HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Homère, Odyssée, Chant II

Vers 1-99

  Vers 1-99

[2,0] Ραψωδία β΄
1 ἦμος δἠριγένεια φάνη ῥοδοδάκτυλος Ἠώς,
ὤρνυτἄρἐξ εὐνῆφιν Ὀδυσσῆος φίλος υἱὸς
εἵματα ἑσσάμενος, περὶ δὲ ξίφος ὀξὺ θέτὤμῳ,
ποσσὶ δὑπὸ λιπαροῖσιν ἐδήσατο καλὰ πέδιλα,
5 βῆ δἴμεν ἐκ θαλάμοιο θεῷ ἐναλίγκιος ἄντην.
αἶψα δὲ κηρύκεσσι λιγυφθόγγοισι κέλευσε
κηρύσσειν ἀγορήνδε κάρη κομόωντας Ἀχαιούς.
οἱ μὲν ἐκήρυσσον, τοὶ δἠγείροντο μάλὦκα.
αὐτὰρ ἐπεί ἤγερθεν ὁμηγερέες τἐγένοντο,
10 βῆ ἴμεν εἰς ἀγορήν, παλάμῃ δἔχε χάλκεον ἔγχος,
οὐκ οἶος, ἅμα τῷ γε δύω κύνες ἀργοὶ ἕποντο.
θεσπεσίην δἄρα τῷ γε χάριν κατέχευεν Ἀθήνη.
τὸν δἄρα πάντες λαοὶ ἐπερχόμενον θηεῦντο·
ἕζετο δἐν πατρὸς θώκῳ, εἶξαν δὲ γέροντες.
15 τοῖσι δἔπειθἥρως Αἰγύπτιος ἦρχἀγορεύειν,
ὃς δὴ γήραϊ κυφὸς ἔην καὶ μυρία ᾔδη.
καὶ γὰρ τοῦ φίλος υἱὸς ἅμἀντιθέῳ Ὀδυσῆι
Ἴλιον εἰς ἐύπωλον ἔβη κοίλῃς ἐνὶ νηυσίν,
Ἄντιφος αἰχμητής· τὸν δἄγριος ἔκτανε Κύκλωψ
20 ἐν σπῆι γλαφυρῷ, πύματον δὡπλίσσατο δόρπον.
τρεῖς δέ οἱ ἄλλοι ἔσαν, καὶ μὲν μνηστῆρσιν ὁμίλει,
Εὐρύνομος, δύο δαἰὲν ἔχον πατρώια ἔργα.
ἀλλοὐδὣς τοῦ λήθετὀδυρόμενος καὶ ἀχεύων.
τοῦ γε δάκρυ χέων ἀγορήσατο καὶ μετέειπε·
25 "κέκλυτε δὴ νῦν μευ, Ἰθακήσιοι, ὅττι κεν εἴπω·
οὔτε ποθἡμετέρη ἀγορὴ γένετοὔτε θόωκος
ἐξ οὗ Ὀδυσσεὺς δῖος ἔβη κοίλῃς ἐνὶ νηυσί.
νῦν δὲ τίς ὧδἤγειρε; τίνα χρειὼ τόσον ἵκει
ἠὲ νέων ἀνδρῶν οἳ προγενέστεροί εἰσιν;
30 ἠέ τινἀγγελίην στρατοῦ ἔκλυεν ἐρχομένοιο,
ἥν χἡμῖν σάφα εἴποι, ὅτε πρότερός γε πύθοιτο;
ἦέ τι δήμιον ἄλλο πιφαύσκεται ἠδἀγορεύει;
ἐσθλός μοι δοκεῖ εἶναι, ὀνήμενος. εἴθε οἱ αὐτῷ
Ζεὺς ἀγαθὸν τελέσειεν, ὅτι φρεσὶν ᾗσι μενοινᾷ."
35 ὣς φάτο, χαῖρε δὲ φήμῃ Ὀδυσσῆος φίλος υἱός,
οὐδἄρἔτι δὴν ἧστο, μενοίνησεν δἀγορεύειν,
στῆ δὲ μέσῃ ἀγορῇ· σκῆπτρον δέ οἱ ἔμβαλε χειρὶ
κῆρυξ Πεισήνωρ πεπνυμένα μήδεα εἰδώς.
πρῶτον ἔπειτα γέροντα καθαπτόμενος προσέειπεν·
40 " γέρον, οὐχ ἑκὰς οὗτος ἀνήρ, τάχα δεἴσεαι αὐτός,
ὃς λαὸν ἤγειρα· μάλιστα δέ μἄλγος ἱκάνει.
οὔτε τινἀγγελίην στρατοῦ ἔκλυον ἐρχομένοιο,
ἥν χὑμῖν σάφα εἴπω, ὅτε πρότερός γε πυθοίμην,
οὔτε τι δήμιον ἄλλο πιφαύσκομαι οὐδἀγορεύω,
45 ἀλλἐμὸν αὐτοῦ χρεῖος, μοι κακὰ ἔμπεσεν οἴκῳ
δοιά· τὸ μὲν πατέρἐσθλὸν ἀπώλεσα, ὅς ποτἐν ὑμῖν
τοίσδεσσιν βασίλευε, πατὴρ δὣς ἤπιος ἦεν·
νῦν δαὖ καὶ πολὺ μεῖζον, δὴ τάχα οἶκον ἅπαντα
πάγχυ διαρραίσει, βίοτον δἀπὸ πάμπαν ὀλέσσει.
[2,0] CHANT II A peine la matinale Aurore aux doigts de rose eut-elle amené le jour, que le fils d'Ulysse se précipite de sa couche; il est bientôt couvert de ses vêtements; à ses pieds éclatent ses superbes brodequins; son épaule est chargée d'un baudrier auquel est suspendu son glaive acéré. Il sort, semblable à une divinité : soudain il ordonne aux hérauts d'élever leurs voix sonores, et de convoquer les citoyens. Ils font retentir les airs de leurs cris, le peuple accourt, il est rassemblé en un moment. Dès que la foule est réunie, que les rangs sont pressés, Télémaque marche vers la place publique; sa main est armée d'un javelot d'airain; il est suivi de deux chiens fidèles, les plus agiles de leur race. Par le pouvoir d'Athéna, un charme divin est répandu sur toute sa personne; la foule entière, immobile d'admiration, a l'oeil attaché sur le jeune prince qui s'avance. Il va s'asseoir sur le trône de son père, que les vieillards lui ont cédé avec respect. Un des chefs de l'assemblée, le héros Égyptius, est le premier qui se lève. Courbé par la vieillesse, il avait acquis une longue expérience. Un fils qu'il aimait tendrement, le brave Antiphus, était monté dans le vaisseau qui conduisit Ulysse aux champs de Troie : parmi les compagnons de ce héros qui le suivirent dans la caverne du plus féroce des cyclopes, il avait le dernier servi de pâture au monstre. Trois fils restaient encore à ce père infortuné : l'un, Eurynome, était au nombre des amants de Pénélope; les deux autres cultivaient les champs paternels : cependant le vieillard ne cessait de pleurer celui qui s'était éloigné de ces bords ; et ayant encore en ce moment l'oeil humide de larmes : "Citoyens d'Ithaque, dit-il, qu'il me soit enfin permis d'élever ici la voix. Depuis que le divin Ulysse a quitté ce rivage nous n'avons connu ni conseil ni délibération. Qui donc nous a convoqués en ce jour ? est-ce l'un de nos jeunes hommes ou de nos vieillards ? quel motif si important l'y détermine ? a-t-il reçu quelque avis et retour de notre armée; et, instruit le premier de cette heureuse nouvelle, est-il impatient de la rendre publique ? a-t-il enfanté un projet qui intéresse le salut de tout le peuple? Quelque but qui l'anime, j'en tire un favorable présage; il a sans doute l'âme élevée; il ne respire que la justice, la bienveillance. Il est digne d'obtenir notre appui. Veuillent les dieux accomplir les desseins qui roulent dans son coeur!" Il parlait encore, que le jeune prince, charmé de ces mots qu'il regarde comme un heureux augure, et brûlant de rompre le silence, ne peut rester plus longtemps assis, et se montre debout au milieu de la nombreuse assemblée. Un héraut doué de prudence, Pisénor, se hâte de l'armer du sceptre; et Télémaque, s'adressant au vieillard : "Sans aller loin d'ici, dit-il, tu vois celui que tu demandes; c'est moi qui ai convoqué ce peuple. Il n'est point ici de plus infortuné que moi. Je n'ai point à vous annoncer la nouvelle du retour de notre armée, ni à vous communiquer aucun projet qui intéresse la félicité des citoyens : je ne parlerai que de moi seul, du grand désastre, que dis-je, du double désastre qui désole ma maison. D'abord j'ai perdu ce bon père, jadis votre roi, qui fut aussi pour vous le père le plus tendre. A cette perte se joint un autre malheur non moins terrible, en ce qu'il entraînera bientôt la ruine totale de ma maison et de tous mes biens.
[2,50] μητέρι μοι μνηστῆρες ἐπέχραον οὐκ ἐθελούσῃ,
τῶν ἀνδρῶν φίλοι υἷες, οἳ ἐνθάδε γεἰσὶν ἄριστοι,
οἳ πατρὸς μὲν ἐς οἶκον ἀπερρίγασι νέεσθαι
Ἰκαρίου, ὥς καὐτὸς ἐεδνώσαιτο θύγατρα,
δοίη δ κἐθέλοι καί οἱ κεχαρισμένος ἔλθοι·
55 οἱ δεἰς ἡμέτερον πωλεύμενοι ἤματα πάντα,
βοῦς ἱερεύοντες καὶ ὄις καὶ πίονας αἶγας
εἰλαπινάζουσιν πίνουσί τε αἴθοπα οἶνον
μαψιδίως· τὰ δὲ πολλὰ κατάνεται. οὐ γὰρ ἔπἀνήρ,
οἷος Ὀδυσσεὺς ἔσκεν, ἀρὴν ἀπὸ οἴκου ἀμῦναι.
60 ἡμεῖς δοὔ νύ τι τοῖοι ἀμυνέμεν· καὶ ἔπειτα
λευγαλέοι τἐσόμεσθα καὶ οὐ δεδαηκότες ἀλκήν.
τἂν ἀμυναίμην, εἴ μοι δύναμίς γε παρείη.
οὐ γὰρ ἔτἀνσχετὰ ἔργα τετεύχαται, οὐδἔτι καλῶς
οἶκος ἐμὸς διόλωλε. νεμεσσήθητε καὶ αὐτοί,
65 ἄλλους ταἰδέσθητε περικτίονας ἀνθρώπους,
οἳ περιναιετάουσι· θεῶν δὑποδείσατε μῆνιν,
μή τι μεταστρέψωσιν ἀγασσάμενοι κακὰ ἔργα.
λίσσομαι ἠμὲν Ζηνὸς Ὀλυμπίου ἠδὲ Θέμιστος,
τἀνδρῶν ἀγορὰς ἠμὲν λύει ἠδὲ καθίζει·
70 σχέσθε, φίλοι, καί μοἶον ἐάσατε πένθεϊ λυγρῷ
τείρεσθ᾽, εἰ μή πού τι πατὴρ ἐμὸς ἐσθλὸς Ὀδυσσεὺς
δυσμενέων κάκἔρεξεν ἐυκνήμιδας Ἀχαιούς,
τῶν μἀποτινύμενοι κακὰ ῥέζετε δυσμενέοντες,
τούτους ὀτρύνοντες. ἐμοὶ δέ κε κέρδιον εἴη
75 ὑμέας ἐσθέμεναι κειμήλιά τε πρόβασίν τε.
εἴ χὑμεῖς γε φάγοιτε, τάχἄν ποτε καὶ τίσις εἴη·
τόφρα γὰρ ἂν κατὰ ἄστυ ποτιπτυσσοίμεθα μύθῳ
χρήματἀπαιτίζοντες, ἕως κἀπὸ πάντα δοθείη·
νῦν δέ μοι ἀπρήκτους ὀδύνας ἐμβάλλετε θυμῷ."
80 ὣς φάτο χωόμενος, ποτὶ δὲ σκῆπτρον βάλε γαίῃ
δάκρυἀναπρήσας· οἶκτος δἕλε λαὸν ἅπαντα.
ἔνθἄλλοι μὲν πάντες ἀκὴν ἔσαν, οὐδέ τις ἔτλη
Τηλέμαχον μύθοισιν ἀμείψασθαι χαλεποῖσιν·
Ἀντίνοος δέ μιν οἶος ἀμειβόμενος προσέειπε·
85 "Τηλέμαχὑψαγόρη, μένος ἄσχετε, ποῖον ἔειπες
ἡμέας αἰσχύνων· ἐθέλοις δέ κε μῶμον ἀνάψαι.
σοὶ δοὔ τι μνηστῆρες Ἀχαιῶν αἴτιοί εἰσιν,
ἀλλὰ φίλη μήτηρ, τοι πέρι κέρδεα οἶδεν.
ἤδη γὰρ τρίτον ἐστὶν ἔτος, τάχα δεἶσι τέταρτον,
90 ἐξ οὗ ἀτέμβει θυμὸν ἐνὶ στήθεσσιν Ἀχαιῶν.
πάντας μέν ἔλπει καὶ ὑπίσχεται ἀνδρὶ ἑκάστῳ
ἀγγελίας προϊεῖσα, νόος δέ οἱ ἄλλα μενοινᾷ.
δὲ δόλον τόνδἄλλον ἐνὶ φρεσὶ μερμήριξε·
στησαμένη μέγαν ἱστὸν ἐνὶ μεγάροισιν ὕφαινε,
95 λεπτὸν καὶ περίμετρον· ἄφαρ δἡμῖν μετέειπε·
"᾽κοῦροι ἐμοὶ μνηστῆρες, ἐπεὶ θάνε δῖος Ὀδυσσεύς,
μίμνετἐπειγόμενοι τὸν ἐμὸν γάμον, εἰς κε φᾶρος
ἐκτελέσω, μή μοι μεταμώνια νήματὄληται,
Λαέρτῃ ἥρωι ταφήιον, εἰς ὅτε κέν μιν
[2,50] Des hommes hardis, les fils de nos personnages les plus puissants, fondent dans notre palais, s'obstinent à rechercher, contre son gré, la main de ma mère. Ils n'osent aller chez son père Icare le solliciter de la donner, elle et la dot! qui doit être son partage, à celui dont il agréera l'alliance. Maîtres dans ma demeure, ils immolent pour leurs festins mes brebis, mes chèvres, mes génisses; le vin y coule à longs flots; tout est en proie à la rapine, à la licence : il n'est plus ici de héros tel qu'Ulysse pour écarter ce fléau de son palais. Hélas! nous ne le pouvons. Jeune encore, je ne suis point exercé dans les combats : si ma force répondait à mon ardeur, c'est moi qui repousserais leur audace, car on ne saurait plus tolérer ces attentats : mon nom va être extirpé de la terre avec infamie. Soyez-en donc vous-mêmes indignés. Citoyens, si vous ne respectez pas le jugement des peuples qui vous environnent, craignez les dieux; craignez que la vengeance de ces forfaits ne tombe sur vos propres têtes. Amis, au nom de Jupiter, assis dans l'Olympe, au nom de Thémis, qui préside aux assemblées des peuples, cessez, je vous en conjure, de vous joindre à mes oppresseurs; le deuil où me plonge une perte cruelle suffit pour m'accabler. Mon père, le sage Ulysse, s'est-il rendu coupable de quelque injustice envers les Grecs? Pour m'en punir, m'abandonnez-vous à la haine de ces hommes violents, et vous plaisez-vous encore à l'attiser? Soyez plutôt vos propres vengeurs. Prenez mes biens, les produits de mes champs; dépouillez-moi de mon héritage : dans ce malheur, l'espoir ne serait pas éteint au fond de mon âme ; mes sollicitations vous poursuivront en tous lieux; peut-être que, saisis de honte et de remords, vous me rétablirez dans mes droits. Maintenant, ô citoyens, vous déchirez mon coeur de blessures mortelles." Il dit avec colère et jette son sceptre en répandant des larmes. Le peuple est ému de compassion: tous les amants de Pénélope demeurent muets; le reproche injurieux expire sur leurs lèvres. Le seul Antinoüs, plus hardi, lui répond : "Télémaque, harangueur superbe, maîtrisé par la colère, qu'as-tu dit? de quels opprobres viens-tu de nous couvrir? as-tu résolu d'imprimer sur nous une tache infamante? N'accuse point de tes malheurs les rivaux; ne t'en prends qu'à ta mère dont l'esprit est nourri d'artifices. Déjà trois ans se sont écoulés, et le quatrième va se terminer, depuis qu'elle se joue des plus illustres personnages de la Grèce, elle nous repaît d'illusions; ses messagers apportent à chacun de nous des promesses flatteuses : mais son coeur n'est point d'accord avec sa bouche. Elle a eu recours à une autre ruse. Après avoir commencé à former une toile d'une grandeur immense et du tissu le plus fin, elle nous dit : "Jeunes hommes qui sollicitez ma main, le grand Ulysse n'est plus; mais réprimez votre impatiente ardeur jusqu'à ce que j'aie achevé un travail auquel je consacre tous mes instants; perdrais-je des fils préparés pour un devoir si pieux? C'est le vêtement funèbre qui doit ensevelir un héros, le vieux Laërte,


Recherches | Texte | Lecture | Liste du vocabulaire | Index inverse | Menu | Site PHILOCTETES |

 
UCL | FLTR | Hodoi Elektronikai | Itinera Electronica | Bibliotheca Classica Selecta (BCS) |
Ingénierie Technologies de l'Information : B. Maroutaeff - C. Ruell - J. Schumacher

Dernière mise à jour : 26/05/2005