[2,25] Γίνεται δὲ περὶ ἐμὲ τοιόνδε· γύναιον Θρᾳκικὸν
τὴν ὥραν ἀκμαῖον καὶ τὸ κάλλος δεύτερον μετὰ Χαρίκλειαν
ἔχουσα, ὄνομα Ῥοδῶπις, οὐκ οἶδ´ ὁπόθεν ἢ ὅπως
κακῇ μοίρᾳ τῶν ἐγνωκότων ὁρμηθὲν ἐπεπόλαζε τὴν Αἴγυπτον
καὶ ἤδη καὶ εἰς τὴν Μέμφιν ἐκώμαζε, πολλῇ μὲν θεραπείᾳ πολλῷ
δὲ πλούτῳ δορυφορουμένη πᾶσι δ´ ἀφροδισίοις
θηράτροις ἐξησκημένη· οὐ γὰρ ἦν ἐντυχόντα μὴ ἡλωκέναι,
οὕτως ἄφυκτόν τινα καὶ ἀπρόσμαχον ἑταιρίας σαγήνην ἐκ
τῶν ὀφθαλμῶν ἐπεσύρετο. Ἐφοίτα δὴ θαμὰ καὶ εἰς
τὸν νεὼν τῆς Ἴσιδος ἧς προεφήτευον καὶ τὴν θεὸν συνεχῶς
ἐθεράπευε θυσίαις τε καὶ ἀναθήμασι πολυταλάντοις.
Αἰσχύνομαι λέγειν ἀλλ´ εἰρήσεται· γίνεται δὴ κἀμοῦ κρείττων
ὀφθεῖσα πολλάκις, ἐνίκα τὴν διὰ βίου μοι μελετηθεῖσαν
ἐγκράτειαν, ἐπὶ πολύ τε τοῖς σώματος ὀφθαλμοῖς τοὺς ψυχῆς
ἀντιστήσας ἀπῆλθον τὸ τελευταῖον ἡττηθεὶς καὶ πάθος
ἐρωτικὸν ἐπιφορτισάμενος. Ἀρχὴν δὴ τῶν ἐσομένων
καὶ προαγορευθέντων μοι πρὸς τοῦ θείου δυσχερῶν τὴν
γυναῖκα φωράσας καὶ συνεὶς ὡς τῶν πεπρωμένων ἐστὶν
ὑπόκρισις καὶ ὡς ὁ τότε εἰληχὼς δαίμων οἱονεὶ προσωπεῖον
αὐτὴν ὑπῆλθε, τὴν μὲν ἐκ παίδων μοι σύντροφον ἱερωσύνην
ἔγνων μὴ καταισχῦναι καὶ ἀντέσχον μηδὲ ἱερὰ καὶ τεμένη
θεῶν βεβηλῶσαι, τῶν δὲ ἡμαρτημένων οὐκ ἔργῳ, μὴ
γένοιτο, ἀλλ´ ἐφέσει μόνῃ τὴν ἁρμόζουσαν ἐπιβαλὼν ζημίαν,
δικαστὴν ἐμαυτῷ τὸν λογισμὸν ἀναδείξας, φυγῇ κολάζω
τὴν ἐπιθυμίαν καὶ τῆς ἐνεγκούσης ὁ βαρυδαίμων ἐξῄειν
ὁμοῦ μὲν εἴκων ταῖς μοιρῶν ἀνάγκαις καὶ πράττειν ὅπῃ
καὶ βούλοιντο τὰ καθ´ ἡμᾶς ἐπιτρέπων ὁμοῦ δὲ τὴν ἀποτρόπαιον
Ῥοδῶπιν ἀποφεύγων. Ἐδεδίειν γάρ, ὦ
ξένε, μὴ τοῦ τότε ἐπικρατοῦντος ἀστέρος ἐπιβρίσαντος
καὶ πρὸς τὸ αἰσχρότερον τῶν ἔργων ἐκνικηθείην, ὃ δέ με
πρὸ πάντων καὶ ἐπὶ πᾶσιν ἐξήλαυνεν οἱ παῖδες ἦσαν, οὓς
ἡ ἄρρητός μοι πολλάκις ἐκ θεῶν σοφία ξιφήρεις ἀλλήλοις
συμπεσεῖσθαι προηγόρευε. Περιγράφων οὖν τῶν ὀφθαλμῶν
τὴν οὕτως ἀπηνῆ θέαν, ἣν ἐκτραπήσεσθαι καὶ τὸν ἥλιον
εἰκάζω νέφος τῆς ἀκτῖνος προκαλυψάμενον, καὶ πατρῴαις
ὄψεσι τὸν παίδων φόνον ἀθέατον χαριζόμενος ἐξῴκιζον
ἐμαυτὸν γῆς τε καὶ οἰκίας πατρῴας τὴν μὲν ὁρμὴν οὐδενὶ
φράσας πρόφασιν δὲ ὡς εἰς Θήβας τὰς μεγάλας ἀνακομίζομαι
ποιησάμενος, ὡς ἂν θάτερον τῶν παίδων τὸν πρεσβύτερον
θεασαίμην ἐκεῖ παρὰ τῷ μητροπάτορι τότε διάγοντα.
Θύαμις ἦν ὄνομα αὐτῷ, ξένε.» Συνεστάλη πάλιν ὁ
Κνήμων ὥσπερ τῷ ὀνόματι τοῦ Θυάμιδος βληθεὶς τὴν ἀκοήν,
καὶ ὁ μὲν ἐκαρτέρησε σιωπῆσαι τῶν ἑξῆς ἕνεκεν, ὁ δὲ ἐπέραινε
τὸν λόγον ὧδε.
| [2,25] Voici maintenant ce qui m'arriva : une femme
thrace, du nom de Rhodopis, dans la fleur de sa jeunesse,
et d'une beauté qui ne le cédait qu'à celle de Chariclée, vint
en Egypte — je ne sais d'où, ni comment — faire l'importante,
pour le malheur de ceux qui la connurent. Elle
alla se montrer à Memphis, en grand apparat, avec un
cortège magnifique, et pourvue de tous les appâts de
l'amour. Il était impossible de la rencontrer sans être
pris; personne ne pouvait fuir, ses yeux traînaient derrière
elle un long filet d'amour, contre lequel on ne
pouvait rien. Elle fréquentait, en même temps, le
temple d'Isis, dont j'étais le prêtre, et offrait souvent à la
déesse des sacrifices et des présents de grande valeur.
Je rougis de t'en parler; je le ferai pourtant; elle remporta
la victoire sur moi aussi, lorsque je l'eu vue souvent;
elle triompha de la maîtrise de moi que j'avais toujours
pratiquée durant toute ma vie; longtemps je luttai
contre les yeux du corps avec ceux de l'âme et, finalement,
je me retirai vaincu, accablé sous le poids de la
passion d'amour. Je m'aperçus alors que le commencement
et la cause de toutes mes infortunes futures, annoncées
par la divinité, étaient cette femme; je compris
qu'elle était l'instrument de la Fatalité et que mon Destin
avait revêtu son visage. Je décidai de ne pas déshonorer
le sacerdoce auquel j'avais été formé depuis l'enfance et
je résistai pour ne pas souiller le culte des dieux ni leurs
sanctuaires. Je n'avais pas péché en acte — heureusement! —
mais en intention et, pour m'infliger le châtiment
que méritait ma faute, je m'érigeai moi-même en
juge, en mon âme et conscience; et me punis d'exil pour
ma concupiscence; je quittai la terre de ma patrie, sous
le poids du Destin, obéissant, à la fois, à l'inévitable
loi des Moires et m'abandonnant à elles du sort qu'elles
voudraient me faire, et, en même temps, fuyant la maudite
Rhodopis. Car je craignais, étranger, que l'astre
qui, pour l'heure, l'emportait, n'agît sur moi et ne finît
par me forcer à commettre la plus infamante de toutes les
actions; mais ce qui, avant tout, me chassait, à tout prix,
c'étaient mes enfants qu'un pressentiment mystérieux
envoyé par les dieux m'avait souvent montrés, dans
l'avenir, s'attaquer l'un l'autre l'épée à la main. Bannissant
de mes yeux un spectacle aussi affreux, que le soleil
lui-même, je pense, voudrait en éviter la vue en dissimulant
ses rayons derrière un nuage, je désirai épargner à
mes yeux paternels l'intolérable vision de ces enfants
en train de s'égorger; je m'exilai donc de la terre et
de la maison de mes pères et ne révélai à personne ma
résolution, donnant seulement comme prétexte que je
me rendais à Thèbes la Grande, pour aller y voir l'aîné
de mes deux fils, qui vivait là-bas chez son grand-père
maternel. Son nom, étranger, était Thyamis. » De
nouveau, Cnémon tressaillit, comme si le nom de Thyamis
avait causé un choc à son oreille, mais il eut la force
de se taire pour apprendre la suite. Et le vieillard continua
son récit de la sorte :
|