HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Homère, Odyssée, Chant XXIII

Vers 300-372

  Vers 300-372

[23,300] τὼ δἐπεὶ οὖν φιλότητος ἐταρπήτην ἐρατεινῆς,
τερπέσθην μύθοισι, πρὸς ἀλλήλους ἐνέποντε,
μὲν ὅσἐν μεγάροισιν ἀνέσχετο δῖα γυναικῶν,
ἀνδρῶν μνηστήρων ἐσορῶσἀΐδηλον ὅμιλον,
οἳ ἕθεν εἵνεκα πολλά, βόας καὶ ἴφια μῆλα,
305 ἔσφαζον, πολλὸς δὲ πίθων ἠφύσσετο οἶνος·
αὐτὰρ διογενὴς Ὀδυσεὺς ὅσα κήδεἔθηκεν
ἀνθρώποις ὅσα ταὐτὸς ὀϊζύσας ἐμόγησε,
πάντἔλεγ᾽· δἄρἐτέρπετἀκούουσ᾽, οὐδέ οἱ ὕπνος
πῖπτεν ἐπὶ βλεφάροισι πάρος καταλέξαι ἅπαντα.
310 ἤρξατο δὡς πρῶτον Κίκονας δάμασ᾽, αὐτὰρ ἔπειτα
ἦλθἐς Λωτοφάγων ἀνδρῶν πίειραν ἄρουραν·
ἠδὅσα Κύκλωψ ἔρξε, καὶ ὡς ἀπετίσατο ποινὴν
ἰφθίμων ἑτάρων, οὓς ἤσθιεν οὐδἐλέαιρεν·
ἠδὡς Αἴολον ἵκεθ᾽, μιν πρόφρων ὑπέδεκτο
315 καὶ πέμπ᾽, οὐδέ πω αἶσα φίλην ἐς πατρίδἱκέσθαι
ἤην, ἀλλά μιν αὖτις ἀναρπάξασα θύελλα
πόντον ἐπἰχθυόεντα φέρεν βαρέα στενάχοντα·
ἠδὡς Τηλέπυλον Λαιστρυγονίην ἀφίκανεν,
οἳ νῆάς τὄλεσαν καὶ ἐϋκνήμιδας ἑταίρους
320 πάντας· Ὀδυσσεὺς δοἶος ὑπέκφυγε νηῒ μελαίνῃ·
καὶ Κίρκης κατέλεξε δόλον πολυμηχανίην τε,
ἠδὡς εἰς Ἀΐδεω δόμον ἤλυθεν εὐρώεντα,
ψυχῇ χρησόμενος Θηβαίου Τειρεσίαο,
νηῒ πολυκλήϊδι, καὶ εἴσιδε πάντας ἑταίρους
325 μητέρα θ᾽, μιν ἔτικτε καὶ ἔτρεφε τυτθὸν ἐόντα·
ἠδὡς Σειρήνων ἁδινάων φθόγγον ἄκουσεν,
ὥς θἵκετο Πλαγκτὰς πέτρας δεινήν τε Χάρυβδιν
Σκύλλην θ᾽, ἣν οὔ πώ ποτἀκήριοι ἄνδρες ἄλυξαν·
ἠδὡς Ἠελίοιο βόας κατέπεφνον ἑταῖροι·
330 ἠδὡς νῆα θοὴν ἔβαλε ψολόεντι κεραυνῷ
Ζεὺς ὑψιβρεμέτης, ἀπὸ δἔφθιθεν ἐσθλοὶ ἑταῖροι
πάντες ὁμῶς, αὐτὸς δὲ κακὰς ὑπὸ κῆρας ἄλυξεν·
ὥς θἵκετὨγυγίην νῆσον νύμφην τε Καλυψώ,
δή μιν κατέρυκε, λιλαιομένη πόσιν εἶναι,
335 ἐν σπέσσι γλαφυροῖσι, καὶ ἔτρεφεν ἠδὲ ἔφασκε
θήσειν ἀθάνατον καὶ ἀγήραον ἤματα πάντα·
ἀλλὰ τοῦ οὔ ποτε θυμὸν ἐνὶ στήθεσσιν ἔπειθεν·
ἠδὡς ἐς Φαίηκας ἀφίκετο πολλὰ μογήσας,
οἳ δή μιν περὶ κῆρι θεὸν ὣς τιμήσαντο
340 καὶ πέμψαν σὺν νηῒ φίλην ἐς πατρίδα γαῖαν,
χαλκόν τε χρυσόν τε ἅλις ἐσθῆτά τε δόντες.
τοῦτἄρα δεύτατον εἶπεν ἔπος, ὅτε οἱ γλυκὺς ὕπνος
λυσιμελὴς ἐπόρουσε, λύων μελεδήματα θυμοῦ.
δαὖτἄλλἐνόησε θεὰ γλαυκῶπις Ἀθήνη·
345 ὁππότε δή Ὀδυσῆα ἐέλπετο ὃν κατὰ θυμὸν
εὐνῆς ἧς ἀλόχου ταρπήμεναι ἠδὲ καὶ ὕπνου,
αὐτίκἀπὨκεανοῦ χρυσόθρονον ἠριγένειαν
ὦρσεν, ἵνἀνθρώποισι φόως φέροι· ὦρτο δὈδυσσεὺς
εὐνῆς ἐκ μαλακῆς, ἀλόχῳ δἐπὶ μῦθον ἔτελλεν·
[23,300] Après avoir goûté les charmes de l'amour, les deux époux goûtèrent le plaisir des mutuelles confidences. L'une disait tout ce qu'elle avait enduré dans cette maison, la noble femme, quand elle voyait la troupe des prétendants funestes rester pour elle dans le manoir et égorger sans cesse boeufs et moutons gras, ou sans cesse puiser le vin des tonneaux. Et Ulysse de glorieuse naissance lui contait tout ce qu'il avait fait souffrir aux hommes, tous les maux cruels qui le frappèrent lui-même. Elle était heureuse de l'entendre et le sommeil ne lui ferma point la paupière qu'il n'eût tout narré en détail. Il dit d'abord comment il dompta les Cicones, puis vint au gras pays des Lotophages, quels crimes commit le Cyclope et comment lui-même vengea ses braves compagnons dévorés sans pitié, comment il arriva chez Éole qui le reçut de grand coeur et favorisa son retour; mais que le destin ne lui permettait pas encore de rentrer dans la terre patrie; et que la tempête le saisit de nouveau et le jeta angoissé et criant sur la mer poissonneuse ; comment il arriva à Télépyle, ville des Lestrygons, qui détruisirent ses vaisseaux et firent périr tous ses compagnons aux belles jambières; qu'un seul, lui-même, Ulysse, échappa sur son noir vaisseau. Il dit encore tout au long les ruses et les mille artifices de Circé; comment sur un navire aux bancs nombreux il descendit en la demeure suintante d'Hadès, pour consulter l'âme du Thébain Tirésias; qu'il vit en ces lieux tous ses compagnons, sa mère, celle qui l'enfanta et le nourrit tout petit; il conta ensuite qu'il entendit la voix immense des Sirènes; qu'il passa aux Roches mouvantes et dans les eaux de l'affreuse Charybde, et de Scylla toujours fatale à l'homme qui se hasarde en ces parages; comment ses compagnons tuèrent les boeufs d'Hélios, et comment son vaisseau rapide fut frappé de la foudre fumante par Zeus, le dieu grondant au ciel; que ses braves compagnons périrent tous, sans exception, que lui seul échappa aux Kères funestes; qu'il vint à l'île Ogygie chez la nymphe Calypso, qui, jalouse de l'avoir pour mari, le retenait dans ses grottes profondes, le nourrissait, lui promettant de le rendre immortel et à jamais exempt de la vieillesse, mais sans réussir à persuader son coeur; comment, après tant de souffrances il aborda chez les Phéaciens qui l'accueillirent avec bonté, l'honorèrent comme un dieu, le conduisirent sur un vaisseau au pays de ses pères, l'ayant comblé de présents : bronze, or, étoffes. Il finissait par là quand le doux som- meil qui détend les membres le prit, apportant aussi une détente aux soucis de son âme. Cependant, Athéné, la déesse aux yeux brillants, eut une pensée. Quand elle jugea qu'Ulysse avait pleinement goûté le plaisir de l'amour et celui du sommeil, en toute hâte elle fit sortir de l'Océan la fille du matin au trône d'or, pour qu'elle portât aux hommes la lumière : Ulysse sortit de sa couche moelleuse et dit à sa compagne :
[23,350] " γύναι, ἤδη μὲν πολέων κεκορήμεθἀέθλων
ἀμφοτέρω, σὺ μὲν ἐνθάδἐμὸν πολυκηδέα νόστον
κλαίουσ᾽. αὐτὰρ ἐμὲ Ζεὺς ἄλγεσι καὶ θεοὶ ἄλλοι
ἱέμενον πεδάασκον ἐμῆς ἀπὸ πατρίδος αἴης·
νῦν δἐπεὶ ἀμφοτέρω πολυήρατον ἱκόμεθεὐνήν,
355 κτήματα μὲν τά μοι ἔστι, κομιζέμεν ἐν μεγάροισι,
μῆλα δ μοι μνηστῆρες ὑπερφίαλοι κατέκειραν,
πολλὰ μὲν αὐτὸς ἐγὼ ληΐσσομαι, ἄλλα δἈχαιοὶ
δώσουσ᾽, εἰς κε πάντας ἐνιπλήσωσιν ἐπαύλους.
ἀλλ τοι μὲν ἐγὼ πολυδένδρεον ἀγρὸν ἔπειμι,
360 ὀψόμενος πατέρἐσθλόν, μοι πυκινῶς ἀκάχηται·
σοὶ δέ, γύναι, τάδἐπιτέλλω, πινυτῇ περ ἐούσῃ·
αὐτίκα γὰρ φάτις εἶσιν ἅμἠελίῳ ἀνιόντι
ἀνδρῶν μνηστήρων, οὓς ἔκτανον ἐν μεγάροισιν·
εἰς ὑπερῷἀναβᾶσα σὺν ἀμφιπόλοισι γυναιξὶν
365 ἧσθαι, μηδέ τινα προτιόσσεο μηδἐρέεινε."
ῥα καὶ ἀμφὤμοισιν ἐδύσετο τεύχεα καλά,
ὦρσε δὲ Τηλέμαχον καὶ βουκόλον ἠδὲ συβώτην,
πάντας δἔντεἄνωγεν ἀρήϊα χερσὶν ἑλέσθαι.
οἱ δέ οἱ οὐκ ἀπίθησαν, ἐθωρήσσοντο δὲ χαλκῷ,
370 ὤϊξαν δὲ θύρας, ἐκ δἤϊον· ἦρχε δὈδυσσεύς.
ἤδη μὲν φάος ἦεν ἐπὶ χθόνα, τοὺς δἄρἈθήνη
372 νυκτὶ κατακρύψασα θοῶς ἐξῆγε πόληος.
[23,350] « Femme, tous deux nous avons eu pleine mesure d'épreuves; ici tu attendais mon retour dans l'angoisse et les larmes, et moi, Zeus et les autres dieux me retenaient cruellement loin de la terre natale, que j'aspirais à revoir. Maintenant que tous les deux nous nous sommes retrouvés dans ce lit cher à nos coeurs, il te faudra veiller sur les biens que j'ai dans cette demeure, et, comme mes troupeaux ont été décimés par les iniques prétendants, je ferai, moi, un grand rapt de moutons, et les Achéens m'en donneront d'autres assez nombreux pour remplir toutes mes étables. Mais je veux d'abord aller à mon verger des champs pour y voir mon excellent père, qu'afflige mon absence; et à toi, femme, je fais une recommandation, quoique ton bon sens me soit connu : le soleil levé, le bruit se répandra bientôt que les prétendants ont été tués dans le manoir : remonte à l'étage supérieur avec tes suivantes; n'en bouge pas; ne cherche à voir personne; n'interroge personne.» Il dit et sur ses épaules posa sa belle armure, fit lever Télémaque, le bouvier et le porcher, leur recommandant de prendre leur attirail de guerre. Suivant ses instructions, ils endossèrent une cuirasse de bronze, ouvrirent les portes et sortirent. Ulysse marchait devant eux. Déjà la lumière se répandait sur la terre; mais Athéné les couvrit d'un nuage et les eut bientôt conduits hors de la ville.


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Dernière mise à jour : 7/12/2005