[3,2] Πόθεν δέ τις ἀρξάμενος ἐπαξίως ἂν τὸν βαρὺν τοῦτον
βίον ἐκτραγῳδήσειεν; Ἢ πῶς ἄν τις ὑπ´ ὄψιν ἀγάγοι τὰ
κοινὰ τοῦ βίου κακά, ἃ πάντες μὲν οἱ ἄνθρωποι διὰ τῆς
πείρας γινώσκουσιν, οὐκ οἶδα δὲ ὅπως ἐν αὐτοῖς τοῖς
εἰδόσιν αὐτὰ λανθάνειν ἡ φύσις ἐμηχανήσατο, ἑκουσίως
τῶν ἀνθρώπων ἐν οἷς εἰσιν ἀγνοούντων; Βούλει, ἀπὸ
τῶν ἡδίστων ἀρξώμεθα; Οὐκοῦν τὸ κεφάλαιον τῶν ἐν τῷ
γάμῳ σπουδαζομένων τὸ κεχαρισμένης ἐπιτυχεῖν συμβιώσεως.
Καὶ δὴ ταῦθ´ οὕτως ἐχέτω καὶ διὰ πάντων μακαριστὸς
ὑπογεγράφθω ὁ γάμος· γένος εὐδόκιμον, πλοῦτος
ἀρκῶν, ἡλικία συμβαίνουσα, τῆς ὥρας αὐτὸ τὸ ἄνθος,
φίλτρον πολύ, καὶ οἷον ἐν ἑκατέρῳ ὑπὲρ τὸν ἄλλον ὑπονοεῖσθαι,
ἡ γλυκεῖα ἐκείνη φιλονεικία τὸ ἑαυτὸν βούλεσθαι
νικᾶν ἐν τῇ ἀγάπῃ ἑκάτερον. Προσέστω τούτοις δόξα
καὶ δυναστεία καὶ περιφάνεια καὶ πᾶν ὅ τι βούλει. Ἀλλ´ ὅρα
τὴν τοῖς ἀπηριθμημένοις χρηστοῖς ἀναγκαίως συμπαροῦσαν καὶ ὑποσμύχουσαν λύπην. Οὐ λέγω τὸν τοῖς εὐδοκιμοῦσιν ἐπιφυόμενον
φθόνον καὶ τὸ πρόχειρον εἶναι πρὸς
ἐπιβουλὴν τῶν ἀνθρώπων τὸ δοκοῦν εὐημερεῖν ἐν τῷ βίῳ,
καὶ ὅτι πᾶς ὁ μὴ ἰσομοιρῶν ἐν τῷ κρείττονι φυσικόν τι
πρὸς τὸν ὑπερέχοντα τὸ μῖσος ἔχει· καὶ διὰ τοῦτο δι´
ὑποψίας τοῖς δοκοῦσιν εὐθυμεῖν ὁ βίος ἐστί, πλείω τῶν
ἡδέων τὰ λυπηρὰ παρεχόμενος. Παρίημι ταῦτα ὡς καὶ τοῦ
φθόνου κατ´ ἐκείνων ἀργοῦντος· καίτοι γε οὐ ῥᾴδιόν ἐστιν
εὑρεῖν ὅτῳ τὰ δύο κατὰ ταὐτὸν συνηνέχθη καὶ ὑπὲρ τοὺς
πολλοὺς εὐδαιμονεῖν καὶ διαφεύγειν τὸν φθόνον. Πλὴν
ἀλλὰ πάντων τῶν τοιούτων ἐλευθέραν αὐτῶν, εἰ δοκεῖ,
τὴν ζωὴν ὑποθώμεθα, καὶ ἴδωμεν εἰ δυνατόν ἐστιν εὐθυμεῖν
τοὺς ἐν τοσαύτῃ διάγοντας εὐημερίᾳ.
| [3,2] Par où commencer pour donner pour donner à ce genre de vie pénible le style tragique qui
convient? Comment mettre sous les yeux les maux habituels de ce genre de vie, que tous les
hommes connaissent d'expérience, mais qui, je ne sais par quel artifice de la nature, échappent à
ceux-là mêmes qui savent, tant les hommes mettent de bonne volonté à ignorer leur situation?
Veux-tu que nous commencions par le plus agréable? Ainsi donc ce qu'on cherche principalement
dans le mariage, c'est de réaliser une communauté de vie délectable. Soit! Faisons du mariage
l'image de tout point la plus heureuse: famille considérée, assez de fortune, âges assortis, la fleur
même de la beauté, un très grand charme tel qu'on puisse soupçonner chacun d'en avoir plus que
l'autre, et cette douce rivalité à se vouloir vaincre mutuellement en amour. Ajoutons à cela de la
gloire, de la puissance, une situation en vue, et tout ce que tu veux. Mais vois la tristesse qui
nécessairement accompagne et consume les biens que je viens d'énumérer. Je ne parle pas de
l'envie qui s'attaque aux gens considérés, ni des embûches des hommes auxquelles expose un
semblant de prospérité dans la vie; j'omets aussi ce fait que quiconque n'a pas sa part égale de
biens, une pente naturelle l'entraîne à détester qui possède davantage: c'est pourquoi la vie de
ceux qui semblent goûter la joie de vivre se passe dans la suspicion, et elle procure plus de peines
que de plaisirs. Je laisse cela de côté, comme si l'envie était inopérante contre; encore qu'on ne
trouve pas facilement un homme à qui il arrive simultanément de réussir mieux que le commun et
d'échapper à l'envie. Mais d'ailleurs supposons, si tu veux, leur vie libre de toutes ces traverses et
voyons s'ils peuvent goûter la joie de vivre, ceux qui passent leur existence dans une si grande
prospérité.
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