Texte grec :
[4,195] Κατὰ τούτους δὲ λέγουσι Καρχηδόνιοι κεῖσθαι νῆσον τῇ οὔνομα εἶναι Κύραυιν,
μῆκος μὲν διηκοσίων σταδίων, πλάτος δὲ στεινήν, διαβατὸν ἐκ τῆς ἠπείρου, ἐλαιέων
τε μεστὴν καὶ ἀμπέλων. (2) λίμνην δὲ ἐν αὐτῇ εἶναι, ἐκ τῆς αἱ παρθένοι τῶν ἐπιχωρίων
πτεροῖσι ὀρνίθων κεχριμένοισι πίσσῃ ἐκ τῆς ἰλύος ψῆγμα ἀναφέρουσι χρυσοῦ. ταῦτα
εἰ μὲν ἔστι ἀληθέως οὐκ οἶδα, τὰ δὲ λέγεται γράφω· εἴη δ᾽ ἂν πᾶν, ὅκου καὶ ἐν
Ζακύνθῳ ἐκ λίμνης καὶ ὕδατος πίσσαν ἀναφερομένην αὐτὸς ἐγὼ ὥρων. (3) εἰσὶ μὲν
καὶ πλεῦνες αἱ λίμναι αὐτόθι, ἡ δ᾽ ὦν μεγίστη αὐτέων ἑβδομήκοντα ποδῶν πάντῃ,
βάθος δὲ διόργυιος ἐστί· ἐς ταύτην κοντὸν κατιεῖσι ἐπ᾽ ἄκρῳ μυρσίνην προσδήσαντες
καὶ ἔπειτα ἀναφέρουσι τῇ μυρσίνῃ πίσσαν, ὀδμὴν μὲν ἔχουσαν ἀσφάλτου, τὰ δ᾽ ἄλλα
τῆς Πιερικῆς πίσσης ἀμείνω. ἐσχέουσι δὲ ἐς λάκκον ὀρωρυγμένον ἀγχοῦ τῆς λίμνης.
ἐπεὰν δὲ ἀθροίσωσι συχνήν, οὕτω ἐς τοὺς ἀμφορέας ἐκ τοῦ λάκκου καταχέουσι. (4) ὁ
τι δ᾽ ἂν ἐσπέσῃ ἐς τὴν λίμνην, ὑπὸ γῆν ἰὸν ἀναφαίνεται ἐν τῇ θαλάσσῃ· ἣ δὲ ἀπέχει ὡς
τέσσερα στάδια ἀπὸ τῆς λίμνης. οὕτω ὦν καὶ τὰ ἀπὸ τῆς νήσου τῆς ἐπὶ Λιβύῃ κειμένης
οἰκότα ἐστὶ ἀληθείῃ.
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Traduction française :
[4,195] CXCV. Auprès de ce pays est, au rapport des Carthaginois, une île fort
étroite, appelée Cyraunis ; elle a deux cents stades de long. On y
passe aisément du continent ; elle est toute couverte d'oliviers et de
vignes. Il y a dans cette île un lac, de la vase duquel les filles du pays
tirent des paillettes d'or avec des plumes d'oiseaux frottées de poix.
J'ignore si le fait est vrai ; je me contente de rapporter ce qu'on dit :
au reste, ce récit pourrait être vrai, surtout après avoir été témoin
moi-même de la manière dont on tire la poix d'un lac de Zacynthe.
Cette île renferme plusieurs lacs : le plus grand a soixante-dix pieds en
tout sens, sur deux orgyies de profondeur. On enfonce dans ce lac une
perche à l'extrémité de laquelle est attachée une branche de myrte ;
on retire ensuite cette branche avec de la poix qui a l'odeur du bitume,
mais qui d'ailleurs vaut mieux que celle de Piérie. On jette cette poix
dans une fosse creusée près du lac ; et, quand on y en a amassé une
quantité considérable, on la retire de la fosse pour la mettre dans des
amphores. Tout ce qui tombe dans le lac passe sous terre, et reparaît
quelque temps après dans la mer, quoiqu'elle soit éloignée du lac
d'environ quatre stades. Ainsi ce qu'on raconte de l'île qui est près de
la Libye peut être vrai.
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