[8,12] Οὗτοι μὲν δὴ ταῦτα ἀναθεωροῦντες καὶ νῦν μὲν
θρηνοῦντες καὶ πλέον ἀνιᾶσθαι καὶ ἀγωνιᾶν ἅτερος ὑπὲρ
θατέρου διεγγυώμενοι, νῦν δὲ τὰ τελευταῖα ἀλλήλοις ἐπισκήπτοντες
καὶ ὡς μέχρι θανάτου πιστοὶ τὰ ἐρωτικὰ πρὸς
ἀλλήλους ἔσονται θεούς τε καὶ τὰς παρούσας τύχας ἐπομνύντες
οὕτω διῆγον. Ὁ δὲ Βαγώας καὶ οἱ σὺν αὐτῷ
πεντήκοντα ἱππεῖς νυκτὸς ἔτι βαθείας ὕπνῳ τὰ πάντα
ἐχούσης ἀφικνοῦνται εἰς τὴν Μέμφιν καὶ τοὺς ἐπὶ τῶν
πυλῶν ἡσυχῇ διαναστήσαντες καὶ οἵτινες εἶεν εἰπόντες
τε καὶ γνωρισθέντες ἐπὶ τὰ σατραπεῖα σὺν σπουδῇ καὶ
ἀθορύβως εἰσέρχονται. Καὶ τοὺς μὲν ἱππέας ὁ Βαγώας
αὐτοῦ κατέλιπε τοῖς σατραπείοις ἐν κύκλῳ περιστήσας ὡς
εἴ τις καὶ γένοιτο ἀντίστασις ηὐτρεπίσθαι πρὸς ἄμυναν,
αὐτὸς δὲ κατά τινα παραπυλίδα τοῖς πολλοῖς ἀγνοουμένην
ἀσθενεῖς τὰς θύρας ἐκμοχλεύσας καὶ τῷ κατοικοῦντι φράσας
τε ἑαυτὸν καὶ τὸ σιωπᾶν ἐπιστείλας ὡς τὸν Εὐφράτην
ἐμπειρίᾳ καὶ γνώσει τῶν τόπων ἔσπευδεν ἅμα τι καὶ τῆς
σεληναίας τότε μικρὸν ὑπαυγαζούσης. Καὶ καταλαβὼν
ἐπὶ τῆς εὐνῆς ἀφύπνισέ τε καὶ θορυβούμενον καὶ «Τίς
οὑτοσί;» βοῶντα κατέστελλε «Βαγώας ἐγώ» λέγων, «ἀλλὰ
φῶς ἥκειν πρόσταττε.» Προσκαλεσάμενος δή τι παιδάριον
τῶν προσεδρευόντων, λύχνον ἅψασθαι τοὺς ἄλλους καθεύδειν
ἐάσαντα προσέταττεν. Ἐπειδὴ δὲ ἧκεν ὁ παῖς καὶ τὴν δᾷδα
κατὰ λυχνοῦχον ἐπιθεὶς μετέστη, «Τί τοῦτο» ἔλεγεν
ὁ Εὐφράτης· «τί ἄρα καινὸν ἀγγέλλει πάθος ἡ αἰφνίδιος σου
καὶ ἀπροσδόκητος ἄφιξις;» Ὁ δὲ «Οὐ πολλῶν»
ἔφη «δεῖ λόγων ἀλλὰ τουτὶ τὸ γράμμα ἀναγίνωσκε λαβὼν
καὶ πρό γε τούτου τῆς σφραγῖδος τοὐπίσημον ἀναγνώριζε
καὶ ὡς Ὀροονδάτης ἐστὶν ὁ κελεύων πίστευε καὶ τὰ ἐπεσταλμένα
πρᾶττε νυκτὶ καὶ τάχει συμμάχοις εἰς τὸ λαθεῖν
ἀποχρώμενος. Εἰ δὲ καὶ τὰ πρὸς Ἀρσάκην ἐπεσταλμένα
λυσιτελὲς ἀποδοῦναι πρότερον, αὐτὸς δοκίμαζε.»
| [8,12] Telles étaient les réflexions auxquelles ils se
livraient, tantôt se lamentant, chacun assurant qu'il
était plus torturé et angoissé pour l'autre que pour
lui-même, tantôt se faisant mutuellement leurs ultimes
recommandations, jurant, par les dieux, et leurs malheurs
présents, de conserver, jusque dans la mort, la
fidélité à leurs amours. Et c'est ainsi que la nuit se passa
pour eux. Cependant Bagoas et les cinquante cavaliers
qu'il avait avec lui arrivèrent à Memphis en pleine
nuit, alors que tout était plongé dans le sommeil; ils
réveillent sans bruit les gardes des portes, disent qui
ils sont, se font reconnaître et se dirigent immédiatement
et en silence vers le palais du satrape. Bagoas
dispose ses cavaliers tout autour du palais afin qu'ils
soient prêts à l'aider s'il se produisait quelque résistance,
puis, seul, il entre par une petite porte dérobée dont il
force, avec un levier, les battants qui ne lui opposent
qu'une faible résistance. Au gardien, il dit qui il est et lui
ordonne de se taire; après quoi, il se rend en hâte
auprès d'Euphratès, grâce à sa parfaite connaissance des
lieux et aussi aidé par la faible clarté de la lune qui
brillait à ce moment. Il trouve Euphratès au lit, l'éveille
brusquement; l'autre, effrayé, s'écrie : « Qui et là ? »
Mais Bagoas lui dit de se taire, ajoutant : « C'est moi,
Bagoas; fais apporter de la lumière. » Euphratès appelle
alors l'un des petits esclaves qui couchaient dans
l'antichambre et lui ordonne d'allumer une lampe, sans éveiller
les autres. Lorsque le garçon fut revenu avec la lampe,
l'eut posée sur le candélabre et se fut retiré : « Qu'y
a-t-il, dit Euphratès, quelle mauvaise nouvelle nous
apporte ton arrivée soudaine et inattendue ? » Et l'autre:
« Pas besoin de discours, répondit-il, prends cette lettre,
lis-la; mais, avant cela, regarde le cachet et reconnais
le sceau; assure-toi que l'ordre vient bien d'Oroondatès
et exécute-le tant qu'il fait encore nuit et au plus vite,
pour éviter qu'on ne te voie. Est-il utile de remettre
d'abord à Arsacé la lettre qui lui est adressée ? Je t'en
fais juge toi-même. »
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