HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Homère, L'Iliade, chant XXII

Vers 450-515

  Vers 450-515

[22,450] δεῦτε δύω μοι ἕπεσθον, ἴδωμὅτινἔργα τέτυκται.
αἰδοίης ἑκυρῆς ὀπὸς ἔκλυον, ἐν δἐμοὶ αὐτῇ
στήθεσι πάλλεται ἦτορ ἀνὰ στόμα, νέρθε δὲ γοῦνα
πήγνυται· ἐγγὺς δή τι κακὸν Πριάμοιο τέκεσσιν.
αἲ γὰρ ἀποὔατος εἴη ἐμεῦ ἔπος· ἀλλὰ μάλαἰνῶς
455 δείδω μὴ δή μοι θρασὺν Ἕκτορα δῖος Ἀχιλλεὺς
μοῦνον ἀποτμήξας πόλιος πεδίον δὲ δίηται,
καὶ δή μιν καταπαύσῃ ἀγηνορίης ἀλεγεινῆς
μιν ἔχεσκ᾽, ἐπεὶ οὔ ποτἐνὶ πληθυῖ μένεν ἀνδρῶν,
ἀλλὰ πολὺ προθέεσκε, τὸ ὃν μένος οὐδενὶ εἴκων.
460 ὣς φαμένη μεγάροιο διέσσυτο μαινάδι ἴση
παλλομένη κραδίην· ἅμα δἀμφίπολοι κίον αὐτῇ
αὐτὰρ ἐπεὶ πύργόν τε καὶ ἀνδρῶν ἷξεν ὅμιλον
ἔστη παπτήνασἐπὶ τείχεϊ, τὸν δὲ νόησεν
ἑλκόμενον πρόσθεν πόλιος· ταχέες δέ μιν ἵπποι
465 ἕλκον ἀκηδέστως κοίλας ἐπὶ νῆας Ἀχαιῶν.
τὴν δὲ κατὀφθαλμῶν ἐρεβεννὴ νὺξ ἐκάλυψεν,
ἤριπε δἐξοπίσω, ἀπὸ δὲ ψυχὴν ἐκάπυσσε.
τῆλε δἀπὸ κρατὸς βάλε δέσματα σιγαλόεντα,
ἄμπυκα κεκρύφαλόν τε ἰδὲ πλεκτὴν ἀναδέσμην
470 κρήδεμνόν θ᾽, ῥά οἱ δῶκε χρυσῆ Ἀφροδίτη
ἤματι τῷ ὅτε μιν κορυθαίολος ἠγάγεθἝκτωρ
ἐκ δόμου Ἠετίωνος, ἐπεὶ πόρε μυρία ἕδνα.
ἀμφὶ δέ μιν γαλόῳ τε καὶ εἰνατέρες ἅλις ἔσταν,
αἵ μετὰ σφίσιν εἶχον ἀτυζομένην ἀπολέσθαι.
475 δἐπεὶ οὖν ἔμπνυτο καὶ ἐς φρένα θυμὸς ἀγέρθη
ἀμβλήδην γοόωσα μετὰ Τρῳῇσιν ἔειπεν·
Ἕκτορ ἐγὼ δύστηνος· ἰῇ ἄρα γεινόμεθαἴσῃ
ἀμφότεροι, σὺ μὲν ἐν Τροίῃ Πριάμου κατὰ δῶμα,
αὐτὰρ ἐγὼ Θήβῃσιν ὑπὸ Πλάκῳ ὑληέσσῃ
480 ἐν δόμῳ Ἠετίωνος, μἔτρεφε τυτθὸν ἐοῦσαν
δύσμορος αἰνόμορον· ὡς μὴ ὤφελλε τεκέσθαι.
νῦν δὲ σὺ μὲν Ἀΐδαο δόμους ὑπὸ κεύθεσι γαίης
ἔρχεαι, αὐτὰρ ἐμὲ στυγερῷ ἐνὶ πένθεϊ λείπεις
χήρην ἐν μεγάροισι· πάϊς δἔτι νήπιος αὔτως,
485 ὃν τέκομεν σύ τἐγώ τε δυσάμμοροι· οὔτε σὺ τούτῳ
ἔσσεαι Ἕκτορ ὄνειαρ ἐπεὶ θάνες, οὔτε σοὶ οὗτος.
ἤν περ γὰρ πόλεμόν γε φύγῃ πολύδακρυν Ἀχαιῶν,
αἰεί τοι τούτῳ γε πόνος καὶ κήδεὀπίσσω
ἔσσοντ᾽· ἄλλοι γάρ οἱ ἀπουρίσσουσιν ἀρούρας.
490 ἦμαρ δὀρφανικὸν παναφήλικα παῖδα τίθησι·
πάντα δὑπεμνήμυκε, δεδάκρυνται δὲ παρειαί,
δευόμενος δέ τἄνεισι πάϊς ἐς πατρὸς ἑταίρους,
ἄλλον μὲν χλαίνης ἐρύων, ἄλλον δὲ χιτῶνος·
τῶν δἐλεησάντων κοτύλην τις τυτθὸν ἐπέσχε·
495 χείλεα μέν τἐδίην᾽, ὑπερῴην δοὐκ ἐδίηνε.
τὸν δὲ καὶ ἀμφιθαλὴς ἐκ δαιτύος ἐστυφέλιξε
χερσὶν πεπλήγων καὶ ὀνειδείοισιν ἐνίσσων·
ἔρροὕτως· οὐ σός γε πατὴρ μεταδαίνυται ἡμῖν.
δακρυόεις δέ τἄνεισι πάϊς ἐς μητέρα χήρην
[22,450] « Venez, que deux de vous me suivent, pour que je
voie ce qu'on a fait. De ma vénérable belle-mère j'ai
entendu la voix, et en moi, dans ma poitrine, mon coeur
bondit vers ma bouche, et, en dessous, mes genoux se
raidissent : il arrive un malheur aux enfants de Priam.
Qu'ils restent loin de mon oreille, ces mots ! Mais je crains
terriblement, pour mon Hector hardi, que le divin Achille,
l'ayant coupé, seul, de la ville, ne le poursuive vers la
plaine, et ne mette fin à cette vaillance funeste qui le
possédait. Car jamais il ne restait dans la masse des
guerriers, mais courait bien en avant, par l'ardeur ne
le cédant à personne. »
Ayant dit, elle s'élança à travers l'appartement, telle
une ménade, le coeur bondissant : ses suivantes l'accompagnaient.
Or, quand elle arriva au rempart et à la foule, elle
s'arrêta, regardant partout, debout sur le mur. Et elle
l'aperçut, traîné devant la ville; les chevaux rapides le
traînaient sans pitié vers les vaisseaux creux des Achéens.
Sur ses yeux descendit une nuit sombre, qui les voila:
elle tomba à la renverse, et rendit l'âme. De sa tête,
elle laissa rouler sa coiffure brillante, diadème, résille,
bandeau tressé, et le voile que lui avait donné Aphrodite
d'or, le jour où Hector au casque scintillant l'emmena
de la maison d'Éétion, comblé par lui de mille présents.
Autour d'elle se tenaient, en groupe, les soeurs et les
belles-soeurs de son mari, qui parmi elles la soutenaient,
éperdue à en mourir. Quand le souffle lui revint, que la
vie se fut concentrée à nouveau dans son âme, soupirant
et gémissant, elle dit au milieu des Troyennes :
« Hector, que je suis malheureuse ! Nous sommes donc
nés sous un même destin, tous deux, toi, à Troie, dans la
maison de Priam, moi à Thèbes, au pied du Placos boisé,
dans la maison d'Éétion qui me nourrit pendant mon
enfance, l'infortuné, pour une terrible fortune ! Comme
il eût dû ne pas m'engendrer ! Et maintenant, toi, chez
Adès, dans les profondeurs cachées de la terre, tu t'en
vas, et moi, tu me laisses en un désespoir affreux, veuve
dans ce palais ! Et cet enfant, petit comme il est, que nous
avons eu, toi et moi, infortunés ! Ni toi pour lui, tu ne
seras, Hector, un appui, étant mort, ni lui pour toi. Car
même s'il échappe à la guerre lamentable des Achéens,
toujours il aura de la peine et des chagrins, par la suite.
D'autres lui enlèveront ses terres. Le jour qui rend un
enfant orphelin l'isole de tous ceux de son âge; toujours
il baisse la tête, des larmes sur les joues. Dans son dénuement,
il va vers les amis de son père, tirant l'un par son
manteau, l'autre par sa tunique. Ils s'apitoient; l'un
d'eux lui présente une petite coupe : il mouille ses lèvres,
il ne mouille pas son palais ! C'est lui, aussi, que l'enfant
fort de ses deux parents chasse du festin, le frappant de
ses mains et l'attaquant de ses injures : « Va-t'en ainsi
à la malheure ! Ton père ne mange pas avec nous ! »
Pleurant, l'enfant revient vers sa mère veuve,
[22,500] Ἀστυάναξ, ὃς πρὶν μὲν ἑοῦ ἐπὶ γούνασι πατρὸς
μυελὸν οἶον ἔδεσκε καὶ οἰῶν πίονα δημόν·
αὐτὰρ ὅθὕπνος ἕλοι, παύσαιτό τε νηπιαχεύων,
εὕδεσκἐν λέκτροισιν ἐν ἀγκαλίδεσσι τιθήνης
εὐνῇ ἔνι μαλακῇ θαλέων ἐμπλησάμενος κῆρ·
505 νῦν δἂν πολλὰ πάθῃσι φίλου ἀπὸ πατρὸς ἁμαρτὼν
Ἀστυάναξ, ὃν Τρῶες ἐπίκλησιν καλέουσιν·
οἶος γάρ σφιν ἔρυσο πύλας καὶ τείχεα μακρά.
νῦν δὲ σὲ μὲν παρὰ νηυσὶ κορωνίσι νόσφι τοκήων
αἰόλαι εὐλαὶ ἔδονται, ἐπεί κε κύνες κορέσωνται
510 γυμνόν· ἀτάρ τοι εἵματἐνὶ μεγάροισι κέονται
λεπτά τε καὶ χαρίεντα τετυγμένα χερσὶ γυναικῶν.
ἀλλἤτοι τάδε πάντα καταφλέξω πυρὶ κηλέῳ
οὐδὲν σοί γὄφελος, ἐπεὶ οὐκ ἐγκείσεαι αὐτοῖς,
ἀλλὰ πρὸς Τρώων καὶ Τρωϊάδων κλέος εἶναι.
515 ὣς ἔφατο κλαίουσ᾽, ἐπὶ δὲ στενάχοντο γυναῖκες.
[22,500] Astyanax, qui, avant, sur les genoux de son père, ne
mangeait que la moëlle et la chair grasse des moutons ! Et quand
le sommeil le prenait, qu'il cessait de jouer, il dormait dans
son lit entre les bras de sa nourrice, sur une couche molle,
le coeur plein de nourriture excellente. Maintenant, il
souffrira beaucoup, privé de son père, cet Astyanax,
comme le surnomment les Troyens, car toi seul défendais
leurs portes et leurs longues murailles.
Et toi, maintenant, près des vaisseaux recourbés, loin
de tes parents, les vers grouillants te dévoreront (quand
les chiens seront rassasiés), tout nu. Tu as pourtant, dans
le palais, des vêtements, fins, élégants, faits par la main
des femmes. Mais tous, je les brûlerai dans le feu ardent,
sans aucun profit pour toi, car tu ne seras pas couché
en eux, mais pour te faire gloire auprès des Troyens et
des Troyennes. »
Ainsi elle disait en pleurant; et, là-dessus, gémissaient les femmes.


Recherches | Texte | Lecture | Liste du vocabulaire | Index inverse | Menu | Bibliotheca Classica Selecta |

 
UCL | FLTR | Hodoi Elektronikai | Itinera Electronica | Bibliotheca Classica Selecta (BCS) |
Ingénierie Technologies de l'Information : B. Maroutaeff - C. Ruell - J. Schumacher

Dernière mise à jour : 14/06/2006