[1,3] Δοκέει δέ μοι ἄξια γραφῆς εἶναι ταῦτα μάλιστα, ὁκόσα τε
ἀκαταμάθητά ἐστι τοῖσιν ἰητροῖσιν, ἐπίκαιρα ἐόντα εἰδέναι,
καὶ ὁκόσα μεγάλας ὠφελείας φέρει ἢ μεγάλας βλάβας.
Ἀκαταμάθητα μὲν οὖν τάδε ἐστί· διὰ τί ἄρα ἐν τῇσιν
ὀξείῃσι νούσοισιν οἱ μὲν τῶν ἰητρῶν ἅπαντα τὸν αἰῶνα
διατελεῦσι πτισάνας διδόντες ἀδιηθήτους, καὶ νομίζουσιν
ὀρθῶς ἰητρεύειν, οἱ δέ τινες περὶ παντὸς ποιέονται ὅκως
κριθὴν μηδεμίην καταπίῃ ὁ κάμνων (μεγάλην γὰρ βλάβην
ἡγεῦνται εἶναι), ἀλλὰ δι´ ὀθονίου διηθεῦντες τὸν χυλὸν
διδόασιν· οἱ δ´ αὖ τινες αὐτέων οὔτ´ ἂν πτισάνην παχείην
δοῖεν, οὔτε χυλόν· οἱ μὲν μέχρις ἂν ἑβδομαῖος γένηται ὁ
κάμνων, οἱ δὲ καὶ διὰ τέλεος ἄχρις ἂν κριθῇ ἡ νοῦσος. Μάλα
μὲν οὖν οὐδὲ προβάλλεσθαι τὰ τοιαῦτα ζητήματα εἰθισμένοι
εἰσὶν οἱ ἰητροί· ἴσως δὲ οὐδὲ προβαλλόμενα εὑρίσκεται·
καίτοι διαβολήν γε ἔχει ὅλη ἡ τέχνη πρὸς τῶν δημοτέων μεγάλην,
ὡς μηδὲ δοκέειν ὅλως ἰητρικὴν εἶναι· ἔν γε τοῖσιν
ὀξέσι τῶν νουσημάτων τοσόνδε διοίσουσιν ἀλλήλων οἱ χειρωνάκται,
ὥστε ἃ ὁ ἕτερος προσφέρει ἡγεύμενος ἄριστα εἶναι, ταῦτα
νομίζειν ἤδη τὸν ἕτερον κακὰ εἶναι· καὶ σχεδὸν ἂν κατά
γε τὸ τοιόνδε τὴν τέχνην φαῖεν ὡμοιῶσθαι τῇ μαντικῇ, ὅτι
οἱ μάντιες τὸν αὐτὸν ὄρνιθα, εἰ μὲν ἀριστερὸς εἴη, ἀγαθὸν νομίζουσιν
εἶναι, εἰ δὲ δεξιὸς, κακόν· καὶ ἐν ἱεροσκοπίῃ τὰ τοιάδε
εὕροι τις ἂν ἄλλα ἐπ´ ἄλλοισιν· ἀλλ´ ἔνιοι τῶν μαντίων
τἀναντία τουτέων. Φημὶ δὴ πάγκαλον εἶναι τοῦτο τὸ
σκέμμα καὶ ἠδελφισμένον τοῖσι πλείστοισι τῶν ἐν τῇ τέχνῃ καὶ
ἐπικαιροτάτοισιν· καὶ γὰρ τοῖσι νοσέουσι πᾶσιν ἐς ὑγείην μέγα
τι δύνασθαι, καὶ τοῖσιν ὑγιαίνουσιν ἐς ἀσφαλείην, καὶ
τοῖσιν ἀσκέουσιν ἐς εὐεξίην, καὶ ἐς ὅ τι ἂν ἕκαστος ἐθέλῃ.
| [1,3] 3. Ce qui me paraît surtout digne d'ête consigné par écrit,
ce sont les notions qui ne sont pas enseignées au médecin
malgré l'importance qu'elles ont pour lui, et les pratiques qui
produisent ou une grande utilité ou un grand dommage.
Voici une de ces notions ignorées des médecins : pourquoi,
dans les maladies aiguës, les uns passent-ils tout le temps à
donner la décoction d'orge avec le grain même, pensant bien
faire, tandis que les autres mettent tout leur soin à empêcher
que le malade n'avale un seul grain d'orge, croyant
qu'il en résulterait un grand mal, et ne donnant la décoction
d'orge qu'après l'avoir passée par le filtre? D'autres enfin
ne voudraient prescrire la décoction d'orge, ni filtrée, ni avec
le grain ; ceux-ci, jusqu'à ce que le malade ait atteint le
septième jour; ceux-là, jusqu'au moment où la crise soit survenue.
Les médecins ne sont pas dans l'habitude d'agiter de
tels problêmes; et, s'ils les agitaient, ils n'en trouveraient
peut-être pas la solution. Et cependant, il en rejaillit, dans le
public, une grande défaveur sur toute la profession médicale,
à tel point qu'on s'imagine qu'il n'existe réellement pas de
médecine; car, dans des maladies aiguës, les praticiens différeront
tellement entre eux, que la prescription faite par l'un
comme la meilleure, sera condamnée par l'autre comme mauvaise.
A ce point, on est disposé à comparer la médecine avec
l'art des devins : les devins regardent le même oiseau comme
de bon augure s'il vole à gauche, comme de mauvais augure
s'il vole à droite ; et semblablement, de l'inspection des entrailles
ils tirent des inductions différentes, suivant les différents cas ;
mais d'autres devins ont, sur les mêmes choses,
des avis diamétralement opposés. Je dis donc que la question
que je viens de soulever est belle et touche à la plupart des
points de l'art médical et aux plus importants ; car elle peut
beaucoup, pour tous les malades sur leur rétablissement,
pour les gens bien portants sur la conservation de leur santé,
pour les personnes livrées aux exercices gymnastiques sur
l'accroissement de leurs forces ; en un mot, elle s'applique à
tout ce qu'on voudra.
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