[5,7] ὁρῶσα δὲ ταῦτα ἡ Μαῖσα, ὑποπτεύουσά τε τοὺς στρατιώτας
ἀπαρέσκεσθαι τῷ τοιούτῳ τοῦ βασιλέως βίῳ,
καὶ δεδοικυῖα μή τι ἐκείνου παθόντος πάλιν ἰδιωτεύῃ,
πείθει αὐτόν, κοῦφον ἄλλως καὶ ἄφρονα νεανίαν,
θέσθαι υἱὸν Καίσαρά τε ἀποδεῖξαι τὸν ἑαυτοῦ μὲν ἀνεψιὸν ἐκείνης δὲ
ἔγγονον ἐκ τῆς ἑτέρας θυγατρὸς Μαμαίας, εἰποῦσα αὐτῷ κεχαρισμένα,
ὡς ἄρα χρὴ ἐκεῖνον μὲν τῇ ἱερωσύνῃ καὶ θρησκείᾳ σχολάζειν τοῦ θεοῦ,
βακχείαις καὶ ὀργίοις τοῖς τε θείοις ἔργοις ἀνακείμενον,
εἶναι δὲ ἕτερον τὸν τὰ ἀνθρώπεια διοικοῦντα, ἐκείνῳ
δὲ παρέξοντα τῆς βασιλείας τὸ ἀνενόχλητόν τε καὶ ἀμέριμνον· μὴ δεῖν
τοίνυν ξένον ζητεῖν μηδ´ ἀλλότριον,
ἀλλὰ τῷ ἀνεψιῷ ταῦτα ἐγχειρίσαι. μετονομάζεται δὴ ὁ
Ἀλεξιανός, καὶ Ἀλέξανδρος καλεῖται, παραχθέντος αὐτῷ
τοῦ παππῴου ὀνόματος ἐς τὸ τοῦ Μακεδόνος ὡς πάνυ
τε ἐνδόξου καὶ τιμηθέντος ὑπὸ τοῦ δοκοῦντος πατρὸς
ἀμφοτέρων εἶναι· τὴν γὰρ Ἀντωνίνου τοῦ Σεβήρου
παιδὸς μοιχείαν ἀμφότεραι αἱ Μαίσης θυγατέρες αὐτή
τε ἡ πρεσβῦτις ἐσεμνύνετο πρὸς τὸ τοὺς στρατιώτας
στέργειν τοὺς παῖδας, υἱοὺς ἐκείνου δοκοῦντας εἶναι.
ἀποδείκνυται δὴ Καῖσαρ ὁ Ἀλέξανδρος, ὕπατός τε σὺν
αὐτῷ Ἀντωνίνῳ. κατελθών τε ἐς τὴν σύγκλητον ταῦτα
ἐκύρωσε, γελοιότατα ψηφισαμένων πάντων ἃ ἐκελεύοντο,
πατέρα μὲν ἐκεῖνον δοκεῖν ἔτη γεγονότα περί που ἑκκαίδεκα, τὸν
Ἀλέξανδρον δὲ υἱὸν τοῦ δωδεκάτου ἐπιβαίνοντα. ὡς δὲ Καῖσαρ ὁ
Ἀλέξανδρος ἀπεδείχθη, ὁ
Ἀντωνῖνος αὐτὸν ἐβούλετο τὰ ἑαυτοῦ παιδεύειν ἐπιτηδεύματα,
ὀρχεῖσθαί τε καὶ χορεύειν τῆς τε ἱερωσύνης
κοινωνεῖν καὶ σχήμασι καὶ ἔργοις ὁμοίοις. ἡ δὲ μήτηρ
αὐτὸν ἡ Μαμαία ἀπῆγε μὲν τῶν αἰσχρῶν καὶ ἀπρεπῶν
βασιλεῦσιν ἔργων, διδασκάλους δὲ πάσης παιδείας λάθρᾳ
μετεπέμπετο, τοῖς τε σώφροσιν αὐτὸν ἤσκει μαθήμασι,
παλαίστραις τε καὶ τοῖς ἀνδρῶν γυμνασίοις εἴθιζε, παιδείαν
τε τὴν Ἑλλήνων καὶ Ῥωμαίων ἐπαίδευεν. ἐφ´ οἷς
Ἀντωνῖνος πάνυ ἤσχαλλε, καὶ μετεγίνωσκε θέμενος αὐτὸν υἱὸν καὶ
κοινωνὸν τῆς ἀρχῆς. τούς τε οὖν διδασκάλους αὐτοῦ πάντας ἀπεσόβει
τῆς βασιλείου αὐλῆς, τινάς
τε αὐτῶν τοὺς ἐνδοξοτάτους οὓς μὲν ἀπέκτεινεν οὓς δὲ
ἐφυγάδευσεν, αἰτίας γελοιοτάτας ἐπιφέρων, ὡς διαφθείροιεν αὐτῷ τὸν
δοκοῦντα υἱόν, οὐκ ἐπιτρέποντες χορεύειν ἢ βακχεύεσθαι,
σωφρονίζοντες δὲ καὶ τὰ ἀνδρῶν
διδάσκοντες. ἐς τοσοῦτον δὲ ἐξώκειλε παροινίας ὡς πάντα
τὰ ἀπὸ τῆς σκηνῆς καὶ τῶν δημοσίων θεάτρων μεταγαγεῖν ἐπὶ τὰς
μεγίστας τῶν βασιλικῶν πράξεων, καὶ τοῖς
μὲν στρατοπέδοις ἔπαρχον ἐπιστῆσαι ὀρχηστήν τινα γεγονότα καὶ
δημοσίᾳ ἐν τῷ Ῥωμαίων θεάτρῳ ὀρχησάμενον, ὅτε ἦν νέος· πάλιν δὲ
ἕτερον ὁμοίως ἐκ τῆς σκηνῆς
βαστάσας, παιδείας τῶν νέων καὶ εὐκοσμίας τῆς τε ὑποστάσεως τῶν ἐς
τὴν σύγκλητον βουλὴν ἢ τὸ ἱππικὸν
τάγμα κατατασσομένων προέστησεν. ἡνιόχοις τε καὶ κωμῳδοῖς καὶ
μίμων ὑποκριταῖς τὰς μεγίστας τῶν βασιλείων πίστεων ἐνεχείρισε. τοῖς
δὲ δούλοις αὑτοῦ ἢ ἀπελευθέροις, ὡς ἔτυχεν ἕκαστος ἐπ´ αἰσχρῷ τινὶ
εὐδοκιμήσας, τὰς ὑπατικὰς τῶν ἐθνῶν ἐξουσίας ἐνεχείρισε.
| [5,7] XVII. Moesa, voyant tous ces excès, et soupçonnant que cette conduite de
l'empereur devait déplaire aux soldats, craignit que, s'il arrivait au
prince quelque malheur, elle ne fût obligée elle-même de reprendre sa vie
privée. Elle persuada donc à Antonin, qui joignait à ses vices la légèreté
et toute l'imprudence de son âge, d'adopter pour fils et de déclarer César
son cousin germain, le fils de Mammée, la seconde fille de Massa. Elle le
détermina par d'adroites flatteries : « Il fallait qu'il s'occupât
uniquement du sacerdoce et du culte de son Dieu; il se devait à la joie de
ses fêtes, à ses orgies saintes, à ses devoirs divins ; c'était à un autre
d'administrer les choses terrestres, et de lui rendre l'exercice de
l'autorité souveraine exempt d'embarras et de soucis. Mais il ne fallait
pas qu'il cherchât pour cette fonction un homme étranger à sa patrie, à sa
famille ; c'est à son cousin qu'il devait la confier. » Aussitôt Alexien
change de nom, et on l'appelle Alexandre : on métamorphosa ainsi son nom
en celui du prince macédonien, tant par respect pour la gloire de ce héros
qu'en souvenir de l'espèce de culte que lui avait voué le père présumé des
deux princes. Car chacune des filles de Maesa se glorifiait hautement (et
leur mère les imitait ), d'avoir eu un commerce adultère avec Antonin,
fils de Sévère : leur but, en accréditant ce bruit, était de rendre les
jeunes princes chers aux soldats.
XVIII. Alexandre est donc déclaré César, et nommé consul avec Antonin.
L'empereur se rend au sénat où il fait approuver ces mesures : il
commande, et tous les sénateurs, sans craindre le ridicule, décrètent à
l'unanimité qu'Antonin, âgé de seize ans environ, est le père d'Alexandre,
qui entrait dans sa douzième année. Quand ce dernier eut reçu le titre de
César, Antonin voulut l'initier à ses goûts, lui apprendre la danse, le
faire participer à son sacerdoce, lui faire prendre le même costume,
remplir les mêmes fonctions. Mais sa mère Mammée le détournait de ces
actes honteux et peu convenables à un empereur. Elle appelait au contraire
en secret des maîtres de toutes sciences, cultivait l'esprit de son fils
par des études sévères, l'accoutumait à la palestre et aux exercices
virils, et le faisait instruire dans les lettres grecques et latines.
XIX. Cette conduite excitait chez Antonin la plus vive indignation : il se
repentit d'avoir adopté Alexandre, d'avoir partagé l'empire avec lui. Il
chassa de la cour impériale tous ces professeurs, punit soit par la mort,
soit par l'exil, quelques-uns des plus illustres ; il alléguait les motifs
les plus ridicules : ces maîtres corrompaient, selon lui, son fils
adoptif, en ne lui permettant pas de danser, de se livrer à tous les
désordres, en ne songeant qu'à régler sa vie, qu'à l'élever en homme. Il
poussa bientôt la démence jusqu'à faire descendre de la scène et des
théâtres publics une multitude de comédiens, pour leur confier les charges
les plus importantes de l'État. Il mit à la tête des armées un homme qui
avait été bateleur et qui dans sa jeunesse avait dansé publiquement sur le
théâtre de Rome; un autre de ces personnages quitta également la scène
pour diriger l'éducation et les moeurs de la jeunesse, et fut nommé
censeur du sénat et de l'ordre des chevaliers. Antonin remit enfin les
plus hautes dignités de la couronne à des conducteurs de chars, à des
comédiens, à des mimes, les plus vils des histrions. Pour peu qu'un de ses
esclaves ou de ses affranchis se distinguât par quelque turpitude d'éclat,
il l'investissait du gouvernement consulaire d'une des provinces de l'empire.
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