[13,700] ναῦφιν ἀμυνόμενοι μετὰ Βοιωτῶν ἐμάχοντο·
Αἴας δ᾽ οὐκέτι πάμπαν Ὀϊλῆος ταχὺς υἱὸς
ἵστατ᾽ ἀπ᾽ Αἴαντος Τελαμωνίου οὐδ᾽ ἠβαιόν,
ἀλλ᾽ ὥς τ᾽ ἐν νειῷ βόε οἴνοπε πηκτὸν ἄροτρον
ἶσον θυμὸν ἔχοντε τιταίνετον· ἀμφὶ δ᾽ ἄρά σφι
705 πρυμνοῖσιν κεράεσσι πολὺς ἀνακηκίει ἱδρώς·
τὼ μέν τε ζυγὸν οἶον ἐΰξοον ἀμφὶς ἐέργει
ἱεμένω κατὰ ὦλκα· τέμει δέ τε τέλσον ἀρούρης·
ὣς τὼ παρβεβαῶτε μάλ᾽ ἕστασαν ἀλλήλοιιν.
ἀλλ᾽ ἤτοι Τελαμωνιάδῃ πολλοί τε καὶ ἐσθλοὶ
710 λαοὶ ἕπονθ᾽ ἕταροι, οἵ οἱ σάκος ἐξεδέχοντο
ὁππότε μιν κάματός τε καὶ ἱδρὼς γούναθ᾽ ἵκοιτο.
οὐδ᾽ ἄρ᾽ Ὀϊλιάδῃ μεγαλήτορι Λοκροὶ ἕποντο·
οὐ γάρ σφι σταδίῃ ὑσμίνῃ μίμνε φίλον κῆρ·
οὐ γὰρ ἔχον κόρυθας χαλκήρεας ἱπποδασείας,
715 οὐδ᾽ ἔχον ἀσπίδας εὐκύκλους καὶ μείλινα δοῦρα,
ἀλλ᾽ ἄρα τόξοισιν καὶ ἐϋστρεφεῖ οἶος ἀώτῳ
Ἴλιον εἰς ἅμ᾽ ἕποντο πεποιθότες, οἷσιν ἔπειτα
ταρφέα βάλλοντες Τρώων ῥήγνυντο φάλαγγας·
δή ῥα τόθ᾽ οἳ μὲν πρόσθε σὺν ἔντεσι δαιδαλέοισι
720 μάρναντο Τρωσίν τε καὶ Ἕκτορι χαλκοκορυστῇ,
οἳ δ᾽ ὄπιθεν βάλλοντες ἐλάνθανον· οὐδέ τι χάρμης
Τρῶες μιμνήσκοντο· συνεκλόνεον γὰρ ὀϊστοί.
ἔνθά κε λευγαλέως νηῶν ἄπο καὶ κλισιάων
Τρῶες ἐχώρησαν προτὶ Ἴλιον ἠνεμόεσσαν,
725 εἰ μὴ Πουλυδάμας θρασὺν Ἕκτορα εἶπε παραστάς·
Ἕκτορ ἀμήχανός ἐσσι παραρρητοῖσι πιθέσθαι.
οὕνεκά τοι περὶ δῶκε θεὸς πολεμήϊα ἔργα
τοὔνεκα καὶ βουλῇ ἐθέλεις περιίδμεναι ἄλλων·
ἀλλ᾽ οὔ πως ἅμα πάντα δυνήσεαι αὐτὸς ἑλέσθαι.
730 ἄλλῳ μὲν γὰρ ἔδωκε θεὸς πολεμήϊα ἔργα,
ἄλλῳ δ᾽ ὀρχηστύν, ἑτέρῳ κίθαριν καὶ ἀοιδήν,
ἄλλῳ δ᾽ ἐν στήθεσσι τιθεῖ νόον εὐρύοπα Ζεὺς
ἐσθλόν, τοῦ δέ τε πολλοὶ ἐπαυρίσκοντ᾽ ἄνθρωποι,
καί τε πολέας ἐσάωσε, μάλιστα δὲ καὐτὸς ἀνέγνω.
735 αὐτὰρ ἐγὼν ἐρέω ὥς μοι δοκεῖ εἶναι ἄριστα·
πάντῃ γάρ σε περὶ στέφανος πολέμοιο δέδηε·
Τρῶες δὲ μεγάθυμοι ἐπεὶ κατὰ τεῖχος ἔβησαν
οἳ μὲν ἀφεστᾶσιν σὺν τεύχεσιν, οἳ δὲ μάχονται
παυρότεροι πλεόνεσσι κεδασθέντες κατὰ νῆας.
740 ἀλλ᾽ ἀναχασσάμενος κάλει ἐνθάδε πάντας ἀρίστους·
ἔνθεν δ᾽ ἂν μάλα πᾶσαν ἐπιφρασσαίμεθα βουλὴν
ἤ κεν ἐνὶ νήεσσι πολυκλήϊσι πέσωμεν
αἴ κ᾽ ἐθέλῃσι θεὸς δόμεναι κράτος, ἦ κεν ἔπειτα
πὰρ νηῶν ἔλθωμεν ἀπήμονες. ἦ γὰρ ἔγωγε
745 δείδω μὴ τὸ χθιζὸν ἀποστήσωνται Ἀχαιοὶ
χρεῖος, ἐπεὶ παρὰ νηυσὶν ἀνὴρ ἆτος πολέμοιο
μίμνει, ὃν οὐκέτι πάγχυ μάχης σχήσεσθαι ὀΐω.
ὣς φάτο Πουλυδάμας, ἅδε δ᾽ Ἕκτορι μῦθος ἀπήμων,
αὐτίκα δ᾽ ἐξ ὀχέων σὺν τεύχεσιν ἆλτο χαμᾶζε
| [13,700] pour la défense des vaisseaux combattaient avec
les Béotiens.
Ajax, lui, le fils rapide d'Oïlée, ne s'éloignait plus du
tout d'Ajax fils de Télamon, même un instant. Comme,
dans une jachère, deux boeufs couleur de vin, tirant la charrue
ajustée, d'un courage égal se tendent; à la racine de
leurs cornes sourd et ruisselle la sueur; seul le joug poli
les tient écartés l'un de l'autre, tandis qu'ils suivent le
sillon, et la charrue coupe la surface du champ : ainsi
les deux Ajax, marchant côte à côte, se tenaient tout
près l'un de l'autre. Mais le fils de Télamon, beaucoup de
vaillantes troupes le suivaient, compagnons qui lui prenaient
son bouclier, quand la fatigue et la sueur gagnaient
ses genoux. Le courageux fils d'Oïlée, lui, les Locriens
ne le suivaient pas. Dans une mêlée de pied ferme, leur
coeur ne tenait pas. Ils n'avaient point, en effet, de casques
garnis de bronze et de crinières; ils n'avaient point de
boucliers bien arrondis, ni de lances de frêne; c'est à
leurs arcs, à leurs frondes de laine bien tressée qu'ils
s'étaient fiés pour suivre leur chef à Ilion; c'est avec ces
armes qu'à coups répétés ils brisaient les phalanges des
Troyens. Pour l'instant donc, les uns, aux premiers rangs,
avec leurs armes bien ouvrées, combattaient les Troyens
et Hector casqué de bronze, et les autres, derrière eux,
lançaient leurs projectiles sans être vus. Et l'esprit offensif, les
Troyens l'oubliaient, car les flèches bouleversaient leurs rangs.
Alors, misérablement, loin des vaisseaux et des baraques,
les Troyens seraient rentrés dans Ilion l'aérée, si Polydamas
n'avait dit à l'audacieux Hector, en s'arrêtant près de lui :
« Hector, tu es incapable de suivre l'avis d'autrui.
Parce qu'un dieu t'a donné de l'emporter dans les actions
guerrières, au conseil aussi tu veux en savoir plus que
les autres. Mais tu ne peux tout prendre à toi seul. A
l'un, le dieu a donné les actions guerrières, {à l'autre la
danse, à l'autre la cithare et le chant} ; dans la poitrine
d'un autre, Zeus à la voix forte met la pensée excellente,
dont bien des hommes profitent : il en sauve beaucoup, et
surtout lui-même en reconnaît l'effet. Je vais donc dire
ce que je crois le meilleur. De tous côtés, autour de toi,
comme une couronne, la guerre flambe. Les Troyens
magnanimes, après avoir franchi le mur, ou restent à distance
avec leurs armes, ou combattent, petits groupes
contre des groupes plus nombreux, dispersés autour des
vaisseaux. Retire-toi, et convoque ici tous les meilleurs.
De là, nous pourrons examiner tous les plans : tomber
sur les vaisseaux aux nombreux rameurs, pour voir si
un dieu voudra nous donner le triomphe, ou nous éloigner
des vaisseaux, sains et saufs. Pour moi, je crains
que les Achéens ne nous paient leur dette d'hier; car,
près des vaisseaux, un homme, insatiable de batailles,
attend, qui, je crois, ne restera plus tout à fait à l'écart du combat. »
Ainsi parla Polydamas, et Hector goûta ce conseil salutaire.
Aussitôt de son char, avec ses armes, il sauta à terre,
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