[40] Ἐγὼ δ' οἶμαι καταφανὲς ὑμῖν ἅπασι τοῦτ' εἶναι, ὡς καὶ παρὰ τούτων
αὐτῶν ὁμολογούμενόν ἐστιν ὅτι Μενεκλῆς οὐ παρεφρόνει, ἀλλὰ πολὺ
μᾶλλον οὗτος νυνί, ὅς γε ποιησάμενος τῆς ἔχθρας διάλυσιν πρὸς ἡμᾶς
καὶ ὀμόσας ὅρκους πάλιν νῦν ἥκει τὰ ὁμολογηθέντα καὶ ὀμοθέντα
παραβάς, καὶ ἀφελέσθαι με ἀξιοῖ ταυτὶ τὰ λοιπά, οὕτως ὄντα μικρά. (41)
Ἐγὼ δὲ εἰ μὴ πάνυ τὸ πρᾶγμα αἰσχρὸν εἶναι ἐνόμιζον καὶ ἐπονείδιστον,
προδοῦναι τὸν πατέρα οὗ εἶναι ὠνομάσθην καὶ ὃς ἐποιήσατό με, ταχὺ
ἂν ἀπέστην αὐτῷ τῶν ἐκείνου· ἔστι γὰρ ὑπόλοιπον οὐδὲ ἕν, ὡς καὶ
ὑμᾶς οἴομαι αἰσθάνεσθαι. (42) Νυνὶ δὲ δεινὸν τὸ πρᾶγμα καὶ αἰσχρὸν
εἶναι τῇδε νομίζω, εἰ ἡνίκα μὲν ὁ Μενεκλῆς εἶχέ τι, τότε μὲν ἔδωκα
ἐμαυτὸν ὑὸν αὐτῷ ποιήσασθαι, καὶ ἀπὸ τῆς οὐσίας τῆς ἐκείνου, πρὶν
πραθῆναι τὸ χωρίον, ἐγυμνασιάρχουν ἐν τῷ δήμῳ καὶ ἐφιλοτιμήθην ὡς
ὑὸς ὢν ἐκείνου, καὶ τὰς στρατείας, ὅσαι ἐγένοντο ἐν τῷ χρόνῳ τούτῳ,
ἐστράτευμαι ἐν τῇ φυλῇ τῇ ἐκείνου καὶ ἐν τῷ δήμῳ· (43) ἐπειδὴ δὲ
ἐκεῖνος ἐτελεύτησεν, εἰ προδώσω καὶ ἐξερημώσας αὐτοῦ τὸν οἶκον
ἀπιὼν οἰχήσομαι, πῶς οὐκ ἂν δεινὸν τὸ πρᾶγμα εἶναι καὶ καταγέλαστον
δοκοίη, καὶ τοῖς βουλομένοις περὶ ἐμοῦ βλασφημεῖν πολλὴν ἐξουσίαν
παράσχοι ; Καὶ οὐ μόνον ταῦτ' ἐστὶ τὰ ποιοῦντά με ἀγωνίζεσθαι τὸν
ἀγῶνα τοῦτον, ἀλλ' εἰ οὕτω φαῦλος ἄνθρωπος δοκῶ εἶναι καὶ μηδενὸς
ἄξιος, ὥστε ὑπὸ μὲν εὖ φρονοῦντος μηδ' ὑφ' ἑνὸς ἂν ποιηθῆναι τῶν
φίλων, ὑπὸ δὲ παραφρονοῦντος, ταῦτ' ἐστὶ τὰ λυποῦντά με.
(44) Ἐγὼ οὖν δέομαι ὑμῶν πάντων, ὦ ἄνδρες, καὶ ἀντιβολῶ καὶ
ἱκετεύω ἐλεῆσαί με καὶ ἀποψηφίσασθαι τοῦ μάρτυρος τουτουί.
Ἀπέφηνα δ' ὑμῖν πρῶτον μὲν ποιηθέντα ἐμαυτὸν ὑπὸ τοῦ Μενεκλέους
ὡς ἄν τις δικαιότατα ποιηθείη, καὶ οὐ λόγῳ οὐδὲ διαθήκῃ τὴν ποίησιν
γεγενημένην, ἀλλ' ἔργῳ· καὶ τούτων ὑμῖν τούς τε φράτορας καὶ τοὺς
δημότας καὶ τοὺς ὀργεῶνας παρεσχόμην μάρτυρας· (45) καὶ ἐκεῖνον
ἐπέδειξα τρία καὶ εἴκοσιν ἐπιβιόντα ἔτη. Εἶτα τοὺς νόμους ἐπέδειξα ὑμῖν
τοῖς ἄπαισι τῶν ἀνθρώπων ἐξουσίαν διδόντας ὑεῖς ποιεῖσθαι. Καὶ ἔτι
πρὸς τούτοις ζῶντα τε φαίνομαι θεραπεύων αὐτὸν καὶ τελευτήσαντα
θάψας. (46) Οὗτος δὲ νυνὶ ἄκληρον μὲν ἐμὲ ποιεῖν τοῦ κλήρου τοῦ
πατρῴου, εἴτε μείζων ἐστὶν οὗτος εἴτε ἐλάττων, ἄπαιδα δὲ τὸν
τελευτήσαντα καὶ ἀνώνυμον βούλεται καταστῆσαι, ἵνα μήτε τὰ ἱερὰ τὰ
πατρῷα ὑπὲρ ἐκείνου μηδεὶς τιμᾷ μήτ' ἐναγίζῃ αὐτῷ καθ' ἕκαστον
ἐνιαυτόν, ἀλλὰ ἀφαιρῆται τὰς τιμὰς τὰς ἐκείνου· ἃ προνοηθεὶς ὁ
Μενεκλῆς, κύριος ὢν τῶν ἑαυτοῦ, ἐποιήσατο ὑὸν ἑαυτῷ, ἵνα τούτων
ἁπάντων τυγχάνῃ. (47) Μὴ οὖν, ὦ ἄνδρες, πεισθέντες ὑπὸ τούτων
ἀφέλησθέ μου τὸ ὄνομα, τῆς κληρονομίας ὃ ἔτι μόνον λοιπόν ἐστιν,
ἄκυρον δὲ τὴν ποίησιν αὐτοῦ καταστήσητε· ἀλλ' ἐπειδὴ τὸ πρᾶγμα εἰς
ὑμᾶς ἀφῖκται καὶ ὑμεῖς κύριοι γεγόνατε, βοηθήσατε καὶ ἡμῖν καὶ ἐκείνῳ
τῷ ἐν Ἅιδου ὄντι, καὶ μὴ περιίδητε, πρὸς θεῶν καὶ δαιμόνων δέομαι
ὑμῶν, προπηλακισθέντα αὐτὸν ὑπὸ τούτων, ἀλλὰ μεμνημένοι τοῦ
νόμου καὶ τοῦ ὅρκου ὃν ὀμωμόκατε καὶ τῶν εἰρημένων ὑπὲρ τοῦ
πράγματος, τὰ δίκαια καὶ τὰ εὔορκα κατὰ τοὺς νόμους ψηφίσασθε.
| [40] Il est, je crois, évident pour vous tous, que, de l'aveu de mes
adversaires eux-mêmes, Ménéclès n’avait pas la raison troublée. Si quelqu’un
mérite ce reproche, c’est bien plutôt mon adversaire qui, après avoir transigé
avec nous au sujet de nos différends et après avoir prêté les serments, revient
aujourd’hui sur ses aveux, enfreint ses serments et veut me dépouiller du peu
qui me reste. 41 Pour moi, si je ne croyais commettre une action honteuse et
m’exposer à des reproches en trahissant le père dont je porte le nom et qui m'a
adopté, j'aurais peut-être abandonné sa succession à mon adversaire, car il ne
reste plus rien, comme vous pouvez vous en douter. 42 Mais je trouve que ce
serait un abus et une honte, voici pourquoi. Alors que Ménéclès avait quelque
chose, je me suis donné à lui comme fils adoptif; grâce à la fortune qu’il
possédait avant la vente de sa terre, j’ai été le gymnasiarque dans le dème et
j’ai eu l’ambition de vous servir comme fils de Ménéclès, toutes les
campagnes qui ont été entreprises dans cet espace de temps, je les ai faites
dans les rangs de la tribu et du dème de Ménéclès. 43 Maintenant qu’il est
mort, si je le trahis, si je me retire laissant sa maison déserte, ne serai-je pas
un objet d’indignation et de risée, ne fournirai-je pas une ample matière à
ceux qui voudront médire de moi ? Et ce n’est pas là le seul motif qui me
détermine à soutenir le procès actuel. On dira, je le crains, que je suis un
misérable qui ne vaut pas cher, puisque par mi mes amis ceux qui sont sains
d’esprit n’ont pas voulu m’adopter, et le seul qui l’ait voulu n’avait pas toute
sa raison. Voila ce qui me tourmente.
44 Je vous prie donc tous, juges, et je vous supplie et je vous conjure de
me prendre en pitié et d'acquitter par vos votes le témoin que voici. Je vous ai
montré d'abord que j’ai été adopté par Ménéclès de la façon la plus régulière,
que cette adoption a eu lieu, non en paroles, ni par testament, mais par des
actes. 45 Et comme témoins de tous ces actes je vous ai produit les membres
de la phratrie et du dème et les orgéons. Je vous ai montré en outre que
Ménéclès n’est mort que vingt-trois ans après. Je vous ai montré les lois qui
donnent à tout homme la faculté de se donner un fils adoptif. Enfin, vous avez
vu que je l'ai soigné vivant, et qu’après sa mort je lui ai rendu les derniers
devoirs. 46 Mon adversaire, lui, veut me dépouiller de la succession
paternelle, grosse ou non, peu importe ; il veut que le défunt soit mort sans
postérité, que son nom même disparaisse, enfin que personne ne puisse
s’acquitter pour lui du culte des ancêtres ni célébrer les anniversaires de sa
mort. Il le prive de tous les honneurs funèbres. C’est dans cette prévision que
Ménéclès, alors qu’il était encore maître de sa fortune, m'a adopté pour fils
afin que rien de tout cela ne lui manquât. 47 Ne vous laissez donc pas
entraîner, juges, par ce que disent ces hommes, ne m'enlevez pas le nom
d’héritier, c’est tout ce qui reste de l’héritage, n'annulez pas l'adoption.
Aujourd’hui que l'affaire vient devant vous et que vous la décision vous
appartient, venez en aide à nous et à celui qui est dans le séjour des morts, ne
voyez pas avec indifférence, au nom des dieux et des démons, le défunt
outragé par ces hommes. Souvenez-vous de la loi, du serment que vous avez
prêté, de ce qui a été dit sur l’affaire, et votez ensuite suivant le droit, vos
serments et les lois.
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