[8,400] τὸν δ᾽ αὖτ᾽ Εὐρύαλος ἀπαμείβετο φώνησέν τε·
"Ἀλκίνοε κρεῖον, πάντων ἀριδείκετε λαῶν,
τοιγὰρ ἐγὼ τὸν ξεῖνον ἀρέσσομαι, ὡς σὺ κελεύεις.
δώσω οἱ τόδ᾽ ἄορ παγχάλκεον, ᾧ ἔπι κώπη
ἀργυρέη, κολεὸν δὲ νεοπρίστου ἐλέφαντος
405 ἀμφιδεδίνηται· πολέος δέ οἱ ἄξιον ἔσται."
ὣς εἰπὼν ἐν χερσὶ τίθει ξίφος ἀργυρόηλον
καί μιν φωνήσας ἔπεα πτερόεντα προσηύδα·
"χαῖρε, πάτερ ὦ ξεῖνε· ἔπος δ᾽ εἴ πέρ τι βέβακται
δεινόν, ἄφαρ τὸ φέροιεν ἀναρπάξασαι ἄελλαι.
410 σοὶ δὲ θεοὶ ἄλοχόν τ᾽ ἰδέειν καὶ πατρίδ᾽ ἱκέσθαι
δοῖεν, ἐπεὶ δὴ δηθὰ φίλων ἄπο πήματα πάσχεις."
τὸν δ᾽ ἀπαμειβόμενος προσέφη πολύμητις Ὀδυσσεύς·
"καὶ σὺ φίλος μάλα χαῖρε, θεοὶ δέ τοι ὄλβια δοῖεν.
μηδέ τι τοι ξίφεός γε ποθὴ μετόπισθε γένοιτο
415 τούτου, ὃ δή μοι δῶκας ἀρεσσάμενος ἐπέεσσιν."
ἦ ῥα καὶ ἀμφ᾽ ὤμοισι θέτο ξίφος ἀργυρόηλον.
δύσετό τ᾽ ἠέλιος, καὶ τῷ κλυτὰ δῶρα παρῆεν.
καὶ τά γ᾽ ἐς Ἀλκινόοιο φέρον κήρυκες ἀγαυοί·
δεξάμενοι δ᾽ ἄρα παῖδες ἀμύμονος Ἀλκινόοιο
420 μητρὶ παρ᾽ αἰδοίῃ ἔθεσαν περικαλλέα δῶρα.
τοῖσιν δ᾽ ἡγεμόνευ᾽ ἱερὸν μένος Ἀλκινόοιο,
ἐλθόντες δὲ καθῖζον ἐν ὑψηλοῖσι θρόνοισι.
δή ῥα τότ᾽ Ἀρήτην προσέφη μένος Ἀλκινόοιο·
"δεῦρο, γύναι, φέρε χηλὸν ἀριπρεπέ᾽, ἥ τις ἀρίστη·
425 ἐν δ᾽ αὐτὴ θὲς φᾶρος ἐυπλυνὲς ἠδὲ χιτῶνα.
ἀμφὶ δέ οἱ πυρὶ χαλκὸν ἰήνατε, θέρμετε δ᾽ ὕδωρ,
ὄφρα λοεσσάμενός τε ἰδών τ᾽ ἐὺ κείμενα πάντα
δῶρα, τά οἱ Φαίηκες ἀμύμονες ἐνθάδ᾽ ἔνεικαν,
δαιτί τε τέρπηται καὶ ἀοιδῆς ὕμνον ἀκούων.
430 καί οἱ ἐγὼ τόδ᾽ ἄλεισον ἐμὸν περικαλλὲς ὀπάσσω,
χρύσεον, ὄφρ᾽ ἐμέθεν μεμνημένος ἤματα πάντα
σπένδῃ ἐνὶ μεγάρῳ Διί τ᾽ ἄλλοισίν τε θεοῖσιν."
ὣς ἔφατ᾽, Ἀρήτη δὲ μετὰ δμῳῇσιν ἔειπεν
ἀμφὶ πυρὶ στῆσαι τρίποδα μέγαν ὅττι τάχιστα.
435 αἱ δὲ λοετροχόον τρίποδ᾽ ἵστασαν ἐν πυρὶ κηλέῳ,
ἔν δ᾽ ἄρ᾽ ὕδωρ ἔχεαν, ὑπὸ δὲ ξύλα δαῖον ἑλοῦσαι.
γάστρην μὲν τρίποδος πῦρ ἄμφεπε, θέρμετο δ᾽ ὕδωρ·
τόφρα δ᾽ ἄρ᾽ Ἀρήτη ξείνῳ περικαλλέα χηλὸν
ἐξέφερεν θαλάμοιο, τίθει δ᾽ ἐνὶ κάλλιμα δῶρα,
440 ἐσθῆτα χρυσόν τε, τά οἱ Φαίηκες ἔδωκαν·
ἐν δ᾽ αὐτὴ φᾶρος θῆκεν καλόν τε χιτῶνα,
καί μιν φωνήσασ᾽ ἔπεα πτερόεντα προσηύδα·
"αὐτὸς νῦν ἴδε πῶμα, θοῶς δ᾽ ἐπὶ δεσμὸν ἴηλον,
μή τίς τοι καθ᾽ ὁδὸν δηλήσεται, ὁππότ᾽ ἂν αὖτε
445 εὕδῃσθα γλυκὺν ὕπνον ἰὼν ἐν νηὶ μελαίνῃ."
αὐτὰρ ἐπεὶ τό γ᾽ ἄκουσε πολύτλας δῖος Ὀδυσσεύς,
αὐτίκ᾽ ἐπήρτυε πῶμα, θοῶς δ᾽ ἐπὶ δεσμὸν ἴηλεν
ποικίλον, ὅν ποτέ μιν δέδαε φρεσὶ πότνια Κίρκη·
αὐτόδιον δ᾽ ἄρα μιν ταμίη λούσασθαι ἀνώγει
| [8,400] Euryale, prenant la parole, répondit : « Puissant Alcinoos,
le plus fameux de tout ce peuple, je ferai donc réparation à
l'étranger comme tu le demandes. Je lui donnerai cette épée, qui
est toute en bronze et dont la poignée est ornée d'argent;
un fourreau d'ivoire récemment scié l'entoure; ce sera
pour lui un don d'un grand prix. » Ayant ainsi parlé, il
lui mettait entre les mains l'épée aux clous d'argent, et,
s'adressant à lui, il lui disait ces paroles ailées : « Salut,
père étranger; si j'ai prononcé quelque mot blessant, que
bien vite les vents le saisissent et l'emportent. Et que les
dieux t'accordent de revoir ton épouse et d'arriver en ta
patrie, puisque depuis longtemps tu souffres des maux
loin des tiens. » Ulysse l'avisé lui dit en réponse : « A toi
aussi, ami, salut de tout coeur; que les dieux t'accordent
la prospérité I Et puisses-tu n'avoir aucun regret de
cette épée, que tu m'as donnée en réparation de tes paroles ! »
II dit et se passa sur les épaules l'épée aux clous
d'argent. Le soleil se coucha, et les glorieux présents
étaient là pour lui. Les nobles hérauts les portaient en
la demeure d'Alcinoos. Les ayant donc reçus, les fils
de l'irréprochable Alcinoos placèrent ces dons magnifiques
devant leur vénérable mère. Alcinoos, fort et
vaillant, les guidait. Arrivés près d'elle, ils s'asseyaient
sur les hauts fauteuils. Alcinoos le vaillant dit à Arété :
« Femme, apporte ici un coffre convenable, le meilleur
que nous ayons; de ton côté place dedans un manteau
frais lavé et une tunique; puis mettez pour l'hôte un
chaudron de bronze sur le feu et faites chauffer l'eau,
afin qu'après s'être baigné et avoir vu bien rangés tous les
présents que les irréprochables Phéaciens lui ont
apportés ici, il goûte le plaisir du festin et des chants.
Moi, je veux pour ma part lui faire présent de cette
belle coupe d'or, pour que tous les jours il lui souvienne
de moi en faisant dans sa grand'salle ses libations à
Zeus et aux autres dieux. »
Ainsi parlait-il; Arété donna aux servantes l'ordre de
placer sur le feu un grand trépied, au plus vite. Elles
posèrent sur le feu flambant un trépied avec le bassin
pour l'eau du bain; puis elles y versaient l'eau, et, prenant
des bûches, les mettaient dessous pour entretenir
le feu. Les flammes enveloppaient les flancs du chaudron
et l'eau chauffait. Cependant Arété apportait de la
chambre un très beau coffre pour l'hôte et y disposait
les beaux présents, vêtements et or, que lui avaient
donnés les Phéaciens; elle y plaça de sa part un manteau
et une belle tunique, et, élevant la voix, lui adressa ces
paroles ailées : « Maintenant, veille toi-même au couvercle;
hâte-toi de l'entourer de cordes, de peur qu'on ne
te vole en chemin, quand, de nouveau, tu dormiras d'un
doux sommeil, une fois monté sur le vaisseau noir. »
Quand le divin Ulysse, qui avait tant souffert, eut
entendu ces mots, il ajusta sans tarder le couvercle, et
l'entoura de liens, qu'il fixa par un noeud savant, dont
l'auguste Circé lui avait appris autrefois le secret.
Sur-le-champ l'intendante l'invitait
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