[9,1] Ἡ δὲ Συήνη πολιορκίᾳ λαμπρῶς ἤδη περιεστοίχιστο
καὶ ὥσπερ ἄρκυσιν ἐναπείληπτο τοῖς Αἰθίοψιν. Ὁ
μὲν γὰρ Ὀροονδάτης, ὅσον οὔπω πλησιάζειν τοὺς Αἰθίοπας
αἰσθόμενος καὶ τοὺς καταρράκτας ὑπερθεμένους ἐπὶ τὴν
Συήνην ἐλαύνειν, ὀλίγον ἔφθη προεισελάσας εἰς τὸ ἄστυ,
καὶ τάς τε πύλας ἐπικλεισάμενος καὶ τὰ τείχη βέλεσι καὶ
ὅπλοις καὶ μηχανήμασι φραξάμενος ἐκαραδόκει τὸ μέλλον.
Ὁ δὲ δὴ τῶν Αἰθιόπων βασιλεὺς Ὑδάσπης, ἐπειδὴ
πόρρωθεν εἰσελαύνειν μέλλοντας εἰς τὴν Συήνην τοὺς
Πέρσας προκατοπτεύσας, εἶτα ἐπιδιώξας ὥστε φθῆναι
συμβαλὼν καθυστέρησεν, ἐπαφῆκε τῇ πόλει τὸν στρατὸν
καὶ εἰς κύκλον τῷ τείχει περιχέας ἀπρόσμαχον καὶ μόνῃ
τῇ θέᾳ προσεκάθητο, μυριάσιν ἀπείροις ἀνδρῶν ὁμοῦ καὶ
ὅπλων καὶ ζῴων τὰ Συηναίων πεδία στενοχωρῶν. Ἔνθα
καὶ καταλαβόντες αὐτὸν οἱ κατάσκοποι τοὺς ἁλόντας προσῆγον·
ὁ δὲ ἥδετο μὲν καὶ τῇ ὄψει τῶν νέων, εὐμενὴς
αὐτόθεν πρὸς τὰ ἴδια καὶ οὐκ εἰδὼς ὑπὸ {τοῦ} μαντευτοῦ
τῆς ψυχῆς γινόμενος· ἐγάνυτο δὲ πλέον τῷ συμβόλῳ δεσμίων
προσαγομένων. Καὶ «Εὖ γε» ἀνεβόησε, «δεσμίους
ἡμῖν οἱ θεοὶ τοὺς πολεμίους ἐκ τῶν πρωτολείων
παραδιδόασι· καὶ οὗτοι μὲν» ἔφη «πρῶτοι ληφθέντες εἰς
ἀπαρχὴν τοῦ πολέμου σῳζέσθωσαν κατὰ τὰς ἐπινικίους
θυσίας, ὡς ὁ πάτριος Αἰθιόπων βούλεται νόμος, θεοῖς τοῖς
ἐγχωρίοις εἰς ἱερουργίαν φυλαχθησόμενοι.» Τοὺς δὲ
κατασκόπους δώροις ἀμειψάμενος, τούτους τε καὶ τοὺς
αἰχμαλώτους εἰς τοὺς σκευοφόρους ἀπέπεμπε, μοῖραν
αὐτάρκη τῶν ὁμογλώσσων εἰς τὴν φρουρὰν ἀποκληρώσας
τά τε ἄλλα σὺν ἐπιμελείᾳ τῇ πάσῃ διάγειν καὶ δίαιταν
ἄφθονον παρέχειν καὶ παντὸς ἄγους καθαρεύοντας φυλάττειν,
οἷον ἱερεῖά τινα ἤδη τρεφομένους, ἐπιστείλας καὶ τὰ
δεσμά τε ἀμείβειν καὶ χρυσᾶ ἐπιβάλλειν· ὅσα γὰρ σίδηρος
παρ´ ἄλλοις εἰς τὰς χρείας, ταῦτα παρ´ Αἰθίοψιν ὁ χρυσὸς
νομίζεται.
| [9,1] SYÉNÉ, elle, était déjà l'objet d'un siège en règle
et se trouvait comme enveloppée d'un filet
par les Ethiopiens. Oroondatès, en effet, ayant appris
que les Ethiopiens étaient tout près, qu'ils avaient déjà
dépassé les Cataractes et qu'ils se dirigeaient vers Syéné,
les avait devancés de peu dans la ville, avait fait fermer
les portes, garnir les remparts de munitions, d'armes et
de machines et il attendait la suite. De son côté, Hydaspe,
le roi des Ethiopiens, ayant appris par ses espions, de
loin, que les Perses se préparaient à marcher vers Syéné,
se mit en devoir de les poursuivre pour les surprendre
avant qu'ils n'y fussent entrés, mais il arriva trop tard;
alors, il tourna son armée contre la ville, la disposa tout
autour des murailles, et entreprit le siège avec des forces
que, rien qu'à les voir, on devinait irrésistibles : une multitude
infinie d'hommes, d'armes, d'animaux se trouvaient
là, et la plaine de Syéné ne parvenait pas à les contenir.
C'es`t là que les éclaireurs retrouvèrent le Roi, avec les
prisonniers qu'ils amenaient; et le roi fut charmé à la
seule vue des jeunes gens; il se sentit aussitôt bien
disposé pour ces êtres qui étaient siens — sans le savoir,
son âme le devinait et c'était elle qui lui inspirait cette
sympathie; mais il fut, plus encore, joyeux du présage
fourni par ces prisonniers qu'on lui amenait enchaînés.
« Bravo, s'écria-t-il, les dieux nous livrent, comme premier
butin, l'ennemi enchaîné »; et il ajouta : « Il faut
garder ces premiers prisonniers comme prémices de la
guerre et les conserver pour les immoler lors des sacrifices
d'actions de grâces, après la victoire, à nos dieux
nationaux, comme le veut la loi éthiopienne. » Il fit
aux éclaireurs des présents pour les remercier et les
renvoya, avec les prisonniers, parmi les porteurs; puis
il désigna un groupe d'hommes parlant leur langue qui
n'auraient d'autre fonction que de les garder; il recommanda
de les traiter avec les plus grands égards, de leur
donner abondamment à manger, de les préserver de
toute souillure, comme des victimes désormais consacrées;
enfin, il leur fit enlever leurs chaînes, et les remplaça
par des chaînes d'or. Car là où les autres emploient
le fer, les Ethiopiens se servent d'or.
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