Texte grec :
[3,40] Καί κως τὸν Ἄμασιν εὐτυχέων μεγάλως ὁ Πολυκράτης οὐκ ἐλάνθανε, ἀλλά οἱ τοῦτ᾽ ἦν
ἐπιμελές. πολλῷ δὲ ἔτι πλεῦνός οἱ εὐτυχίης γινομένης γράψας ἐς βυβλίον τάδε ἐπέστειλε ἐς Σάμον.
“Ἄμασις Πολυκράτεϊ ὧδε λέγει. (2) ἡδὺ μὲν πυνθάνεσθαι ἄνδρα φίλον καὶ ξεῖνον εὖ πρήσσοντα·
ἐμοὶ δὲ αἱ σαὶ μεγάλαι εὐτυχίαι οὐκ ἀρέσκουσι, τὸ θεῖον ἐπισταμένῳ ὡς ἔστι φθονερόν· καί κως
βούλομαι καὶ αὐτὸς καὶ τῶν ἂν κήδωμαι τὸ μέν τι εὐτυχέειν τῶν πρηγμάτων τὸ δὲ προσπταίειν, καὶ
οὕτω διαφέρειν τὸν αἰῶνα ἐναλλὰξ πρήσσων ἢ εὐτυχέειν τὰ πάντα. (3) οὐδένα γάρ κω λόγῳ οἶδα
ἀκούσας ὅστις ἐς τέλος οὐ κακῶς ἐτελεύτησε πρόρριζος, εὐτυχέων τὰ πάντα. σύ νυν ἐμοὶ
πειθόμενος ποίησον πρὸς τὰς εὐτυχίας τοιάδε· (4) φροντίσας τὸ ἂν εὕρῃς ἐόν τοι πλείστου ἄξιον καὶ
ἐπ᾽ ᾧ σὺ ἀπολομένῳ μάλιστα τὴν ψυχὴν ἀλγήσεις, τοῦτο ἀπόβαλε οὕτω ὅκως μηκέτι ἥξει ἐς
ἀνθρώπους· ἤν τε μὴ ἐναλλὰξ ἤδη τὠπὸ τούτου αἱ εὐτυχίαι τοι τῇσι πάθῃσι προσπίπτωσι, τρόπῳ τῷ
ἐξ ἐμεῦ ὑποκειμένῳ ἀκέο„.
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Traduction française :
[3,40] XL. Amasis, instruit de la grande prospérité de Polycrate, en eut de
l'inquiétude. Comme elle allait toujours en augmentant, il lui écrivit en ces
termes : « Amasis à Polycrate. Il m'est bien doux d'apprendre les succès d'un
ami et d'un allié. Mais comme je connais la jalousie des dieux, ce grand bonheur
me déplaît. J'aimerais mieux pour moi, et pour ceux à qui je m'intéresse, tantôt
des avantages et tantôt des revers, et que la vie fût alternativement partagée
entre l'une et l'attire fortune, qu'un bonheur toujours constant et sans
vicissitude ; car je n'ai jamais ouï parler d'aucun homme qui, ayant été heureux
en toutes choses, n'ait enfin péri malheureusement.
Ainsi donc, si vous voulez m'en croire, vous ferez contre votre bonne fortune ce
que je vais vous conseiller.
Examinez quelle est la chose dont vous faites le plus de cas, et dont la perte
vous serait la plus sensible. Lorsque vous l'aurez trouvée, jetez-la loin de
vous, et de manière qu'on ne puisse jamais la revoir. Que si, après cela, la
Fortune continue à vous favoriser en tout, sans mêler quelque disgrâce à ses
faveurs, ne manquez pas d'y apporter le remède que je vous propose.»
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