[19] Περὶ δὲ τῶν ὡρέων καὶ τῆς μορφῆς, ὅτι πολὺ ἀπήλλακται τῶν λοιπῶν
ἀνθρώπων τὸ Σκυθικὸν γένος, καὶ ἔοικεν αὐτὸ ἑωυτέῳ, ὥσπερ τὸ Αἰγύπτιον,
καὶ ἥκιστα πολύγονόν ἐστιν· καὶ ἡ χώρη ἐλάχιστα θηρία τρέφει κατὰ μέγεθος
καὶ πλῆθος. Κέεται γὰρ ὑπ' αὐτῇσι τῇσιν ἄρκτοισι καὶ τοῖσιν ὄρεσι τοῖσι
Ῥιπαίοισιν, ὅθεν ὁ βορέης πνέει· ὅ τε ἥλιος τελευτῶν ἐγγύτατα γίγνεται,
ὁκόταν ἐπὶ τὰς θερινὰς ἔλθῃ περιόδους, καὶ τότε ὀλίγον χρόνον θερμαίνει,
καὶ οὐ σφόδρα· τὰ δὲ πνεύματα τὰ ἀπὸ τῶν θερμῶν πνέοντα οὐκ ἀφικνέεται, ἢν
μὴ ὀλιγάκις καὶ ἀσθενέα, ἀλλ' ἀπὸ τῶν ἄρκτων αἰεὶ πνέουσι πνεύματα ψυχρὰ
ἀπό τε χιόνος καὶ κρυστάλλων καὶ ὑδάτων πολλῶν· οὐδέποτε δὲ τὰ ὄρεα
ἐκλείπει· ἀπὸ τουτέων δὲ δυσοίκητά ἐστιν. Ἠήρ τε κατέχει πουλὺς τῆς ἡμέρης
τὰ πεδία, καὶ ἐν αὐτέοισι διαιτεῦνται· ὥστε τὸν μὲν χειμῶνα αἰεὶ εἶναι, τὸ
δὲ θέρος ὀλίγας ἡμέρας, καὶ ταύτας μὴ λίην. Μετέωρα γὰρ τὰ πεδία καὶ ψιλὰ,
καὶ οὐκ ἐστεφάνωνται ὄρεσιν, ἀλλ' ἀνάντεα ὑπὸ τῶν ἄρκτων. Αὐτόθι καὶ τὰ
θηρία οὐ γίγνεται μεγάλα, ἀλλ' οἷά τέ ἐστιν ὑπὸ γῆν σκεπάζεσθαι ὁ γὰρ
χειμὼν κωλύει καὶ τῆς γῆς ἡ ψιλότης, καὶ ὅτι οὐκ ἔστιν ἀλέη οὐδὲ σκέπη. Αἱ
γὰρ μεταβολαὶ τῶν ὡρέων οὐκ εἰσὶ μεγάλαι οὐδὲ ἰσχυραὶ, ἀλλ' ὅμοιαι καὶ
ὀλίγον μεταβάλλουσαι· διότι καὶ τὰ εἴδεα ὅμοια αὐτὰ ἑωυτέοισίν εἰσιν· σίτῳ
τε χρέονται αἰεὶ ὁμοίως, ἐσθῆτί τε τῇ αὐτέῃ καὶ θέρεος καὶ χειμῶνος, τόν
τε ἠέρα ὑδατεινὸν ἕλκοντες καὶ παχὺν, τά τε ὕδατα πίνοντες ἀπὸ χιόνος καὶ
παγετῶν, τοῦ τε ταλαιπώρου ἀπεόντος· οὐ γὰρ οἷόν τε τὸ σῶμα
ταλαιπωρέεσθαι, οὐδὲ τὴν ψυχὴν, ὅκου μεταβολαὶ μὴ γίγνονται ἰσχυραί. Διὰ
ταύτας τὰς ἀνάγκας τὰ εἴδεα αὐτέων παχέα ἐστὶ καὶ σαρκώδεα, καὶ ἄναρθρα
καὶ ὑγρὰ καὶ ἄτονα· αἵ τε κοιλίαι ὑγρόταται, πασέων κοιλιῶν αἱ κάτω· οὐ
γὰρ οἷόν τε νηδὺν ἀναξηραίνεσθαι ἐν τοιαύτῃ χώρῃ καὶ φύσει καὶ ὥρης
καταστάσει· ἀλλὰ διὰ πιμελήν τε καὶ ψιλὴν τὴν σάρκα, τά τε εἴδεα ἔοικεν
ἀλλήλοισι, τά τε ἄρσενα τοῖσιν ἄρσεσι, καὶ τὰ θήλεα τοῖσι θήλεσιν. Τῶν γὰρ
ὡρέων παραπλησίων ἐουσέων, φθοραὶ οὐκ ἐγγίγνονται οὐδὲ κακώσιες ἐν τῇ τοῦ
γόνου ξυμπήξει, ἢν μή τινος ἀνάγκης βιαίου τύχῃ ἢ νούσου.
| [19] Pour ce qui est des climats et de la forme extérieure {qui en dépend,
il faut dire} que la race scythe, comme la race égyptienne, diffère de
toutes les autres et ne ressemble qu'à elle-même ; qu'elle est peu féconde ;
que la Scythie nourrit des animaux peu nombreux et très petits. En
effet, cette contrée est située précisément sous l'Ourse et aux pieds des
monts Riphées, d'où souffle le vent du nord. Le soleil ne s'en approche
qu'au solstice d'été, encore ne l'échauffe-t-il que pour peu de temps et
médiocrement. Les vents qui viennent des régions chaudes n'y parviennent
que rarement et qu'après avoir perdu leur force. Il n'y souffle que des
vents du septentrion refroidis par la neige, la glace et les pluies
abondantes, qui n'abandonnent jamais les monts Riphées, ce qui les rend
inhabitables. Pendant tout le jour, un brouillard épais couvre les plaines
au milieu desquelles les Scythes demeurent ; en sorte que l'hiver y est
perpétuel, et que l'été n'y dure que peu de jours, qui ne sont même pas
très chauds, car les plaines sont élevées et nues ; elles ne se couronnent
pas de montagnes, mais elles s'élèvent en se prolongeant sous l'Ourse. Les
animaux n'y deviennent pas grands, mais ils sont tels qu'ils peuvent se
cacher sous terre ; car l'hiver perpétuel et la nudité du sol, sur lequel
ils ne trouvent ni abri ni protection les empêchent {de prendre leur
développement}. Les saisons n'offrent pas de vicissitudes grandes et
intenses ; elles se ressemblent et ne subissent guère de modifications. De
là vient que les formes extérieures sont partout semblables à elles-mêmes.
Les Scythes se nourrissent et se vêtent toujours de la même manière, en
été comme en hiver. Ils respirent toujours un air épais et humide, boivent
des eaux de neige et de glace, et sont peu propres à supporter les
fatigues, car ni le corps ni l'esprit ne peuvent soutenir la fatigue dans
les pays où les saisons ne présentent pas de variations notables. Pour
toutes ces causes, nécessairement leurs formes sont grossières, leur corps
est chargé d'embonpoint, leurs articulations sont peu apparentes, humides
et faibles. Leurs cavités, surtout les inférieures, sont pleines
d'humidité, car il n'est pas possible qu'elles se dessèchent dans un tel
pays, avec une telle nature et avec des saisons ainsi constituées. A cause
de la graisse et à cause de l'absence de poil, les formes extérieures sont
les mêmes chez tous ; les hommes ressemblent aux hommes, les femmes aux
femmes. Les saisons ayant beaucoup d'analogie entre elles, la liqueur
séminale n'éprouve ni variation ni altération dans sa consistance, à moins
qu'il ne survienne quelqu'accident violent ou quelque maladie.
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