HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Homère, Odyssée, Chant V

Vers 100-149

  Vers 100-149

[5,100] τίς δἂν ἑκὼν τοσσόνδε διαδράμοι ἁλμυρὸν ὕδωρ
ἄσπετον; οὐδέ τις ἄγχι βροτῶν πόλις, οἵ τε θεοῖσιν
ἱερά τε ῥέζουσι καὶ ἐξαίτους ἑκατόμβας.
ἀλλὰ μάλοὔ πως ἔστι Διὸς νόον αἰγιόχοιο
οὔτε παρεξελθεῖν ἄλλον θεὸν οὔθἁλιῶσαι.
105 φησί τοι ἄνδρα παρεῖναι ὀιζυρώτατον ἄλλων,
τῶν ἀνδρῶν, οἳ ἄστυ πέρι Πριάμοιο μάχοντο
εἰνάετες, δεκάτῳ δὲ πόλιν πέρσαντες ἔβησαν
οἴκαδ᾽· ἀτὰρ ἐν νόστῳ Ἀθηναίην ἀλίτοντο,
σφιν ἐπῶρσἄνεμόν τε κακὸν καὶ κύματα μακρά.
110 ἔνθἄλλοι μὲν πάντες ἀπέφθιθεν ἐσθλοὶ ἑταῖροι,
τὸν δἄρα δεῦρἄνεμός τε φέρων καὶ κῦμα πέλασσε.
τὸν νῦν σἠνώγειν ἀποπεμπέμεν ὅττι τάχιστα·
οὐ γάρ οἱ τῇδαἶσα φίλων ἀπονόσφιν ὀλέσθαι,
ἀλλἔτι οἱ μοῖρἐστὶ φίλους τἰδέειν καὶ ἱκέσθαι
115 οἶκον ἐς ὑψόροφον καὶ ἑὴν ἐς πατρίδα γαῖαν."
ὣς φάτο, ῥίγησεν δὲ Καλυψώ, δῖα θεάων,
καί μιν φωνήσασἔπεα πτερόεντα προσηύδα·
"σχέτλιοί ἐστε, θεοί, ζηλήμονες ἔξοχον ἄλλων,
οἵ τε θεαῖς ἀγάασθε παρἀνδράσιν εὐνάζεσθαι
120 ἀμφαδίην, ἤν τίς τε φίλον ποιήσετἀκοίτην.
ὣς μὲν ὅτὨρίωνἕλετο ῥοδοδάκτυλος Ἠώς,
τόφρα οἱ ἠγάασθε θεοὶ ῥεῖα ζώοντες,
ἧος ἐν Ὀρτυγίῃ χρυσόθρονος Ἄρτεμις ἁγνὴ
οἷς ἀγανοῖς βελέεσσιν ἐποιχομένη κατέπεφνεν.
125 ὣς δὁπότἸασίωνι ἐυπλόκαμος Δημήτηρ,
θυμῷ εἴξασα, μίγη φιλότητι καὶ εὐνῇ
νειῷ ἔνι τριπόλῳ· οὐδὲ δὴν ἦεν ἄπυστος
Ζεύς, ὅς μιν κατέπεφνε βαλὼν ἀργῆτι κεραυνῷ.
ὥς δαὖ νῦν μοι ἄγασθε, θεοί, βροτὸν ἄνδρα παρεῖναι.
130 τὸν μὲν ἐγὼν ἐσάωσα περὶ τρόπιος βεβαῶτα
οἶον, ἐπεί οἱ νῆα θοὴν ἀργῆτι κεραυνῷ
Ζεὺς ἔλσας ἐκέασσε μέσῳ ἐνὶ οἴνοπι πόντῳ.
ἔνθἄλλοι μὲν πάντες ἀπέφθιθεν ἐσθλοὶ ἑταῖροι,
τὸν δἄρα δεῦρἄνεμός τε φέρων καὶ κῦμα πέλασσε.
135 τὸν μὲν ἐγὼ φίλεόν τε καὶ ἔτρεφον, ἠδὲ ἔφασκον
θήσειν ἀθάνατον καὶ ἀγήραον ἤματα πάντα.
ἀλλἐπεὶ οὔ πως ἔστι Διὸς νόον αἰγιόχοιο
οὔτε παρεξελθεῖν ἄλλον θεὸν οὔθἁλιῶσαι,
ἐρρέτω, εἴ μιν κεῖνος ἐποτρύνει καὶ ἀνώγει,
140 πόντον ἐπἀτρύγετον· πέμψω δέ μιν οὔ πῃ ἐγώ γε·
οὐ γάρ μοι πάρα νῆες ἐπήρετμοι καὶ ἑταῖροι,
οἵ κέν μιν πέμποιεν ἐπεὐρέα νῶτα θαλάσσης.
αὐτάρ οἱ πρόφρων ὑποθήσομαι, οὐδἐπικεύσω,
ὥς κε μάλἀσκηθὴς ἣν πατρίδα γαῖαν ἵκηται."
145 τὴν δαὖτε προσέειπε διάκτορος ἀργεϊφόντης·
"οὕτω νῦν ἀπόπεμπε, Διὸς δἐποπίζεο μῆνιν,
μή πώς τοι μετόπισθε κοτεσσάμενος χαλεπήνῃ."
ὣς ἄρα φωνήσας ἀπέβη κρατὺς ἀργεϊφόντης·
δἐπὈδυσσῆα μεγαλήτορα πότνια νύμφη
[5,100] Qui, de son gré, parcourrait un si grand espace d'eau salée, plus étendu qu'on ne saurait dire? Il n'y a près d'ici aucune cité de mortels, qui offrent aux dieux des sacrifices et des hécatombes choisies. Mais il n'est pour un autre dieu nul moyen d'éluder ou de rendre vaine la volonté de Zeus qui porte l'égide. Or il dit qu'un homme est ici, le plus malheureux de tous les héros, qui luttaient autour de la ville de Priam, neuf années durant, et qui la dixième, ayant mis à sac la cité s'en revinrent, chez eux; mais, au retour, ils offensèrent Athéné, qui souleva contre eux un mauvais vent et de grandes houles. Alors, tous ses valeureux compagnons périrent, et lui, le vent le porta jusqu'ici, et le flot l'approcha de cette île. Il t'ordonne de le laisser partir maintenant et au plus vite; car son destin n'est pas de périr ici loin des siens; il lui est réservé de voir encore ses amis et de revenir en sa maison au toit élevé, vers le pays de ses pères. » Il parla ainsi; Calypso, l'auguste déesse, frémit, puis élevant la voix, lui adressa ces paroles ailées : « Dieux, vous êtes cruels, et plus enclins que d'autres à la jalousie; vous qui n'acceptez pas de voir des déesses s'unir à des hommes, sans se cacher, si quelqu'une ouvre sa couche à celui qu'elle aime. Ainsi quand Aurore aux doigts de rose choisit Orion, vous, dieux qui vivez dans la joie, vous vous indigniez, et il fallut qu'en Ortygie la chaste Artémis au trône d'or le fît mourir en l'allant toucher de ses doux traits. Ainsi, quand Déméter aux belles boucles, cédant à son coeur, s'unit d'amour à Iasion et se donna à lui dans un champ trois fois labouré, Zeus ne tarda pas à l'apprendre, et le fit mourir, en le frappant de sa foudre éclatante. Et c'est ainsi que maintenant, dieux, vous me jalousez, parce qu'un mortel est près de moi. Je l'ai sauvé, quand il avait enfourché sa quille, tout seul, après que Zeus, ayant frappé de la foudre éclatante son vaisseau rapide, l'eut brisé au milieu de la mer vineuse. Alors tous ses valeureux compagnons périrent, et lui, le vent le porta jusqu'ici, le flot l'approcha de cette île. Je l'aimais et le nourrissais; je me promettais de le rendre immortel et de le préserver de la vieillesse pendant tous ses jours. Mais puisqu'il n'est pour un autre dieu aucun moyen d'éluder ou rendre vaine la volonté de Zeus qui porte l'égide, qu'il s'en aille, si Zeus l'y pousse et l'ordonne, sur la mer inlassable. Mais le ramener, moi je ne puis; je n'ai point de vaisseaux à rames ni de compagnons pour le conduire sur le vaste dos de la mer. Je le conseillerai pourtant de bon coeur, et ne lui cacherai rien, afin qu'il revienne sauf en sa patrie. » Le messager Argiphonte lui repartit : « Renvoie-le maintenant comme tu dis, et prends garde à la colère de Zeus; ne va pas le courroucer et t'en faire à l'avenir un ennemi. » Ayant ainsi parlé, le fort Argiphonte se retira. Et l'auguste nymphe alla vers Ulysse au grand coeur,


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Dernière mise à jour : 9/09/2005