[2,24] «Ποῦ δ´ ἂν εἴη τὰ νῦν;» ἠρώτα ὁ Κνήμων
ὡς τοὔνομα τοῦ Ναυσικλέους ἐπέγνω. «Ἐπ´ ἄγραν» ἔφη
«πεπόρευται.» Τοῦ δὲ ὁποίαν πάλιν ἐρομένου «θηρίων»
ἔφη «τῶν χαλεπωτάτων, οἳ καλοῦνται μὲν ἄνθρωποι καὶ
βουκόλοι λῃσταὶ δέ εἰσι τὸν βίον καὶ δυσάλωτοι παντάπασιν, ὅσα
φωλεοῖς καὶ σήραγξι τῷ ἕλει χρώμενοι.» «Ἐγκαλεῖ δὲ αὐτοῖς τίνα
αἰτίαν;» «Ἀττικῆς» ἔφη «ἐρωμένης ἁρπαγήν, ἣν Θίσβην ἐκεῖνος
ὠνόμαζε.» «φεῦ» εἶπεν ὁ Κνήμων καὶ ἀθρόον ἐσιώπησεν
ὥσπερ ἑαυτοῦ λαβόμενος.
Τοῦ δὲ πρεσβύτου «τί πέπονθας;» ἐρομένου πρὸς
ἄλλα ὁ Κνήμων ἀπάγων «θαυμάζω» ἔφη «πῶς ἢ τίνι χειρὶ
πεποιθὼς ἐνεθυμήθη τὴν ἔφοδον.» Καὶ ὃς «βασιλεῖ,»
ἔφη «ξένε, τῷ μεγάλῳ σατραπεύει τὴν Αἴγυπτον Ὀροονδάτης, οὗ
κατὰ πρόσταγμα φρούραρχος Μιτράνης τήνδε
κεκλήρωται τὴν κώμην· τοῦτον δὴ ὁ Ναυσικλῆς ἐπὶ χρήμασι
μεγάλοις ἄγει σὺν ἵππῳ καὶ ἀσπίδι πολλῇ.
Χαλεπαίνει δὲ τὴν ἀφαίρεσιν τῆς Ἀττικῆς κόρης οὐχ ὡς ἐρωμένης
μόνον καὶ μουσουργίαν ἀρίστης ἀλλ´ ὅτι αὐτὴν καὶ
βασιλεῖ τῶν Αἰθιόπων ἀπάξειν ἔμελλεν ὡς αὐτὸς ἔφασκε
γαμετῇ τῇ ἐκείνου συμπαιστρίαν καὶ συνόμιλον τὰ Ἑλλήνων
ἐσομένην. Ὡς οὖν μεγάλων καὶ πολλῶν τῶν ἐπ´ αὐτῇ
προσδοκωμένων χρημάτων ἐστερημένος πᾶσαν ἐγείρει καὶ
κινεῖ μηχανήν· ἐπέρρωσά τε καὶ αὐτὸς πρὸς τὴν πρᾶξιν,
εἴ πῃ ἄρα καὶ τοὺς παῖδάς μοι περισώσειεν ἐνθυμούμενος.»
Ὑπολαβὼν οὖν ὁ Κνήμων «ἅλις» ἔφη «βουκόλων καὶ
σατραπῶν καὶ βασιλέων αὐτῶν, ἔλαθες γάρ με μικροῦ καὶ
εἰς πέρας τῷ λόγῳ διαβιβάζων, ἐπεισόδιον δὴ τοῦτο οὐδέν
φασι πρὸς τὸν Διόνυσον ἐπεισκυκλήσας ὥστε ἐπάναγε τὸν
λόγον πρὸς τὴν ὑπόσχεσιν· εὕρηκα γάρ σε κατὰ τὸν Πρωτέα τὸν
Φάριον, οὐ κατ´ αὐτὸν τρεπόμενον εἰς ψευδομένην
καὶ ῥέουσαν ὄψιν ἀλλά με παραφέρειν πειρώμενον.»
«Μανθάνοις ἄν» ἔφη ὁ πρεσβύτης· «διηγήσομαι δέ σοι
τἀμαυτοῦ πρότερον ἐπιτεμών, οὐ σοφιστεύων ὡς αὐτὸς
οἴει τὴν ἀφήγησιν ἀλλ´ εὔτακτόν σοι καὶ προσεχῆ τῶν ἑξῆς
παρασκευάζων τὴν ἀκρόασιν. Ἐμοὶ πόλις μὲν Μέμφις,
πατὴρ δὲ καὶ ὄνομα Καλάσιρις, βίος δὲ νῦν μὲν ἀλήτης
πρότερον δὲ οὔ· πάλαι γὰρ προφήτης. Ἐγένετό μοι καὶ
γυνὴ νόμῳ τῆς πόλεως καὶ ἀπεγένετο θεσμῷ τῆς φύσεως.
Ταύτης εἰς τὴν ἑτέραν λῆξιν ἀναλυθείσης χρόνον μέν
τινα διῆγον ἀπαθὴς κακῶν ἐπὶ παισὶ δύο τοῖς ἐξ αὐτῆς
ἁβρυνόμενος· οὐ πολλοῖς δὲ ὕστερον ἔτεσιν οὐρανία φωστήρων
εἱμαρμένη περίοδος τρέπει τὰ καθ´ ἡμᾶς καὶ ὄμμα
κρόνιον εἰς τὸν οἶκον ἐνέσκηψε τὴν ἐπὶ τὸ χεῖρον ἐπάγον
μεταβολήν, ἣν ἐμοὶ σοφία προέφηνε μὲν διαδρᾶναι δὲ οὐκ
ἔδωκε, τοὺς γὰρ μοιρῶν ἀτρέπτους ὅρους προϊδεῖν μὲν
δυνατὸν ἐκφεύγειν δὲ οὐκ ἐφικτόν. Κέρδος δὲ ὡς ἐν
τοῖς τοιούτοις ἡ πρόγνωσις ἀμβλύνουσα τοῦ δεινοῦ τὸ
φλεγμαῖνον· συμφορᾶς γάρ, ὦ παῖ, τὸ μὲν ἀπροσδόκητον
ἀφόρητον τὸ δὲ προεγνωσμένον οἰστότερον, τὸ μὲν γὰρ ἡ
διάνοια φόβῳ προληφθεῖσα κατέπτηξε τὸ δὲ ἡ συνήθεια τῷ
λογισμῷ διῄτησε.
| [2,24] — Et où peut-il être maintenant? » demanda
Cnémon, en reconnaissant le nom de Nausiclès. — Il
est parti à la chasse. » Et comme Cnémon lui demandait
quelle chasse : « Celle des animaux les plus dangereux
qui soient, que l'on appelle des hommes et des pasteurs,
mais qui sont en réalité des brigands, et fort difficiles à
capturer, car le marais leur sert de bauge et de repaire.
Et que leur reproche-t-il? — L'enlèvement d'une
Athénienne qu'il aime, et qu'il appelait Thisbé. —
Dieux! » dit Cnémon, mais se ressaisissant, il se tut
aussitôt. Et quand le vieillard lui demanda : « Que
t'arrive-t-il? » Cnémon détourna la conversation :
« Je me demande, reprit-il, ce qui lui a donné le courage
de les attaquer, et sur quelle force il s'appuie. — Le
Grand Roi, étranger, a mis comme satrape en Egypte
Oroondatès, et, sur ordre de celui-ci, le commandement
de la garnison de ce village a été assigné à Mitranès;
Nausiclès l'a largement payé et a réussi à l'emmener,
avec une nombreuse troupe de cavaliers et d'infanterie.
Il est furieux de l'enlèvement de la jeune Athénienne,
non pas seulement parce qu'il l'aime, que c'est une
excellente musicienne, mais aussi parce qu'il avait
l'intention de l'emmener à la cour d'Ethiopie pour y
être la dame de compagnie de la reine et la distraire,
comme cela se fait en Grèce. Il escomptait en tirer une
belle somme, dont il est maintenant privé; il met tout
en oeuvre et remue ciel et terre. Moi-même, je l'ai vivement
encouragé à agir, me disant que, peut-être, il
sauverait en même temps mes enfants."
Cnémon l'interrompit : « Assez, dit-il, de pasteurs,
de satrapes et de rois! Tu as bien failli, sans que je m'en
doute, me transporter à la conclusion de ton récit. Tu
as essayé d'introduire un épisode qui, comme on dit,
n'intéresse pas Dionysos; maintenant, reviens à ton
propos. Je trouve que tu ressembles à Protée de Pharos,
non que tu te transformes toi-même en une vision
trompeuse et fuyante, mais tu cherches à m'égarer.
Je vais tout te dire, reprit le vieillard; je te raconterai
d'abord brièvement ma propre histoire, non pas pour
chercher à mettre dans mon récit, comme tu le supposes,
des habiletés de sophiste, mais pour l'ordonner et te préparer
à entendre la suite. Je suis de Memphis. Mon
père s'appelait, comme moi, Calasiris ; ma vie est
errante maintenant, mais elle ne l'a pas toujours été.
Autrefois, j'étais prêtre. J'ai eu une femme, comme le
voulaient les lois de ma cité, elle mourut, comme le veut
l'ordre de la nature. Lorsqu'elle se fut ainsi détachée
vers une autre destinée, je vécus quelque temps à l'abri
du malheur, heureux et fier des deux fils qu'elle m'avait
donnés; mais, peu d'années plus tard, l'ordre immuable
des astres et leur révolution vint bouleverser ma maison ;
le regard de Cronos pesa sur elles et entraîna le malheur :
changement que ma science avait prévu mais ne m'avait
pas donné le moyen d'éviter, car, s'il est possible de
connaître à l'avance les décrets immuables du Destin
il n'est donné à personne de les éviter. Cette connaissance
a pourtant quelque avantage, autant que cela se
peut, car elle adoucit la brûlure du coup; dans un malheur,
mon enfant, c'est ce qu'il a d'imprévu qui est
intolérable, celui qui est connu d'avance est plus facile à
supporter; l'un frappe l'esprit de terreur et le paralyse,
l'autre, grâce à l'accoutumance, nous réconcilie avec
lui par la réflexion.
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