[21,2] Ἵνα οὖν μὴ τοῦτο γένηται, κανόνι χρηστέον τούτῳ
πρὸς τὸν ἴδιον βίον τῷ σώφρονι, τῷ μήποτε προσθέσθαι
τινὶ κατὰ ψυχήν, ᾧ δέλεάρ τι ἡδονῆς παραμέμικται, καὶ
πρό γε πάντων τὴν ἐπὶ τῆς γεύσεως ἡδονὴν διαφερόντως
φυλάττεσθαι, διότι προσεχεστέρα πως αὕτη δοκεῖ εἶναι
καὶ οἱονεὶ μήτηρ τῆς ἀπηγορευμένης. Αἱ γὰρ κατὰ βρῶσιν
καὶ πόσιν ἡδοναὶ πλεονάζουσαι τῶν ἐδωδίμων τῇ ἀμετρίᾳ
ἀνάγκην ἐμποιοῦσι τῷ σώματι τῶν ἀβουλήτων κακῶν,
πλησμονῆς ὡς τὰ πολλὰ τοῖς ἀνθρώποις ἐντικτούσης
τὰ τοιαῦτα πάθη. Ὡς ἂν οὖν μάλιστα γαληναῖον ἡμῖν
διαμένοι τὸ σῶμα, μηδενὶ τῶν ἐκ τοῦ κόρου παθημάτων
ἐπιθολούμενον, προνοητέον τῆς ἐγκρατεστέρας διαγωγῆς
μέτρον καὶ ὅρον τῆς ἀπολαύσεως οὐ τὴν ἡδονήν, ἀλλὰ τὴν
ἐφ´ ἑκάστου χρείαν ὁρίζειν.
| [21,2] Afin donc que cela n'arrive point, l'homme tempérant doit user de cette règle pour sa propre vie:
et jamais appliquer son âme à un objet où quelque amorce de plaisir de la jouissance se trouve
mêlée, et surtout se garder particulièrement du plaisir du goût, parce que cette jouissance-là
semble être en quelque manière plus proche et comme la mère de la volupté défendue. En effet,
les plaisirs de la nourriture et de la boisson qui se gorgent d'aliments produisent nécessairement
dans le corps, par ce manque de mesure, des maux indépendants de notre volonté, car la satiété
engendre le plus souvent chez les hommes de telles passions. Afin donc que notre corps demeure
souverainement calme et ne soit troublé par aucun des mouvements passionnels qui naissent du
rassasiement, il faut veiller à ce que ce soit non pas le plaisir mais l'utilité qui définisse en chaque
cas la mesure de la conduite tempérante et la limite de la jouissance. Et si l'agrément lui-même se
trouve souvent intimement mêlé à l'utilité - le besoin sait agrémenter toutes choses, lui qui rend
délicieux, par la violence du désir qu'il suscite, tout ce qu'on trouve en plus de l'utilité - il ne faut
pas repousser l'utilité à cause de la jouissance qui l'accompagne, ni non plus, bien sûr, poursuivre
en premier lieu le plaisir, mais il convient, tout en choisissant ce qu'il y a d'utile en toute chose, de
mépriser ce qui charme les sens.
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