Texte grec :
[5,33] Καὶ τὰ μὲν ἄλλα τῶν μετὰ ταῦτα οὐκ ἔχω
λέγειν πλὴν ὅτι γε ἐμὲ μὲν ἔλαθεν ἐπανελθὼν ἐγκαταμείναντα
τῷ λόφῳ καὶ οὐ θαρσήσαντα τῆς νυκτὸς ἐπιμίξαι
χωρίῳ πολεμουμένῳ, τὴν Χαρίκλειαν δὲ οὐδαμῶς· ἀλλ´
εἶδον ἡμέρας γενομένης τὸν μὲν ἴσα καὶ νεκρῷ προκείμενον
τὴν δὲ προσκαθημένην καὶ θρηνοῦσαν καὶ βούλεσθαι μὲν
ἐπισφάττειν ἑαυτὴν ἐνδεικνυμένην ὑπὸ δὲ ὀλίγης ἐλπίδος
τοῦ τάχα ἂν καὶ περιγενέσθαι τὸν νεανίσκον ἐπεχομένην.
Οὐδὲ ἔφθην ὁ δυσδαίμων εἰπεῖν τε καὶ μαθεῖν οὐδὲ
ἐπικουφίσαι παραμυθίᾳ τὴν συμφορὰν οὐδὲ τὰ ἐνδεχόμενα
ἐπιμεληθῆναι, τὰ ἐκ θαλάττης κακὰ τῶν ἐκ γῆς ἀδιαστάτως
διαδεξαμένων. Ἄρτι γὰρ ἐμοῦ ὅτε ἡμέραν εἶδον τὸν
λόφον κατιόντος, λῃστρικὸν Αἰγυπτίων πλῆθος ἐκ τοῦ ὑπερτείνοντος
ὄρους, ὡς ἐῴκει, κατέτρεχεν, εἶχέ τε ἤδη τοὺς
νέους καὶ ἀπῆγε μικρὸν ὕστερον, ὅσα φέρειν ἐδύνατο τῆς
νεὼς ἐπικομιζόμενον. Ἐγὼ δὲ τηνάλλως πόρρωθεν
εἱπόμην ὀδυρόμενος τὰς ἐμαυτοῦ τε κἀκείνων τύχας οὔτε
δὲ ἐπαμύνειν ἔχων οὔτε ἐπιμίγνυσθαι δοκιμάζων, εἰς ἐπικουρίας
ἐλπίδα ἐμαυτὸν ταμιευόμενος. Οὐ μὴν ἐπήρκεσά
γε, πόθεν; ἀπολειφθεὶς μὲν τότε τοῦ γήρως ἐμποδίσαντος
ἐν τοῖς ὀρθίοις συνεκδραμεῖν τοῖς Αἰγυπτίοις, ἐπί τε τοῦ
παρόντος εἰς τὴν ἀνεύρεσιν τέως τῆς θυγατρὸς θεῶν μὲν
εὐμενείᾳ σῇ δέ, ὦ Ναυσίκλεις, εὐνοίᾳ χρησάμενος, αὐτὸς
δὲ οὐδὲν ἐρανισάμενος θρήνων δὲ μόνων τῶν ἐπ´ αὐτῆς
καὶ ὀδυρμῶν ἀφθόνων χαριζόμενος.» Ἐπὶ τούτοις
ἐδάκρυε μὲν αὐτὸς ἐδάκρυον δὲ οἱ παρόντες καὶ εἰς θρῆνον
ἡδονῇ τινι σύγκρατον μετεβέβλητο τὸ συμπόσιον, ἐπίφορον
γάρ τι πρὸς δάκρυον οἶνος· ἕως ὁ Ναυσικλῆς ἐπιθαρσύνων
τὸν Καλάσιριν «Ὦ πάτερ» ἔφη, «σὺ δὲ εἰς
τὸ ἑξῆς γοῦν εὔθυμος εἶναι τὴν μὲν θυγατέρα ἤδη τήνδε
κεκομισμένος τὸν παῖδα δὲ ἰδεῖν ὑπὸ τῆς νυκτὸς μόνης
εἰργόμενος· εἰς ἕω γὰρ ἀφιξόμεθα πρὸς τὸν Μιτράνην
καὶ πάντα τρόπον λύσασθαί σοι τὸν ἄριστον Θεαγένην
πειρασόμεθα.» «Βουλοίμην ἂν» εἶπεν ὁ Καλάσιρις·
«νῦν δὲ ὥρα γε διαλύειν τὸ συμπόσιον· μνήμη τοῦ δαιμονίου
γινέσθω καὶ τὰς λυτηρίους τις σπονδὰς περιαγέσθω.»
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Traduction française :
[5,33] Ce qui se passa ensuite, je ne peux le dire, sinon
que je ne le vis pas revenir, car j'étais resté sur la hauteur
en question et n'avais pas osé, en pleine nuit, m'aventurer
sur le champ de bataille; mais Chariclée avait agi différemment;
et, lorsque le jour se leva, je vis Théagène
étendu, pareil à un cadavre et elle, assise à côté de lui,
se lamentant et évidemment disposée à se tuer, mais
retenue par le faible espoir qui subsistait de ramener,
peut-être, le jeune homme à la vie. Mais je n'eus même
pas le temps, dans mon malheur, de leur parler et de
m'informer de leur état et, pas davantage, celui d'adoucir
leurs souffrances par mes encouragements et de leur
donner les soins que je pouvais, car aux malheurs qui
nous avaient frappés sur la mer en succédèrent sans
interruption d'autres, venus de la terre. J'étais sur le point de
descendre de ma colline, une fois le jour venu, lorsqu'une
troupe nombreuse de brigands égyptiens dévala
en courant, à ce qu'il me sembla, les hauteurs qui longent
le fleuve; déjà ils avaient les jeunes gens en leur possession
et, peu après, ils les emmenaient, en emportant tout
ce qu'ils pouvaient de la cargaison du bateau. Et moi,
je les suivis de loin, vainement, en pleurant sur nos
malheurs à eux et à moi, incapable de les défendre et
estimant qu'il valait mieux ne pas aller avec eux mais me
réserver dans l'espoir de les secourir. Mais cela me fut
impossible. Et comment l'aurais-je pu? Je fus distancé,
car la vieillesse m'empêcha de gravir les pentes raides
de la falaise et d'aller aussi vite que les Egyptiens, et
voici que maintenant, si j'ai retrouvé ma fille, je le dois
seulement à la faveur des dieux et à ta bonté, Nausiclès,
mais je n'y ai en rien contribué : je n'ai pu offrir que des
gémissements sur son sort et des lamentations infinies. »
Sur quoi il se mit à pleurer, et les assistants pleurèrent
aussi, et le banquet se transforma en un concert de
gémissements qui n'allait pas sans quelque douceur, car le vin
incite quelque peu à pleurer. Finalement, Nausiclès
dit pour réconforter Calasiris : « Père, tu peux, à partir
de maintenant, reprendre courage; tu as retrouvé ta
fille; quant à ton fils, seule la nuit t'empêche de le voir;
dès l'aube, nous irons trouver Mitranès et nous mettrons
tout en oeuvre pour délivrer ton excellent Théagène.
je le voudrais bien, dit Calasiris; mais il est temps de
terminer le banquet; seulement n'oublions pas les dieux
et offrons les libations de la fin. »
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