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[39] XXXIX. <1> Πρῶτον μὲν ἐκεῖνο πᾶσι ποιεῖ φανερόν, ὡς οὐκ
ἀνθρωπίνης χάριτος ἦν αὐτῷ ἔργον, ἀλλὰ Θεοῦ δῶρον τὸ δεδομένον·
δηλώσει δὲ καὶ τὸ ἡμέτερον. Οἷα γάρ μοι φιλοσοφοῦντι περὶ τὸν καιρὸν
ἐκεῖνον συνεφιλοσόφει! Τῶν γὰρ ἄλλων ἁπάντων οἰομένων καὶ
προσδραμεῖσθαί με τῷ γεγονότι καὶ περιχαρήσεσθαι, ὅπερ ἑτέρου καὶ
παθεῖν ἴσως ἦν, καὶ συνδιανεμεῖσθαι τὴν ἀρχὴν μᾶλλον ἢ
παραδυναστεύειν, καὶ τῇ φιλίᾳ τοῦτο τεκμαιρομένων· <2> ἐπειδὴ τὸ φορτικὸν
φεύγων ἐγώ, καὶ γὰρ ἐν ἅπασιν, εἴπερ ἄλλος τις, καὶ ἅμα τοῦ καιροῦ τὸ
ἐπίφθονον, ἄλλως τε καὶ τῶν κατ' αὐτὸν ὠδινόντων ἔτι καὶ ταρασσομένων,
οἴκοι κατέμεινα, βίᾳ χαλινώσας τὸν πόθον, μέμφεται μέν, συγγινώσκει δέ.
<3> Καὶ μετὰ τοῦτο ἐπιστάντα μέν, τὴν δὲ τῆς καθέδρας τιμὴν οὐ δεξάμενον,
τῆς αὐτῆς ἕνεκεν αἰτίας, οὐδὲ τὴν τῶν πρεσβυτέρων προτίμησιν, οὔτε
ἐμέμψατο, καὶ προσεπῄνεσεν, εὖ ποιῶν, τῦφον κατηγορηθῆναι μᾶλλον ὑπ'
ὀλίγων ἑλόμενος, τῶν ταύτην ἀγνοησάντων τὴν οἰκονομίαν, ἤ τι πρᾶξαι τῷ
λόγῳ καὶ τοῖς αὐτοῦ βουλεύμασιν ἐναντίον. <4> Καίτοι πῶς ἂν μᾶλλον
ἔδειξεν ἄνθρωπος πάσης θωπείας καὶ κολακείας κρείττω τὴν ψυχὴν ἔχων
καὶ πρὸς ἓν μόνον βλέπων, τὸν τοῦ καλοῦ νόμον, ἢ περὶ ἡμῶν οὕτω
διανοηθείς, οὓς ἐν πρώ τοις τῶν ἑαυτοῦ φίλων καὶ συνήθων ἐγνώρισεν.
| [39] XXXIX. <1> D'abord il montre clairement à tous, que ce n'était point à
l'effet d'une faveur humaine, mais à un don de Dieu qu'il devait ce don;
c'est ce que va montrer aussi un fait qui nous concerne. Par quelle
philosophie ne répondit-il pas, dans cette circonstance, à ma
philosophie ! Tous les autres pensaient que j'allais accourir, à
l'événement, et en ressentir une grande joie, — et il est possible qu'un
autre eût éprouvé ce sentiment, — et que je serais un associé au pouvoir,
plutôt qu'un auxiliaire ; c'est notre amitié qui leur suggérait ces
conjectures. <2> Et lorsque, pour échapper au fardeau, — et je l'ai fait
partout, autant que tout autre —, et en même temps à l'odieux des
circonstances, surtout dans un temps où sa situation était douloureuse et
même troublée, il m'eut vu rester chez moi, faire violence et mettre un
frein à mon désir, il m'adressa des reproches, puis me pardonna. <3> Et
dans la suite, quand je vins auprès de lui et que je n'acceptai point
l'honneur de la chaire, pour la même raison, de même que le premier rang
parmi les prêtres, loin de m'en blâmer il m'en félicita, et avec raison : car il
préférait s'entendre taxer de morgue par quelques-uns, qui ne
connaissaient pas ces principes de conduite, plutôt que d'agir
contrairement à la raison et à ses desseins. <4> Et en vérité, quel meilleur
moyen avait-il de montrer qu'il était un homme dont l'âme était plus forte
que l'adulation et que la flatterie, et qu'il avait uniquement en vue la règle
du bien, — que l'attitude qu'il observa envers nous, qu'il avouait pour l'un
de ses premiers amis et familiers?
| [40] XL. <1> Ἔπειτα τὸ στασιάζον πρὸς ἑαυτὸν μαλάσσει καὶ θεραπεύει
λόγοις ἰατρικῆς μεγαλόφρονος· οὐ γὰρ θωπευτικῶς οὐδὲ ἀνελευθέρως
τοῦτο ποιεῖ, ἀλλὰ καὶ λίαν νεανικῶς καὶ μεγαλοπρεπῶς, ὡς ἄν τις οὐ τὸ
παρὸν σκοπῶν μόνον, ἀλλὰ καὶ τὴν μέλλουσαν εὐπείθειαν οἰκονομῶν. <2>
Ὁρῶν γὰρ τὸ μὲν ἁπαλὸν ἔκλυτον καὶ μαλακίζον, τὸ δὲ αὐστηρὸν
τραχῦνον καὶ ἀπαυθαδιάζον, ἀμφοτέροις βοηθεῖ δι' ἀλλήλων· ἐπιεικείᾳ μὲν
τὸ ἀντιτυπές, στερρότητι δὲ τὸ ἁπαλὸν κερασάμενος· ὀλίγα μὲν λόγου
προσδεηθείς, ἔργῳ δὲ τὰ πλείω δυνηθεὶς πρὸς τὴν θεραπείαν· οὐ τέχνῃ
δουλούμενος, ἀλλ' εὐνοίᾳ σφετεριζόμενος· <3> οὐ δυναστείᾳ
προσχρώμενος, ἀλλὰ τῷ δύνασθαι μέν, φείδεσθαι δὲ προσα γόμενος· τὸ
δὲ μέγιστον, τῷ πάντας ἡττᾶσθαι τῆς αὐτοῦ διανοίας καὶ ἀπρόσιτον εἰδέναι
τὴν ἀρετὴν καὶ μίαν μὲν ἑαυτοῖς σωτηρίαν ἡγεῖσθαι, τὸ μετ' ἐκείνου τε καὶ
ὑπ' ἐκείνῳ τετάχθαι, ἕνα δὲ κίνδυνον τὸ προσκρούειν ἐκείνῳ, καὶ
ἀλλοτρίωσιν ἀπὸ Θεοῦ νομίζειν τὴν ἀπ' ἐκείνου διάστασιν· <4> οὕτως
ἑκόντες ὑπεχώρησαν καὶ ἡττήθησαν καὶ ὡς ἤχῳ βροντῆς ὑπεκλίθησαν,
ἄλλος ἄλλον εἰς ἀπολογίαν προφθάνοντες καὶ τὸ μέτρον τῆς ἀπεχθείας εἰς
μέτρον μετενεγκόντες εὐνοίας καὶ τῆς εἰς ἀρετὴν ἐπιδόσεως, ἣν δὴ μόνην
ἀπολογίαν ἰσχυροτάτην ηὕρισκον· πλὴν εἴ τις διὰ κακίαν ἀνίατον ἠμελήθη
καὶ παρερρίφη, ἵν' αὐτὸς ἐν ἑαυτῷ συντριβῇ καὶ καταναλωθῇ, καθάπερ ἰὸς
σιδήρῳ συν δαπανώμενος.
| [40] XL. <1> Ensuite, les partis qui lui font opposition, il les apaise et les
traite par les procédés d'une médecine sublime ; car il fait cela sans
flatterie ni bassesse, mais avec beaucoup de courage et de noblesse, en
homme qui n'envisage pas seulement le présent, mais qui se ménage
l'obéissance dans l'avenir. <2> Considérant en effet que la faiblesse
n'est que relâchement et mollesse, et que la sévérité n'est qu'aigreur et
arrogance, il corrige l'une par l'autre ces deux choses; il tempère la dureté
par la douceur, et la faiblesse par la fermeté. C'était rarement en
recourant à la parole, mais le plus souvent avec la puissance de ses
œuvres qu'il donnait des soins, ne subjuguant point par artifice, mais
captivant par la bonté ; <3> ne faisant point appel à l'autorité, mais attirant à
soi par l'autorité et aussi par la douceur; et ce qui est capital, par ce motif
que tout le monde était vaincu par son intelligence, lui savait une vertu
inaccessible, croyait qu'il n'y avait pour eux qu'un moyen de salut, se
ranger à ses côtés et sous lui ; un seul danger, se heurter contre lui ; et
pensait que c'était se séparer de Dieu que de se détacher de lui. <4> Ainsi,
de bon cœur, ils battaient en retraite, se laissaient vaincre et terrasser
comme par un coup de tonnerre ; ils voulaient chacun être le premier à la
réparation : la mesure de leur haine devint la mesure de leur bienveillance
et de leurs progrès dans la vertu, seule réparation qui leur parût très
solide. Il y en eut toutefois qui, pour leur perversité incurable, furent
délaissés et rejetés de côté, pour s'user et s'abîmer en eux-mêmes,
comme la rouille qui se consume en consumant le fer.
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