HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Isocrate, Éloge de Busiris (texte complet)

Paragraphes 1-9

  Paragraphes 1-9

[0] Βούσιρις. (1) Τὴν μὲν ἐπιείκειαν τὴν σήν, Πολύκρατες, καὶ τὴν τοῦ βίου μεταβολὴν παρ' ἄλλων πυνθανόμενος οἶδα· τῶν δὲ λόγων τινὰς ὧν γέγραφας, αὐτὸς ἀνεγνωκὼς ἥδιστα μὲν ἄν σοι περὶ ὅλης ἐπαρρησιασάμην τῆς παιδεύσεως περὶ ἣν ἠνάγκασαι διατρίβειν· ἡγοῦμαι γὰρ τοῖς ἀναξίως μὲν δυστυχοῦσιν, ἐκ δὲ φιλοσοφίας χρηματίζεσθαι ζητοῦσιν, ἅπαντας τοὺς πλείω πεπραγματευμένους καὶ μᾶλλον ἀπηκριβωμένους προσήκειν ἐθελοντὰς τοῦτον εἰσφέρειν τὸν ἔρανον· (2) ἐπειδὴ δ' οὔπω περιτετυχήκαμεν ἀλλήλοις, περὶ μὲν τῶν ἄλλων, ἤν ποτ' εἰς ταὐτὸν ἔλθωμεν, τόθ' ἡμῖν ἐξέσται διὰ πλειόνων ποιήσασθαι τὴν συνουσίαν, δ' ἐν τῷ παρόντι δυναίμην ἂν εὐεργετῆσαί σε, ταῦτα δ'10 ᾠήθην χρῆναι σοὶ μὲν ἐπιστεῖλαι, πρὸς δὲ τοὺς ἄλλους ὡς οἷόν τε μάλιστ' ἀποκρύψασθαι. (3) Γιγνώσκω μὲν οὖν ὅτι τοῖς πλείστοις τῶν νουθετουμένων ἔμφυτόν ἐστι μὴ πρὸς τὰς ὠφελείας ἀποβλέπειν, ἀλλὰ τοσούτῳ χαλεπώτερον ἀκούειν τῶν λεγομένων, ὅσῳ περ ἂν αὐτῶν τις ἀκριβέστερον ἐξετάζῃ τὰς ἁμαρτίας· ὅμως δ' οὐκ ὀκνητέον ὑπομένειν τὴν ἀπέχθειαν ταύτην τοῖς εὐνοϊκῶς πρός τινας ἔχουσιν, ἀλλὰ πειρατέον μεθιστάναι τὴν δόξαν τῶν οὕτω πρὸς τοὺς συμβουλεύοντας διακειμένων. (4) Αἰσθόμενος οὖν οὐχ ἥκιστά σε μεγαλαυχούμενον ἐπί τε τῇ Βουσίριδος ἀπολογίᾳ καὶ τῇ Σωκράτους κατηγορίᾳ, πειράσομαί σοι ποιῆσαι καταφανὲς ὅτι πολὺ τοῦ δέοντος ἐν ἀμφοτέροις τοῖς λόγοις διήμαρτες. Ἁπάντων γὰρ εἰδότων ὅτι δεῖ τοὺς μὲν εὐλογεῖν τινὰς βουλομένους πλείω τῶν ὑπαρχόντων ἀγαθῶν αὐτοῖς προσόντ' ἀποφαίνειν, τοὺς δὲ κατηγοροῦντας τἀναντία τούτων ποιεῖν, (5) τοσούτου δεῖς οὕτω κεχρῆσθαι τοῖς λόγοις, ὥσθ' ὑπὲρ μὲν Βουσίριδος ἀπολογήσασθαι φάσκων, οὐχ ὅπως τῆς ὑπαρχούσης αὐτὸν διαβολῆς ἀπήλλαξας, ἀλλὰ καὶ τηλικαύτην αὐτῷ τὸ μέγεθος παρανομίαν προσῆψας ἧς οὐκ ἔσθ' ὅπως ἄν τις δεινοτέραν ἐξευρεῖν δυνηθείη· τῶν γὰρ ἄλλων τῶν ἐπιχειρησάντων ἐκεῖνον λοιδορεῖν τοσοῦτον μόνον περὶ αὐτοῦ βλασφημούντων, ὡς ἔθυε τῶν ξένων τοὺς ἀφικνουμένους, σὺ καὶ κατεσθίειν αὐτὸν τοὺς ἀνθρώπους ᾐτιάσω· Σωκράτους δὲ κατηγορεῖν ἐπιχειρήσας, ὥσπερ ἐγκωμιάσαι βουλόμενος Ἀλκιβιάδην ἔδωκας αὐτῷ μαθητήν, ὃν ὑπ' ἐκείνου μὲν οὐδεὶς ᾔσθετο παιδευόμενον, ὅτι δὲ πολὺ διήνεγκε τῶν ἄλλων ἅπαντες ἂν ὁμολογήσειαν. (6) Τοιγαροῦν εἰ γένοιτ' ἐξουσία τοῖς τετελευτηκόσι βουλεύσασθαι περὶ τῶν εἰρημένων, μὲν ἄν σοι τοσαύτην ἔχοι χάριν ὑπὲρ τῆς κατηγορίας, ὅσην οὐδενὶ τῶν ἐπαινεῖν αὐτὸν εἰθισμένων, δ' εἰ καὶ περὶ τοὺς ἄλλους πραότατος ἦν, ἀλλ' οὖν ἐπί γε τοῖς ὑπὸ σοῦ λεγομένοις οὕτως ἂν ἀγανακτήσειεν ὥστε μηδεμιᾶς ἀποσχέσθαι τιμωρίας. Καίτοι πῶς οὐκ αἰσχύνεσθαι μᾶλλον σεμνύνεσθαι προσήκει τὸν παρὰ τοῖς λοιδορουμένοις ὑφ' αὑτοῦ μᾶλλον ἀγαπώμενον παρὰ τοῖς ἐγκωμιαζομένοις; (7) Οὕτω δ' ἠμέλησας εἰ μηδὲν ὁμολογούμενον ἐρεῖς, ὥστε φῂς μὲν αὐτὸν τὴν Αἰόλου καὶ τὴν Ὀρφέως ζηλῶσαι δόξαν, ἀποφαίνεις δ' οὐδὲν τῶν αὐτῶν ἐκείνοις ἐπιτηδεύσαντα. Πότερα γὰρ τοῖς περὶ Αἰόλου λεγομένοις αὐτὸν παρατάξωμεν; Ἀλλ' ἐκεῖνος μὲν τῶν ξένων τοὺς ἐπὶ τὴν χώραν ἐκπίπτοντας εἰς τὰς αὑτῶν πατρίδας ἀπέστελλεν, δ' εἰ χρὴ τοῖς ὑπὸ σοῦ λεγομένοις πιστεύειν, θύσας κατήσθιεν. (8) τοῖς Ὀρφέως ἔργοις ὁμοιώσωμεν; Ἀλλ' μὲν ἐξ Ἅιδου τοὺς τεθνεῶτας ἀνῆγεν, δὲ πρὸ μοίρας τοὺς ζῶντας ἀπώλλυεν. Ὥσθ' ἡδέως ἂν εἰδείην τί ποτ' ἂν ἐποίησεν, εἰ καταφρονῶν αὐτῶν ἐτύγχανεν, ὃς θαυμάζων τὴν ἀρετὴν τὴν ἐκείνων ἅπαντα φαίνεται τἀναντία διαπραττόμενος. δὲ πάντων ἀτοπώτατον, ὅτι περὶ τὰς γενεαλογίας ἐσπουδακὼς ἐτόλμησας εἰπεῖν, ὡς τούτους ἐζήλωσεν ὧν οὐδ' οἱ πατέρες πω κατ' ἐκεῖνον τὸν χρόνον γεγονότες ἦσαν. (9) Ἵνα δὲ μὴ δοκῶ τὸ προχειρότατον ποιεῖν, ἐπιλαμβάνεσθαι τῶν εἰρημένων μηδὲν ἐπιδεικνὺς τῶν ἐμαυτοῦ, πειράσομαί σοι διὰ βραχέων δηλῶσαι περὶ τὴν αὐτὴν ὑπόθεσιν, καίπερ οὐ σπουδαίαν οὖσαν οὐδὲ σεμνοὺς λόγους ἔχουσαν, ἐξ ὧν ἔδει καὶ τὸν ἔπαινον καὶ τὴν ἀπολογίαν ποιήσασθαι. [0] ÉLOGE DE BUSIRIS. (1) 1. Polycrate, connaissant par des témoignages étrangers la modération de votre caractère, comme aussi le changement qui s'est opéré dans votre vie, et ayant lu quelques-uns de vos discours, j'éprouverais la plus grande satisfaction à m'entretenir librement avec vous sur tout ce qui concerne l'art de renseignement, auquel vous êtes obligé de vous livrer (car je crois que c'est un devoir, pour tous ceux qui ont travaillé plus longtemps et avec plus de soin que les autres, d'offrir de leur propre mouvement le tribut de leur expérience à ceux qui sont malheureux sans l'avoir mérité et qui cherchent à se procurer des ressources à l'aide de la philosophie); (2) mais, puisque nous ne nous sommes jamais rencontrés, il faut attendre que quelque jour, nous trouvant dans le même lieu , nous puissions conférer à loisir sur un grand nombre de sujets. Quant aux choses qui peuvent vous être utiles présentement, j'ai cru convenable de vous les envoyer, en les dérobant, autant que possible, à des yeux étrangers. (3) Je sais qu'il est dans la nature de la plupart des hommes auxquels on adresse des avis, de ne pas considérer l'utilité qu'ils peuvent avoir, et de les écouter avec un sentiment d'irritation d'autant plus vif qu'on apporte plus de soin dans l'examen de leurs erreurs. Mais il ne faut pas craindre d'encourir ce genre d'animadversion, lorsqu'on est animé d'un véritable dévouement; on doit au contraire s'efforcer de rectifier l'opinion de ceux qui sont dans une telle disposition d'esprit à l'égard des hommes qui leur offrent des conseils. (4) 2. M'étant donc aperçu que vous n'éprouviez pas moins d'orgueil pour l'apologie que vous avez faite de Busiris que pour l'accusation de Socrate, j'essayerai de rendre évident que, dans l'un comme dans l'autre de ces discours, vous vous êtes sensiblement écarté des devoirs de l'orateur. Personne n'ignore que, lorsqu'on veut écrire des éloges, on doit attribuer aux hommes qui en sont l'objet des avantages supérieurs à ceux qu'ils possèdent réellement, et que, lorsqu'il s'agit d'accuser, on doit faire le contraire : (5) or vous êtes si loin d'avoir suivi ce système, qu'après avoir promis de faire l'apologie de Busiris, non seulement vous ne l'affranchissez pas de l'accusation qui pèse sur lui, mais vous lui imputez un crime tellement énorme qu'il est impossible d'en imaginer un plus odieux. Ceux qui avaient entrepris de l'outrager lui avaient reproché d'immoler les étrangers qui arrivaient dans ses États, tandis que vous l'accusez de les avoir dévorés ; et lorsque , d'un autre côté, vous vous proposiez, d'accuser Socrate, vous lui avez donné pour disciple Alcibiade, comme si voire intention eût été de le louer. Or personne n'a jamais entendu dire qu'Alcibiade ait été formé à l'école de Socrate, bien que tout le monde s'accorde à le reconnaître comme ayant été de beaucoup supérieur aux autres hommes. (6) Par conséquent, si les morts pouvaient prononcer un jugement sur les choses que vous avez dites , Socrate éprouverait pour vous, à cause de votre accusation, la même reconnaissance que pour ceux qui avaient coutume de célébrer ses louanges; et Busiris, en supposant qu'il eut été le plus doux des mortels, ressentirait à votre égard une telle indignation qu'il n'existe pas de supplice auquel il ne voulut vous condamner. Comment l'homme qui inspire plus de reconnaissance et d'affection à ceux qu'il accable d'injures qu'à ceux qu'il comble de louanges, ne devrait-il pas rougir plutôt que de se glorifier ? (7) 3. Vous avez attaché si peu de prix à n'articuler que des faits qui puissent s'accorder entre eux, que vous présentez Busiris comme s'étant fait l'émule de gloire d'Aeolus et d'Orphée, en même temps que vous démontrez que Busiris n'a donné aucune attention aux choses dont ils s'occupaient. Comment d'ailleurs pourrions-nous comparer les actions de Busiris à celles que l'on attribue à Aeolus ? Aeolus renvoyait dans leur patrie les étrangers que le hasard amenait dans ses États ; et Busiris, s'il faut s'en rapporter à ce que vous avez dit, les aurait dévorés, après les avoir immolés. (8) Comparerons-nous maintenant ses actions à celles d'Orphée ? Orphée ramenait les morts des enfers, et Busiris y précipitait des hommes vivants , avant le terme marqué par la destinée. De sorte que j'apprendrais avec plaisir quelle conduite Busiris aurait tenue, s'il eut méprisé ces grands hommes, puisqu'en admirant leur vertu, il a fait le contraire de ce qu'ils ont fait. Mais ce qu'il y a de plus étrange, c'est qu'après avoir étudié avec soin les généalogies, vous avez osé affirmer que Busiris s'était proposé pour modèles des hommes dont les pères n'étaient pas même nés de son temps. (9) 4. Afin qu'on ne m'accuse pas de faire ce qu'il y a de plus facile, c'est-à-dire de blâmer ce qui a été dit par les autres sans rien offrir de moi-même, je vais essayer en peu de mots de traiter le même sujet, afin de vous montrer comment on doit faire un éloge ou présenter une apologie, encore que ce sujet soit peu digne d'intérêt, et qu'il manque de noblesse.


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Dernière mise à jour : 16/10/2008