[7,1,1] I. (1)<1> Ἐπεὶ δ' οὔτε φονεύειν οὔτε διαρπάζειν εἶχεν ἡ στρατιὰ πάντων τοῖς
θυμοῖς ἐπιλειπόντων, οὐ γὰρ δή γε φειδοῖ τινος ἔμελλον ἀφέξεσθαι δρᾶν
ἔχοντες, κελεύει Καῖσαρ ἤδη τήν τε πόλιν ἅπασαν καὶ τὸν νεὼν κατασκάπτειν,
πύργους μὲν ὅσοι τῶν ἄλλων ὑπερανειστήκεσαν καταλιπόντας, Φασάηλον Ἱππικὸν
Μαριάμμην, τεῖχος δ' ὅσον ἦν ἐξ ἑσπέρας τὴν πόλιν περιέχον, <2> τοῦτο μέν,
ὅπως εἴη τοῖς ὑπολειφθησομένοις φρουροῖς στρατόπεδον, τοὺς πύργους δέ, ἵνα
τοῖς ἔπειτα σημαίνωσιν οἵας πόλεως καὶ τίνα τρόπον ὀχυρᾶς οὕτως ἐκράτησεν
ἡ Ῥωμαίων ἀνδραγαθία. <3> Τὸν δ' ἄλλον ἅπαντα τῆς πόλεως περίβολον οὕτως
ἐξωμάλισαν οἱ κατασκάπτοντες, ὡς μηδεπώποτ' οἰκηθῆναι πίστιν ἂν ἔτι
παρασχεῖν τοῖς προσελθοῦσι. <4> Τοῦτο μὲν οὖν τὸ τέλος ἐκ τῆς τῶν
νεωτερισάντων ἀνοίας Ἱεροσολύμοις ἐγένετο, λαμπρᾷ τε πόλει καὶ παρὰ πᾶσιν
ἀνθρώποις διαβοηθείσῃ.
(2)<5> Καῖσαρ δὲ φυλακὴν μὲν αὐτόθι καταλιπεῖν ἔγνω τῶν ταγμάτων τὸ
δέκατον καί τινας ἴλας ἱππέων καὶ λόχους πεζῶν, πάντα δ' ἤδη τὰ τοῦ
πολέμου διῳκηκὼς ἐπαινέσαι τε σύμπασαν ἐπόθει τὴν στρατιὰν ἐπὶ τοῖς
κατορθώμασιν καὶ τὰ προσήκοντα γέρα τοῖς ἀριστεύσασιν ἀποδοῦναι. <6>
Ποιηθέντος οὖν αὐτῷ μεγάλου κατὰ μέσην τὴν πρότερον παρεμβολὴν βήματος,
καταστὰς ἐπὶ τοῦτο μετὰ τῶν ἡγεμόνων εἰς ἐπήκοον ἁπάσῃ τῇ στρατιᾷ ἔλεγε
χάριν μὲν πολλὴν ἔχειν αὐτοῖς τῆς πρὸς αὐτὸν εὐνοίας, ᾗ χρώμενοι
διατελοῦσιν· <7> ἐπῄνει δὲ τῆς ἐν παντὶ πολέμῳ πειθαρχίας, ἣν ἐν πολλοῖς
καὶ μεγάλοις κινδύνοις ἅμα τῇ κατὰ σφᾶς ἀνδρείᾳ παρέσχον, τῇ μὲν πατρίδι
καὶ δι' αὐτῶν τὸ κράτος αὔξοντες, φανερὸν δὲ πᾶσιν ἀνθρώποις καθιστάντες,
ὅτι μήτε πλῆθος πολεμίων μήτε χωρίων ὀχυρότητες ἢ μεγέθη πόλεων ἢ τῶν
ἀντιτεταγμένων ἀλόγιστοι τόλμαι καὶ θηριώδεις ἀγριότητες δύναιντ' ἄν ποτε
τὴν Ῥωμαίων ἀρετὴν διαφυγεῖν, κἂν εἰς πολλά τινες τὴν τύχην εὕρωνται
συναγωνιζομένην. <8> Καλὸν μὲν οὖν ἔφη καὶ τῷ πολέμῳ τέλος αὐτοὺς
ἐπιθεῖναι πολλῷ χρόνῳ γενομένῳ· μηδὲ γὰρ εὔξασθαί τι τούτων ἄμεινον, ὅτ'
εἰς αὐτὸν καθίσταντο· <9> τούτου δὲ κάλλιον αὐτοῖς καὶ λαμπρότερον
ὑπάρχειν, ὅτι τοὺς ἡγησομένους καὶ τῆς Ῥωμαίων ἀρχῆς ἐπιτροπεύσοντας αὐτῶν
χειροτονησάντων εἴς τε τὴν πατρίδα προπεμψάντων ἄσμενοι πάντες προσίενται
καὶ τοῖς ὑπ' αὐτῶν ἐγνωσμένοις ἐμμένουσι, χάριν ἔχοντες τοῖς ἑλομένοις.
<10> Θαυμάζειν μὲν οὖν ἔφη πάντας καὶ ἀγαπᾶν, εἰδὼς ὅτι τοῦ δυνατοῦ τὴν
προθυμίαν οὐδεὶς ἔσχε βραδυτέραν· <11> τοῖς μέντοι διαπρεπέστερον
ἀγωνισαμένοις ὑπὸ ῥώμης πλείονος καὶ τὸν μὲν αὑτῶν βίον ἀριστείαις
κεκοσμηκόσι, τὴν δ' αὐτοῦ στρατείαν ἐπιφανεστέραν διὰ τῶν κατορθωμάτων
πεποιηκόσιν ἔφη τὰ γέρα καὶ τὰς τιμὰς εὐθὺς ἀποδώσειν, καὶ μηδένα τῶν
πλέον πονεῖν ἑτέρου θελησάντων τῆς δικαίας ἀμοιβῆς ἁμαρτήσεσθαι. <12>
Πλείστην γὰρ αὐτῷ τούτου γενήσεσθαι τὴν ἐπιμέλειαν, ἐπεὶ καὶ μᾶλλον
ἐθέλειν τὰς ἀρετὰς τιμᾶν τῶν συστρατευομένων ἢ κολάζειν τοὺς ἁμαρτάνοντας.
(3)<13> Εὐθέως οὖν ἐκέλευσεν ἀναγινώσκειν τοῖς ἐπὶ τοῦτο τεταγμένοις ὅσοι
τι λαμπρὸν ἦσαν ἐν τῷ πολέμῳ κατωρθωκότες. <14> Καὶ κατ' ὄνομα καλῶν
ἐπῄνει τε παριόντας ὡς ἂν ὑπερευφραινόμενός τις ἐπ' οἰκείοις κατορθώμασι
καὶ στεφάνους ἐπετίθει χρυσοῦς, περιαυχένιά τε χρυσᾶ καὶ δόρατα μικρὰ
χρυσᾶ καὶ σημαίας ἐδίδου πεποιημένας ἐξ ἀργύρου, <15> καὶ τὴν ἑκάστου
τάξιν ἤλλαττεν εἰς τὸ κρεῖττον, οὐ μὴν ἀλλὰ κἀκ τῶν λαφύρων ἄργυρον καὶ
χρυσὸν ἐσθῆτάς τε καὶ τῆς ἄλλης αὐτοῖς λείας δαψιλῶς ἀπένειμε. <16> Πάντων
δὲ τετιμημένων ὅπως αὐτὸς ἕκαστον ἠξίωσε, τῇ συμπάσῃ στρατιᾷ ποιησάμενος
εὐχὰς ἐπὶ πολλῇ κατέβαινεν εὐφημίᾳ τρέπεταί τε πρὸς θυσίας ἐπινικίους, καὶ
πολλοῦ βοῶν πλήθους τοῖς βωμοῖς παρεστηκότος καταθύσας πάντας τῇ στρατιᾷ
διαδίδωσιν εἰς εὐωχίαν. <17> Αὐτὸς δὲ τοῖς ἐν τέλει τρεῖς ἡμέρας
συνεορτάσας τὴν μὲν ἄλλην στρατιὰν διαφίησιν ᾗ καλῶς εἶχεν ἑκάστους
ἀπιέναι, τῷ δεκάτῳ δὲ τάγματι τὴν τῶν Ἱεροσολύμων ἐπέτρεψε φυλακὴν οὐκέτι
αὐτοὺς ἐπὶ τὸν Εὐφράτην ἀποστείλας, ἔνθα πρότερον ἦσαν. <18> Μεμνημένος δὲ
τοῦ δωδεκάτου τάγματος, ὅτι Κεστίου στρατηγοῦντος ἐνέδωκαν τοῖς Ἰουδαίοις,
τῆς μὲν Συρίας αὐτὸ παντάπασιν ἐξήλασεν, ἦν γὰρ τὸ παλαιὸν ἐν Ῥαφανέαις,
εἰς δὲ τὴν Μελιτηνὴν καλουμένην ἀπέστειλε· παρὰ τὸν Εὐφράτην ἐν μεθορίοις
τῆς Ἀρμενίας ἐστὶ καὶ Καππαδοκίας. <19> Δύο δὲ ἠξίωσεν αὐτῷ μέχρι τῆς εἰς
Αἴγυπτον ἀφίξεως, τὸ πέμπτον καὶ τὸ πεντεκαιδέκατον, παραμένειν. <20> Καὶ
καταβὰς ἅμα τῷ στρατῷ πρὸς τὴν ἐπὶ τῇ θαλάττῃ Καισάρειαν εἰς ταύτην τό τε
πλῆθος τῶν λαφύρων ἀπέθετο καὶ τοὺς αἰχμαλώτους προσέταξεν ἐν αὐτῇ
φυλάττεσθαι· τὸν γὰρ εἰς τὴν Ἰταλίαν πλοῦν ὁ χειμὼν ἐκώλυε.
| [7,1,1] CHAPITRE I.
1. <1> Quand l'armée n'eut plus rien à tuer ni à piller, faute d'objets où
assouvir sa fureur - car si elle avait eu de quoi l'exercer, elle ne se
serait abstenue par modération d'aucune violence - César lui donna
aussitôt l'ordre de détruire toute la ville et le Temple, en conservant
cependant les tours les plus élevées, celles de Phasaël, d'Hippicos, de
Mariamme, et aussi toute la partie du rempart qui entourait la ville du
cité de l'ouest. Ce rempart devait servir de campement à la garnison
laissée à Jérusalem ; les tours devaient témoigner de l'importance et de
la force de la ville dont la valeur romaine avait triomphé. Tout le reste
de l'enceinte fut si bien rasé par la sape que les voyageurs, en arrivant
là, pouvaient douter que ce lieu eût jamais été habité. Telle fut la fin
de Jérusalem, cité illustre, célèbre parmi tous les hommes, victime de la
folie des factieux.
2. <5> César résolut d'y laisser pour garnison la dixième légion, avec
quelques escadrons de cavalerie et quelques cohortes d'infanterie. Après
avoir pris les mesures qui marquaient la fin de la guerre, il désirait
féliciter toute l'armée de ses succès, et donner à ceux qui s'étaient
distingués les récompenses qu'ils méritaient. A cet effet, on éleva pour
lui, au milieu de l'ancien camp, une vaste tribune ; il s'y tint debout,
entouré de ses officiers, de manière à être entendu de toute l'armée.
Titus déclara aux soldats qu'il leur devait une vive reconnaissance pour
l'affection qu'ils lui avaient témoignée et continuaient à lui garder. Il
les loua de leur obéissance pendant toute la guerre ; ils la lui avaient
montrée en même temps que leur courage, parmi de nombreux et graves
périls. Par leurs propres efforts, ils avaient accru ainsi la puissance de
la patrie et rendu évident aux yeux de tous les hommes que ni la multitude
des ennemis, ni les fortifications, ni la grandeur des cités, ni l'audace
irraisonnée, non plus que la sauvage cruauté de leurs adversaires, ne
pourraient jamais se soustraire aux effets de la vertu des Romains, même
si quelques-uns de leurs ennemis jouissaient parfois des faveurs de la
Fortune. C'était vraiment une gloire pour eux, dit-il, d'avoir mis fin à
une guerre si longue, dont ils n'auraient jamais pu souhaiter, quand ils
l'entreprirent, une plus heureuse issue. Leur meilleur et plus éclatant
succès était de voir accueillir par tous avec joie l'élection qu'ils
avaient faite eux-mêmes des chefs et des administrateurs de l'Empire
romain, qu'ils avaient envoyés au sein de la patrie : tout le monde
approuve leurs décisions et témoigne sa reconnaissance aux auteurs de ce
choix. Il leur exprime à tous son admiration, son affection, sachant que
chacun a fait preuve de tout le zèle qui était en son pouvoir. A ceux,
cependant, qui se sont particulièrement distingués par leur énergie, qui
ne se sont pas seulement honorés par de nobles exploits, mais ont illustré
sa campagne par leurs hauts faits, il donnera sur le champ les récompenses
et les honneurs mérités; nul de ceux qui ont voulu faire plus que les
autres ne sera privé du juste prix de sa peine. Il y apportera tous ses
soins, car il aime mieux honorer les vertus de ses compagnons d'armes que
de châtier leurs manquements.
3. <13> Aussitôt il ordonna à ceux qu'il avait préposés à cette tâche
de nommer tous les soldats qui s'étaient distingués par des actions
d'éclat dans cette guerre. Il les appelait successivement lui-même par
leurs noms, et, quand il les voyait s'avancer, les louait comme si
c'étaient ses propres exploits dont il était fier. Il mettait sur leur
tête des couronnes d'or, leur donnait des colliers d'or, de petit javelots
d'or, des enseignes d'argent ; chacun d'eux était élevé à un rang
supérieur. Il leur distribuait aussi en abondance de l'argent, de l'or,
des vêtements et d'autres objets, puisés dans la masse du butin. Quand il
les eut tous honorés suivant le mérite qu'il attribuait à chacun, il fit
des prières pour le bonheur de toute l'armée et descendit du tribunal au
milieu de vives acclamations. Puis il présida aux sacrifices pour
remercier le ciel de la victoire ; un grand nombre de bœufs furent amenés
devant les autels; après l'immolation, il les donna tous aux soldats pour
leur banquet. Lui-même partagea pendant trois jours les réjouissances de
ses officiers ; puis il dispersa les autres parties de l'armée là où il
jugea opportun de les envoyer et confia à la dixième légion la garde de
Jérusalem, sans vouloir l'expédier sur l'Euphrate où elle stationnait
auparavant. Se souvenant d'ailleurs que la douzième légion avait, sous les
ordres de Cestius, plié devant les Juifs, il la retira complètement
de la Syrie, où elle se trouvait autrefois en garnison à Raphanée,
pour l'envoyer au pays de Mélitène, près de l'Euphrate, sur les confins de
l'Arménie et de la Cappadoce. Il décida de conserver auprès de lui deux
légions, la cinquième et la quinzième, jusqu'à son arrivée en Égypte. Puis
il descendit avec l'armée jusqu'à Césarée, ville du littoral, où il laissa
une grande partie de son butin et fit garder les captifs ; car l'hiver
s'opposait à son passage immédiat en Italie.
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