[8,8] ἦρχον δὲ τοῦ λοιποῦ τῆς πόλεως μετὰ πάσης εὐκοσμίας
τε καὶ εὐταξίας, ἰδίᾳ τε καὶ δημοσίᾳ πανταχοῦ
εὐφημούμενοι· ἔχαιρέ τε ὁ δῆμος αὐτοῖς, σεμνυνόμενος
εὐπατρίδαις καὶ ἀξίοις τῆς βασιλείας αὐτοκράτορσιν. οἱ
μέντοι στρατιῶται διοίδαινον τὰς ψυχάς, καὶ οὔτε ταῖς
εὐφημίαις τοῦ δήμου ἠρέσκοντο, ἐβαροῦντό τε αὐτῶν
αὐτὴν τὴν εὐγένειαν, καὶ ἠγανάκτουν ὅτι ἄρα ἔχοιεν ἐκ
συγκλήτου βασιλέας. ἐλύπουν δὲ αὐτοὺς καὶ οἱ Γερμανοὶ παρόντες τῷ
Μαξίμῳ ἔν τε τῇ Ῥώμῃ διατρίβοντες· ἀντιπάλους γὰρ ἕξειν ἤλπιζον, εἴ
τι τολμῷεν, καὶ ἐφεδρεύειν αὑτοῖς ὑπώπτευον, εἴ τινι δόλῳ ἀποζωσθεῖεν,
ἐκεῖνοι δὲ ἅτε παρόντες ῥᾳδίως ὑποκατασταῖεν· τό τε
Σεβήρου ὑπόδειγμα, ὃς τοὺς Περτίνακα ἀποκτείναντας
ἀπέζωσεν, εἰσῄει αὐτούς.
ἐπιτελουμένου δὲ ἀγῶνος τοῦ τῶν Καπετωλίων, πάντων τε περὶ τὴν
πανήγυριν καὶ τὰς θέας ἀσχολουμένων,
αἰφνιδίως ἣν εἶχον γνώμην λανθάνουσαν ἐξέφηναν, καὶ
τοῦ θυμοῦ μὴ κρατήσαντες, ὁρμῇ δὲ ἀλόγῳ χρησάμενοι,
ἀνῆλθον ὁμοθυμαδὸν ἐς τὰ βασίλεια, τοῖς τε πρεσβύταις
βασιλεῦσιν ἐπεισῆλθον. συνέβαινε δὲ κἀκείνους μὴ
πάνυ τι ἀλλήλοις ὁμονοεῖν, ἀλλ´ οἷα περ μοναρχίας
ἐπιθυμία καὶ τὸ ἀκοινώνητον ἐν ταῖς ἐξουσίαις εἴωθε
ποιεῖν, ἕκαστος πρὸς αὑτὸν τὴν δύναμιν ἀνθεῖλκεν, ὁ
μὲν Βαλβῖνος κατ´ εὐγένειαν καὶ διπλῆν προάγουσαν
ὑπατείαν πρωτεύειν ἀξιῶν, ὁ δὲ Μάξιμος διά τε τὸ
ἔπαρχος τῆς πόλεως γεγονέναι καὶ ἔχειν ὑπολήψεις
ἐμπειρίας πραγμάτων· ἑκατέρωθέν τε εὐγενεῖς καὶ εὐπατρίδαι καὶ
γένους πλῆθος αὔταρκες ἐς ἐπιθυμίαν
μοναρχίας ἔπειθεν. ὅπερ αὐτοῖς καὶ μάλιστα γέγονεν
ἀπωλείας αἴτιον. ὡς γὰρ ἐπύθετο ὁ Μάξιμος ἀφικνεῖσθαι ἐπ´ ὀλέθρῳ
αὐτῶν τοὺς πραιτωριανοὺς καλουμένους, ἐβούλετο μεταπέμψασθαι
τοὺς Γερμανοὺς συμμάχους, ὄντας ἐν Ῥώμῃ, αὐτάρκεις ἐσομένους
ἀντιστῆναι τοῖς ἐπιβουλεύουσιν. ὁ δὲ Βαλβῖνος οἰόμενος δόλον
τινὰ εἶναι καθ´ αὑτοῦ καὶ σόφισμα (ᾔδει γὰρ τοὺς Γερμανοὺς τῷ
Μαξίμῳ εὐνοοῦντας) ἐκώλυε, φάσκων οὐκ
ἐς κωλύμην οὐδ´ ἐς ἀντίστασιν αὐτοὺς τῶν πραιτωριανῶν ἀφίξεσθαι,
ἀλλ´ ἐς τὸ περιποιῆσαι τῷ Μαξίμῳ τὴν
μοναρχίαν. ἐν ᾧ δὲ περὶ τούτων διαφέρονται, εἰσδραμόντες οἱ
στρατιῶται ὁμοθυμαδὸν ἅπαντες, ἐκστάντων
αὐτοῖς τῶν περὶ τὰς αὐλείους εἰσόδους φυλασσόντων,
ἁρπάζουσι τοὺς πρεσβύτας, περιρρήξαντες δὲ ἃς εἶχον
περὶ τοῖς σώμασιν ἐσθῆτας λιτὰς ἅτ´ οἴκοι διατρίβοντες,
γυμνοὺς τῆς βασιλείου αὐλῆς ἐξέλκουσι μετὰ πάσης
αἰσχύνης καὶ ὕβρεως· παίοντές τε καὶ ἀποσκώπτοντες
τοὺς ἀπὸ συγκλήτου βασιλέας, γενείων τε καὶ ὀφρύων
σπαραγμοῖς καὶ πάσαις τοῦ σώματος λώβαις ἐμπαροινοῦντες, διὰ
μέσης τῆς πόλεως ἐπὶ τὸ στρατόπεδον
ἀπῆγον, οὐ θελήσαντες οὐδ´ ἐν τοῖς βασιλείοις ἀποκτεῖναι ἀλλὰ ζῶσιν
ἐνυβρίσαι, ἵν´ ἐπὶ πλέον ὧν πάσχουσιν
αἴσθοιντο. ἐπεὶ δὲ ταῦτα πυθόμενοι οἱ Γερμανοί, λαβόντες
ὅπλα, ἠπείγοντο ὡς ἀμυνοῦντες αὐτοῖς, μαθόντες
οἱ πραιτωριανοὶ ἀφικνουμένους φονεύουσιν ἤδη πᾶν
τὸ σῶμα λελωβημένους τοὺς βασιλέας. καὶ καταλιπόντες
τὰ σώματα ἐρριμμένα ἐπὶ τῆς λεωφόρου, ἀράμενοι δὲ τὸν
Γορδιανὸν Καίσαρα ὄντα, αὐτοκράτορά τε ἀναγορεύσαντες,
ἐπειδὴ πρὸς τὸ παρὸν ἄλλον οὐχ εὗρον, βοῶντές τε
πρὸς τὸν δῆμον ὅτι ἄρα εἴησαν ἀπεκτονότες οὓς ὁ δῆμος ἐν ἀρχῇ οὐκ
ἐβούλετο ἄρξαι, Γορδιανόν τε ἐπελέξαντο ἐκείνου τε ἀπόγονον καὶ ὃν
αὐτοὶ Ῥωμαῖοι ἐξεβιάσαντο, ἔχοντες αὐτὸν ἀπελθόντες ἐς τὸ
στρατόπεδον, κλείσαντες τὰς πύλας ἡσύχαζον. οἱ δὲ Γερμανοὶ μαθόντες
ἀνῃρημένους τε καὶ ἐρριμμένους ὧν χάριν ἠπείγοντο, οὐχ ἑλόμενοι
πόλεμον μάταιον ὑπὲρ ἀνδρῶν τεθνηκότων, ἐπανῆλθον, ἐς τὸ ἑαυτῶν
καταγώγιον. τέλει μὲν δὴ τοιούτῳ ἐχρήσαντο ἀναξίῳ τε ἅμα καὶ
ἀνοσίῳ σεμνοὶ καὶ λόγου ἄξιοι πρεσβῦται, εὐγενεῖς τε
καὶ κατ´ ἀξίαν ἐπὶ τὴν ἀρχὴν ἐληλυθότες· ὁ δὲ Γορδιανὸς
περὶ ἔτη που γεγονὼς τρισκαίδεκα αὐτοκράτωρ τε
ἀνεδείχθη καὶ τὴν Ῥωμαίων ἀρχὴν ἀνεδέξατο.
| [8,8] XXI. Ces deux princes gouvernèrent ensuite l'empire avec autant de justice
que de modération ; on les louait de toute part, en particulier comme en
public. Le peuple se réjouissait d'un pareil choix ; il se glorifiait de
ces empereurs, dignes du trône par leur naissance comme par leurs vertus.
Mais la fierté des soldats se révoltait ; ils regardaient comme un outrage
les acclamations du peuple; cette noblesse même des empereurs les
irritait; ils s'indignaient d'avoir pour princes des hommes choisis dans
le sénat. Ils voyaient aussi avec peine ces Germains qui restaient auprès
de Maxime et qui demeuraient à Rome. Ils s'attendaient à trouver en eux
des adversaires, s'ils osaient former quelque tentative; ils les
soupçonnaient d'épier l'instant où ils pourraient les désarmer par quelque
surprise, et se mettre à leur place, substitution que leur présence
continuelle rendait si facile. L'exemple de Sévère, qui avait ainsi
désarmé les meurtriers de Pertinax, s'offrait sans cesse à leur pensée.
Pendant que l'on célébrait les jeux Capitolins, et que tout le peuple
rassemblé s'occupait de fêtes et de spectacles, les sentiments qu'ils
cachaient depuis longtemps éclatèrent tout à coup. Ils ne sont plus
maîtres de leur rage, et poussés par une fureur insensée, ils se rendent
tous au palais, et attaquent les vieux empereurs. Le sort voulut que ces
deux princes ne s'entendissent pas entre eux, et que l'un et l'autre
cherchât à attirer vers lui la puissance : tant l'homme est avide de
régner seul, tant le pouvoir souffre difficilement le partage! Balbin
appuyait ses prétentions sur l'éclat de sa naissance, sur le consulat,
qu'il avait deux fois exercé;. Maxime, sur la charge de préfet de Rome
qu'il avait remplie, et sur la réputation d'expérience et d'habileté qu'il
s'était acquise. Tous deux, du reste, nobles et patriciens, étaient d'une
naissance assez illustre pour justifier à leurs yeux leur soif du pouvoir
absolu. Cette fatale ambition fut la principale cause de leur perte. En
effet, dès que Maxime fut informé que les prétoriens s'avançaient pour les
égorger, il voulut faire venir aussitôt les troupes germaines auxiliaires
qui se trouvaient à Rome, et qui devaient suffire pour repousser les
conjurés. Mais Balbin, soupçonnant que c'était une ruse, un complot tramé
contre lui (car il connaissait l'attachement des Germains pour Maxime),
s'opposa à ce que ces troupes fussent appelées, disant « qu'elles ne
viendraient point pour résister aux prétoriens, pour les repousser, mais
pour décerner à son rival l'autorité souveraine. » Pendant qu'ils
discutent ainsi, les soldats furieux se précipitent tous ensemble dans les
cours du palais que les gardiens des portes leur abandonnent, et
saisissent les deux vieillards. Ils déchirent les simples vêtements qu'ils
portaient dans l'intérieur de leurs appartements, les traînent tout nus
hors des cours, en les accablant de toutes sortes d'insultes et
d'outrages; ils les frappent, les appellent avec dérision « les Empereurs
du sénat; » ils leur arrachent la barbe et les sourcils, leur font subir
des traitements plus cruels et plus honteux encore, et, les conduisant
ainsi à travers toute la ville, ils se dirigent vers leur camp. Ils
n'avaient point voulu les tuer dans le palais; ils aimaient mieux se jouer
de leurs victimes encore vivantes, pour leur faire plus longtemps sentir
leurs tortures. Mais les Germains, à la nouvelle de ces événements,
avaient pris les armes, et s'avançaient à la hâte pour secourir les
empereurs : les prétoriens, instruits de leur approche, égorgent enfin les
deux princes, dont tout le corps était défiguré par les plus indignes
mutilations. Ils laissent les cadavres étendus, sur la voie publique, et
prenant dans leurs bras le jeune Gordien qui était César, ils le déclarent
empereur (parce qu'ils n'en trouvaient pas d'autres pour le présent) et
crient à la multitude : « Qu'ils ont tué ceux dont le peuple n'avait point
voulu d'abord reconnaître l'autorité; qu'ils ont choisi le petit-fils de
Gordien, ce jeune prince, que les armes et la volonté de Rome avaient fait
nommer César. » Ils l'entraînent avec eux dans leur camp, en ferment les
portes, et s'y tiennent en repos. Cependant les Germains, ayant appris que
ces deux empereurs qu'ils couraient secourir étaient étendus sans vie dans
les rues de Rome, ne veulent pas commencer une guerre inutile pour des
hommes morts et retournent à leur quartier. Telle fut l'injuste et atroce
supplice de ces deux vieillards, dignes de considération et de respect,
que leur naissance rendait vénérables, et que leurs vertus avaient fait
élever au trône. Gordien, âgé d'environ treize ans, fut déclaré souverain,
et reçut en partage l'empire Romain.
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