[450] ἥτ' ἀρότοιό τε σῆμα φέρει καὶ χείματος ὥρην
δεικνύει ὀμϐρηροῦ· κραδίην δ' ἔδακ' ἀνδρὸς ἀϐούτεω·
δὴ τότε χορτάζειν ἕλικας βόας ἔνδον ἐόντας·
ῥηίδιον γὰρ ἔπος εἰπεῖν· βόε δὸς καὶ ἄμαξαν·
ῥηίδιον δ' ἀπανήνασθαι· πάρα ἔργα βόεσσιν.
455 φησὶ δ' ἀνὴρ φρένας ἀφνειὸς πήξασθαι ἄμαξαν,
νήπιος, οὐδὲ τὸ οἶδ'· ἑκατὸν δέ τε δούρατ' ἀμάξης,
τῶν πρόσθεν μελέτην ἐχέμεν οἰκήια θέσθαι.
Εὖτ' ἂν δὲ πρώτιστ' ἄροτος θνητοῖσι φανείῆ,
δὴ τότ' ἐφορμηθῆναι ὁμῶς δμῶές τε καὶ αὐτὸς
460 αὔην καὶ διερὴν ἀρόων ἀρότοιο καθ' ὥρην,
πρωὶ μάλα σπεύδων, ἵνα τοι πλήθωσιν ἄρουραι.
ἦρι πολεῖν· θέρεος δὲ νεωμένη οὔ σ' ἀπατήσει.
νειὸν δὲ σπείρειν ἔτι κουφίζουσαν ἄρουραν·
νειὸς ἀλεξιάρη παίδων εὐκηλήτειρα.
465 Εὔχεσθαι δὲ Διὶ χθονίῳ Δημήτερί θ' ἁγνῇ,
ἐκτελέα βρίθειν Δημήτερος ἱερὸν ἀκτήν,
ἀρχόμενος τὰ πρῶτ' ἀρότου, ὅτ' ἂν ἄκρον ἐχέτλης
χειρὶ λαϐὼν ὅρπηκα βοῶν ἐπὶ νῶτον ἵκηαι
ἔνδρυον ἑλκόντων μεσάϐων. ὁ δὲ τυτθὸς ὄπισθε
470 δμῷος ἔχων μακέλην πόνον ὀρνίθεσσι τιθείη
σπέρμα κατακρύπτων· ἐυθημοσύνη γὰρ ἀρίστη
θνητοῖς ἀνθρώποις, κακοθημοσύνη δὲ κακίστη.
ὧδέ κεν ἁδροσύνη στάχυες νεύοιεν ἔραζε,
εἰ τέλος αὐτὸς ὄπισθεν Ὀλύμπιος ἐσθλὸν ὀπάζοι,
475 ἐκ δ' ἀγγέων ἐλάσειας ἀράχνια· καί σε ἔολπα
γηθήσειν βιότου αἰρεύμενον ἔνδον ἐόντος.
εὐοχθέων δ' ἵξεαι πολιὸν ἔαρ, οὐδὲ πρὸς ἄλλους
αὐγάσεαι· σέο δ' ἄλλος ἀνὴρ κεχρημένος ἔσται.
Εἰ δέ κεν ἠελίοιο τροπῇς ἀρόῳς χθόνα δῖαν,
480 ἥμενος ἀμήσεις ὀλίγον περὶ χειρὸς ἐέργων,
ἀντία δεσμεύων κεκονιμένος, οὐ μάλα χαίρων,
οἴσεις δ' ἐν φορμῷ· παῦροι δέ σε θηήσονται.
ἄλλοτε δ' ἀλλοῖος Ζηνὸς νόος αἰγιόχοιο,
ἀργαλέος δ' ἄνδρεσσι καταθνητοῖσι νοῆσαι.
485 εἰ δέ κεν ὄψ' ἀρόσῃς, τόδε κέν τοι φάρμακον εἴη·
ἦμος κόκκυξ κοκκύζει δρυὸς ἐν πετάλοισι
τὸ πρῶτον, τέρπει δὲ βροτοὺς ἐπ' ἀπείρονα γαῖαν,
τῆμος Ζεὺς ὕοι τρίτῳ ἤματι μηδ' ἀπολήγοι,
μήτ' ἄρ' ὑπερϐάλλων βοὸς ὁπλὴν μήτ' ἀπολείπων·
490 οὕτω κ' ὀψαρότης πρῳηρότῃ ἰσοφαρίζοι.
ἐν θυμῷ δ' εὖ πάντα φυλάσσεο· μηδέ σε λήθοι
μήτ' ἔαρ γιγνόμενον πολιὸν μήθ' ὥριος ὄμϐρος.
Πὰρ δ' ἴθι χάλκειον θῶκον καὶ ἐπαλέα λέσχην
ὥρῃ χειμερίῃ, ὁπότε κρύος ἀνέρα ἔργων
495 ἰσχάνει, ἔνθα κ' ἄοκνος ἀνὴρ μέγα οἶκον ὀφέλλοι,
μή σε κακοῦ χειμῶνος ἀμηχανίη καταμάρψῃ
σὺν πενίη, λεπτῇ δὲ παχὺν πόδα χειρὶ πιέζῃς.
πολλὰ δ' ἀεργὸς ἀνήρ, κενεὴν ἐπὶ ἐλπίδα μίμνων,
χρηίζων βιότοιο, κακὰ προσελέξατο θυμῷ.
| [450] c'est elle qui apporte le signal du labour et qui annonce le retour du pluvieux hiver.
L'homme qui manque de boeufs sent alors les regrets
déchirer son âme. Nourris dans ton étable des boeufs aux
longues cornes. II est aisé de dire : Prête-moi des boeufs et
un chariot ; mais il est aisé de répondre : Mes boeufs sont
occupés. L'homme riche en imagination parle de construire
un chariot ; l'insensé ! il ignore que pour un chariot il faut
cent pièces de bois, il aurait dû y songer plus tôt et se
munir des matériaux nécessaires. Dés que le temps du
labourage arrive pour les mortels, hâte-toi, pars le matin
avec tes esclaves, travaille dans la saison le sol humide et
sec pour rendre tes champs fertiles, défriche la terre dans
le printemps, laboure-la encore pendant l'été ; elle ne
trompera point ton espérance ; quand elle est devenue
légère, c'est le temps de l'ensemencer. Ainsi travaillée, elle
fournit les moyens d'écarter les imprécations et de procurer
du repos aux enfants. 465 Invoque le Jupiter infernal et
demande à la chaste Cérès de faire parvenir ses divins
présents à leur maturité. Lorsque, commençant le labour et
prenant dans ta main l'extrémité du manche, tu frappes de
l'aiguillon le dos de tes boeufs qui traînent le timon à l'aide
des courroies, qu'un jeune serviteur te suive armé d'un
hoyau et donne du mal aux oiseaux en recouvrant la
semence. L'ordre est pour les mortels le plus grand des
biens, le désordre le plus grand des maux. 473 Ainsi tes lourds
épis s'inclineront vers la terre si le roi de l'Olympe accorde
un heureux terme à tes travaux. Tu débarrasseras tes
urnes de leurs toiles d'araignée et je crois que tu te
réjouiras, riche de tous les biens entassés dans ta maison.
477 Tu attendras dans l'abondance le printemps aux blanches
fleurs et tu ne regarderas pas les autres d'un oeil jaloux ;
ce seront les autres qui auront besoin de toi. Si tu ne
laboures la terre féconde que dans le solstice d'hiver, tu
pourras moissonner en demeurant assis ; à peine saisiras-tu
dans ta main quelques rares épis que tu lieras en
javelles inégales, en te traînant dans la poussière et sans te
réjouir beaucoup. Tu emporteras ta moisson dans une
corbeille et tu seras pour peu de monde un sujet d'envie.
483 L'esprit de Jupiter maître de l'égide passe aisément d'une
pensée à une autre, et il est difficile aux hommes de
pénétrer ses desseins. Si tu ne laboures que tard, le mal
n'est pourtant pas sans remède. Dés que le coucou chante
dans le feuillage du chêne, et réjouit les mortels sur la terre
immense, si Jupiter ne cesse de pleuvoir pendant trois
jours et si l'eau ne reste pas au-dessous du sabot de tes
boeufs sans toutefois le surpasser, le dernier labourage
sera aussi heureux que le premier. 491 Retiens tous ces
préceptes dans ta mémoire. Observe attentivement
l'approche du printemps aux blanches fleurs et la saison
des pluies.
Dans l'hiver, lorsqu'un froid violent tient les hommes
renfermés, passe, sans t'arrêter devant les ateliers de
forgerons et les lieux publics aux brûlants foyers.
L'homme laborieux sait accroître son bien même dans cette
saison. Ne te laisse donc point accabler par les rigueurs
d'un hiver cruel et de la pauvreté. Crains d'être réduit à
presser d'une main amaigrie tes pieds gonflés par le jeûne.
Le paresseux se repaît de vaines illusions et, manquant du
nécessaire, médite en son esprit de coupables actions.
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