HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Homère, Odyssée, Chant XIX

Vers 100-149

  Vers 100-149

[19,100] ὣς ἔφαθ᾽, δὲ μάλὀτραλέως κατέθηκε φέρουσα
δίφρον ἐΰξεστον καὶ ἐπαὐτῷ κῶας ἔβαλλεν·
ἔνθα καθέζετἔπειτα πολύτλας δῖος Ὀδυσσεύς.
τοῖσι δὲ μύθων ἦρχε περίφρων Πηνελόπεια·
"ξεῖνε, τὸ μέν σε πρῶτον ἐγὼν εἰρήσομαι αὐτή·
105 τίς πόθεν εἶς ἀνδρῶν; πόθι τοι πόλις ἠδὲ τοκῆες;"
τὴν δἀπαμειβόμενος προσέφη πολύμητις Ὀδυσσεύς·
" γύναι, οὐκ ἄν τίς σε βροτῶν ἐπἀπείρονα γαῖαν
νεικέοι· γάρ σευ κλέος οὐρανὸν εὐρὺν ἱκάνει,
ὥς τέ τευ βασιλῆος ἀμύμονος, ὅς τε θεουδὴς
110 ἀνδράσιν ἐν πολλοῖσι καὶ ἰφθίμοισιν ἀνάσσων
εὐδικίας ἀνέχῃσι, φέρῃσι δὲ γαῖα μέλαινα
πυροὺς καὶ κριθάς, βρίθῃσι δὲ δένδρεα καρπῷ,
τίκτῃ δἔμπεδα μῆλα, θάλασσα δὲ παρέχῃ ἰχθῦς
ἐξ εὐηγεσίης, ἀρετῶσι δὲ λαοὶ ὑπαὐτοῦ.
115 τῷ ἐμὲ νῦν τὰ μὲν ἄλλα μετάλλα σῷ ἐνὶ οἴκῳ,
μηδἐμὸν ἐξερέεινε γένος καὶ πατρίδα γαῖαν,
μή μοι μᾶλλον θυμὸν ἐνιπλήσῃς ὀδυνάων
μνησαμένῳ μάλα δεἰμὶ πολύστονος· οὐδέ τί με χρὴ
οἴκῳ ἐν ἀλλοτρίῳ γοόωντά τε μυρόμενόν τε
120 ἧσθαι, ἐπεὶ κάκιον πενθήμεναι ἄκριτον αἰεί·
μή τίς μοι δμῳῶν νεμεσήσεται, ἠὲ σύ γαὐτή,
φῇ δὲ δακρυπλώειν βεβαρηότα με φρένας οἴνῳ."
τὸν δἠμείβετἔπειτα περίφρων Πηνελόπεια·
"ξεῖν᾽, τοι μὲν ἐμὴν ἀρετὴν εἶδός τε δέμας τε
125 ὤλεσαν ἀθάνατοι, ὅτε Ἴλιον εἰσανέβαινον
Ἀργεῖοι, μετὰ τοῖσι δἐμὸς πόσις ᾖεν Ὀδυσσεύς
εἰ κεῖνός γἐλθὼν τὸν ἐμὸν βίον ἀμφιπολεύοι,
μεῖζον κε κλέος εἴη ἐμὸν καὶ κάλλιον οὕτως.
νῦν δἄχομαι· τόσα γάρ μοι ἐπέσσευεν κακὰ δαίμων.
130 ὅσσοι γὰρ νήσοισιν ἐπικρατέουσιν ἄριστοι,
Δουλιχίῳ τε Σάμῃ τε καὶ ὑλήεντι Ζακύνθῳ,
οἵ ταὐτὴν Ἰθάκην εὐδείελον ἀμφινέμονται,
οἵ μἀεκαζομένην μνῶνται, τρύχουσι δὲ οἶκον.
τῷ οὔτε ξείνων ἐμπάξομαι οὔθἱκετάων
135 οὔτε τι κηρύκων, οἳ δημιοεργοὶ ἔασιν·
ἀλλὈδυσῆ ποθέουσα φίλον κατατήκομαι ἦτορ.
οἱ δὲ γάμον σπεύδουσιν· ἐγὼ δὲ δόλους τολυπεύω.
φᾶρος μέν μοι πρῶτον ἐνέπνευσε φρεσὶ δαίμων,
στησαμένῃ μέγαν ἱστόν, ἐνὶ μεγάροισιν ὑφαίνειν,
140 λεπτὸν καὶ περίμετρον· ἄφαρ δαὐτοῖς μετέειπον·
"κοῦροι, ἐμοὶ μνηστῆρες, ἐπεὶ θάνε δῖος Ὀδυσσεύς,
μίμνετἐπειγόμενοι τὸν ἐμὸν γάμον, εἰς κε φᾶρος
ἐκτελέσω - μή μοι μεταμώνια νήματὄληται -
Λαέρτῃ ἥρωϊ ταφήϊον, εἰς ὅτε κέν μιν
145 μοῖρὀλοὴ καθέλῃσι τανηλεγέος θανάτοιο·
μή τίς μοι κατὰ δῆμον Ἀχαιϊάδων νεμεσήσῃ,
αἴ κεν ἄτερ σπείρου κεῖται πολλὰ κτεατίσσας.
"ὣς ἐφάμην, τοῖσιν δἐπεπείθετο θυμὸς ἀγήνωρ.
ἔνθα καὶ ἠματίη μὲν ὑφαίνεσκον μέγαν ἱστόν,
[19,100] Elle dit; Eurynomé, s'empressant, apporta un siège bien poli et y jeta une peau de brebis; le divin Ulysse, modèle de patience, y prit place. Ce fut la prudente Pénélope qui parla la première. « Étranger, il y a une question que je veux te poser d'abord : Qui es-tu? D'où viens-tu? Où est ta ville? Où tes parents? » Ulysse l'avisé lui repartit : «Femme, il n'est point sur l'immense terre un mortel qui puisse te blâmer : oui, ta gloire monte jusqu'au vaste ciel ainsi que celle d'un roi excellent qui, ayant la crainte des dieux, règne sur un peuple nombreux et brave dans le respect de la justice : pour lui, la noire terre produit le blé et l'orge, les arbres se chargent de fruits, les brebis donnent des petits à souhait, la mer fournit les poissons; cette prospérité récompense un bon gouvernement et les peuples par ce roi jouissent du bonheur. Aussi interroge-moi maintenant sur tout ce qu'il te plaira; cependant ne me demande pas ma naissance et ma patrie : n'augmente pas en mon coeur les souffrances en me forçant au souvenir de mes maux : j'ai trop de peine. Au reste, il ne convient pas que dans la maison d'autrui on me voie sans cesse gémissant et pleurant, car on déplaît quand on se plaint toujours : quelqu'une de tes femmes et toi-même peut-être vous diriez, irritées de mes doléances, que tous ces pleurs viennent du vin, qui m'alourdit la tête.» La prudente Pénélope lui repartit : "Étranger, ce qui me distinguait jadis, la beauté et la noblesse de mon corps, les dieux ont tout détruit, quand partirent pour Ilios les Argiens parmi lesquels était Ulysse, mon mari. Ah ! s'il revenait ce héros et veillait sur ma vie, ma gloire serait alors plus grande et plus belle. Mais je n'ai plus que tristesses : tant un dieu m'a prodigué de maux. Car tous les grands qui règnent sur les îles, Doulichion, Samé et Zacynthe boisée, ou qui habitent Ithaque visible au loin, tous me recherchent contre mon gré et consument le bien. Aussi tout me laisse indifférente : hôtes, suppliants, hérauts qui sont au service du peuple. Je n'ai que le regret d'Ulysse, où mon coeur se fond. Les prétendants pressent ce mariage; moi, je leur oppose le tissu de mes ruses. Un dieu m'inspira d'abord l'idée de dresser en ma chambre un grand métier et d'y tisser un voile fin et long; incontinent, je fus donc les trouver et leur dis : « Jeunes hommes, mes prétendants, vous pressez mon mariage. L'illustre Ulysse est mort; attendez donc que j'aie achevé ce voile : ne faites pas que tous ces fils soient en pure perte; ce sera le linceul du seigneur Laerte, le jour où il aura succombé sous le coup funeste de la Mort cruelle; ne faites pas que quelqu'une des femmes d'Achaïe aille parler au peuple contre moi, indignée de voir sans suaire un homme qui gagna tant de biens!» Je leur parlai ainsi. Ils se rendirent malgré la fierté de leur coeur. Alors, de jour je tissais la grande toile,


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Dernière mise à jour : 22/12/2005