[21,400] νωμᾷ ἔνθα καὶ ἔνθα κακῶν ἔμπαιος ἀλήτης."
ἄλλος δ᾽ αὖ εἴπεσκε νέων ὑπερηνορεόντων·
"αἲ γὰρ δὴ τοσσοῦτον ὀνήσιος ἀντιάσειεν
ὡς οὗτός ποτε τοῦτο δυνήσεται ἐντανύσασθαι."
ὣς ἄρ᾽ ἔφαν μνηστῆρες· ἀτὰρ πολύμητις Ὀδυσσεύς,
405 αὐτίκ᾽ ἐπεὶ μέγα τόξον ἐβάστασε καὶ ἴδε πάντη,
ὡς ὅτ᾽ ἀνὴρ φόρμιγγος ἐπιστάμενος καὶ ἀοιδῆς
ῥηϊδίως ἐτάνυσσε νέῳ περὶ κόλλοπι χορδήν,
ἅψας ἀμφοτέρωθεν ἐϋστρεφὲς ἔντερον οἰός,
ὣς ἄρ᾽ ἄτερ σπουδῆς τάνυσεν μέγα τόξον Ὀδυσσεύς.
410 δεξιτερῇ ἄρα χειρὶ λαβὼν πειρήσατο νευρῆς·
ἡ δ᾽ ὑπὸ καλὸν ἄεισε, χελιδόνι εἰκέλη αὐδήν.
μνηστῆρσιν δ᾽ ἄρ᾽ ἄχος γένετο μέγα, πᾶσι δ᾽ ἄρα χρὼς
ἐτράπετο· Ζεὺς δὲ μεγάλ᾽ ἔκτυπε σήματα φαίνων·
γήθησέν τ᾽ ἄρ᾽ ἔπειτα πολύτλας δῖος Ὀδυσσεύς.
415 ὅττι ῥά οἱ τέρας ἧκε Κρόνου πάϊς ἀγκυλομήτεω·
εἵλετο δ᾽ ὠκὺν ὀϊστόν, ὅ οἱ παρέκειτο τραπέζῃ
γυμνός· τοὶ δ᾽ ἄλλοι κοίλης ἔντοσθε φαρέτρης
κείατο, τῶν τάχ᾽ ἔμελλον Ἀχαιοὶ πειρήσεσθαι.
τόν ῥ᾽ ἐπὶ πήχει ἑλὼν ἕλκεν νευρὴν γλυφίδας τε,
420 αὐτόθεν ἐκ δίφροιο καθήμενος, ἧκε δ᾽ ὀϊστὸν
ἄντα τιτυσκόμενος, πελέκεων δ᾽ οὐκ ἤμβροτε πάντων
πρώτης στειλειῆς, διὰ δ᾽ ἀμπερὲς ἦλθε θύραζε
ἰὸς χαλκοβαρής· ὁ δὲ Τηλέμαχον προσέειπε·
"Τηλέμαχ᾽, οὔ σ᾽ ὁ ξεῖνος ἐνὶ μεγάροισιν ἐλέγχει
425 ἥμενος, οὐδέ τι τοῦ σκοποῦ ἤμβροτον οὐδέ τι τόξον
δὴν ἔκαμον τανύων· ἔτι μοι μένος ἔμπεδόν ἐστιν,
οὐχ ὥς με μνηστῆρες ἀτιμάζοντες ὄνονται.
νῦν δ᾽ ὥρη καὶ δόρπον Ἀχαιοῖσιν τετυκέσθαι
ἐν φάει, αὐτὰρ ἔπειτα καὶ ἄλλως ἑψιάασθαι
430 μολπῇ καὶ φόρμιγγι· τὰ γάρ τ᾽ ἀναθήματα δαιτός."
ἦ καὶ ἐπ᾽ ὀφρύσι νεῦσεν· ὁ δ᾽ ἀμφέθετο ξίφος ὀξὺ
Τηλέμαχος, φίλος υἱὸς Ὀδυσσῆος θείοιο,
ἀμφὶ δὲ χεῖρα φίλην βάλεν ἔγχεϊ, ἄγχι δ᾽ ἄρ᾽ αὐτοῦ
434 πὰρ θρόνον ἑστήκει κεκορυθμένος αἴθοπι χαλκῷ.
| [21,400] voyez comme il le manie en tous sens, ce vagabond
suspect. » Puis, c'était un autre de ces jeunes présomptueux
qui disait : « Je lui souhaite de réussir dans la vie comme
il va réussir, ce beau gars ! à tendre l'arc ! »
Ainsi disaient les prétendants. Mais Ulysse, l'avisé,
n'eut pas plutôt soupesé et regardé le grand arc sous
toutes les faces que — tel un homme habile en l'art
de la lyre et du chant tend facilement la corde sur la
cheville neuve, fixant de part et d'autre le boyau bien
tordu, — sans effort il tendit, Ulysse, le grand arc, puis
de sa droite prit et essaya la corde qui rendit un son clair,
pareil au cri de l'hirondelle. Pour les prétendants ce fut
un grand coup : tous changèrent de couleur. Zeus en
cet instant fit retentir sa foudre, présage manifeste ! Ce
fut un grand sujet de joie pour le noble et endurant Ulysse
que ce signe donné par le fils de Cronos, aux desseins
tortueux. Il prit une flèche qui, sortie du carquois, se trouvait
sur la table, près de lui : les autres étaient restées au
fond : c'étaient celles que bientôt les Achéens apprendraient
à connaître. Ayant donc cette flèche, il la posa au coude
de l'arc, tira à lui la corde et les entailles sans quitter
le siège où il était assis et visant droit au but il fit partir
le trait : sans dévier, la flèche, chargée de bronze, traversa
le trou de toutes les haches et alla sortir à l'autre extrémité.
Alors Ulysse, s'adressant à Télémaque, lui dit :
« Télémaque, l'hôte qui est assis dans ta demeure ne te
fait point honte : je n'ai pas manqué le but et ne me suis
pas donné grand mal pour tendre l'arc : ma force tient
bon encore, et les outrages des prétendants tombent à faux.
Mais maintenant, sans attendre la nuit, le moment
est venu de servir aux Achéens le repas du soir que
suivront bientôt après d'autres divertissements, chant
et musique : ce sont là, comme on sait, les charmes d'un festin. »
Il dit et fit signe d'un mouvement des sourcils. Alors
Télémaque ceignit l'épée aiguë, Télémaque, le fils chéri
du divin Ulysse : il prit sa lance en main et près de son
fauteuil, à côté de son père, il se dressa armé du bronze étincelant.
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