Texte grec :
[8,60] τότε μὲν ἠπίως πρὸς τὸν Κορίνθιον ἀμείψατο, πρὸς δὲ τὸν Εὐρυβιάδην ἔλεγε ἐκείνων μὲν ἔτι
οὐδὲν τῶν πρότερον λεχθέντων, ὡς ἐπεὰν ἀπαείρωσι ἀπὸ Σαλαμῖνος διαδρήσονται· παρεόντων γὰρ
τῶν συμμάχων οὐκ ἔφερέ οἱ κόσμον οὐδένα κατηγορέειν· ὁ δὲ ἄλλου λόγου εἴχετο, λέγων τάδε.
(60A) “ἐν σοὶ νῦν ἐστὶ σῶσαι τὴν Ἑλλάδα, ἢν ἐμοὶ πείθῃ ναυμαχίην αὐτοῦ μένων ποιέεσθαι, μηδὲ
πειθόμενος τούτων τοῖσι λόγοισι ἀναζεύξῃς πρὸς τὸν Ἰσθμὸν τὰς νέας. ἀντίθες γὰρ ἑκάτερον ἀκούσας.
πρὸς μὲν τῷ Ἰσθμῷ συμβάλλων ἐν πελάγεϊ ἀναπεπταμένῳ ναυμαχήσεις, ἐς τὸ ἥκιστα ἡμῖν σύμφορον
ἐστὶ νέας ἔχουσι βαρυτέρας καὶ ἀριθμὸν ἐλάσσονας· τοῦτο δὲ ἀπολέεις Σαλαμῖνά τε καὶ Μέγαρα καὶ
Αἴγιναν, ἤν περ καὶ τὰ ἄλλα εὐτυχήσωμεν. ἅμα δὲ τῷ ναυτικῷ αὐτῶν ἕψεται καὶ ὁ πεζὸς στρατός, καὶ
οὕτω σφέας αὐτὸς ἄξεις ἐπὶ τὴν Πελοπόννησον, κινδυνεύσεις τε ἁπάσῃ τῇ Ἑλλάδι.
(60B) ἢν δὲ τὰ ἐγὼ λέγω ποιήσῃς, τοσάδε ἐν αὐτοῖσι χρηστὰ εὑρήσεις· πρῶτα μὲν ἐν στεινῷ
συμβάλλοντες νηυσὶ ὀλίγῃσι πρὸς πολλάς, ἢν τὰ οἰκότα ἐκ τοῦ πολέμου ἐκβαίνῃ, πολλὸν κρατήσομεν·
τὸ γὰρ ἐν στεινῷ ναυμαχέειν πρὸς ἡμέων ἐστί, ἐν εὐρυχωρίῃ δὲ πρὸς ἐκείνων. αὖτις δὲ Σαλαμὶς
περιγίνεται, ἐς τὴν ἡμῖν ὑπέκκειται τέκνα τε καὶ γυναῖκες. καὶ μὲν καὶ τόδε ἐν αὐτοῖσι ἔνεστι, τοῦ καὶ
περιέχεσθε μάλιστα· ὁμοίως αὐτοῦ τε μένων προναυμαχήσεις Πελοποννήσου καὶ πρὸς τῷ Ἰσθμῷ, οὐδὲ
σφέας, εἴ περ εὖ φρονέεις, ἄξεις ἐπὶ τὴν Πελοπόννησον.
(60C) ἢν δέ γε καὶ τὰ ἐγὼ ἐλπίζω γένηται καὶ νικήσωμεν τῇσι νηυσί, οὔτε ὑμῖν ἐς τὸν Ἰσθμὸν
παρέσονται οἱ βάρβαροι οὔτε προβήσονται ἑκαστέρω τῆς Ἀττικῆς, ἀπίασί τε οὐδενὶ κόσμῳ, Μεγάροισί
τε κερδανέομεν περιεοῦσι καὶ Αἰγίνῃ καὶ Σαλαμῖνι, ἐν τῇ ἡμῖν καὶ λόγιον ἐστὶ τῶν ἐχθρῶν κατύπερθε
γενέσθαι. οἰκότα μέν νυν βουλευομένοισι ἀνθρώποισι ὡς τὸ ἐπίπαν ἐθέλει γίνεσθαι· μὴ δὲ οἰκότα
βουλευομένοισι οὐκ ἐθέλει οὐδὲ ὁ θεὸς προσχωρέειν πρὸς τὰς ἀνθρωπηίας γνώμας”.
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Traduction française :
[8,60] LX. Telle fut la réponse honnête qu'il fit au général corinthien.
S'adressant ensuite à Eurybiades, il ne lui dit plus, comme auparavant,
que dès qu'on aurait levé l'ancre de devant Salamine les alliés se
disperseraient; car il aurait cru manquer aux bienséances en accusant
quelqu'un en présence des alliés. Mais il eut recours à d'autres motifs.
« Eurybiades, lui dit-il, le salut de la Grèce est maintenant entre vos
mains ; vous la sauverez, si, touché de mes raisons, vous livrez ici
bataille à l'ennemi, et si, sans vous laisser persuader par ceux d'un
avis contraire, vous ne levez point l'ancre pour vous rendre à l'isthme.
Écoutez, et pesez les raisons de part et d'autre. En donnant bataille à
l'isthme, vous combattrez dans une mer spacieuse, où il est dangereux
de le faire, nos vaisseaux étant plus pesants et en moindre nombre
que ceux des ennemis. Mais, quand même nous réussirions, vous n'en
perdriez pas moins Salamine, Mégare et Égine. Car d'armée de terre
des Barbares suivra celle de mer, et, par cette conduite, vous
l'amènerez vous-même dans le Péloponnèse, et vous exposerez la
Grèce entière à un danger manifeste. Si vous suivez mon conseil, voici
les avantages qui en résulteront. Premièrement, en combattant dans
un lieu étroit avec un petit nombre de vaisseaux contre un plus grand,
nous remporterons, selon toutes les probabilités de la guerre, une
grande victoire, parce qu'un détroit nous est autant avantageux que la
pleine mer l'est aux ennemis. Secondement, nous conserverons
Salamine, où nous avons déposé nos femmes et nos enfants. J'y
trouve encore cet avantage-ci, celui-là même que vous avez
principalement en vue. En demeurant ici, vous ne combattrez pas
moins pour le Péloponnèse que si vous étiez près de l'isthme. Par
conséquent, si vous êtes sage, vous ne mènerez point la flotte vers le
Péloponnèse. Si, comme du moins je l'espère, nous battons sur mer les
ennemis, ils n'iront point à l'isthme, et s'en retourneront en désordre
sans s'avancer au delà de l'Attique. Nous sauverons Mégare, Égine et
Salamine, où même un oracle nous prédit que nous les vaincrons.
Quand on prend un parti conforme à la raison, on réussit presque
toujours; mais, lorsqu'on se décide contre toute vraisemblance, Dieu
même n'a pas coutume de seconder nos vues. »
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