[7,2] διοικήσας δὲ τὰ προειρημένα, πάντα τε τὸν στρατὸν
ἀναλαβών, καὶ διαβὰς ἀφόβως τὴν γέφυραν, εἴχετο τῆς
πρὸς Γερμανοὺς μάχης. μέγα δέ τι πλῆθος καὶ σχεδὸν
ἅπασαν τὴν Ῥωμαίων δύναμιν σὺν ἑαυτῷ εἰσήγαγε, Μαυρουσίων τε
ἀκοντιστῶν ἀριθμὸν πάμπλειστον καὶ τοξοτῶν Ὀσροηνῶν τε καὶ
Ἀρμενίων, ὧν ἦσαν οἳ μὲν ὑπήκοοι οἳ δὲ φίλοι καὶ σύμμαχοι, καὶ εἴ τινες
Παρθυαίων ἢ χρήμασι πεισθέντες καὶ αὐτομολήσαντες ἢ ληφθέντες
αἰχμάλωτοι Ῥωμαίοις ἐδούλευον. τὰ δὲ πλήθη ταῦτα τοῦ
στρατοῦ καὶ πρότερον ὑπ´ Ἀλεξάνδρου ἤθροιστο, ηὐξήθη
δὲ ὑπὸ τοῦ Μαξιμίνου καὶ ἐς πολεμικὴν ἄσκησιν συγκεκρότητο.
μάλιστα δὲ οἱ ἀκοντισταὶ καὶ οἱ τοξόται πρὸς
τὰς Γερμανῶν μάχας ἐπιτήδειοι δοκοῦσιν, ἐπιτρέχοντές
τε αὐτοῖς κούφως οὐ προσδοκῶσι καὶ ἀναχωροῦντες ῥᾳδίως.
γενόμενος δὲ ἐν τῇ πολεμίᾳ Μαξιμῖνος πολλὴν
γῆν ἐπῆλθεν, οὐδενὸς αὐτῷ ἀνθεστῶτος, ἀλλὰ τῶν βαρβάρων
ἀνακεχωρηκότων. ἐδῄου τε οὖν πᾶσαν τὴν χώραν,
μάλιστα τῶν ληίων ἀκμαζόντων, τάς τε κώμας ἐμπιπρὰς
διαρπάζειν ἐδίδου τῷ στρατῷ. εὐμαρέστατα γὰρ τὸ πῦρ
ἐπινέμεται τάς τε πόλεις αὐτῶν ἃς ἔχουσι, καὶ τὰς οἰκήσεις ἁπάσας·
λίθων μὲν γὰρ παρ´ αὐτοῖς ἢ πλίνθων
ὀπτῶν σπάνις, ὗλαι δ´ εὔδενδροι, ὅθεν ξύλων οὔσης
ἐκτενείας συμπηγνύντες αὐτὰ καὶ ἁρμόζοντες σκηνοποιοῦνται. ὁ δὲ
Μαξιμῖνος ἐπὶ πολὺ μὲν προεχώρησε, πράττων τε τὰ προειρημένα καὶ
λείας ἀπελαύνων, διδούς τε
τὰς ἀγέλας τῷ στρατῷ αἷς περιετύγχανον. οἱ δὲ Γερμανοὶ
ἀπὸ μὲν τῶν πεδίων, καὶ εἴ τινες ἦσαν χῶραι ἄδενδροι,
ἀνακεχωρήκεσαν, ἐν δὲ ταῖς ὕλαις ἐκρύπτοντο περί τε
τὰ ἕλη διέτριβον, ὡς ἐκεῖ τὰς μάχας καὶ τὰς ἐφόδους
ποιοῖντο, τῆς συνεχείας τῶν φυτῶν ἀπασχολούσης ἐς
ἑαυτὴν τὰ βέλη καὶ τὰ ἀκόντια τῶν πολεμίων, τοῦ τε
ἀγχιβαθοῦς τῶν ἑλῶν Ῥωμαίοις μὲν δι´ ἄγνοιαν τῶν
τόπων ἐπισφαλοῦς ἐσομένου, ἑαυτοῖς δὲ δι´ ἐμπειρίαν
τῆς χώρας ἐγνωκόσι τὰ ἄβατα καὶ ἀντιτυπῆ τῶν τόπων
ἐς γόνυ τε βρεχομένοις διατρέχειν ῥᾳδίου. εἰσὶ δὲ καὶ
πρὸς τὸ νήχεσθαι γεγυμνασμένοι ἅτι μόνῳ λουτρῷ τοῖς
ποταμοῖς χρώμενοι.
περὶ ἐκεῖνα οὖν μάλιστα τὰ χωρία αἱ συμβολαὶ ἐγίνοντο· ἔνθα καὶ
γενναιότατα αὐτὸς ὁ βασιλεὺς τῆς μάχης
ἦρξεν. ἐπὶ γάρ τινι ἕλει μεγίστῳ, τῶν μὲν Γερμανῶν ἐς
αὐτὸ ἀναχωρούντων ἐς φυγήν, ἐς δίωξιν δὲ Ῥωμαίων
ἐπεισελθεῖν ὀκνούντων, πρῶτος ὁ Μαξιμῖνος ἅμα τῷ
ἵππῳ ἐμβαλὼν ἐς τὸ ἕλος, καίτοι ὑπὲρ γαστέρα τοῦ ἵππου βρεχομένου,
τοὺς ἀνθεστῶτας ἐφόνευσε βαρβάρους,
ὡς τὸν λοιπὸν στρατὸν αἰδεσθέντα προδοῦναι μαχόμενον
ὑπὲρ αὐτῶν βασιλέα τολμῆσαί τε καὶ τοῖς ἕλεσιν ἐπεισελθεῖν, πολὺ δέ
τι πλῆθος ἑκατέρωθεν πεσεῖν, καὶ Ῥωμαίων μὲν - - - τῶν δὲ βαρβάρων
σχεδὸν τὴν τότε παροῦσαν δύναμιν, ἀριστεύοντος αὐτοῦ, ὡς τὸ τέναγος
σωμάτων πληρωθῆναι, τήν τε λίμνην αἵματι κερασθεῖσαν
πεζομαχοῦντι στρατῷ ναυμαχίας ὄψιν παρασχεῖν.
ταύτην τὴν μάχην καὶ τὴν ἀριστείαν αὑτοῦ οὐ μόνον
διὰ γραμμάτων τῇ τε συγκλήτῳ καὶ τῷ δήμῳ ἐδήλωσεν,
ἀλλὰ καὶ γραφῆναι κελεύσας μεγίσταις εἰκόσιν ἀνέθηκε
πρὸ τοῦ βουλευτηρίου, ἵνα μὴ μόνον ἀκούειν τὰ γενόμενα ἀλλὰ καὶ
βλέπειν ἔχωσι Ῥωμαῖοι. τὴν δ´ εἰκόνα
ὕστερον καθεῖλεν ἡ σύγκλητος μετὰ τῶν λοιπῶν αὐτοῦ
τιμῶν. γεγόνασι δὲ καὶ ἕτεραι συμβολαί, ἐν αἷς ὡς αὐτουργός τε καὶ
αὐτόχειρ τῆς μάχης ἀριστεύων τε πανταχοῦ ἐπῃνεῖτο. πολλοὺς δὲ
χειρωσάμενος αὐτῶν αἰχμαλώτους καὶ λείαν ἀπελάσας, χειμῶνος ἤδη
καταλαμβάνοντος ἐπανῆλθεν ἐς Παίονας, ἔν τε Σιρμίῳ διατρίβων,
τῇ μεγίστῃ ἐκεῖ πόλει δοκούσῃ, τὰ πρὸς τὴν εἴσοδον ἐς
τὸ ἔαρ παρεσκευάζετο. ἠπείλει γὰρ (καὶ ποιήσειν ἔμελλεν) ἐκκόψειν τε
καὶ ὑποτάξειν τὰ μέχρις ὠκεανοῦ Γερμανῶν ἔθνη βάρβαρα.
| [7,2] V. Quand il eut achevé tous ses préparatifs, il prit avec lui toute son
armée, traversa le pont sans crainte et se livra tout entier à la guerre
contre les Germains. Il emmenait avec lui une multitude immense de
soldats, et presque toutes les troupes de l'empire romain, ainsi qu'un
grand nombre d'archers maures, d'Osroéniens et d'Arméniens. Les uns
étaient sujets de l'empire, les autres amis et alliés. Il avait aussi des
Parthes que l'argent avait entraînés à la désertion, ou qui avaient été
pris à la guerre et contraints de servir les Romains. Cette nombreuse
armée avait été rassemblée d'abord par Alexandre, mais accrue par Maximin
et formée par lui au service militaire. Les Maures armés de javelots et
les archers semblent surtout propres à combattre les Germains, parce
qu'ils savent fondre sur eux brusquement, à l'improviste, et se replier
avec tout autant de rapidité. Entré sur le territoire ennemi, Maximin
parcourut une grande étendue de pays sans trouver de résistance : les
barbares s'étaient retirés devant lui. Il dévasta toute leur contrée.
C'était précisément l'époque où les blés sont mûrs; il incendia les bourgs
et les livra au pillage de ses soldats. Le feu dévore avec une extrême
facilité les villes de Germanie et toutes les habitations de ces barbares
: car ils manquent de pierres et de briques, mais ils ont des forêts très
fournies d'arbres ; aussi, dans cette grande abondance de bois, ils se
construisent des espèces de cabanes avec des planches rapportées et
jointes ensemble. Maximin s'avança fort avant et dans tous les sens,
ravageant tout le pays, comme nous l'avons dit plus haut, emmenant un
immense butin, et abandonnant à ses soldats les troupeaux qu'ils
rencontraient sur leur passage. Les Germains, après avoir quitté les
plaines et tous les lieux dépouillés d'arbres, s'étaient cachés dans les
bois, et se maintenaient à l'entour de leurs marais, pour y combattre et
pour y manoeuvrer avec avantage. L'épaisseur des arbres devait en effet
les préserver des traits et des javelots de l'ennemi, et la profondeur des
marais offrait aux Romains de grands dangers à cause de leur ignorance des
lieux, tandis que, connaissant eux-mêmes par expérience les endroits
impraticables et les endroits sûrs, ils les traversaient facilement,
plongés dans l'eau jusqu'aux genoux. Les Germains sont d'excellents
nageurs, car ils ne se baignent que dans l'eau des fleuves.
VI. Ce fut donc principalement dans ces lieux que les engagements se
livrèrent, et ce fut là que l'empereur commença la guerre avec une
brillante valeur. Les Germains, dans leur fuite, s'étaient retirés dans un
de leurs marais; les Romains hésitaient à y entrer pour les poursuivre ;
Maximin le premier y lance son cheval, quoiqu'il fût plongé dans l'eau
jusqu'au-dessus du ventre, et tue les barbares qui lui résistent. Le reste
de l'armée, craignant de livrer son empereur qui combat pour elle, ose à
son tour pénétrer dans le marais ; un grand nombre d'hommes périt de part
et d'autre ; l'armée romaine éprouva des pertes, mais presque tous les
barbares qui avaient pris part à ce combat furent taillés en pièces, grâce
au courage impétueux de Maximin. Le marais fut rempli de cadavres, et le
lac rougi de sang offrait l'image d'un combat naval au milieu d'une armée
de terre.
VII. Maximin ne se contenta pas d'annoncer par une lettre au sénat et au
peuple romain cette bataille et ses propres hauts faits, mais il les fit
peindre dans un grand tableau et exposer devant le sénat, afin que les
Romains pussent, non seulement apprendre ses exploits, mais les voir. Le
sénat, dans la suite, fit enlever ce tableau, ainsi que tous les autres
monuments qu'on avait érigés en l'honneur de Maximin. D'autres combats se
livrèrent encore, auxquels il prit toujours la part la plus active, et qui
fournirent de nouvelles occasions de louer sa valeur infatigable. Ayant
fait prisonniers un grand nombre de barbares et conquis de riches
dépouilles aux approches de l'hiver, il retourna en Pannonie. Il s'arrêta
à Sirmium, la plus grande ville de cette province, et prépara tout pour
faire au printemps une nouvelle irruption en Germanie. Il menaçait les
barbares (et semblait devoir exécuter sa menace) de soumettre toute la
Germanie jusqu'à l'Océan.
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