dans la guerre,
auraient eu le droit de nous infliger les plus sévères châtiments.(15) Un grand nombre de
Grecs, qui de cœur étaient avec vous, ont été, vous ne l'ignorez pas, je pense, forcés de
suivre les Spartiates. Dans quelle disposition faudrait-il s'attendre à les trouver, s'ils
apprenaient que les Thébains ont persuadé au peuple d'Athènes qu'on ne doit aucune
pitié à ceux qui ont fléchi sous le pouvoir de Lacédémone? (16) Leurs paroles ne
pourraient avoir une autre signification, puisque les Thébains ont détruit notre ville, sans
porter contre elle aucune accusation qu'ils ne puissent également diriger contre eux. C'est
donc sur ce point qu'il vous convient de délibérer, et de faire en sorte que la violence des
Thébains n'ait pas pour effet de rattacher au parti de Lacédémone ceux qui avaient
auparavant l'horreur de sa domination, en leur faisant considérer son alliance comme la
condition de leur salut.
(17) 9. Remarquez que vous avez entrepris la dernière de vos guerres, non pour
votre liberté ou pour celle de vos alliés (car alors la liberté existait pour vous tous), mais
afin de défendre les peuples qui, au mépris des serments et des traités, étaient dépouillés
du droit de se gouverner eux-mêmes. Ne serait-ce pas le fait le plus déplorable, si des
villes que vous ne jugiez pas devoir être soumises au pouvoir de Lacédémone, vous les
voyiez aujourd'hui avec indifférence anéanties par les Thébains ? Ces derniers sont si
loin d'imiter votre générosité, que le malheur qui semble le plus terrible de tous, (18) celui
d'être prisonnier de guerre, serait moins funeste pour nous, si nous l'éprouvions de votre
part, que celui de les avoir pour voisins ; les peuples que vous avez soumis par la force,
délivrés immédiatement de l'harmoste et de la servitude, sont maintenant admis à siéger
dans vos conseils et à participer à la liberté ; tandis que, parmi les peuples voisins de
Thèbes, les uns sont asservis comme les esclaves achetés à prix d'argent, et les autres
n'obtiendront aucun repos avant d'avoir été réduits à une situation pareille à la vôtre. Ils
reprochent aux Lacédémoniens (19) d'avoir surpris la Cadmée et de placer des garnisons
dans les villes grecques, et eux, parce qu'ils n'envoient pas de garnisons dans les villes,
croient ne rien faire d'extraordinaire lorsqu'ils renversent les murailles des unes,
détruisent les autres de fond en comble, et poussent l'impudence jusqu'à imposer à tous
leurs alliés le soin de garantir leur propre sûreté, s'attribuant en même temps le droit
d'imposer aux autres peuples le joug de la servitude.
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