HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Homère, Odyssée, Chant VIII

Vers 150-199

  Vers 150-199

[8,150] σοὶ δὁδὸς οὐκέτι δηρὸν ἀπέσσεται, ἀλλά τοι ἤδη
νηῦς τε κατείρυσται καὶ ἐπαρτέες εἰσὶν ἑταῖροι."
τὸν δἀπαμειβόμενος προσέφη πολύμητις Ὀδυσσεύς·
"Λαοδάμα, τί με ταῦτα κελεύετε κερτομέοντες;
κήδεά μοι καὶ μᾶλλον ἐνὶ φρεσὶν περ ἄεθλοι,
155 ὃς πρὶν μὲν μάλα πολλὰ πάθον καὶ πολλὰ μόγησα,
νῦν δὲ μεθὑμετέρῃ ἀγορῇ νόστοιο χατίζων
ἧμαι, λισσόμενος βασιλῆά τε πάντα τε δῆμον."
τὸν δαὖτΕὐρύαλος ἀπαμείβετο νείκεσέ τἄντην·
"οὐ γάρ σοὐδέ, ξεῖνε, δαήμονι φωτὶ ἐίσκω
160 ἄθλων, οἷά τε πολλὰ μετἀνθρώποισι πέλονται,
ἀλλὰ τῷ, ὅς θἅμα νηὶ πολυκλήιδι θαμίζων,
ἀρχὸς ναυτάων οἵ τε πρηκτῆρες ἔασιν,
φόρτου τε μνήμων καὶ ἐπίσκοπος ᾖσιν ὁδαίων
κερδέων θἁρπαλέων· οὐδἀθλητῆρι ἔοικας."
165 τὸν δἄρὑπόδρα ἰδὼν προσέφη πολύμητις Ὀδυσσεύς·
"ξεῖν᾽, οὐ καλὸν ἔειπες· ἀτασθάλῳ ἀνδρὶ ἔοικας.
οὕτως οὐ πάντεσσι θεοὶ χαρίεντα διδοῦσιν
ἀνδράσιν, οὔτε φυὴν οὔτἂρ φρένας οὔτἀγορητύν.
ἄλλος μὲν γάρ τεἶδος ἀκιδνότερος πέλει ἀνήρ,
170 ἀλλὰ θεὸς μορφὴν ἔπεσι στέφει, οἱ δέ τἐς αὐτὸν
τερπόμενοι λεύσσουσιν· δἀσφαλέως ἀγορεύει
αἰδοῖ μειλιχίῃ, μετὰ δὲ πρέπει ἀγρομένοισιν,
ἐρχόμενον δἀνὰ ἄστυ θεὸν ὣς εἰσορόωσιν.
ἄλλος δαὖ εἶδος μὲν ἀλίγκιος ἀθανάτοισιν,
175 ἀλλοὔ οἱ χάρις ἀμφιπεριστέφεται ἐπέεσσιν,
ὡς καὶ σοὶ εἶδος μὲν ἀριπρεπές, οὐδέ κεν ἄλλως
οὐδὲ θεὸς τεύξειε, νόον δἀποφώλιός ἐσσι.
ὤρινάς μοι θυμὸν ἐνὶ στήθεσσι φίλοισιν
εἰπὼν οὐ κατὰ κόσμον. ἐγὼ δοὐ νῆις ἀέθλων,
180 ὡς σύ γε μυθεῖαι, ἀλλἐν πρώτοισιν ὀίω
ἔμμεναι, ὄφρἥβῃ τε πεποίθεα χερσί τἐμῇσι.
νῦν δἔχομαι κακότητι καὶ ἄλγεσι· πολλὰ γὰρ ἔτλην
ἀνδρῶν τε πτολέμους ἀλεγεινά τε κύματα πείρων.
ἀλλὰ καὶ ὥς, κακὰ πολλὰ παθών, πειρήσομἀέθλων·
185 θυμοδακὴς γὰρ μῦθος, ἐπώτρυνας δέ με εἰπών."
ῥα καὶ αὐτῷ φάρει ἀναΐξας λάβε δίσκον
μείζονα καὶ πάχετον, στιβαρώτερον οὐκ ὀλίγον περ
οἵῳ Φαίηκες ἐδίσκεον ἀλλήλοισι.
τόν ῥα περιστρέψας ἧκε στιβαρῆς ἀπὸ χειρός,
190 βόμβησεν δὲ λίθος· κατὰ δἔπτηξαν ποτὶ γαίῃ
Φαίηκες δολιχήρετμοι, ναυσίκλυτοι ἄνδρες,
λᾶος ὑπὸ ῥιπῆς· δὑπέρπτατο σήματα πάντων
ῥίμφα θέων ἀπὸ χειρός. ἔθηκε δὲ τέρματἈθήνη
ἀνδρὶ δέμας ἐικυῖα, ἔπος τἔφατἔκ τὀνόμαζεν·
195 "καί κἀλαός τοι, ξεῖνε, διακρίνειε τὸ σῆμα
ἀμφαφόων, ἐπεὶ οὔ τι μεμιγμένον ἐστὶν ὁμίλῳ,
ἀλλὰ πολὺ πρῶτον. σὺ δὲ θάρσει τόνδε γἄεθλον·
οὔ τις Φαιήκων τόδε γἵξεται, οὐδὑπερήσει."
"ὣς φάτο, γήθησεν δὲ πολύτλας δῖος Ὀδυσσεύς,
[8,150] Ton départ ne tardera plus guère; pour toi déjà le navire est à flot et l'équipage prêt. » Le prudent Ulysse lui répondit : « Laodamas, pourquoi m'invitez-vous par dérision? J'ai au coeur d'autres soucis que des jeux. Jusqu'à ce jour, j'ai tant subi d'épreuves, tant enduré de fatigues; maintenant encore, dans votre assemblée, où je suis assis, je sens le besoin du retour, et j'implore votre roi et tout votre peuple. » Alors Euryale lui répondit, le raillant face à face : « Vraiment non, étranger, tu ne me sembles pas expert aux jeux de toute sorte où s'exercent les hommes; tu me parais celui qui, allant et venant sur un bateau aux nombreuses échaumes, commande à des matelots trafiquants, tient mémoire de la cargaison, surveille le chargement et les marchandises volées. Tu n'as rien d'un athlète ! » Le prudent Ulysse, le regardant par-dessous les sourcils, lui repartit : « Mon hôte, ce que tu as dit est mal; tu m'as l'air d'un fou. Les dieux n'accordent pas mêmes faveurs à tous les hommes, la taille, le sens, l'éloquence. L'un a moins belle apparence, mais le dieu met une couronne de beauté sur ses paroles, et tous le regardent charmés; il parle sans faillir, avec une douce modestie; il se distingue parmi les hommes assemblés, et, quand il va par la ville, on le regarde comme on fait un dieu. Un autre est en beauté comparable aux Immortels, mais la grâce ne couronne pas ses paroles. Ainsi de toi : ta beauté, certes, est très remarquable, et un dieu même n'aurait pas mieux fait; mais pour l'esprit, tu es vide. Tu as soulevé mon coeur dans ma poitrine par tes paroles inconsidérées. Je ne suis pas inhabile aux jeux comme tu le prétends, je crois y avoir été des premiers, tant que je me pus fier à ma jeunesse et à mes bras. Maintenant je suis en proie au malheur et aux souffrances; combien ai-je enduré, en traversant les batailles contre les hommes et les flots cruels ! Mais, malgré tous les maux que j'ai soufferts, j'essaierai des jeux; tes paroles m'ont mordu au coeur, et ton discours m'a provoqué. » Il dit, et, s'élançant sans quitter son manteau, il saisit un disque plus grand que les autres, massif, plus lourd, et de beaucoup, que celui avec lequel les Phéaciens s'étaient mesurés ensemble. Après l'avoir fait tourner, il le lâcha de sa main puissante; la pierre siffla, et les Phéaciens aux longues rames, fameux pour leurs vaisseaux, baissèrent la tête vers le sol, sous le vol du disque. Il passa par-dessus les marques de tous les jouteurs, tant la main du lanceur lui avait imprimé d'élan. Athéné, qui avait pris l'aspect d'un homme, posa la marque, puis, élevant la voix, lui adressa ces mots : « Un aveugle même, étranger, distinguerait ta marque à tâtons, car elle ne se confond guère avec toutes les autres; elle est beaucoup plus avant. Prends courage après ce coup. Aucun des Phéaciens n'atteindra ce point, loin de le dépasser. » Ainsi parla-t-elle, et le divin Ulysse qui avait tant souffert,


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Dernière mise à jour : 6/10/2005