[0] Περὶ τοῦ ζεύγους.
<1> ... Περὶ μὲν οὖν τοῦ ζεύγους τῶν ἵππων, ὡς οὐκ ἀφελόμενος ὁ πατὴρ Τεισίαν
εἶχεν, ἀλλὰ πριάμενος παρὰ τῆς πόλεως τῆς Ἀργείων, τῶν τε πρέσβεων τῶν ἐκεῖθεν
ἡκόντων καὶ τῶν ἄλλων τῶν εἰδότων ἀκηκόατε μαρτυρούντων· τὸν αὐτὸν δὲ τρόπον
ἅπαντές εἰσιν εἰθισμένοι με συκοφαντεῖν. <2> Τὰς μὲν γὰρ δίκας ὑπὲρ τῶν ἰδίων
ἐγκλημάτων λαγχάνουσι, τὰς δὲ κατηγορίας ὑπὲρ τῶν τῆς πόλεως πραγμάτων
ποιοῦνται, καὶ πλείω χρόνον διατρίβουσι τὸν πατέρα μου διαβάλλοντες ἢ περὶ ὧν
ἀντώμοσαν διδάσκοντες, καὶ τοσοῦτον καταφρονοῦσι τῶν νόμων ὥστε περὶ ὧν ὑμᾶς
ὑπ' ἐκείνου φασὶν ἠδικῆσθαι, τούτων αὐτοὶ δίκην παρ' ἐμοῦ λαβεῖν ἀξιοῦσιν. <3> Ἐγὼ δ'
ἡγοῦμαι μὲν οὐδὲν προσήκειν τὰς κοινὰς αἰτίας τοῖς ἰδίοις ἀγῶσιν· ἐπειδὴ δὲ Τεισίας
πολλάκις ὀνειδίζει μοι τὴν φυγὴν τὴν τοῦ πατρὸς καὶ μᾶλλον ὑπὲρ τῶν ὑμετέρων ἢ τῶν
αὑτοῦ σπουδάζει πραγμάτων, ἀνάγκη πρὸς ταῦτα τὴν ἀπολογίαν ποιεῖσθαι· καὶ γὰρ ἂν
αἰσχυνοίμην, εἴ τῳ δόξαιμι τῶν πολιτῶν ἧττον φροντίζειν τῆς ἐκείνου δόξης ἢ τῶν
ἐμαυτοῦ κινδύνων.
<4> Πρὸς μὲν οὖν τοὺς πρεσβυτέρους βραχὺς ἂν ἐξήρκει λόγος· ἅπαντες γὰρ
ἴσασιν ὅτι διὰ τοὺς αὐτοὺς ἄνδρας ἥ τε δημοκρατία κατελύθη κἀκεῖνος ἐκ τῆς πόλεως
ἐξέπεσεν· τῶν δὲ νεωτέρων ἕνεκα, οἳ τῶν μὲν πραγμάτων ὕστεροι γεγόνασι τῶν δὲ
διαβαλλόντων πολλάκις ἀκηκόασι, πορρωτέρωθεν ἄρξομαι διδάσκειν.
<5> Οἱ γὰρ τὸ πρῶτον ἐπιβουλεύσαντες τῷ δήμῳ καὶ καταστήσαντες τοὺς
τετρακοσίους, ἐπειδὴ παρακαλούμενος ὁ πατὴρ οὐκ ἤθελε γενέσθαι μετ' αὐτῶν,
ὁρῶντες αὐτὸν καὶ πρὸς τὰς πράξεις ἐρρωμένως ἔχοντα καὶ πρὸς τὸ πλῆθος πιστῶς
διακείμενον, οὐχ ἡγοῦντ' οὐδὲν οἷοί τ' εἶναι κινεῖν τῶν καθεστώτων, πρὶν ἐκποδὼν
ἐκεῖνος αὐτοῖς γένοιτο. <6> Εἰδότες δὲ τὴν πόλιν τῶν μὲν περὶ τοὺς θεοὺς μάλιστ' ἂν
ὀργισθεῖσαν, εἴ τις εἰς τὰ μυστήρια φαίνοιτ' ἐξαμαρτάνων, τῶν δ' ἄλλων εἴ τις τὴν
δημοκρατίαν τολμῴη καταλύειν, ἀμφοτέρας ταύτας συνθέντες τὰς αἰτίας εἰσήγγελλον εἰς
τὴν βουλήν, λέγοντες ὡς ὁ πατὴρ μὲν συνάγοι τὴν ἑταιρείαν ἐπὶ νεωτέροις πράγμασιν,
οὗτοι δ' ἐν τῇ Πουλυτίωνος οἰκίᾳ συνδειπνοῦντες τὰ μυστήρια ποιήσειαν. <7> Ὀρθῆς δὲ
τῆς πόλεως γενομένης διὰ τὸ μέγεθος τῶν αἰτιῶν καὶ διὰ ταχέων συλλεγείσης ἐκκλησίας
οὕτω σαφῶς ἐπέδειξεν αὐτοὺς ψευδομένους, ὥστε παρὰ μὲν τῶν κατηγόρων ἡδέως ἂν
ὁ δῆμος δίκην ἔλαβε, τὸν δ' εἰς Σικελίαν στρατηγὸν ἐχειροτόνησεν. Μετὰ δὲ ταῦθ' ὁ μὲν
ἐξέπλευσεν ὡς ἀπηλλαγμένος ἤδη τῆς διαβολῆς, οἱ δὲ συστήσαντες τὴν βουλὴν καὶ
τοὺς ῥήτορας ὑφ' αὑτοῖς ποιησάμενοι πάλιν ἤγειρον τὸ πρᾶγμα καὶ μηνυτὰς
εἰσέπεμπον. <8> Καὶ τί δεῖ μακρολογεῖν; Οὐ γὰρ πρότερον ἐπαύσαντο, πρὶν τόν τε
πατέρ' ἐκ τοῦ στρατοπέδου μετεπέμψαντο, καὶ τῶν φίλων αὐτοῦ τοὺς μὲν ἀπέκτειναν,
τοὺς δ' ἐκ τῆς πόλεως ἐξέβαλον. Πυθόμενος δὲ τήν τε τῶν ἐχθρῶν δύναμιν καὶ τὰς τῶν
ἐπιτηδείων συμφοράς, καὶ νομίζων δεινὰ πάσχειν ὅτι παρόντα μὲν αὐτὸν οὐκ ἔκρινον,
ἀπόντος δὲ κατεγίγνωσκον, οὐδ' ὣς ἀπελθεῖν ἠξίωσεν εἰς τοὺς πολεμίους· <9> ἀλλ'
ἐκεῖνος μὲν τοσαύτην πρόνοιαν ἔσχεν ὑπὲρ τοῦ μηδὲ φεύγων μηδὲν ἐξαμαρτεῖν εἰς τὴν
πόλιν, ὥστ' εἰς Ἄργος ἐλθὼν ἡσυχίαν εἶχεν, οἱ δ' εἰς τοσοῦτον ὕβρεως ἦλθον, ὥστ'
ἔπεισαν ὑμᾶς ἐλαύνειν αὐτὸν ἐξ ἁπάσης τῆς Ἑλλάδος καὶ στηλίτην ἀναγράφειν καὶ
πρέσβεις πέμποντας ἐξαιτεῖν παρ' Ἀργείων. Ἀπορῶν δ' ὅ τι χρήσαιτο τοῖς παροῦσι
κακοῖς καὶ πανταχόθεν εἰργόμενος καὶ σωτηρίας οὐδεμιᾶς ἄλλης αὐτῷ φαινομένης
τελευτῶν ἐπὶ Λακεδαιμονίους ἠναγκάσθη καταφυγεῖν.
| [0] DISCOURS SUR LE COUPLE DE CHEVAUX ou POUR LE FILS D'ALCIBIADE.
<1> 1. Ainsi donc, pour ce qui concerne le couple de chevaux, comme preuve que
mon père ne l'avait point enlevé à Tisias, mais qu'il le possédait légitimement et l'avait
acheté de la ville d'Argos, vous avez entendu les dépositions des ambassadeurs
venus de cette ville et le témoignage de ceux qui connaissaient celle affaire. C'est
pourtant de cette manière que tous mes ennemis sont dans l'usage de me poursuivre
de leurs calomnies! <2> D'une part, ils m'intentent des procès pour des griefs
particuliers ; de l'autre, ils m'accusent pour des affaires qui concernent la République,
et consument plus de temps à insulter mon père qu'à donner la preuve des faits qu'ils
ont juré d'établir; ils ont enfin un tel mépris pour les lois, qu'ils veulent me faire porter la
peine des actes dans lesquels ils prétendent que mon père a lésé vos intérêts. <3>
Quant à moi, je suis convaincu que les accusations qui touchent à l'intérêt public n'ont
rien de commun avec les luttes particulières ; mais, puisque Tisias me fait si souvent
un crime du bannissement de mon père et se montre plus occupé de vos intérêts que
des siens propres, je suis forcé de me défendre sur ce terrain; je rougirais si quelqu'un
de mes concitoyens pouvait me croire moins préoccupé de la gloire d'Alcibiade que de
mes propres dangers.
<4> 2. Quelques paroles suffiraient pour les hommes avancés dans la carrière de
la vie ; ils savent tous que la démocratie a été détruite par les mêmes hommes qui ont
chassé Alcibiade de sa patrie ; mais, à cause de ceux qui sont plus jeunes, qui sont
nés après les événements, et qui ont souvent entendu les discours des détracteurs de
mon père, je reprendrai les choses de plus loin.
<5> 3. Ceux qui, les premiers, avaient dressé des embûches au peuple et constitué
le pouvoir des Quatre-Cents, voyant que, malgré leurs instances, mon père refusait de
s'unir à eux, qu'il s'attachait fortement aux affaires et restait fidèle à la démocratie,
comprirent qu'ils étaient impuissants à changer nos institutions, s'ils n'avaient
auparavant éloigné Alcibiade. <6> Sachant d'ailleurs que, pour ce qui concerne les
dieux, le peuple s'irriterait surtout contre l'homme qui paraîtrait coupable de
profanation envers les mystères, et, pour tout le reste, contre celui qui oserait attenter
à la démocratie, ils portèrent devant le sénat ces deux accusations combinées,
prétendant, d'une part, que mon père conspirait avec ses amis pour changer l'ordre
établi ; de l'autre, que, réunis avec lui, dans un souper, chez Polytion, ils avaient
représenté les mystères. <7> La ville s'émut à la gravité de ces inculpations ; une
assemblée se réunit immédiatement. Alcibiade démontra la fausseté de ces
accusations avec une telle évidence, que le peuple eût alors infligé volontiers un
châtiment à ses accusateurs, et qu'il le choisit pour chef de l'expédition de Sicile. Mon
père mit à la voile, se croyant à l'abri de toute calomnie ; mais ses ennemis, ayant
réuni le sénat et corrompu les orateurs, réveillèrent de nouveau l'affaire et produisirent
des délateurs. <8> Qu'est-il besoin de longs discours? Ils ne prirent plus de repos, qu'ils
n'eussent fait rappeler Alcibiade de l'armée, mis à mort une partie de ses amis, et
expulsé les autres de la ville. Quant à lui, informé de la puissance de ses ennemis et
du malheur de ses amis et de ses proches, encore qu'il considérât comme un outrage
qu'on ne l'eût pas jugé quand il était présent, et qu'on le condamnât absent, il ne crut
pas, même dans cette position, devoir demander un asile aux ennemis de la
République : <9> il prit un tel soin, encore qu'il fût exilé, de ne rien faire qui pût blesser
son pays, que, retiré à Argos, il y resta dans l'inaction; tandis que ses ennemis
poussèrent l'excès de la violence jusqu'à vous persuader de le bannir de la Grèce
entière, d'inscrire son nom sur une colonne de proscription et d'envoyer des
ambassadeurs à Argos pour demander son extradition. Alcibiade, ne sachant à quel
parti se résoudre au milieu de ces calamités, repoussé de toutes parts et n'apercevant
aucun autre moyen de salut, se trouva enfin dans la nécessité de chercher un asile
chez les Lacédémoniens.
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