[10] Ὅτι δὲ οὐδὲν ἐλάσσους ἀπὸ κενώσιος ἀκαίρου κακοπάθειαι γίνονται τῷ ἀνθρώπῳ ἢ καὶ ἀπὸ πληρώσιος, καταμανθάνειν καλῶς ἔχει ἐπαναφέροντας ἐπὶ τοὺς ὑγιαίνοντας. Ἔστι γὰρ οἷσιν αὐτέων ξυμφέρει μονοσιτέειν, καὶ τοῦτο διὰ τὸ ξυμφέρον οὕτως αὐτοὶ συνετάξαντο· ἄλλοισι δὲ ἀριστῇν, διὰ τὴν αὐτὴν ἀνάγκην· οὕτω γὰρ αὐτέοισι ξυμφέρει, καὶ μὴ τούτοισιν, οἳ δι´ ἡδονὴν ἢ δι´ ἄλλην τινὰ ξυγκυρίην ἐπετήδευσαν ὁπότερον αὐτέων· τοῖσι μὲν γὰρ πλείστοισι τῶν ἀνθρώπων οὐδὲν διαφέρει πότερον ἂν ἐπιτηδεύσωσιν, εἴτε μονοσιτέειν, εἴτε ἀριστῇν, τουτέῳ τῷ ἔθεϊ χρέεσθαι. Εἰσὶ δέ τινες οἳ οὐκ ἂν δύναιντο, ἔξω τοῦ ξυμφέροντος ποιέοντες, ῥηϊδίως ἀπαλλάσσειν, ἀλλὰ ξυμβαίνει αὐτέων ἑκατέροισι παρ´ ἡμέρην μίην, καὶ ταύτην οὐχ ὅλην μεταβάλλουσιν, ὑπερφυὴς κακοπαθείη. Οἱ μὲν γὰρ ἢν ἀριστήσωσι μὴ ξυμφέροντος αὐτέοισιν, εὐθὺς βαρέες καὶ νωθροὶ τὸ σῶμα καὶ τὴν γνώμην, χάσμης τε καὶ νυσταγμοῦ καὶ δίψης πλήρεες· ἢν δὲ ἐπιδειπνήσωσι, καὶ φῦσα καὶ στρόφος καὶ ἡ κοιλίη καταρρήγνυται· καὶ πολλοῖσιν ἀρχὴ νούσου αὕτη μεγάλης ἐγένετο, ἢν τὰ αὐτὰ σιτία, ἃ μεμαθήκεσαν ἅπαξ ἀναλίσκειν, δὶς προσενέγκηται, καὶ μηδὲν ἔτι πλέον. Τοῦτο δὲ, ἢν ἀριστῇν μεμαθηκώς τις, καὶ οὕτως αὐτέῳ ξυμφέρον, μὴ ἀριστήσῃ, ὅταν τάχιστα παρέλθῃ ἡ ὥρη, εὐθὺς ἀδυναμίη δεινὴ, τρόμος, ἀψυχίη· ἐπὶ τούτοισιν ὀφθαλμοὶ χλωρότεροι, οὖρον παχὺ καὶ θερμὸν, στόμα πικρὸν, καὶ τὰ σπλάγχνα οἱ δοκέει κρεμᾶσθαι, σκοτοδινίη, δυσθυμίη, δυσεργίη· ταῦτα δὲ πάντα, καὶ ὅταν δειπνέειν ἐπιχειρήσῃ, ἀηδέστερος μὲν ὁ σῖτος, ἀναλίσκειν δὲ οὐ δύναται ὅσα ἀριστιζόμενος πρότερον ἐδείπνεε· ταῦτα δὲ αὐτὰ μετὰ στρόφου τε καὶ ψόφου καταβαίνοντα ξυγκαίει τὴν κοιλίην, δυσκοιτέουσί τε καὶ ἐνυπνιάζονται τεταραγμένα καὶ θορυβώδεα· πολλοῖσι δὲ καὶ τουτέων αὕτη ἀρχὴ νούσου ἐγένετο.
| [10] Qu'une abstinence intempestive ne cause pas de moindres souffrances qu'une intempestive réplétion, c'est ce qu'enseignera clairement un rapprochement avec l'état de santé. Il est des gens qui se trouvent bien de ne faire qu'un repas ; et, parce qu'ils s'en trouvent bien, ils s'en sont imposé la règle. D'autres font, de plus, un repas le matin, pour la même raison, à savoir parce que leur santé l'exige : exigences qui n'existent pas pour ceux qui, par plaisir ou par toute autre circonstance, adoptent l'une ou l'autre habitude : il est, en effet, indifférent à la plupart de s'accoutumer à faire ou un seul repas, ou un repas de plus le matin. Mais il en est qui ne pourraient, se dérangeant du régime qui leur est salutaire, supporter facilement cet écart; et chez eux, d'un changement, en plus ou en moins, pour une seule journée, pas même entière, naîtraient de graves incommodités. Les uns, s'ils font un repas du matin contre leur régime, deviennent lents, pesants de corps et d'esprit ; ils sont saisis de bâillements, de somnolence et de soif; et si, là-dessus, ils font leur repas du soir, il survient du ballonnement, des tranchées et une abondante diarrhée : souvent c'est le commencement d'une maladie sérieuse ; et il leur a suffi de prendre deux fois (et rien de plus) les mêmes aliments qu'ordinairement ils ne prenaient qu'une fois. Les autres, qui ont l'habitude de faire, le matin, un repas, que leur santé exige, viennent-ils à omettre ce repas, ils sont pris, dès que l'heure est passée, d'une débilité générale; les yeux jaunissent ; l'urine devient épaisse et chaude ; la bouche amère ; tiraillements dans les entrailles, vertiges, mauvaise humeur, inhabileté au travail ; et avec tout cela, quand ils essaient de manger à l'heure du second repas, les mets leur paraissent moins agréables ; ils ne peuvent achever ce qui faisait auparavant leur second repas quand ils avaient pris leur premier; les aliments, descendant avec des tranchées et des gargouillements, échauffent le ventre ; et le sommeil de la nuit est pénible et plein de rêves agités et fatiguants. Souvent encore, pour ceux-là, c'est le point de départ d'une maladie.
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