[400] αὐτὴν μὲν γὰρ ἔθηκε θεῶν μέγαν ἔμμεναι ὅρκον,
παῖδας δ' ἤματα πάντα ἑοῦ μεταναιέτας εἶναι.
ὣς δ' αὔτως πάντεσσι διαμπερὲς ὥς περ ὑπέστη
ἐξετέλεσσ'· αὐτὸς δὲ μέγα κρατεῖ ἠδὲ ἀνάσσει.
Φοίβη δ' αὖ Κοίου πολυήρατον ἦλθεν ἐς εὐνήν·
405 κυσαμένη δὴ ἔπειτα θεὰ θεοῦ ἐν φιλότητι
Λητὼ κυανόπεπλον ἐγείνατο, μείλιχον αἰεί,
ἤπιον ἀνθρώποισι καὶ ἀθανάτοισι θεοῖσιν,
μείλιχον ἐξ ἀρχῆς, ἀγανώτατον ἐντὸς Ὀλύμπου.
γείνατο δ' Ἀστερίην ἐυώνυμον, ἥν ποτε Πέρσης
410 ἠγάγετ' ἐς μέγα δῶμα φίλην κεκλῆσθαι ἄκοιτιν.
Ἣ δ' ὑποκυσαμένη Ἑκάτην τέκε, τὴν περὶ πάντων
Ζεὺς Κρονίδης τίμησε· πόρεν δέ οἱ ἀγλαὰ δῶρα,
μοῖραν ἔχειν γαίης τε καὶ ἀτρυγέτοιο θαλάσσης·
ἣ δὲ καὶ ἀστερόεντος ἀπ' οὐρανοῦ ἔμμορε τιμῆς,
415 ἀθανάτοις τε θεοῖσι τετιμένη ἐστὶ μάλιστα.
καὶ γὰρ νῦν, ὅτε πού τις ἐπιχθονίων ἀνθρώπων
ἔρδων ἱερὰ καλὰ κατὰ νόμον ἱλάσκηται,
κικλήσκει Ἑκάτην· πολλή τέ οἱ ἕσπετο τιμὴ
ῥεῖα μάλ', ὧι πρόφρων γε θεὰ ὑποδέξεται εὐχάς·
420 καί τέ οἱ ὄλβον ὀπάζει, ἐπεὶ δύναμίς γε πάρεστιν.
ὅσσοι γὰρ Γαίης τε καὶ Οὐρανοῦ ἐξεγένοντο
καὶ τιμὴν ἔλαχον, τούτων ἔχει αἶσαν ἁπάντων·
οὐδέ τί μιν Κρονίδης ἐβιήσατο οὐδέ τ' ἀπηύρα
ὅσσ' ἔλαχεν Τιτῆσι μετὰ προτέροισι θεοῖσιν,
425 ἀλλ' ἔχει ὡς τὸ πρῶτον ἀπ' ἀρχῆς ἔπλετο δασμὸς
427 καὶ γέρας ἐν γαίηι τε καὶ οὐρανῶι ἠδὲ θαλάσσηι
426 οὐδ', ὅτι μουνογενής, ἧσσον θεὰ ἔμμορε τιμῆς,
428 ἀλλ' ἔτι καὶ πολὺ μᾶλλον, ἐπεὶ Ζεὺς τίεται αὐτήν.
ᾯ δ' ἐθέλει, μεγάλως παραγίγνεται ἠδ' ὀνίνησιν·
430 ἔν τ' ἀγορῆι λαοῖσι μεταπρέπει, ὅν κ' ἐθέληισιν·
ἠδ' ὁπότ' ἐς πόλεμον φθεισήνορα θωρήσσωνται
ἀνέρες, ἔνθα θεὰ παραγίγνεται, οἷς κ' ἐθέληισι
νίκην προφρονέως ὀπάσαι καὶ κῦδος ὀρέξαι.
ἔν τε δίκηι βασιλεῦσι παρ' αἰδοίοισι καθίζει·
435 ἐσθλὴ δ' αὖθ' ὁπότ' ἄνδρες ἀεθλεύωσιν ἀγῶνι
ἔνθα θεὰ καὶ τοῖς παραγίγνεται ἠδ' ὀνίνησιν·
νικήσας δὲ βίηι καὶ κάρτεϊ καλὸν ἄεθλον
ῥεῖα φέρει χαίρων τε, τοκεῦσι δὲ κῦδος ὀπάζει·
ἐσθλὴ δ' ἱππήεσσι παρεστάμεν οἷς κ' ἐθέληισιν,
440 καὶ τοῖς οἳ γλαυκὴν δυσπέμφελον ἐργάζονται,
εὔχονται δ' Ἑκάτηι καὶ ἐρικτύπωι Ἐννοσιγαίωι,
ῥηιδίως ἄγρην κυδρὴ θεὸς ὤπασε πολλήν,
ῥεῖα δ' ἀφείλετο φαινομένην, ἐθέλουσά γε θυμῶι·
ἐσθλὴ δ' ἐν σταθμοῖσι σὺν Ἑρμῆι ληίδ' ἀέξειν,
445 βουκολίας δ' ἀγέλας τε καὶ αἰπόλια πλατέ' αἰγῶν
ποίμνας τ' εἰροπόκων ὀίων, θυμῶι γ' ἐθέλουσα,
ἐξ ὀλίγων βριάει καὶ ἐκ πολλῶν μείονα θῆκεν.
Οὕτω τοι καὶ μουνογενὴς ἐκ μητρὸς ἐοῦσα
πᾶσι μετ' ἀθανάτοισι τετίμηται γεράεσσι.
| [400] il voulut
qu'elle présidât au grand serment des dieux et que ses
enfants vécussent toujours dans son palais. Quant aux
promesses faites à toutes les autres divinités, il les remplit
fidèlement ; car il est tout puissant et règne sur l'univers.
(404) Phébé monta sur la couche désirée de Céus ; déesse
fécondée par les embrassements d'un dieu, elle enfanta la
douce Latone au voile bleu, Latone qui, toujours agréable
aux Immortels et aux humains, apporta dès sa naissance
l’allégresse dans l’Olympe. (409) Elle engendra encore la célèbre
Astérie que Persès autrefois amena dans son vaste palais
pour la nommer son épouse. Devenue enceinte, Astérie
donna l'existence à Hécate, que Jupiter, fils de
Saturne, honora entre toutes les déesses : il lui accorda de
glorieux privilèges et lui permit de commander sur la terre
et sur la mer stérile. Déjà, sous Uranus couronné d'étoiles,
elle avait obtenu cet emploi et jouissait des plus grands
honneurs parmi les dieux immortels. Aujourd'hui, lorsqu'un
des hommes, enfants de la terre, célèbre, selon l’usage,
des sacrifices expiatoires, c'est Hécate qu'il invoque, et
soudain la céleste faveur environne le suppliant dont la
bienveillante déesse accueille les prières ; elle lui prodigue
la richesse, car elle en a le pouvoir. (421) Tous les privilèges
partagés entre les nombreux enfants de la Terre et
d'Uranus, elle seule les réunit. Le fils de Saturne ne lui a ni
dérobé ni arraché aucune des prérogatives qui lui échurent
sous les Titans, ces premiers dieux ; elle conserve tout
entière la part d'autorité qu'elle obtint dans l'origine. Fille
unique, elle n'est ni moins respectée ni moins puissante sur
la terre, dans le ciel et sur la mer ; son pouvoir est encore
plus vaste, parce que Jupiter l'honore. Quand elle veut
favoriser un mortel, elle l'assiste avec empressement, et,
selon sa volonté, elle le fait briller dans l’assemblée des
peuples, lorsque les hommes s'arment pour le combat
meurtrier, c'est elle qui, à son gré, se hâte de lui accorder
la victoire et de prodiguer la gloire au vainqueur. Aux jours
où l'on rend la justice, elle s'assied auprès des rois
vénérables. (435) Si elle voit des rivaux lutter dans l'arène,
toujours propice, elle vient les encourager et les secourir ;
l'athlète vainqueur par sa force et par sa constance mérite
promptement un prix magnifique, et transporté
d'allégresse, couvre de gloire sa famille. Quand elle le veut,
elle protège les écuyers qui montent sur les chars ;
également favorable aux navigateurs qui affrontent le trajet
difficile de la mer azurée, elle exauce les voeux qu'ils
adressent à Hécate et au bruyant Neptune : cette illustre
déesse leur procure aisément une abondante proie ou ne la
leur montre que pour les en dépouiller si tel est son désir.
(444) Occupée avec Mercure à multiplier dans les étables les
boeufs, les agneaux, les nombreux essaims de chèvres et
de brebis à la toison épaisse, elle peut, comme il lui plaît,
accroître ou diminuer les troupeaux. Rejeton unique de sa
mère, elle vit comblée d'honneurs parmi tous les
Immortels.
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