[8] Chap. VIII.
Διὰ τοῦτό γέ τοι καὶ μειρακίσκοι τῷ τῆς εὐσεβείας λογισμῷ φιλοσοφοῦντες χαλεπωτέρων βασανιστηρίων ἐπεκράτησαν. 2 ἐπειδὴ γὰρ κατά τὴν πρώτην πεῖραν ἐνικήθη περιφανῶς ὁ τύραννος μὴ δυνηθεὶς ἀναγκάσαι γέροντα μιαροφαγῆσαι, τότε δὴ σφόδρα περιπαθῶς ἐκέλευσεν ἄλλους ἐκ τῆς ἡλικίας τῶν ῾Εβραίων ἀγαγεῖν, καὶ εἰ μὲν μιαροφαγήσαιεν, ἀπολύειν φαγόντας, εἰ δὲ ἀντιλέγοιεν, πικρότερον βασανίζειν. 3 ταῦτα διαταξαμένου τοῦ τυράννου, παρῆσαν ἀγόμενοι μετὰ γηραιᾶς μητρὸς ἑπτὰ ἀδελφοί, καλοί τε καὶ αἰδήμονες καὶ γενναῖοι καὶ ἐν παντὶ χαρίεντες. 4 οὓς ἰδὼν ὁ τύραννος καθάπερ ἐν χορῷ περιέχοντας μέσην τὴν μητέρα, ἥσθη ἐπ' αὐτοῖς καὶ τῆς εὐπρεπείας ἐκπλαγεὶς καὶ τῆς εὐγενείας, προσεμειδίασεν αὐτοῖς καὶ πλησίον καλέσας ἔφη. 5 ὦ νεανίαι, φιλοφρόνως ἐγὼ καθ' ἑνὸς ἑκάστου ὑμῶν θαυμάζω, τὸ κάλλος καὶ τὸ πλῆθος τοσούτων ἀδελφῶν ὑπερτιμῶν, οὐ μόνον συμβουλεύω μὴ μανῆναι τὴν αὐτὴν τῷ προβασανισθέντι γέροντι μανίαν, ἀλλὰ καὶ παρακαλῶ συνείξαντάς μου τῇ συμβουλίᾳ τῆς ἐμῆς ἀπολαῦσαι φιλίας· 6 δυναίμην δ' ἂν ὥσπερ κολάζειν τοὺς ἀπειθοῦντάς μου τοῖς ἐπιτάγμασιν, οὕτως καὶ εὐεργετεῖν τοὺς εὐπειθοῦντάς μοι. 7 πεισθέντες οὖν μοι καὶ ἀρχὰς καὶ ἐπὶ τῶν ἐμῶν πραγμάτων ἡγεμονίας λήψεσθε, ἀρνησάμενοι τὸν πάτριον ὑμῶν τῆς πολιτείας θεσμόν· 8 καὶ μεταλαβόντες ἑλληνικοῦ βίου καὶ μεταδιαιτηθέντες ἐντρυφήσατε ταῖς νεότησιν ὑμῶν· 9 ἐπεὶ ἐὰν ὀργίλως με διάθησθε διὰ τῆς ἀπειθείας ὑμῶν, ἀναγκάσετέ με ἐπὶ δειναῖς κολάσεσιν ἕνα ἕκαστον ὑμῶν διὰ τῶν βασάνων ἀπολέσαι. 10 κατελεήσατε οὖν ἑαυτούς, οὓς καὶ ὁ πολέμιος ἔγωγε καὶ τῆς ἡλικίας καὶ τῆς εὐμορφίας οἰκτείρομαι. 11 οὐ διαλογιεῖσθε τοῦτο, ὅτι οὐδὲν ὑμῖν ἀπειθήσασι πλὴν τοῦ μετὰ στρεβλῶν ἀποθανεῖν ἀπόκειται; - 12 Ταῦτα δὲ λέγων ἐκέλευσεν εἰς τὸ ἔμπροσθεν προτεθεῖναι τὰ βασανιστήρια, ὅπως καὶ διὰ τοῦ φόβου πείσειεν αὐτοὺς μιαροφαγῆσαι. 13 ὡς δὲ τροχούς τε καὶ ἀρθρέμβολα, στρεβλωτήριά τε καὶ τροχαντῆρας καὶ καταπέλτας καὶ λέβητας, τήγανά τε καὶ δακτυλήθρας καὶ χεῖρας σιδηρᾶς καὶ σφῆνας καὶ τὰ ζώπυρα τοῦ πυρὸς οἱ δορυφόροι προέθεσαν, ὑπολαβὼν ὁ τύραννος ἔφη· 14 μειράκια φοβήθητε, καὶ ἣν σέβεσθε δίκην, ἵλεως ὑμῖν ἔσται δι' ἀνάγκην παρανομήσασιν. 15 οἱ δὲ ἀκούσαντες ἐπαγωγὰ καὶ ὁρῶντες δεινά, οὐ μόνον οὐκ ἐφοβήθησαν, ἀλλὰ καὶ ἀντεφιλοσόφησαν τῷ τυράννῳ καὶ διὰ τῆς εὐλογιστίας τὴν τυραννίδα αὐτοῦ κατέλυσαν. 16 καί τοι λογισώμεθα· εἰ δειλόψυχοί τινες ἦσαν καὶ ἄνανδροι ἐν αὐτοῖς, ποίοις ἂν ἐχρήσαντο λόγοις; οὐχὶ τούτοις; 17 ᾦ τάλανες ἡμεῖς καὶ λίαν ἀνόητοι· βασιλέως ἡμᾶς παρακαλοῦντος καὶ ἐπὶ εὐεργεσίᾳ φωνοῦντος, μὴ πεισθείημεν αὐτῷ, 18 εἰ βουλήμασι κενοῖς ἑαυτοὺς εὐφραίνομεν καὶ θανατηφόρον ἀπείθειαν τολμῶμεν; 19 οὐ φοβησόμεθα, ἄνδρες ἀδελφοί, τὰ βασανιστήρια καὶ λογιούμεθα τὰς τῶν βασάνων ἀπειλὰς καὶ φευξόμεθα τὴν κενοδοξίαν ταύτην καὶ ὀλεθροφόρον ἀλαζονείαν; 20 ἐλεήσωμεν τὰς ἑαυτῶν ἡλικίας καὶ κατοικτείρωμεν τὸ τῆς μητρὸς γῆρας 21 καὶ ἐνθυμηθῶμεν ὅτι ἀπειθοῦντες τεθνηξόμεθα. 22 συγγνώσεται δὲ ἡμῖν καὶ ἡ θεία δίκη δι' ἀνάγκην τὸν βασιλέα φοβηθεῖσιν. 23 τί ἐξάγομεν ἑαυτοὺς τοῦ ἡδίστου βίου καὶ ἐπιστεροῦμεν ἑαυτοὺς τοῦ γλυκέος κόσμου; 24 μὴ βιαζώμεθα τὴν ἀνάγκην μηδὲ φιλοδοξήσωμεν ἐπὶ τῇ ἑαυτῶν στρέβλῃ. 25 οὐδὲ αὐτὸς ὁ νόμος ἀκουσίως ἡμᾶς θανατοῖ φοβηθέντας τὰ βασανιστήρια. 26 πόθεν ἡμῖν ἡ τοσαύτη ἐντέτηκε φιλονικία καὶ ἡ θανατηφόρος ἀρέσκει καρτερία, παρὸν μετὰ ἀταραξίας ζῆν τῷ βασιλεῖ πεισθέντας; 27 ἀλλὰ τούτων οὐδὲν εἶπον οἱ νεανίαι βασανίζεσθαι μέλλοντες οὐδὲ ἐνεθυμήθησαν. 28 ἦσαν γὰρ περίφρονες τῶν παθῶν καὶ αὐτοκράτορες τῶν ἀλγηδόνων, 29 ὥστε ἅμα τῷ παύσασθαι τὸν τύραννον συμβουλεύοντα αὐτοῖς τοῦ μιαροφαγῆσαι, πάντες διὰ μιᾶς φωνῆς ὁμοῦ, ὥσπερ ἀπὸ τῆς αὐτῆς ψυχῆς εἶπον πρὸς αὐτόν.
| [8] Chap. VIII.
Mais pour faire encore mieux connaître combien il est véritable qu'un raisonnement plein de piété domine les passions, je rapporterai aussi l'exemple de quelques jeunes enfants que la raison a rendus victorieux des plus grands tourments que la fureur la plus barbare puisse inventer.
2 Antiochus, transporté de colère de voir que l'extrême constance d'un vieillard avait triomphé de sa cruauté, commanda qu'on lui amenât quelques-uns des autres Juifs, dans la résolution de les mettre en liberté s'ils mangeaient de la chair de pourceau, et de les faire mourir s*ils le refusaient. On lui présenta une dame vénérable par sa naissance et par son âge, avec sept de ses fils, si beaux el si bien faits qu'il en fut surpris. Il leur demanda de s'approcher et leur dit :
5 « Je ne vois pas seulement avec plaisir mais j'admire que vous soyez un si grand nombre de frères tous si bien faits. Ainsi non seulement je vous conseille, mais je vous prie de ne pas imiter le folie de ceux qui se perdent par leur imprudence. Entrez dans mes sentiments et rendez-vous dignes de mon affection. Je ne suis pas moins disposé à faire du bien à ceux qui m'obéissent que résolu de punir secrètement ceux qui oseront me résister. Confiez-vous en ma parole, et vous en recevrez des effets. Renoncez aux superstitions de vos pères, mangez des viandes que mangent les Grecs, et conservez ainsi votre vie et votre jeunesse par une sage conduite. Autrement, et si vous n'abandonnez ceux dont je me suis déclaré l'ennemi, je vous ferai tous mourir, quelque compassion que votre âge et votre beauté me donnent. Mais ne délibérez pas. Il n'y a point de milieu entre m'obéir ou perdre la vie dans les tourments. »
12 Après avoir parlé de la sorte, il commanda d'apporter tous les instruments des plus horribles supplices afin d'imprimer une telle frayeur dans l'esprit de ces sept frères qu'elle les obligeât à faire ce qu'il voulait. On vit aussitôt paraître des roues, des chaudières, des grils, des ongles de fer, des tenailles, des soufflets, et tous ces autres instruments que la cruauté la plus horrible a pu inventer et que l'on ne pouvait voir sans horreur. Alors ce prince leur dit :
14 « Tremblez, jeunes gens ; et si vous appréhendez de faire quelque chose de contraire à votre religion, qui pourra vous en y blâmer, puisque vous y aurez été contraints ? »
15 Ces fidèles serviteurs de Dieu, au lieu de se laisser persuader par ces paroles et de s'affaiblir par la terreur de tant de tourments, non seulement ne furent point touchés de crainte, mais s'affermirent encore davantage dans la résolution de résister, et demeurèrent ainsi victorieux de la cruauté de ce prince.
16 Que s'il se fût trouvé quelqu'un parmi nous qui eût manqué de courage, n'aurait-il pas tenu ce discours aux autres? Misérables que nous sommes, avons-nous donc perdu l'esprit? Le roi nous prie et nous promet des récompenses si nous voulons faire ce qu'il nous commande, et au lieu de lui obéir nous nous opiniâtrions par de vaines pensées de générosité dans une résistance qui nous coutera la vie pour punition de notre audace. Est-il possible, mes frères, que tant de tourments ne nous étonnent pas et ne nous guérissent point de cette folie ? N'aurons-nous point de compassion de nous-mêmes, qui ne faisons dans une si grande jeunesse que commencer à goûter les douceurs de la vie, et n'en aurons-nous point aussi pour la vieillesse de notre mère? Dieu est trop bon pour ne pas nous pardonner ce que l'appréhension des menaces du roi nous aura contraints de faire. Ne soyons donc pas les homicides de nous-mêmes ; n'affectons pas par une sotte vanité de ne point craindre de si horribles douleurs ; mais cédons à une nécessité inévitable. Puisque la loi ne nous permet pas de nous donner la mort pour nous exempter des plus grands tourments, quelle apparence de nous y exposer lorsque rien ne nous y oblige et que le roi nous exhorte à conserver notre vie?
27 Mais quoique ces jeunes enfants se vissent près d'être mis à la torture, la raison régnait de telle sorte sur leurs sens et leur donnait tant de mépris des douleurs, que, bien loin de penser et de dire rien de semblable, Antiochus ne les eut pas plutôt exhortés à manger de ces viandes dont ils ne pouvaient goûter sans souiller leurs âmes, que tous ensemble, comme s'ils n'eussent eu qu'une même voix ainsi qu'ils n'étaient animés que d'un même esprit, lui répondirent :
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