Texte grec :
[5,11] Ταῦτα ὡς ἤκουσαν ὑπόνοιαν εὐθὺς τῶν ἀληθῶν
ἐλάμβανον ἱκέτευόν τε προστάττειν ὡς ὅτι τάχιστα παρεῖναι
τὴν κόρην, τὸ γὰρ ἄφραστον κάλλος Χαρικλείας ἐγνώριζον.
Ὡς δὲ ἤχθη καὶ τὰ πρῶτα κάτω νεύουσα καὶ τὸ πρόσωπον
εἰς ὀφρὺν σκέπουσα τοῦ Ναυσικλέους θαρρεῖν παρακελευομένου
μικρὸν ἀνένευσεν εἶδέ τε καὶ ὤφθη παρ´ ἐλπίδας,
ὀδυρμὸς ἅπασιν ἀθρόον ἀνεκινήθη καὶ ὥσπερ ἐξ ἑνὸς
συνθήματος ἢ πληγῆς τῆς αὐτῆς ἀνωλόλυξαν. Ἦν
τε ἀκούειν ἐπὶ πλεῖστον «ὦ πάτερ» καὶ «ὦ θύγατερ»
καὶ «ἀληθῶς Χαρίκλεια καὶ οὐχὶ Θίσβη» {τοῦ Κνήμωνος}.
Ὁ δὲ Ναυσικλῆς ἐνεὸς ἐγεγόνει τόν τε Καλάσιριν
ἐφ´ ὅσον περιβαλὼν τὴν Χαρίκλειαν ἐδάκρυεν ἀφορῶν καὶ
τίς ὁ καθάπερ ἐπὶ σκηνῆς ἀναγνωρισμὸς διαπορῶν, ἕως
αὐτὸν ὁ Καλάσιρις ἐφ´ ὅσον πλεῖστον ἅμα φιλήμασι
κατασπασάμενος «Ὦ βέλτιστε ἀνδρῶν» ἔλεγε «σοὶ δὲ
ἀντὶ τούτων οἱ θεοὶ τοσαῦτα δοῖεν ὅσα κατὰ γνώμην ὄντα
τὴν σὴν εἰς κόρον τελεσθῆναι. Σωτήρ μοι τῆς οὐδαμόθεν
ἐλπισθείσης ἔτι θυγατρὸς γέγονας καὶ δέδωκας ἰδεῖν τὴν
ἐμοὶ πάντων ἡδίστην θέαν. Ἀλλ´ ὦ θύγατερ, ὦ Χαρίκλεια,
Θεαγένην δὲ ποῦ κατέλιπες;» Ἀνωλόλυξε πρὸς τὴν ἐρώτησιν
καὶ διαλιποῦσα μικρὸν «Αἰχμάλωτον» εἶπεν «ἄγει
λαβὼν ὅστις ποτέ ἐστιν ὁ κἀμὲ τούτῳ παραδεδωκώς.»
Ἱκέτευεν οὖν ὁ Καλάσιρις τὸν Ναυσικλέα μηνύειν ἃ
γινώσκει περὶ τοῦ Θεαγένους καὶ τίς μὲν ὁ νῦν δεσπόζων
ὅποι δ´ ἄγει λαβών. Ἔλεγε πάντα ὁ Ναυσικλῆς συνεὶς
ἐκείνους εἶναι τούτους περὶ ὧν διείλεκτο πολλάκις πρὸς
αὐτὸν ὁ πρεσβύτης καὶ ὧν κατὰ ζήτησιν ἀλώμενον ἐν
θρήνοις ἐγίνωσκε. Προσετίθει δὲ μηδὲν αὐτοῖς εἶναι
πλέον τῆς γνώσεως ἀνθρώποις ἀπορουμένοις, τοῦ Μιτράνου
θαυμαστὸν εἰ καὶ ἐπὶ πολλοῖς ἂν αἱρησομένου χρήμασιν
ἀφεῖναι τὸν νεανίσκον. «Ἔστιν ἡμῖν» ἔφη «χρήματα»
λάθρα πρὸς τὸν Καλάσιριν ἡ Χαρίκλεια «καὶ ἐπάγγειλαι
πλῆθος ὁπόσον βούλει· τὸν ὅρμον ὃν οἶσθα διασῴζω καὶ
ἔχω φέρουσα.»
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Traduction française :
[5,11] Lorsqu'ils entendirent ces paroles, ils soupçonnèrent
immédiatement la vérité et supplièrent Nausiclès
de faire venir la jeune fille au plus vite, car ils avaient
compris que cette beauté indicible était celle de Chariclée.
Quand on l'eut amenée, d'abord, elle tint la tête baissée
et se voila le visage jusqu'aux sourcils, mais, une fois
que Nausiclès l'eut invitée à ne pas avoir peur, elle leva
un peu la tête; alors, elle les vit, et ils la virent bonheur
inespéré! Tous, aussitôt, ils se mirent à pleurer, et,
comme à un signal ou comme s'ils avaient été tous frappés
d'un même coup, ils se prirent à sangloter. Pendant
emps, on n'entendit que : « O, Père! » et, « O
ma fille! », et « C'est réellement Chariclée, et non
Thisbé! » Nausiclès, lui, restait stupide en voyant Calasiris
embrasser Chariclée et pleurer en même temps, et
se demandait ce que signifiait cette reconnaissance
comme celles que l'on voit au théâtre, jusqu'au moment
où Calasiris se mit à le serrer dans ses bras et à lui donner
force baisers, disant : « O, le meilleur des hommes!
puissent les dieux, en récompense, t'accorder tout ce que
tu peux désirer, autant que tu peux le désirer. Car c'est
toi qui as été le sauveur de ma fille, que je n'espérais plus
revoir; tu m'as donné de contempler celle dont la vue
m'est la plus agréable au monde. Mais, ma fille, Chariclée,
où as-tu laissé Théagène? » Elle éclata en sanglots à
cette question et laissa passer quelque temps avant de
répondre : « Il est prisonnier de l'homme, je ne sais
quel il est, qui m'a remise à celui-ci. » Calasiris supplia
alors Nausiclès de lui révéler tout ce qu'il savait sur
Théagène, de lui dire qui était celui au pouvoir de qui il
se trouvait et où il l'emmenait. Nausiclès leur raconta
tout, car il avait compris que ces jeunes gens étaient
ceux dont souvent le vieillard lui avait parlé et à la
recherche desquels il l'avait vu mener une vie errante
et désolée. Mais il ajouta que cela ne leur servirait pas
à grand'chose de savoir tout cela, car ils ne possédaient
rien, et qu'il serait fort étonné si Mitranès, même au
prix d'une très forte rançon, consentait à céder le jeune
homme. « Nous avons de l'argent », dit tout bas Chariclée
à Calasiris, « promets la somme que tu voudras; j'ai
sauvé le collier que tu sais, et je l'ai avec moi. »
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