[7,4] αἰτίαι μὲν δὴ αὗται, οὔτι γε ἄλογοι, ἐς μῖσος καὶ
ἀπόστασιν τοὺς ὄχλους παρώξυνον. καὶ πάντες μὲν εὔχοντο καὶ θεοὺς
τοὺς ἀδικουμένους ἐπεκάλουν, ἄρξασθαι
δὲ οὐδεὶς ἐτόλμα, ἔστε συμπληρουμένης αὐτῷ τριετοῦς
βασιλείας ἐκ μικρᾶς καὶ εὐτελοῦς προφάσεως, οἷα τυραννίδος
σφάλματα, πρῶτοι ὅπλα ἐκίνησαν ἔς τε ἀπόστασιν
εὐσταθῶς ὥρμησαν Λίβυες, ἐξ αἰτίας τοιᾶσδε. ἐπετρόπευέ τις τῆς
Καρχηδονίας χῶρας τραχύτατα, καὶ μετὰ
πάσης ὠμότητος καταδίκας τε ἐποιεῖτο καὶ χρημάτων
εἰσπράξεις, βουλόμενος εὐδοκιμεῖν παρὰ τῷ Μαξιμίνῳ.
ἐκεῖνός τε γάρ, οὓς ᾔδει ἁρμόζοντας τῇ ἑαυτοῦ γνώμῃ,
ἐπελέγετο· οἵ τε προεστῶτες τοῦ ταμιείου τότε, εἰ καὶ
σπανίως χρηστοὶ ἐμπεπτώκεσαν, τόν τε κίνδυνον προῦπτον ἔχοντες
καὶ τὴν ἐκείνου φιλοχρηματίαν εἰδότες,
ἄκοντες ὅμως τοὺς λοιποὺς ἐμιμοῦντο. ὁ τοίνυν κατὰ
τὴν Λιβύην ἐπίτροπος τοῖς τε ἄλλοις πᾶσι βιαίως προσεφέρετο, καὶ
νεανίσκους τινὰς τῶν παρ´ ἐκείνοις εὖ γεγονότων καὶ πλουσίων
καταδίκαις περιβαλὼν εἰσπράττειν
τὰ χρήματα εὐθέως ἐπειρᾶτο, πατρῴων τε καὶ προγονικῶν οὐσιῶν
αὐτοὺς ἀφαιρεῖσθαι. ἐφ´ οἷς ἀλγήσαντες οἱ
νεανίσκοι τὰ μὲν χρήματα αὐτῷ ἀποδώσειν ὑπέσχοντο,
τριῶν ἡμερῶν αἰτήσαντες ἀνάθεσιν· συνωμοσίαν δὲ ποιησάμενοι,
πάντας τε οὓς ᾔδεσαν ἢ πεπονθότας τι δεινὸν
ἢ παθεῖν δεδοικότας ἀναπείσαντες, κελεύουσι νύκτωρ
κατελθεῖν τοὺς ἐκ τῶν ἀγρῶν οἰκέτας, ξύλα τε καὶ πελέκεις
ἐπιφέρεσθαι. οἳ δὲ πεισθέντες κελεύουσι τοῖς δεσπόταις πρὸ τῆς ἕω
συνῆλθον ἐς τὴν πόλιν, κρύπτοντες
ὑπὸ ταῖς ἐσθῆσιν ἃ ἔφερον αὐτοσχεδίου πολέμου ὅπλα.
μέγα δέ τι πλῆθος ἠθροίσθη· φύσει γὰρ πολυάνθρωπος
οὖσα ἡ Λιβύη πολλοὺς εἶχε τοὺς τὴν γῆν γεωργοῦντας.
ἅμα δὲ τῷ παραδραμεῖν τὸ περιόρθριον προελθόντες οἱ
νεανίσκοι τὸ μὲν πλῆθος τῶν οἰκετῶν κελεύουσιν αὑτοῖς
ἕπεσθαι ὡς ὄντας μέρος τοῦ λοιποῦ ὄχλου, προστάξαντες
τότε ἀποκαλύπτειν ἃ ἐπεφέροντο ὅπλα καὶ γενναίως
ἀνθεστάναι, εἴ τινες ἢ στρατιωτῶν ἢ δημοτῶν αὐτοῖς
ἐπίοιεν ἔκδικοι τοῦ γενησομένου ἔργου· αὐτοὶ δὲ λαβόντες ἐγχειρίδια
ὑποκόλπια προσίασι τῷ ἐπιτρόπῳ ὡς δὴ
περὶ τῆς ἀποδόσεως τῶν χρημάτων διαλεξόμενοι, προσπεσόντες τε
αἰφνιδίως οὐ προσδοκῶντα παίσαντες φονεύουσι. τῶν δὲ περὶ αὐτὸν
στρατιωτῶν γυμνωσάντων τὰ ξίφη τῷ τε φόνῳ ἐπεξελθεῖν θελόντων,
οἱ ἐκ τῶν ἀγρῶν κατεληλυθότες προβαλόμενοι τά τε ξύλα καὶ τοὺς
πελέκεις, ὑπερμαχόμενοι τῶν δεσποτῶν, τοὺς ἀνθεστῶτας ῥᾳδίως
ἐτρέψαντο.
| [7,4] Tels étaient les motifs, trop légitimes, qui poussaient les peuples
à la haine et à la défection; chacun adressait ses prières au ciel
et invoquait les dieux outragés ; mais personne n'osait
donner le signal de la révolte. Enfin, lorsque la troisième année du règne
de Maximin venait de s'accomplir, les Libyens, saisissant un frivole et
léger prétexte (c'est toujours ainsi que les tyrannies s'écroulent ),
prennent les premiers les armes, et se décident à une révolte ouverte.
Voici quelle fut la cause de ce mouvement.
X. Un procurateur administrait la province de Carthage de la manière la
plus tyrannique ; il multipliait avec une extrême cruauté les
condamnations et les amendes, désirant se faire valoir auprès de Maximin ;
car ce prince chérissait ceux qu'il savait être d'un caractère conforme au
sien; et s'il se trouvait encore quelques hommes probes dans le maniement
des finances (ce qui arrivait bien rarement), comme ils avaient toujours
devant les yeux l'image du danger et qu'ils connaissaient la cupidité de
l'empereur, ils se voyaient contraints d'imiter les autres. Ce procurateur
de Libye traitait donc avec violence ses administrés ; il accablait
surtout de condamnations quelques jeunes gens des familles nobles et
opulentes du pays ; il voulait obtenir d'eux sans délai le payement de
fortes amendes, et leur enlever le bien de leurs pères et de leurs aïeux.
Ces jeunes gens, exaspérés par celle conduite, lui promettent de lui payer
la somme qu'il exige, mais demandent un délai de trois jours. Ils forment
alors une conjuration, y entraînent tous ceux qu'ils savent avoir éprouvé
quelque injurieux traitement, ou qui tremblent d'en éprouver à l'avenir,
et ordonnent aux jeunes villageois de leurs terres de se rendre de nuit à
la ville, armés de bâtons et de haches. Obéissant à l'ordre de leurs
maîtres, ils se rassemblent dans la ville avant le jour, cachant sous
leurs vêtements les armes qu'ils ont apportées pour cette guerre
improvisée. Une assez grande multitude se trouva ainsi réunie ; car la
Libye, région très peuplée, avait surtout un nombre considérable
d'agriculteurs. Aux premières lueurs de l'aube, leurs jeunes maîtres
viennent les trouver et leur ordonnent de marcher derrière eux, à la suite
de leurs nombreux esclaves, comme s'ils faisaient partie du peuple. Ils
leur prescrivent de ne découvrir les armes qu'ils portaient et de
n'engager une lutte courageuse, que lorsqu'ils les verraient attaqués
eux-mêmes, soit par les soldats, soit par le peuple, qui voudraient venger
le coup qu'ils avaient médité. Ils cachent des poignards dans leur sein,
et vont trouver le procurateur romain, comme pour traiter avec lui du
payement de l'amende. L'attaquant alors à l'improviste, ils le frappent et
le tuent, sans qu'il ait le temps de se défendre. Les soldats qui
l'entourent, tirent aussitôt leur épée, et veulent venger le meurtre
commis; alors les campagnards, découvrant leurs bâtons et leurs haches,
combattent pour leurs maîtres, et mettent facilement en fuite leurs
adversaires.
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