[8,17] Καὶ ἡ Χαρίκλεια συνίει μὲν λοιπὸν ὑπὸ
τῶν εἱμαρμένων χειραγωγουμένη καὶ εὔελπις ἦν τῶν βελτιόνων,
φιλίους πλέον ἢ πολεμίους τοὺς ἐπιόντας ὑποτιθεμένη,
φράζουσα δὲ οὐδὲν τῷ Θεαγένει τῶν νοουμένων ὑπὸ μόνης
πείθεσθαι τῆς συμβουλῆς ἐνεδείκνυτο. Πλησιάσαντες
οὖν οἱ Αἰθίοπες καὶ τὸν μὲν Βαγώαν εὐνοῦχον καὶ ἀπόλεμον
ἐκ τῶν ὄψεων γνωρίσαντες τοὺς δὲ ἀόπλους μὲν καὶ δεσμώτας
κάλλει δὲ καὶ εὐγενείᾳ διαπρέποντας ἠρώτων οἵτινες
εἶεν Αἰγύπτιόν τε ἀπὸ σφῶν ἕνα τε καὶ περσίζοντα τὴν
φωνὴν εἰς τὴν πεῦσιν καθέντες ὡς ἢ ἀμφοτέρων ἢ θατέρου
πάντως συνήσοντας. Οἱ γὰρ ὀπτῆρές τε καὶ σκοποὶ λεγομένων
τε καὶ πραττομένων ἀποσταλέντες ὁμογλώσσους τε
καὶ ὁμοφώνους τοῖς τε ἐγχωρίοις καὶ πολεμίοις ἐπάγεσθαι
ὑπὸ τῆς χρείας ἐδιδάχθησαν. Ὡς οὖν ὁ Θεαγένης ὑπό
τε συνδιαιτήσεως ἤδη μακρᾶς τῆς Αἰγυπτίας καὶ βραχείας
τῆς πεύσεως τὰ πρῶτα εἶναι τοῦ σατράπου Περσῶν Βαγώαν
ἀπεκρίνατο ἑαυτὸν δὲ καὶ τὴν Χαρίκλειαν Ἕλληνας γένος
Πέρσαις μὲν πρότερον αἰχμαλώτους ἀγομένους τὸ παρὸν
δὲ Αἰθίοψιν ὑπὸ χρηστοτέρας ἴσως τύχης ἐγχειριζομένους,
ἔγνωσαν φείδεσθαι καὶ ζωγρίᾳ λαβόντες ἄγειν· καὶ
πρώτην ὥσπερ ἄγραν καὶ μεγίστην βασιλεῖ τῷ σφῶν προσάγειν
τὸν μὲν κτῆμα τῶν τοῦ σατράπου τὸ τιμιώτατον
(Περσῶν γὰρ βασιλείοις αὐλαῖς ὀφθαλμοὶ καὶ ἀκοαὶ τὸ
εὐνούχων γένος οὐ παίδων οὐ συγγενείας τὸ πιστὸν τῆς
εὐνοίας μετασπώσης ἀλλὰ ἐκ μόνου τοῦ πιστεύσαντος
ἀναρτώμενον), τοὺς δὲ νέους δῶρον τὸ κάλλιστον διακονίᾳ
καὶ αὐλῇ τῇ τοῦ βασιλέως ἐσομένους. Ἦγον οὖν αὐτίκα
τῶν ἵππων ἐπιβιβάσαντες τὸν μὲν ὡς τραυματίαν τοὺς δὲ
ὡς ὑπὸ τῶν δεσμῶν εἰς τὸ ἐπισπεῦδον τῆς πορείας ἰσοταχεῖν
ἀδυνατοῦντας. Καὶ ἦν ὥσπερ ἐν δράματι προαναφώνησις καὶ
προεισόδιον τὸ γινόμενον· ξένοι καὶ δεσμῶται τὴν σφαγὴν
ὀλίγῳ πρόσθεν τὴν αὑτῶν ἐν ὀφθαλμοῖς ταλαντεύσαντες
οὐκ ἤγοντο πλέον ἢ προεπέμποντο ἐν αἰχμαλώτῳ τύχῃ
πρὸς τῶν ὀλίγον ὕστερον ὑπηκόων δορυφορούμενοι. Καὶ οἱ
μὲν ἐν τούτοις ἦσαν.
| [8,17] Chariclée devinait ce qui devait arriver et se
laissait guider par la main du Destin; elle était pleine
d'espoir dans un sort meilleur et considérait les assaillants
plus comme des amis que comme des ennemis.
Cependant, elle ne dit rien à Théagène de ce qu'elle
pensait et témoigna seulement qu'elle voulait bien
suivre son avis. Les Ethiopiens, une fois arrivés près
d'eux, reconnurent à son aspect que Bagoas était un
eunuque incapable de combattre; ils demandèrent aux
deux autres, qui étaient sans armes, enchaînés et d'une
beauté et d'une noblesse remarquables, qui ils étaient;
ils les firent questionner par l'un des leurs, un Egyptien
qui parlait aussi la langue perse, pensant qu'ils
comprendraient bien l'une ou l'autre de ces langues, sinon les
deux. Car les éclaireurs et les espions, chargés de rapporter
ce qui se dit et ce qui se fait, avaient appris par
expérience qu'ils devaient emmener avec eux des gens
capables de comprendre et de parler la langue des indigènes
et celle des ennemis. Lorsque Théagène, qui avait
déjà une assez longue familiarité avec la langue égyptienne,
eut répondu à la question, fort brève, qui lui
fut posée, que Bagoas était l'un des premiers officiers
du satrape des Perses, que Chariclée et lui-même étaient
des Grecs emmenés comme captifs et que, maintenant,
ils devaient sans doute se féliciter d'être tombés au
pouvoir des Ethiopiens, ceux-ci décidèrent de les
épargner et de les faire prisonniers. C'était là en effet
leur première capture, une belle prise à offrir à leur Roi :
d'une part le bien le plus précieux du satrape (car, dans
les cours persanes, les eunuques sont les yeux et les
oreilles des rois, parce qu'ils n'ont ni enfant ni compagne
pour accaparer à leur profit leur dévouement mais
qu'ils s'attachent entièrement au maître qui leur accorde
sa confiance), et d'autre part ces jeunes gens, qui seraient
le plus beau présent que l'on pût faire pour enrichir le
service et la cour du Roi. Ils les emmenèrent donc
immédiatement, après les avoir installés sur des chevaux,
l'un à cause de sa blessure et les autres parce que leurs
liens les rendaient incapables de marcher au train dont
ils allaient. Et c'était comme le prologue et le premier
tableau d'un drame : des étrangers, des prisonniers, qui,
peu auparavant, voyaient la mort prête à s'abattre sur
eux, se trouvaient maintenant moins emmenés qu'escortés
et, tout captifs qu'ils étaient, ils avaient des hommes
qui bientôt allaient devenir leurs sujets pour leur servir
de garde d'honneur. Telle était leur situation.
|