[6,1,2] <9> Ῥωμαίοις δὲ καὶ Ἰουδαίοις τὸ τέλος τῶν
χωμάτων ἴσην ἐνεποίει δέους ἀρχήν· <10> οἱ μὲν
γάρ, εἰ μὴ καὶ ταῦτα καύσειαν, ἁλώσεσθαι τὴν
πόλιν προσεδόκων, Ῥωμαῖοι δ' οὐκ <ἂν> ἔθ'
αἱρήσειν κἀκείνων διαφθαρέντων. <11> ὕλης τε γὰρ
ἦν ἀπορία, καὶ τῶν μὲν πόνων ἤδη τὸ σῶμα, τῶν
δὲ ἐπαλλήλων πταισμάτων αἱ ψυχαὶ τοῖς
στρατιώταις ἐλείποντο. <12> Τάς γε μὴν κατὰ τὴν
πόλιν συμφορὰς Ῥωμαίοις πλέον εἶναι συνέβαινε
πρὸς ἀθυμίας ἢ τοῖς ἐν αὐτῇ· παρὰ γὰρ τὰ
τηλικαῦτα πάθη τοῖς μαχομένοις οὐδὲν ἐχρῶντο
μαλακωτέροις, <13> ἀλλ' ἐθραύοντο πάντοτε τὰς
ἐλπίδας, τῶν μὲν χωμάτων ταῖς ἐπιβουλαῖς, τῶν δ'
ὀργάνων στερρότητι τοῦ τείχους, τῆς δὲ κατὰ χεῖρα
μάχης ταῖς τῶν συμπλεκομένων τόλμαις
πλεονεκτούμενοι, τὸ δὲ μέγιστον, στάσεώς τε καὶ
λιμοῦ καὶ πολέμου καὶ τοσούτων κακῶν
εὑρίσκοντες ἐπάνω τὸ παράστημα τῆς ψυχῆς
Ἰουδαίους ἔχοντας. <14> Ὑπελάμβανόν τε τῶν
ἀνδρῶν ἀμάχους μὲν τὰς ὁρμάς, ἀνάλωτον δὲ τὴν
ἐπὶ συμφοραῖς εὐθυμίαν εἶναι· τί γὰρ ἂν μὴ
ὑποστῆναι δεξιᾷ τύχῃ χρωμένους τοὺς ὑπὸ κακῶν
πρὸς ἀλκὴν τρεπομένους; οἱ μὲν οὖν
ἐρρωμενεστέρας διὰ ταῦτα τῶν χωμάτων
ἐποιοῦντο τὰς φυλακάς.
| [6,1,2] <9> L'achèvement des terrasses inspira d'abord
aux Romains et aux Juifs des craintes égales, car
ceux-ci s'attendaient à la ruine de la ville, au cas
où ils ne les incendieraient pas encore une fois, et
ceux-là désespéraient de prendre désormais
Jérusalem, si ces nouveaux retranchements
étaient détruits. En effet, le bois manquait ; le
corps des soldats n'était plus en état de supporter
leurs fatigues, ni leur âme leurs échecs
successifs. Même la détresse de la ville causait
plus de découragement aux Romains qu'aux
citoyens qui l'habitaient. Les Romains ne
trouvaient pas plus de mollesse chez des hommes
qui combattaient au milieu de si grandes
souffrances : ils savaient à tout moment leurs
espérances se briser, voyant leurs terrassements
céder aux ruses de l'ennemi, les efforts de leurs
machines à la solidité des murs, leurs
engagements corps à corps à l'audace de leurs
adversaires dans la mêlée. Surtout, ils observaient
que les Juifs gardaient leur fermeté d'âme au
milieu des factions, de la disette, de la guerre et
de si grandes calamités. Ils pensaient que l'ardeur
de pareils hommes était invincible, que leur
assurance dans le malheur était indomptable.
Quels efforts ne soutiendraient-ils pas, s'ils étaient
favorisés de la Fortune, eux à qui les misères
mêmes ajoutaient des forces ? C'est pour cela que
les Romains fortifiaient encore plus les postes de
gardes, établis sur les terrassements.
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