[1] Οἴεσθέ με ἴσως, ὦ φίλοι καὶ ἀδελφοὶ καὶ πατέρες,
τὸ γλυκὺ καὶ πρᾶγμα καὶ ὄνομα, θρήνους ἐπιβαλοῦντα
τῷ ἀπελθόντι καὶ ὀδυρμούς, ὑποδέχεσθαι προθύμως τὸν
λόγον, ἢ μακροὺς ἀποτενοῦντα καὶ κομψοὺς λόγους, οἷς οἱ
πολλοὶ χαίρουσι· καὶ οἱ μὲν ὡς συμπενθήσοντες καὶ
συνθρηνήσοντες παρεσκεύασθε, ἵν´ ἐν τῷ ἐμῷ πάθει τὰ
οἰκεῖα δακρύσητε, ὅσοις τι τοιοῦτόν ἐστι, καὶ σοφίσησθε τὸ
ἀλγοῦν ἐν φιλικοῖς πάθεσιν, οἱ δὲ ὡς τὴν ἀκοὴν ἑστιάσοντες,
καὶ ἡδίους ἐσόμενοι· χρῆναι γὰρ ἡμᾶς ἐπίδειξιν
ποιήσασθαι καὶ τὴν συμφοράν, οἷά ποτε ἦν τὰ ἡμέτερα, ἡνίκα
τἄλλα ἦμεν ἱκανῶς περιττοὶ καὶ τῆς ὕλης, καὶ τὰ περὶ λόγους
φιλότιμοι, πρὶν ἀναβλέψαι πρὸς τὸν ἀληθῆ λόγον καὶ ἀνωτάτω,
καὶ πάντα δόντες Θεῷ παρ´ οὗ τὰ πάντα, Θεὸν ἀντὶ πάντων λαβεῖν.
Μηδαμῶς, μὴ τοῦτο περὶ ἡμῶν ὑπολάβητε,
εἴ τι ὑπολαμβάνειν βούλεσθε δεξιόν. Οὔτε γὰρ θρηνήσομεν
τὸν ἀπελθόντα πλέον ἢ καλῶς ἔχει, οἵ γε μηδὲ τῶν ἄλλων
τὰ τοιαῦτα ἀποδεχόμεθα, οὔτε ἐπαινεσόμεθα πέρα τοῦ
μέτρου· καίτοι γε δῶρον φίλον καὶ οἰκειότατον, εἴπερ τι
ἄλλο, τῷ λογίῳ λόγος, καὶ τῷ διαφερόντως ἀγαπήσαντι
τοὺς ἐμοὺς λόγους ἡ εὐφημία· καὶ οὐ δῶρον μόνον,
ἀλλὰ καὶ χρέος ἁπάντων χρεῶν δικαιότατον· ἀλλ´ ὅσον
ἀφοσιώσασθαι τὸν περὶ ταῦτα νόμον, καὶ δακρύσαντες καὶ
θαυμάσαντες (οὐδὲ γὰρ τοῦτο ἔξω τῆς καθ´ ἡμᾶς φιλοσοφίας·
Μνήμη τε γὰρ δικαίων μετ´ ἐγκωμίων· καί· Ἐπὶ
νεκρῷ, φησί, κατάγαγε δάκρυα, καὶ ὡς δεινὰ πάσχων ἔναρξαι
θρήνου· ἴσον ἀναλγησίας χωρίζων ἡμᾶς καὶ ἀμετρίας)·
τὸ μετὰ τοῦτο ἤδη, τῆς τε ἀνθρωπίνης φύσεως τὴν ἀσθένειαν
ἐπιδείξομεν, καὶ τοῦ τῆς ψυχῆς ἀξιώματος ὑπομνήσομεν,
καὶ τὴν ὀφειλομένην τοῖς ἀλγοῦσι παράκλησιν ἐπιθήσομεν,
καὶ μεταθήσομεν τὴν λύπην ἀπὸ τῆς σαρκὸς καὶ
τῶν προσκαίρων ἐπὶ τὰ πνευματικὰ καὶ ἀΐδια.
| [1] I. Vous croyez de moi peut-être, amis, frères, pères, douces choses et doux
noms, que c'est pour répandre des plaintes et des gémissements sur celui qui s'en
est allé, que je m'empresse d'entreprendre ce discours, ou bien pour m'étendre en
des discours longs et ornés, qui font l'agrément de la foule. <2> Et vous voilà
préparés, les uns à partager mon deuil et mes plaintes, afin dans mon malheur de
pleurer vos propres malheurs, vous tous qui avez quelque chose de semblable, et
de tromper votre douleur grâce aux malheurs d'un ami ; les autres, à vous repaître
l'oreille et goûter quelque plaisir : <3> il faudrait que nous fissions étalage même de
notre infortune, ainsi que nous en usions jadis, au temps où nous étions trop
attaché aux choses de la matière et désireux notamment de la gloire de
l'éloquence, avant que nous n'eussions élevé les yeux vers le Verbe de vérité, le
très haut, et donné tout à Dieu de qui tout vient, pour recevoir Dieu en échange de
tout. <4> Point du tout, ne pensez pas cela de moi, si vous voulez penser sainement.
Nous ne donnerons point à celui qui est parti plus de larmes qu'il ne convient,
n'admettant même point chez les autres les choses de ce genre, et dans l'éloge
non plus, nous ne dépasserons la mesure. Pourtant un présent cher et très
approprié, s'il en est un, pour l'homme éloquent, c'est un discours, et pour celui qui
aima singulièrement mes discours, c'est l'éloge; <5> même ce n'est pas seulement
un présent, c'est aussi une dette, la plus juste de toutes les dettes. Mais nous
paierons suffisamment tribut à l'usage qui règle ces choses et par nos larmes et par
nos éloges, — et ceci n'est même pas étranger à notre philosophie, car « la
mémoire des justes sera accompagnée de louanges » (Prov., X, 7), et : « Sur le
mort, est-il dit, verse des larmes, et comme un homme qui souffre des choses
dures, commence à gémir » (Eccl., XXXVIII, 16), pour nous préserver également de
l'insensibilité et de l'excès. <6> Puis après cela, nous montrerons la faiblesse de la
nature humaine, nous rappellerons la dignité de l'âme, nous ajouterons la
consolation qui est due aux affligés, et nous ferons passer le chagrin, de la chair et
des choses temporelles, aux choses spirituelles et éternelles.
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