[40] Ἂν δ' ἄρα μέμνηται τῶν ἐπὶ τῆς ὀλιγαρχίας γεγενημένων, ἁξιοῦτε αὐτὸν μὴ
'κείνων κατηγορεῖν, ὑπὲρ ὧν οὐδεὶς ἀπολογήσεται, ἀλλ' ὡς ἐγὼ τὰ χρήματα εἴληφα
διδάσκειν, περὶ οὗπερ ὑμᾶς δεῖ ψηφίζεσθαι, μηδ' ὡς αὐτός δεινὰ πέπονθεν ἀποφαίνειν,
ἀλλ' ὡς ἐγὼ πεποίηκα ἐξελέγχειν, παρ' οὗπερ ἀξιοῖ τἀπολωλότα κομίζεσθαι· (41) ἐπεὶ
κακῶς γ' αὑτὸν πράττοντα ἐπιδεῖξαι καὶ πρὸς ἄλλον ὁντινοῦν ἀγωνιζόμενος τῶν
πολιτῶν δύναται. Καίτοι χρὴ μέγα παρ' ὑμῖν δύνασθαι τῶν κατηγοριῶν, οὐχ αἷς ἔξεστι
χρῆσθαι καὶ πρὸς τοὺς μηδέν ἡμαρτηκότας, ἀλλ' ἃς οὐχ οἷ τ' εἰπεῖν ἀλλ' ἢ κατὰ τῶν
ἠδικηκότων. Πρὸς μὲν οὖν τούτους τοὺς λόγους καὶ ταῦτ' ἴσως ἀρκέσει καὶ τάχ'
ἀντειπεῖν ἐξέσται.
(42) Ἐνθυμεῖσθε δ', εἰ καὶ τῳ δόξω δὶς περὶ τῶν αὐτῶν λέγειν, ὅτι πολλοὶ
προσέχουσι ταύτῃ τῇ δίκῃ τὸν νοῦν, οὐ τῶν ἡμετέρων πραγμάτων φροντίζοντες, ἀλλ'
ἡγούμενοι περὶ τῶν συνθηκῶν εἶναι τὴν κρίσιν. Οὓς ὑμεῖς τὰ δίκαια γνόντες ἀδεῶς
οἰκεῖν ἐν τῇ πόλει ποιήσετε· εἰ δὲ μή, πῶς οἴεσθε διακείσεσθαι τοὺς ἐν ἄστει μείναντας,
ἤν ὁμοίως ἅπασιν ὀργιζόμενοι φαίνησθε τοῖς μετασχοῦσι τῆς πολιτείας; (43) Τίνα δὲ
γνώμην ἕξειν τοὺς μικρὸν ἁμάρτημα σφίσιν αὐτοῖς συνειδότας, ὅταν ὁρῶσι μηδὲ τοὺς
κοσμίως πεπολιτευμένους τῶν δικαίων τυγχάνοντας; Πόσην δὲ χρὴ προσδοκᾶν
ἔσεσθαι ταραχήν, ὅταν οἱ μὲν ἐπαρθῶσι συκοφαντεῖν ὡς ὑμῶν αὐτοῖς ἤδη ταὔτ'
ἐγνωκότων, οἱ δὲ δεδίωσι τὴν παροῦσαν πολιτείαν ὡς οὐδεμιᾶς αὐτοῖς ἔτι καταφυγῆς
ὑπαρχούσης; (44) Ἆρ' οὐκ ἄξιον φοβεῖσθαι μὴ συγχυθέντων τῶν ὅρκων πάλιν εἰς ταὐτὰ
καταστῶμεν ἐξ ὧνπερ ἠναγκάσθημεν τὰς συνθήκας ποιήσασθαι; Καὶ μὴν οὐ δεῖ γ' ὑμᾶς
παρ' ἑτέρων μαθεῖν. Ὅσον ἐστὶν ὁμόνοια ἀγαθὸν ἢ στάσις κακόν· οὕτω γὰρ ἀμφοτέρων
σφόδρα πεπείρασθε, ὥστε καὶ τοὺς ἄλλους ὑμεῖς ἄριστ' ἂν διδάξαιτε περὶ αὐτῶν.
(45) Ἵνα δὲ δοκῶ διὰ τοῦτο πολὺν χρόνον περὶ τὰς συνθήκας διατρίβειν, ὅτι ῥᾴδιόν
ἐστι περὶ αὐτῶν πολλὰ καὶ δίκαια εἰπεῖν, τοσοῦτον ὑμῖν ἔτι διακελεύομαι μνημονεύειν,
ὅταν φέρητε τὴν ψῆσον, ὅτι πρὶν μὲν ποιήσασθαι ταύτας ἐπολεμοῦμεν, οἱ μὲν τὸν
κύκλον ἔχοντες, οἱ δὲ τὸν Πειραιᾶ κατειληφότες, μᾶλλον ἀλλήλους μισοῦντες ἢ τοὺς ὑπὸ
τῶν προγόνων πολεμίους ἡμῖν καταλειφθέντας, (46) ἐπειδὴ δὲ τὰς πὶστεις ἀλλήλοις
ἔδομεν εἰς ταὐτὸν συνελθόντες, οὕτω καλῶς καὶ κοινῶς πολιτευόμεθα, ὤσπερ οὐδεμιᾶς
ἡμῖν συμφορᾶς γεγενημένης. Καὶ τότε μὲν ἀμαθεστάτους καὶ δυστυχεστάτους πάντες
ἡμᾶς ἐνόμιζον· νῦν δ' εὐδαιμονέστατοι καὶ σωφρονέστατοι τῶν Ἑλλήνων δοκοῦμεν
εἶναι. (47) Ὥστ' ἄξιον οὐ μόνον τηλικαύταις ζημίαις κολάζειν τοὺς παραβαίνειν
τολμῶντας τὰς συνθήκας ἀλλὰ ταῖς ἐσχάταις, ὡς τῶν μεγίστων κακῶν αἰτίους ὄντας,
ἄλλως τε καὶ τοὺς ὥσπερ Καλλίμαχος βεβιωκότας.
Ὃς δέκα μὲν ἔτη συνεχῶς ὑμῖν Λακεδαιμονίων πολεμησάντων οὐδὲ μίαν παρέσχεν
αὑτὸν ἡμέραν τάξαι τοῖς στρατηγοῖς, (48) ἀλλ' ἐκεῖνον μὲν τὸν χρόνον διετέλεσεν
ἀποδιδράσκων καὶ τὴν οὐσίαν ἀποκρυπτόμενος, ἐπειδὴ δ' οἱ τριάκοντα κατέστησαν,
τηνικαῦτα κατέπλευσεν εἰς τὴν πόλιν. Καὶ φησὶ μὲν εἶναι δημοτικός, τοσούτῳ δὲ μᾶλλον
τῶν ἄλλων ἐπεθύμει μετασχεῖν ἐκείνης τῆς πολιτείας, ὥστ' οὐδ' εἰ κακῶς ἔπαθεν,
ἠξίωσεν ἀπελθεῖν, ἀλλ' ᾑρεῖτο μετὰ τῶν ἡμαρτηκότων εἰς αὑτὸν πολιορκεῖσθαι μᾶλλον ἢ
μεθ' ὑμῶν τῶν συνηδικημένων πολιτεύεσθαι. (49) Καὶ μέχρι τῆς ἡμέρας ἐκείνης
παρέμεινε μετέχων τῆς πολιτείας, ἐν ᾗ προσβαλεῖν ἠμέλλετε πρὸς τὸ τεῖχος· τότε δ'
ἐξῆλθεν, οὐ τὰ παρόντα μισήσας ἀλλὰ δείσας τὸν ἐπιόντα κίνδυνον, ὡς ὕστερον
ἐδήλωσεν. Ἐπειδὴ γὰρ Λακεδαιμονίων ἐθόντων ὁ δῆμος ἐν τῷ Πειραιεῖ κατεκλείσθη,
πάλιν ἐκεῖθεν διαδρὰς ἐν Βοιωτοῖς διῃτᾶτο· ὥστ' αὐτῷ προσήκει μετὰ τῶν αὐτομόλων
ἀναγεγράφθαι πολὺ μᾶλλον ἢ τῶν φυγόντων ὀνομάζεσθαι.
| [40] 17. Si par hasard Callimaque voulait rappeler les faits qui remontent au temps
de l'oligarchie, exigez qu'au lieu de condamner ici des actes dont personne ne fait
l'apologie, il montre que c'est moi qui me suis emparé de son argent, parce que c'est
sur cet objet que vous avez à prononcer; ordonnez-lui de prouver, non pas qu'il a
souffert un tort considérable, mais que c'est moi qui en ai été l'auteur, moi dont il
prétend retirer les sommes qu'il a perdues ; (41) car, établir qu'il est dans une position
malheureuse, est une chose qu'il peut faire en plaidant contre tout autre citoyen. Les
accusations qui doivent avoir un grand poids auprès de vous, ne sont pas celles dont
on pourrait se servir, même contre des hommes exempts de toute faute, mais celles
qui ne peuvent être articulées que contre de vrais coupables. Ceci suffirait, je pense,
pour repousser les arguments de Callimaque : l'occasion d'ailleurs se présentera peut-être d'ajouter d'autres réfutations.
(42) 18. Considérez encore (dût-on m'accuser de revenir deux fois sur le même
sujet) qu'un grand nombre de citoyens suivent avec attention ces débats ; non qu'ils
prennent intérêt à ce qui nous touche, mais parce qu'ils sont convaincus que votre
arrêt portera aussi sur les traités. Or, si vous prononcez un jugement équitable, vous
affranchirez de toute crainte leur séjour au milieu de vous; et, s'il en est autrement,
quelle sera l'opinion de ceux qui sont restés à Athènes, alors que vous vous montrerez
également irrités contre tous ceux qui ont pris part au gouvernement ? (43) Que
penseront ceux qui se sentent coupables d'une faute, quelque légère qu'elle soit,
lorsqu'ils verront même les hommes qui ont agi avec modération ne pouvoir jouir des
droits qui leur appartiennent ? A quel désordre ne faut-il pas nous attendre, lorsque les
uns se sentiront enhardis à calomnier, comme s'ils étaient sûrs d'avance de votre
approbation, et que les autres redouteront le gouvernement actuel comme ne leur
offrant aucune garantie ? (44) N'aurions-nous pas lieu de craindre, après la violation
des serments, de nous trouver de nouveau replacés dans les circonstances qui nous
avaient forcés de conclure les traités ? Vous n'avez pas besoin d'apprendre des autres
peuples à quel point la concorde est un bien et la division un malheur, car vous' avez
fait de toutes les deux une telle expérience que vous pourriez parfaitement l'enseigner
aux autres.
(45) 19. Mais, pour qu'on ne m'accuse pas de m'arrêter trop longtemps sur les
traités, parce qu'il est facile de dire à leur égard beaucoup de choses conformes à la
justice, je vous supplie seulement de vous rappeler, au moment où vous donnerez vos
suffrages, qu'avant d'avoir fait ces traités, nous étions en proie à la guerre civile; que
les uns occupaient l'enceinte des murailles, que les autres s'étaient rendus maîtres du
Pirée ; enfin, que nous étions animés de plus de haine entre nous que contre les
ennemis que nous avaient laissés nos pères ; (46) tandis qu'à partir du jour où, réunis
dans le même lieu, nous nous sommes donné des garanties mutuelles, nous nous
sommes constamment gouvernés avec autant de sagesse et de concorde que s'il n'y
avait jamais eu de division entre nous. Aussi, après avoir été regardés partout comme
les plus insensés et les plus malheureux des hommes, nous passons aujourd'hui pour
les plus heureux et les plus sages des Grecs. (47) Par conséquent, il est juste de
punir; ceux qui osent transgresser les traités, non seulement de peines sévères, mais
des derniers châtiments, comme étant les auteurs des plus grands maux, surtout
quand ils ont vécu comme a vécu Callimaque.
20. Pendant les dix années où les Lacédémoniens nous faisaient une guerre sans
relâche, Callimaque ne s'est pas présenté une seule fois aux généraux pour prendre
rang parmi ceux qui défendaient le pays; (48) il n'a cessé pendant tout ce temps de se
dérober au service et de cacher sa fortune ; mais, aussitôt que les Trente furent
établis, il fit voile vers la ville. Et il se présente maintenant comme ami du peuple,
tandis qu'il préférait à tel point le gouvernement des tyrans que, malgré les mauvais
traitements auxquels il était en butte de leur part, il n'a pas voulu quitter Athènes, et a
préféré subir les malheurs d'un siège avec ceux qui l'avaient outragé, plutôt que de se
réunir à vous, ses concitoyens, victimes comme lui de l'injustice ! (49) Il resta donc
avec les Trente, participant aux affaires, jusqu'au jour où vous deviez donner l'assaut
aux remparts ; et ce fut alors seulement qu'il sortit de la ville, non par haine de ce qui
existait, mais, comme il le montra plus tard, par la crainte du danger qui s'approchait.
En effet, lorsque, les Lacédémoniens ayant envahi l'Attique, le peuple se trouva
renfermé dans le Pirée, Callimaque s'échappa une seconde fois et alla vivre en Béotie
; de sorte qu'il est beaucoup plus convenable de l'inscrire au nombre des transfuges
qu'au nombre des exilés.
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