HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Hérodien, Histoire romaine, livre IV

Chapitre 5

  Chapitre 5

[4,5] ἐπιμείνας δὲ Ἀντωνῖνος τῆς νυκτὸς ἐκείνης ἐν τῷ νεῷ τοῦ στρατοπέδου, θαρρήσας τε καὶ ταῖς ἐπιδόσεσιν οἰκειωσάμενος τοὺς στρατιώτας, ἐς τὴν σύγκλητον κατῆλθε μετὰ παντὸς τοῦ στρατοῦ, ὡπλισμένου μᾶλλον ἔθος ἐστὶ βασιλέως προπομπεύειν. εἰσελθὼν δὲ καὶ θύσας, τοῦ τε βασιλείου ἐπιβὰς θρόνου, ἔλεξε τοιάδε. „οὐκ ἀγνοῶ μὲν ὅτι πᾶς οἰκείου φόνος εὐθέως ἀκουσθεὶς μεμίσηται, τό τε ὄνομα ταῖς ἀκοαῖς ἅμα τῷ προσπεσεῖν εὐθὺς φέρει χαλεπὴν διαβολήν. τοῖς μὲν γὰρ δυστυχήσασιν ἔλεος, τοῖς δὲ κρατήσασι φθόνος παρακολουθεῖ· καὶ τὸ μὲν ἡττηθὲν ἐν τοῖς τοιούτοις ἀδικεῖσθαι, τὸ δὲ νικῆσαν ἀδικεῖν δοκεῖ. πλὴν εἴ τις ὀρθῇ κρίσει καὶ μὴ διαθέσει τῇ πρὸς τὸν πεσόντα τὸ πεπραγμένον λογίζοιτο, τήν τε αἰτίαν αὐτοῦ καὶ τὴν ὑπόθεσιν ἐξετάζοι, εὕροι ἂν ὁμοῦ καὶ εὔλογον καὶ ἀναγκαῖον τὸν μέλλοντα πείσεσθαι δεινὸν ἀμύνασθαι μᾶλλον ἀπομεῖναι· τῇ μὲν γὰρ συμφορᾷ τοῦ πεσόντος καὶ ἀνανδρίας ψόγος παρακολουθεῖ, δὲ κρατήσας ἅμα τῷ σεσῶσθαι καὶ δόξαν ἀνδρείας ἀπηνέγκατο. τὰ μὲν οὖν ἄλλα, ὅσα διὰ δηλητηρίων φαρμάκων καὶ διὰ πάσης ἐνέδρας ἐπεβούλευσέ μοι, ἔνεστιν ὑμῖν καὶ διὰ βασάνων χωρήσασι μαθεῖν· καὶ γὰρ διὰ τοῦτο τοὺς ἐκείνου ἐν τοῖς ὑπηρέταις ἐκέλευσα παρεῖναι, ὅπως εὕρητε τὴν ἀλήθειαν. εἰσὶ δέ τινες αὐτῶν καὶ ἤδη ἐξετασθέντες, καὶ τῆς ἐξετάσεως ἐπακοῦσαι δύνασθε. τὸ δ´ οὖν τελευταῖον ἐπῆλθέ μοι παρὰ τῇ μητρὶ ὄντι ξιφήρεις ἔχων τινὰς ἐς τοῦτο παρεσκευασμένους. ὅπερ ἐγὼ προμηθείᾳ πολλῇ καὶ ἀγχινοίᾳ συνεὶς ἠμυνάμην ὡς πολέμιον, ἐπεὶ μήτε γνώμην ἔτι μήτε ὁρμὴν ἔφερεν ἀδελφοῦ. ἀμύνεσθαί τε τοὺς ἐπιβουλεύοντας οὐ μόνον δίκαιον ἀλλὰ καὶ σύνηθες. αὐτὸς γοῦν τῆσδε τῆς πόλεως κτίστης Ῥωμύλος οὐκ ἤνεγκεν ἀδελφὸν ὑβρίσαντα μόνον ἐς τὰ ἐκείνου ἔργα. σιγῶ Γερμανικὸν τὸν Τιβερίου καὶ Βρεττανικὸν τὸν Νέρωνος καὶ Τίτον τὸν Δομετιανοῦ. Μάρκος αὐτός, φιλοσοφίαν καὶ ἐπιείκειαν προσποιούμενος, Λουκίου τὴν ὕβριν οὐκ ἤνεγκεν ὄντος γαμβροῦ, ἀλλ´ ἐξ ἐπιβουλῆς αὐτὸν ἀπεσείσατο. ἐγὼ δὲ δηλητηρίων παρεσκευασμένων τε ξίφους ἐπῃωρημένου τὸν ἐχθρὸν ἠμυνάμην· τοῦτο γὰρ αὐτῷ τοὔνομα ἐδίδου τὰ ἔργα. ὑμᾶς δὲ χρὴ πρῶτον μὲν θεοῖς εἰδέναι χάριν ὅτι κἂν τὸν ἕτερον ὑμῖν τῶν βασιλέων ἔσωσαν, παύσασθαι δὲ ἤδη τὰς ψυχὰς καὶ τὰς γνώμας διῃρημένους, ἐς ἕνα δὲ βλέποντας ἀμερίμνως βιοῦν. βασιλείαν δὲ Ζεύς, ὥσπερ αὐτὸς ἔχει θεῶν μόνος, οὕτω καὶ ἀνθρώπων ἑνὶ δίδωσι.“ τοιαῦτα εἰπὼν μεγάλῃ βοῇ, θυμοῦ πεπληρωμένος, βλέμματι δριμεῖ ἀφορῶν ἐς τοὺς ἐκείνου φίλους, τρέμοντάς τε καὶ ὠχριῶντας τοὺς πλείστους καταλιπών, ἀνέδραμεν ἐς τὰ βασίλεια. [4,5] Antonin passa la nuit dans le temple du camp. Le lendemain, plein de confiance dans la fidélité des troupes, que son or a gagnées, il marche au sénat accompagné de tous ses soldats, armés comme pour une expédition, et non comme pour un simple cortége. Après avoir fait un sacrifice, il entre au sénat, monte sur le siége impérial et prononce le discours suivant : X. « L'homme accusé d'avoir tué un de ses proches devient sur-le-champ un objet d'exécration : je ne l'ignore pas. Au seul nom de parricide, mille voix s'élèvent contre le meurtrier. La pitié s'attache au vaincu, et l'envie à celui qui triomphe; le premier est toujours innocent, le second toujours coupable. Mais qu'un homme éclairé et impartial réfléchisse sur le funeste événement dont gémit l'empire ; qu'il en recherche les causes et l'origine, et il pensera sans doute que la justice non moins que la nécessité font à l'homme un devoir de prévenir un crime plutôt que d'en être la victime innocente; car on succombe alors doublement malheureux, puisqu'on laisse après soi la mémoire d'un lâche, tandis que le vainqueur peut s'enorgueillir à la fois de son bonheur et de son courage. Les tortures des complices de Géta vous révéleront, sénateurs, les empoisonnements, les piéges sans nombre auxquels a échappé ma vie. J'ai fait conduire ici tous les ministres de ses perfidies, pour que vous puissiez connaître la vérité tout entière. Quelques-uns ont déjà été interrogés, et vous entendrez leurs aveux. J'étais avec ma mère, quand il vint à moi, accompagné d'assassins armés. Le ciel permit que je pénétrasse ses intentions, et je me vengeai d'un ennemi, car ce n'était plus un frère : il en avait abjuré tous les sentiments. Non seulement la justice, mais tous les exemples autorisent la punition d'un agresseur. Le fondateur de cette ville, Romulus, ne souffrit pas de son frère une simple raillerie. Je ne rappellerai point le sort de Germanicus, frère de Néron, ni celui de Titus, frère de Domitien. Mais Marc-Aurèle, ce prince qui tenait tant à son renom de philosophie et d'humanité, ne put supporter un outrage de Lucius Vérus son gendre, et il le fit assassiner. Pour moi, c'est après avoir couru les hasards de vingt empoisonnements, c'est à la vue d'un poignard prêt à me frapper, que je me suis vengé d'un ennemi. Car, je le répète, il ne mérite pas un autre nom. Votre devoir, sénateurs, est de rendre d'abord grâce aux dieux qui vous ont du moins conservé un de vos princes, et de bannir ensuite toute division, toute discorde, pour réunir sur un seul empereur vos affections et vos légitimes espérances. Jupiter, qui seul possède l'empire parmi les dieux, n'a aussi voulu donner à la terre qu'un seul maître. » XI. Après ce discours, qu'il prononça d'une voix forte, avec l'accent de la colère, et en jetant des regards menaçants sur les amis de Géta, il rentra dans son palais, leur laissant l'effroi dans l'âme et la pâleur sur le front.


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Dernière mise à jour : 26/04/2007