HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Homère, Odyssée, Chant XIX

Vers 550-604

  Vers 550-604

[19,550] ὃς πᾶσι μνηστῆρσιν ἀεικέα πότμον ἐφήσω.᾽
"ὣς ἔφατ᾽, αὐτὰρ ἐμὲ μελιηδὴς ὕπνος ἀνῆκε·
παπτήνασα δὲ χῆνας ἐνὶ μεγάροισι νόησα
πυρὸν ἐρεπτομένους παρὰ πύελον, ἧχι πάρος περ."
τὴν δἀπαμειβόμενος προσέφη πολύμητις Ὀδυσσεύς·
555 " γύναι, οὔ πως ἔστιν ὑποκρίνασθαι ὄνειρον
ἄλλῃ ἀποκλίναντ᾽, ἐπεὶ ῥά τοι αὐτὸς Ὀδυσσεὺς
πέφραδὅπως τελέει· μνηστῆρσι δὲ φαίνετὄλεθρος
πᾶσι μάλ᾽, οὐδέ κέ τις θάνατον καὶ κῆρας ἀλύξει."
τὸν δαὖτε προσέειπε περίφρων Πηνελόπεια·
560 "ξεῖν᾽, τοι μὲν ὄνειροι ἀμήχανοι ἀκριτόμυθοι
γίγνοντ᾽, οὐδέ τι πάντα τελείεται ἀνθρώποισι.
δοιαὶ γάρ τε πύλαι ἀμενηνῶν εἰσὶν ὀνείρων·
αἱ μὲν γὰρ κεράεσσι τετεύχαται, αἱ δἐλέφαντι·
τῶν οἳ μέν κἔλθωσι διὰ πριστοῦ ἐλέφαντος,
565 οἵ ἐλεφαίρονται, ἔπεἀκράαντα φέροντες·
οἱ δὲ διὰ ξεστῶν κεράων ἔλθωσι θύραζε,
οἵ ἔτυμα κραίνουσι, βροτῶν ὅτε κέν τις ἴδηται.
ἀλλἐμοὶ οὐκ ἐντεῦθεν ὀΐομαι αἰνὸν ὄνειρον
ἐλθέμεν· κἀσπαστὸν ἐμοὶ καὶ παιδὶ γένοιτο.
570 ἄλλο δέ τοι ἐρέω, σὺ δἐνὶ φρεσὶ βάλλεο σῇσιν·
ἥδε δὴ ἠὼς εἶσι δυσώνυμος, μὈδυσῆος
οἴκου ἀποσχήσει· νῦν γὰρ καταθήσω ἄεθλον,
τοὺς πελέκεας, τοὺς κεῖνος ἐνὶ μεγάροισιν ἑοῖσιν
ἵστασχἑξείης, δρυόχους ὥς, δώδεκα πάντας·
575 στὰς δ γε πολλὸν ἄνευθε διαρρίπτασκεν ὀϊστόν.
νῦν δὲ μνηστήρεσσιν ἄεθλον τοῦτον ἐφήσω·
ὃς δέ κε ῥηΐτατἐντανύσῃ βιὸν ἐν παλάμῃσι
καὶ διοϊστεύσῃ πελέκεων δυοκαίδεκα πάντων,
τῷ κεν ἅμἑσποίμην, νοσφισσαμένη τόδε δῶμα
580 κουρίδιον, μάλα καλόν, ἐνίπλειον βιότοιο·
τοῦ ποτὲ μεμνήσεσθαι ὀΐομαι ἔν περ ὀνείρῳ."
τὴν δἀπαμειβόμενος προσέφη πολύμητις Ὀδυσσεύς
" γύναι αἰδοίη Λαερτιάδεω Ὀδυσῆος,
μηκέτι νῦν ἀνάβαλλε δόμοις ἔνι τοῦτον ἄεθλον·
585 πρὶν γάρ τοι πολύμητις ἐλεύσεται ἐνθάδὈδυσσεύς,
πρὶν τούτους τόδε τόξον ἐΰξοον ἀμφαφόωντας
νευρήν τἐντανύσαι διοϊστεῦσαί τε σιδήρου."
τὸν δαὖτε προσέειπε περίφρων Πηνελόπεια·
"εἴ κἐθέλοις μοι, ξεῖνε, παρήμενος ἐν μεγάροισι
590 τέρπειν, οὔ κέ μοι ὕπνος ἐπὶ βλεφάροισι χυθείη.
ἀλλοὐ γάρ πως ἔστιν ἀΰπνους ἔμμεναι αἰεὶ
ἀνθρώπους· ἐπὶ γάρ τοι ἑκάστῳ μοῖραν ἔθηκαν
ἀθάνατοι θνητοῖσιν ἐπὶ ζείδωρον ἄρουραν.
ἀλλ τοι μὲν ἐγὼν ὑπερώϊον εἰσαναβᾶσα
595 λέξομαι εἰς εὐνήν, μοι στονόεσσα τέτυκται,
αἰεὶ δάκρυσἐμοῖσι πεφυρμένη, ἐξ οὗ Ὀδυσσεὺς
ᾤχετἐποψόμενος Κακοΐλιον οὐκ ὀνομαστήν.
ἔνθα κε λεξαίμην· σὺ δὲ λέξεο τῷδἐνὶ οἴκῳ,
χαμάδις στορέσας τοι κατὰ δέμνια θέντων."
[19,550] et je frapperai tous les prétendants d'une mort ignominieuse.» Il parla ainsi, et moi le doux sommeil me quitta. Je m'empressai d'aller voir les oies de la maison; elles étaient là, mangeant le froment auprès du baquet comme à l'ordinaire. » Ulysse l'avisé lui répondit : « Femme, le sens est clair; il n'y a pas lieu d'en chercher un autre; c'estUlysse lui-même qui t'a appris comment il accomplira ce songe : pour tous les prétendants, la perte est assurée; nul d'entre eux n'échappera à la mort et aux Kères. » La prudente Pénélope lui répondit : « Étranger, les songes assurément ne sont pas faciles à saisir et leur sens ne se discerne pas d'abord; tout ce qu'ils annoncent est loin de se réaliser pour les hommes. Car il est deux portes pour les songes inconsistants; l'une est faite de corne, l'autre est en ivoire; quand les songes viennent par l'ivoire scié, on ne peut rien y voir de vrai; ce sont des mots qui ne créent point le réel sous nos yeux; mais quand les songes nous arrivent par la corne polie, ils créent, ceux-là, une certitude pour quiconque les voit. Eh bien, moi, je ne crois pas que mon songe étrange soit arrivé par là : ce serait certes une grande joie pour moi et pour mon fils. Mais je te dirai une autre chose; toi, mets-la bien en ton esprit. Elle va venir, cette aurore de malheur qui m'éloignera de la maison d'Ulysse; car mon intention est maintenant de proposer une lutte, celle des haches que dans sa demeure Ulysse dressait toutes les douze à la file, comme des étais de vaisseau; puis, debout à une longue distance, il lançait une flèche à travers tous les trous. Maintenant j'imposerai cette lutte aux prétendants : celui qui entre ses mains aura le plus facilement bandé l'arc, et dont la flèche aura traversé les douze haches, je le suivrai, quittant ce séjour de ma jeunesse, si beau, si bien fourni, que je n'oublierai jamais, je pense, même dans mes songes. » Ulysse l'avisé lui répondit : « Digne femme d'Ulysse, le fils de Laerte, ne tarde pas à ouvrir ce concours dans ta demeure; car Ulysse l'avisé arrivera ici avant que ces hommes, prenant l'arc poli, en aient bandé la corde, et de leur flèche aient traversé le fer. » La prudente Pénélope répliqua : « Si tu voulais, étranger, assis auprès de moi dans ce domaine, me charmer ainsi, le sommeil ne se répandrait pas sur mes paupières. Mais il est impossible aux hommes de demeurer toujours sans sommeil : car à tout mortel sur la terre féconde, les Immortels ont imposé des lois qui règlent sa vie. Je vais donc, montant à l'étage supérieur, me coucher dans ce lit, vrai lit de douleur pour moi, toujours mouillé de mes larmes, depuis qu'Ulysse s'en est allé voir cette Ilios de malheur, au nom exécrable. Là je m'étendrai : toi, couche-toi ici même : fais ton lit à terre, ou bien mes serviteurs le prépareront pour toi. »
[19,600] ὣς εἰποῦσἀνέβαινὑπερώϊα σιγαλόεντα,
οὐκ οἴη, ἅμα τῇ γε καὶ ἀμφίπολοι κίον ἄλλαι.
ἐς δὑπερῷἀναβᾶσα σὺν ἀμφιπόλοισι γυναιξὶ
κλαῖεν ἔπειτὈδυσῆα, φίλον πόσιν, ὄφρα οἱ ὕπνον
604 ἡδὺν ἐπὶ βλεφάροισι βάλε γλαυκῶπις Ἀθήνη.
[19,600] Ayant ainsi parlé elle monta à l'étage supérieur dans sa chambre superbe; elle n'était pas seule; ses servantes l'accompagnaient. Quand elle y fut arrivée avec ses femmes, elle pleura Ulysse son mari bien-aimé, jusqu'au moment où Athéné aux yeux brillants versa sur ses paupières la douceur du sommeil.


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Dernière mise à jour : 22/12/2005