HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Homère, Odyssée, Chant XXI

Vers 300-349

  Vers 300-349

[21,300] ἕλκον ἀναΐξαντες, ἀποὔατα νηλέϊ χαλκῷ
ῥῖνάς τἀμήσαντες· δὲ φρεσὶν ᾗσιν ἀασθεὶς
ἤϊεν ἣν ἄτην ὀχέων ἀεσίφρονι θυμῷ.
ἐξ οὗ Κενταύροισι καὶ ἀνδράσι νεῖκος ἐτύχθη,
οἷ δαὐτῷ πρώτῳ κακὸν εὕρετο οἰνοβαρείων.
305 ὣς καὶ σοὶ μέγα πῆμα πιφαύσκομαι, αἴ κε τὸ τόξον
ἐντανύσῃς· οὐ γάρ τευ ἐπητύος ἀντιβολήσεις
ἡμετέρῳ ἐνὶ δήμῳ, ἄφαρ δέ σε νηῒ μελαίνῃ
εἰς Ἔχετον βασιλῆα, βροτῶν δηλήμονα πάντων,
πέμψομεν· ἔνθεν δοὔ τι σαώσεαι· ἀλλὰ ἕκηλος
310 πῖνέ τε, μηδἐρίδαινε μετἀνδράσι κουροτέροισιν."
τὸν δαὖτε προσέειπε περίφρων Πηνελόπεια·
"Ἀντίνο᾽, οὐ μὲν καλὸν ἀτέμβειν οὐδὲ δίκαιον
ξείνους Τηλεμάχου, ὅς κεν τάδε δώμαθἵκηται·
ἔλπεαι, αἴ χ ξεῖνος Ὀδυσσῆος μέγα τόξον
315 ἐντανύσῃ χερσίν τε βίηφί τε ἧφι πιθήσας,
οἴκαδέ μἄξεσθαι καὶ ἑὴν θήσεσθαι ἄκοιτιν;
οὐδαὐτός που τοῦτό γἐνὶ στήθεσσιν ἔολπε·
μηδέ τις ὑμείων τοῦ γεἵνεκα θυμὸν ἀχεύων
ἐνθάδε δαινύσθω, ἐπεὶ οὐδὲ μὲν οὐδὲ ἔοικεν."
320 τὴν δαὖτΕὐρύμαχος, Πολύβου πάϊς, ἀντίον ηὔδα·
"κούρη Ἰκαρίοιο, περίφρον Πηνελόπεια,
οὔ τί σε τόνδἄξεσθαι ὀϊόμεθ᾽· οὐδὲ ἔοικεν·
ἀλλαἰσχυνόμενοι φάτιν ἀνδρῶν ἠδὲ γυναικῶν,
μή ποτέ τις εἴπῃσι κακώτερος ἄλλος Ἀχαιῶν
325 πολὺ χείρονες ἄνδρες ἀμύμονος ἀνδρὸς ἄκοιτιν
μνῶνται, οὐδέ τι τόξον ἐΰξοον ἐντανύουσιν·
ἀλλἄλλος τις πτωχὸς ἀνὴρ ἀλαλήμενος ἐλθὼν
ῥηϊδίως ἐτάνυσσε βιόν, διὰ δἧκε σιδήρου.
ὣς ἐρέουσ᾽, ἡμῖν δἂν ἐλέγχεα ταῦτα γένοιτο."
330 τὸν δαὖτε προσέειπε περίφρων Πηνελόπεια·
"Εὐρύμαχ᾽, οὔ πως ἔστιν ἐϋκλεῖας κατὰ δῆμον
ἔμμεναι οἳ δὴ οἶκον ἀτιμάζοντες ἔδουσιν
ἀνδρὸς ἀριστῆος· τί δἐλέγχεα ταῦτα τίθεσθε;
οὗτος δὲ ξεῖνος μάλα μὲν μέγας ἠδεὐπηγής,
335 πατρὸς δἐξ ἀγαθοῦ γένος εὔχεται ἔμμεναι υἱός.
ἀλλἄγε οἱ δότε τόξον ἐΰξοον, ὄφρα ἴδωμεν.
ὧδε γὰρ ἐξερέω, τὸ δὲ καὶ τετελεσμένον ἔσται·
εἴ κέ μιν ἐντανύσῃ, δώῃ δέ οἱ εὖχος Ἀπόλλων,
ἕσσω μιν χλαῖνάν τε χιτῶνά τε, εἵματα καλά,
340 δώσω δὀξὺν ἄκοντα, κυνῶν ἀλκτῆρα καὶ ἀνδρῶν,
καὶ ξίφος ἄμφηκες· δώσω δὑπὸ ποσσὶ πέδιλα,
πέμψω δὅππη μιν κραδίη θυμός τε κελεύει."
τὴν δαὖ Τηλέμαχος πεπνυμένος ἀντίον ηὔδα·
"μῆτερ ἐμή, τόξον μὲν Ἀχαιῶν οὔ τις ἐμεῖο
345 κρείσσων, κἐθέλω, δόμεναί τε καὶ ἀρνήσασθαι,
οὔθὅσσοι κραναὴν Ἰθάκην κάτα κοιρανέουσιν,
οὔθὅσσοι νήσοισι πρὸς Ἤλιδος ἱπποβότοιο·
τῶν οὔ τίς μἀέκοντα βιήσεται, αἴ κἐθέλωμι
καὶ καθάπαξ ξείνῳ δόμεναι τάδε τόξα φέρεσθαι.
[21,300] après lui avoir, d'un fer cruel, fait tomber nez et oreilles.
Et lui, dont la raison était atteinte, allait chargé de
l'infortune qu'avait attirée sur lui le délire de l'ivresse.
De là vint la lutte des Centaures et des Lapithes, où le
premier qui trouva la mort fut ce centaure, intempérant
buveur. Toi aussi, je te le prédis, tu seras frappé d'un
grand mal, si tu tends cet arc : car, parmi notre peuple,
tu ne trouveras aucune bienveillance; incontinent, nous
t'enverrons sur un noir vaisseau chez le roi Échétos, fléau
de tous les mortels; et de là tu ne te sauveras point. Bois
donc paisiblement et ne t'attaque pas à des hommes
plus jeunes que toi. »
La prudente Pénélope dit alors : « Antinoos, il n'est
beau ni juste de traiter outrageusement les hôtes que
Télémaque reçoit en cette demeure. Penses-tu donc que,
si l'étranger parvient à tendre le grand arc d'Ulysse, confiant
dans son bras et sa force, il m'emmène jamais chez
lui et que je devienne sa femme? Il ne le pense pas plus
que toi, et n'a pas cet espoir en son coeur. Que nul d'entre
vous ne s'en fasse souci; dînez tranquillement; car, bien
vraiment, cette inquiétude n'est pas de saison. »
Alors Eurymaque, fils de Polybe, lui répondit : « Fille
d'Icarios, prudente Pénélope, nous ne pensons pas du
tout que cet homme t'emmène; ce ne serait point sensé;
mais nous ne songeons pas sans honte aux propos que
pourraient tenir hommes et femmes; nous craignons que
quelque jour un Achéen, de condition bien inférieure à
la nôtre, ne dise : ces prétendants sont loin de valoir
l'homme dont ils recherchent la femme : ils ne sont même
pas capables de tendre son arc bien poli, et voilà qu'un
autre, un mendiant, venu on ne sait d'où, a du premier
coup bandé l'arc et traversé les fers. On dira cela et ce
sera pour nous un grand opprobre.»
La prudente Pénélope lui dit en réponse :
« Eurymaque, il est impossible d'avoir bon renom
parmi le peuple quand on dévore injurieusement les
biens d'un homme irréprochable : dès lors, pourquoi avoir
souci de l'opprobre dont tu parles? Au reste, cet étranger
est très grand, bien bâti et se flatte d'être issu d'un
père de haute naissance. Allons, donnez-lui l'arc bien
poli et qu'on le voie à l'ceuvre. Car je vous dirai une chose,
et ce ne sera pas une vaine parole : s'il tend l'arc et
qu'Apollon lui réserve cet honneur, je le vêtirai de beaux
habits, manteau et tunique; je lui donnerai un épieu
aigu pour se défendre contre les chiens et les hommes, et
une épée à deux tranchants : je lui mettrai des sandales
aux pieds et le ferai conduire dans ces lieux où l'appellent
son coeur et son âme. »
A son tour le sage Télémaque prit la parole :
« Ma mère, sur cet arc nul des Achéens n'a plus de
pouvoir que moi ; il m'appartient de le donner ou de le
refuser à qui il me plaît : de tous ceux qui sont maîtres
dans la rude Ithaque, de tous ceux qui règnent sur les
îles de l'Élide, nourricière de chevaux, nul ne pourra contraindre
ma volonté, quand même je voudrais donner cet arc en toute
propriété à l'étranger pour qu'il l'emporte chez lui.


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Dernière mise à jour : 19/01/2006