[5,8] πάντων δὲ οὕτως τῶν πάλαι δοκούντων σεμνῶν ἐς
ὕβριν καὶ παροινίαν ἐκβεβακχευμένων, οἵ τε ἄλλοι πάντες ἄνθρωποι
καὶ μάλιστα οἱ στρατιῶται ἤχθοντο καὶ
ἐδυσφόρουν· ἐμυσάττοντο δὲ αὐτὸν ὁρῶντες τὸ μὲν
πρόσωπον καλλωπιζόμενον περιεργότερον ἢ κατὰ γυναῖκα
σώφρονα, περιδεραίοις δὲ χρυσίνοις ἐσθῆσί τε ἁπαλαῖς
ἀνάνδρως κοσμούμενον, ὀρχούμενόν τε οὕτως ὡς ὑπὸ
πάντων ὁρᾶσθαι. ἐπιρρεπεστέρας τοίνυν τὰς γνώμας
πρὸς τὸν Ἀλέξανδρον εἶχον, καὶ ἐλπίδας κρείττους ἐν
παιδὶ κοσμίως καὶ σωφρόνως ἀνατρεφομένῳ. ἐφρούρουν
τε αὐτὸν παντοίως ὁρῶντες ἐπιβουλευόμενον ὑπὸ τοῦ
Ἀντωνίνου. ἥ τε μήτηρ Μαμαία οὔτε ποτὸν οὔτε ἐδώδιμόν τι εἴα τὸν
παῖδα προσφέρεσθαι τῶν ὑπ´ ἐκείνου
πεμπομένων· ὀψοποιοῖς τε καὶ οἰνοχόοις ὁ παῖς ἐχρῆτο
οὐ τοῖς βασιλικοῖς καὶ ἐν κοινῇ ὑπηρεσίᾳ τυγχάνουσιν,
ἀλλὰ τοῖς ὑπὸ τῆς μητρὸς ἐπιλεχθεῖσι πιστοτάτοις τε
εἶναι δοκοῦσιν. ἐδίδου δὲ καὶ χρήματα λανθάνουσα διανέμεσθαι τοῖς
στρατιώταις κρύβδην, ὅπως αὐτῶν τὴν
πρὸς τὸν Ἀλέξανδρον εὔνοιαν καὶ διὰ χρημάτων, ἐς ἃ
μάλιστα ἀποβλέπουσιν, οἰκειώσηται.
ταῦτα δὴ ὁ Ἀντωνῖνος πυνθανόμενος παντὶ τρόπῳ
ἐπεβούλευε τῷ Ἀλεξάνδρῳ καὶ τῇ μητρὶ αὐτοῦ· ἀλλὰ
τὰς ἐπιβουλὰς πάσας ἀπεῖργέ τε καὶ ἐκώλυεν ἡ κοινὴ
μάμμη ἀμφοτέρων Μαῖσα, γυνὴ καὶ ἄλλως ἐντρεχὴς καὶ
τῇ βασιλείῳ αὐλῇ πολλῶν ἐτῶν ἐνδιαιτηθεῖσα, ἅτε τῆς
Σεβήρου γυναικὸς Ἰουλίας ἀδελφὴ γενομένη καὶ τὰ
πάντα σὺν αὐτῇ ἐν τοῖς βασιλείοις διατρίψασα. οὐδὲν
οὖν αὐτὴν ἐλάνθανε τῶν ὑπὸ τοῦ Ἀντωνίνου βουλευομένων, φύσει τε
χαύνου τὸν τρόπον ὄντος, καὶ ἀφειδῶς
πάντα καὶ φανερῶς ἃ ἐβουλεύετο λέγοντος καὶ πράττοντος. ὡς δὲ τὰ
τῆς ἐπιβουλῆς αὐτῷ οὐ προεχώρει, παραλῦσαι τῆς τοῦ Καίσαρος τιμῆς
ἠθέλησε τὸν παῖδα, καὶ
οὔτε ἐν ταῖς προσαγορεύσεσιν οὔτε ἐν ταῖς προόδοις
Ἀλέξανδρος ἔτι ἑωρᾶτο. οἱ δὲ στρατιῶται ἐπεζήτουν τε
αὐτόν, καὶ ἠγανάκτουν ὅτι δὴ τῆς ἀρχῆς παραλυθείη. διεσκέδασε δὲ ὁ
Ἀντωνῖνος καὶ φήμην ὡς τοῦ Ἀλεξάνδρου
τεθνήξεσθαι μέλλοντος, ἐποιεῖτό τε ἀπόπειραν ὄπως οἴσουσιν οἱ
στρατιῶται τὸ θρυλούμενον. οἳ δ´ ἐπεὶ μήτε
τὸν παῖδα ἔβλεπον ὑπό τε τῆς φήμης τὰς ψυχὰς ἐτρώθησαν,
ἀγανακτήσαντες οὔτε τὴν συνήθη φρουρὰν
ἔπεμψαν τῷ Ἀντωνίνῳ, κατακλείσαντές τε αὑτοὺς ἐν τῷ
στρατοπέδῳ τὸν Ἀλέξανδρον ἐν τῷ ἱερῷ ἠξίουν ἰδεῖν.
ὁ δ´ Ἀντωνῖνος ἐν δέει πολλῷ γενόμενος, παραλαβὼν
τὸν Ἀλέξανδρον, συγκαθεσθεὶς αὐτῷ ἐν τῷ βασιλικῷ
φορείῳ, ὅπερ διὰ χρυσοῦ πολλοῦ καὶ λίθων τιμίων
πεποίκιλτο, κατῆλθεν ἐς τὸ στρατόπεδον σὺν τῷ Ἀλεξάνδρῳ. ὡς δὲ
ἀνοίξαντες τὰς πύλας ἐδέξαντο αὐτοὺς ἔς τε
τὸν νεὼν τοῦ στρατοπέδου ἤγαγον, τὸν μὲν Ἀλέξανδρον
ὑπερφυῶς ἠσπάζοντό τε καὶ εὐφήμουν, τῷ δὲ Ἀντωνίνῳ
ἀμελέστερον προσεφέροντο. ἐφ´ οἷς ἐκεῖνος ἀγανακτῶν,
καὶ διανυκτερεύσας ἐν τῷ ἱερῷ τοῦ στρατοπέδου, πάνυ
ἤσχαλλε καὶ τοῖς στρατιώταις ὠργίζετο· ἐκέλευέ τε τοὺς
παρασήμως καὶ ὑπερφυῶς τὸν Ἀλέξανδρον εὐφημήσαντας, τοὺς δὲ
αἰτίους δῆθεν στάσεως καὶ θορύβου, συλλαμβάνεσθαι πρὸς τιμωρίαν. οἱ
δὲ στρατιῶται ἐπὶ τούτῳ ἀγανακτήσαντες, ἄλλως μὲν μισοῦντες τὸν
Ἀντωνῖνον καὶ ἀποσκευάσασθαι θέλοντες ἀσχημονοῦντα βασιλέα,
τότε δὲ καὶ τοῖς συλλαμβανομένοις ἐπαμύνειν δεῖν ἡγούμενοι, καιρὸν
εὔκαιρον καὶ πρόφασιν δικαίαν νομίζοντες, τὸν μὲν Ἀντωνῖνον αὐτόν
τε καὶ τὴν μητέρα Σοαιμίδα (παρῆν γὰρ ὡς Σεβαστή τε καὶ μήτηρ)
ἀναιροῦσι, τούς τε περὶ αὐτὸν πάντας, ὅσοι ἔνδον κατελήφθησαν
ὑπηρέται τε καὶ συνεργοὶ ἐδόκουν εἶναι τῶν ἁμαρτημάτων. τὰ δὲ
σώματα τοῦ τε Ἀντωνίνου καὶ τῆς Σοαιμίδος παρέδοσαν σύρειν τε καὶ
ἐνυβρίζειν τοῖς βουλομένοις· ἅπερ ἐπὶ πολὺ διὰ πάσης τῆς πόλεως
συρέντα τε καὶ λωβηθέντα ἐς τοὺς ὀχετοὺς ἀπερρίφθη τοὺς ἐς τὸν
Θύβριν ποταμὸν ῥέοντας.
Ἀντωνῖνος μὲν οὖν ἐς ἕκτον ἔτος ἐλάσας τῆς βασιλείας
καὶ χρησάμενος τῷ προειρημένῳ βίῳ, οὕτως ἅμα τῇ
μητρὶ κατέστρεψεν· οἱ δὲ στρατιῶται αὐτοκράτορα τὸν
Ἀλέξανδρον ἀναγορεύσαντες ἐς τὰ βασίλεια ἀνήγαγον,
κομιδῇ νέον καὶ πάνυ ὑπὸ τῇ μητρὶ καὶ τῇ μάμμῃ παιδαγωγούμενον.
| [5,8] XX. Tout ce qui autrefois semblait digne de respect se trouvait ainsi
livré au mépris et à une sorte de prostitution ; tous les citoyens, et
surtout les soldats s'indignaient de pareils excès et ne les souffraient
qu'avec peine. Ils témoignaient hautement leur haine pour la personne du
prince, quand ils le voyaient farder son visage avec autant de soin qu'une
courtisane, se décorer comme une femme de colliers d'or et de robes
somptueuses, et danser en présence de tout le peuple. Aussi avaient-ils
pour Alexandre des dispositions plus favorables, et plaçaient-ils de
meilleures espérances dans un enfant élevé avec tempérance et avec
sagesse. Ils veillaient tous sur lui, voyant qu'Antonin l'environnait de
toute espèce de piéges.
XXI. Sa mère Mammée ne lui laissait goûter aucune boisson, aucun mets qui
lui fût envoyé par l'empereur. Alexandre ne se servait point des
cuisiniers et des échansons attachés à la cour et au service du palais; il
en avait d'autres que lui avait choisis sa mère, et dont la foi était
éprouvée. Elle donnait aussi secrètement de l'argent, qu'elle faisait
distribuer dans l'ombre aux soldats, pour assurer leur bienveillance à
Alexandre par l'appât de l'or, le principal objet de leurs désirs.
XXII. Antonin, qui n'ignorait pas cette conduite, tendait de son côté
toutes sortes d'embûches à Alexandre et à sa mère. Mais tous ces complots
échouaient grâce à l'aïeule des deux princes, Maesa, qui joignait à son
adresse naturelle l'avantage d'avoir habité pendant de longues années la
cour impériale, comme soeur de l'épouse de Sévère, Julie, auprès de
laquelle elle avait toujours vécu au palais. Aussi rien ne lui
échappait-il de toutes les manoeuvres d'Antonin, dont le caractère était
d'une extrême légèreté, et qui disait et faisait ouvertement et sans
précaution tout ce qu'il méditait. Quand il vit que les piéges lui
réunissaient peu, il voulut dépouiller son jeune rival de la dignité de
César. Alexandre cessa donc de recevoir chaque matin les salutations
d'usage et de se montrer en public ; on ne lui rendit plus aucun honneur.
Mais les soldats le demandaient hautement ; ils s'indignaient qu'on l'eût
dépouillé de l'empire. Antonin répandit alors le bruit qu'Alexandre était
sur le point de mourir; il voulut éprouver comment les soldats
supporteraient cette nouvelle. Mais ceux-ci, dès qu'ils cessèrent
absolument de voir le prince, et que ce bruit eut frappé leurs esprits,
firent éclater leur fureur. Ils n'envoyèrent plus à Antonin la garde
accoutumée, et, se renfermant dans leur camp, demandèrent à voir Alexandre
dans les temples. Antonin, pénétré alors d'une grande terreur, prit avec
lui Alexandre, et, le plaçant à ses côtés dans la litière impériale, qui
étincelait d'or et de pierres précieuses, vint au camp avec le jeune prince.
XXIII. Les portes s'ouvrent, on les accueille, on les conduit dans le
temple du camp. Les soldats saluaient Alexandre avec une joie
extraordinaire; ils le poursuivaient de leurs acclamations, et traitaient
Antonin avec une froideur marquée. Il en fut courroucé; il passa la nuit
dans le temple, tourmenté de cette injure, et furieux contre les soldats.
Le lendemain, il ordonna que tous ceux qui s'étaient fait remarquer par la
chaleur de leurs acclamations fussent arrêtés comme des séditieux et des
perturbateurs, et conduits au supplice. Mais les soldats, transportés
d'indignation, poussés d'ailleurs par tant d'autres motifs de haine pour
Antonin, veulent renverser enfin un empereur déshonoré. Ils pensent
surtout qu'il faut secourir leurs compagnons emprisonnés. Le temps leur
semble opportun, le prétexte légitime; ils tuent Antonin, sa mère Soémis,
qui était présente, comme mère, comme impératrice, et enveloppent dans le
massacre tous ceux de son cortége qui furent pris dans l'intérieur du camp
et reconnus pour ministres et complices de tous ses crimes. Ils
abandonnèrent à ceux qui voulurent s'en emparer les corps d'Antonin et de
Soémis, pour être honteusement traînés dans Rome. Ces deux cadavres, après
avoir été promenés par toute la ville, et accablés de tous les outrages,
furent jetés dans les égouts qui coulent vers le Tibre. Ce fut ainsi
qu'Antonin, arrivé à la sixième année de son règne, finit, avec sa mère,
une vie que nous avons fait connaître. Les soldats, après avoir salué
Alexandre empereur, conduisirent au palais ce jeune prince, qui n'était
encore que dans sa première jeunesse, et tout à fait soumis à la direction
de sa mère Mammée et de son aïeule.
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